l'amour celte

[laurent]

Ce nouveau thème pourra sembler naïf, innocent, mais j'entends bien tout ce qu'il cache et je demanderais donc: quelle était la place de l'amour dans la civilisation celte, que ce soit dans leur mythologie ou dans leur vie sociale.

Puissent mes mots ne point trahir le message que je souhaite transmettre.

[L'Oiseau Noir]

Cher Loup des Ombres

Ta question n'a rien de naïf ni d'innocent.
L'amour est présent dans de nombreux textes celtiques médiévaux, qu'il s'agisse de la mythologie irlandaise (amours du Dagda et de la Morrigan, amours d'Etain, amours de Cuchulainn pour Fand ou pour Emer), dans les romans gallois (amour de Pwyll et de Rhiannon), ou encore de la littérature arthurienne et de ses succédanés : amours de Tristan et Iseult, de Lancelot et d'Arthur pour Guenièvre, de Merlin pour Viviane, etc...

L'amour fait partie intégrante du mythe celtique.
Il semble y tenir un rôle assez tragique : souvent, ses conséquences sont désastreuses. Le mot amour est souvent représenté, en irlandais ancien, par "serc", qui peut signifier plus précisément "maladie d'amour", ou "langueur d'amour", comme dans le texte du "Rêve d'Oengus", où le dieu, fils du Dagda, tombe en langueur pour l'amour d'une jeune fille vue en rêve.

Quant à l'amour dans la vie sociale des Celtes, c'est bien entendu plus difficile à dire. Pour ce qu'on sait de la famille celtique, il semble que l'amour n'était pas la raison première du mariage - sauf cas particulier, peut-être -, ce qui est chose normale dans toute société traditionnelle...

[fanch ar Gall]

Tu connaît "la brouette Atrébate" et la position du "Druide Carnute" ?..

plus sérieusement, l'amour c'est aussi les pratiques sexuelles...
et entendu dire que les Guerrier pratiquaient volontiers l'homosexualité ensemble ... (comme les Grecs d'ailleurs)
je suppose que la société Celte antique ne possédait pas les mêmes tabous que le monde Judéo-Chrétien...

[Bodbgen]

Sur l'homosexualité traditionnelle, lire :
Bernard Sergent "L'homosexualité dans la mythologie grecque", Payot 1984 (préface de G. Dumézil), et "L'homosexualité initiatique dans l'Europe ancienne", Payot 1986.
Je ne les ai pas lus, hélas (on fait ce qu'on peut...), mais il me semble qu'il y a autant de rapport entre l'homosexualité initiatique antique et la Gay Pride qu'entre les mages chaldéens et Elisabeth Teissier.

[Curmisagios]

J'ai entendu dire que les soldats, les priosonniers ou les séminaristes aussi pratiquent volontiers l'homosexualité ensemble... Prenez un groupe d'hommes, isolez-les de toute présence féminine suffisamment longtemps et vous obtiendrez tôt ou tard des pratiques homosexuelles, même chez des hétéros.
Si en plus, les tabous judéo-chrétiens ne sont pas de rigueur, il n'y a rien d'étonnant à ceci.

[fanch ar gall]

les guerriers celtes ne vivaient pas dans des casernes...

ce a quoi je faisait reference est une pratique initiatique de la sexualité.

[Dulovios]

Curmisagios a effectivement parlé de l'isolement d'un groupe d'individus masculins aboutissant à une évolution des moeurs sexuelles.

On çitera de nombreux cas antiques de chefs de guerre homosexuels ou, plus certainement, bisexuels : César, Alexandre, Trajan...

Et on remarquera au passage que cette notion d'homosexualité ou de bisexualité n'est pas liée à une idée de "décadence morale" telle qu'on la perçoit dans notre société judéo-chrétienne, c'est vrai.

Il n'est pas question içi d'Héliogabale...

Et il me semble avoir un jour entendu parler d'unités militaires grecques constituées de couples homosexuels comptant parmi les troupes d'élite : eh oui, l'esprit de corps -ceci soit dit sérieusement et sans jeu de mot scabreux- étant particulièrement développé dans ces troupes...

Mais cela s'inscrit dans une logique militaire et non strictement guerrière, c'est exact.

Toutefois, je me méfie un peu de l'esprit libertaire que l'on prête parfois aux Celtes et à d'autres populations comparables; je ne suis pas du tout certain que l'homosexualité était forcément mieux admise dans la société celtique que, par exemple, dans la société judéo-chrétienne, et puis, toujours la même question, de quelle époque celtique parle-t-on ?

Ne confond-t-on pas également homosexualité et initiation guerrière ?

Dans un ouvrage traîtant de la violence durant la préhistoire dont le titre m'échappe mais que je peux retrouver si nécessaire, il me semble bien avoir lu que pour certaines sociétés guerrières largement antérieures aux indo-européens, ils est vrai, on évoquait la possibilité de l'initiation des jeunes guerriers, non pas à l'homosexualité, mais bien au viol, afin de les aguerir et de les préparer à ce qui peut être comparé à une forme de torture au cas où ils seraient fait prisonniers.

Et encore, dans certaines tourbières danoises qui, comme on le sait, on souvent conservé des corps en bon état, on a retrouvé au moins un couple très probablement homosexuel qui semble avoir été jeté dans un marécage : liés par deux, l'un des deux aurait été exécuté avant d'être précipité dans le marécage, mais le second était, à ce moment, semble-t-il, toujours vivant...

Pour les Celtes proprement dits je n'en sais pas plus.

Quant à l'amour chez les Celtes, il faut, comme cela a été dit, se référer à la mythologie celtique d'Irlande, pour ne çiter que cet exemple; l'histoire de Diarmaid et Grainné, ainsi, apparaît comme une ancienne version de Tristan et Yseult, mais je ne sais jusqu'où peut aller l'établissement d'un lien entre les deux récits.

@+

Dulovios.

[Laurent]

j'ouvre une autre piste de reflexion sur ce thème:
La position de l'amour dans la mythologie celtique? Amour passion inévitable, tendresse inaltérable, amour paternaliste... des différents champs du thème amoureux, tous sont-ils retrouvés? Y en a-t-il d'autres délaissés, des privilègiés? Qu'est ce que cela peut avoir de révélateur sur leur conception. Je n'irais pas jusqu'a=à partir sur la rencontre de la morale et des passions dans les civilisations, mais n'y aurait-il pas là des pistes de reflexions?