EUROPE EST MON NOM
Dans le monde antique, la notion d’Europe est restée seulement géographique. Les Grecs l’ont confondu d’abord avec leur territoire continental, puis l’ont élargie; elle n’eut aucune place dans le dessein « mondialiste » d’Alexandre, et quand Rome s’intéresse à ces régions (dont la totalité est découverte à la fin de l’Empire), c’est pour les lier au système méditerranéen.
Dictionnaire Hachette, 1990.
Les heurts et malheurs de l'Europe
En ce lendemain de vote démocratique, il est bon de s'interroger et se pencher un peu plus sur les frontières de ce vaste et vieux continent qui prit le nom de grande Europe.
Sorte d’« Empire » antique, aux contours fluctuants et concepts mal définis – dit’on monoculture et monolangue –, et qui, avant de devenir romain, eut ses heures et siècles de gloire avec les Celtes.
Mais sous son nom, l’histoire de l’Europe se veut tout d’abord méditerranéenne et hellénistique. Dans la mythologie grecque, Europe, fille d’Agénor, roi de Phénicie, est la sœur de Cadmos. Elle fut enlevée par Zeus, qui, ayant pris la forme d’un taureau, la conduisit en Crète où elle enfanta Minos, Sarpédon et Rhadamante, l’un des trois juges des enfers.
Où s’arrêtent les frontières de l’Europe ?
Vaste débat où géographie et politique interfèrent. Petit rappel des Europes politiques d’autrefois : celle de Jules César, celle de Charlemagne, celle de Napoléon… jusqu’à la nôtre.
http://www.notrefamille.com/v2/editoria ... europe.asp
Faut-il parler d’une "Europe romaine" ?
L’apogée de l’Empire romain se situe dans les années 110. C’est un vaste ensemble autour de la Mare Nostrum, cette Mer Méditerranée devenue une sorte de vaste lac latin : un empire de trois millions de km2 englobant l’Angleterre, tout l’ouest actuel de l’Europe jusqu’au Rhin, au Danube, incluant l’actuelle Turquie et poursuivant son tour de mer jusqu’au Maroc d’aujourd’hui. Rome en occupe le centre et protège son territoire par une ligne de défense (fortifications et garnisons permanentes) qui, elle aussi, va de la Clyde (en Grande-Bretagne) jusqu’à la Maurétanie (Afrique du Nord). Au-delà commence l’espace qui ne parle pas latin… mais qui constitue une partie conséquente de l’Europe au sens géographique du terme : Irlande, Ecosse, pays scandinaves et Danemark, une grande partie de l’Allemagne et tous les pays qui sont à sa droite jusqu’à l’Oural.
L’Europe de Charlemagne
L’Europe de Charlemagne, que l’on peut aussi appeler Europe carolingienne, est la plus vaste : neuf millions de km2 associant Est et Ouest, couvrant de l’Irlande jusqu’au fin fond des steppes au-delà de Kiev… À l’Ouest, il n’y a plus guère que le sud de l’Espagne qui échappe à l’ensemble. De l’Elbe à l’Ebre, cet empire carolingien juxtapose des peuples et des régimes juridiques très différents. Charlemagne (768-814) réglemente avec talent cet ensemble disparate, intervient dans tous les domaines, se montre un administrateur hors pair tout en respectant une grande décentralisation. Mais comme la tradition germanique repousse le principe de primogéniture (tout à l’aîné), la partition de l’Empire entre ses fils puis ses petits-fils fera à nouveau éclater l’Europe.
L’Europe de Napoléon
Est-ce une véritable Europe politique que celle conquise par les armes ? À son apogée (1804-1815), l’Empire napoléonien rassemblait une France élargie (130 départements !), des pays rattachés à l’Empereur ou dirigés par des membres de sa famille (royaumes d’Italie du Nord, royaume de Naples, Espagne, Westphalie, Hollande, provinces illyriennes…) et des protectorats (confédération du Rhin, Suisse, grand-duché de Varsovie). La chute de l’Empire en 1815 sous la pression des autres pays européens réunis morcellera à nouveau l’Europe géographique.
L’Europe demain ?
Le traité de Rome de 1957 marque le début d’une réunification pacifique de l’Europe, dans le respect des particularités de chacun des pays membres. Six pays la composent au départ (Allemagne, Italie, France, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) même si une vision plus large s’impose en parallèle, comme la fameuse "Europe de l’Atlantique à l’Oural" évoquée par Charles de Gaulle. Elle compte désormais vingt-cinq pays et se rapproche de la vision gaullienne. Doit-elle ensuite englober la Turquie ? La question n’est pas géographique (quelques terres en Europe ne font pas davantage de la Turquie un pays européen que l’Espagne n’est un pays du Maghreb parce qu’elle possède Gibraltar) mais bien politique.
À l’avenir de nous dire si l’Europe se rapprochera de l’Empire carolingien ou de l’Empire romain...
Texte : Marie-Odile Mergnac
ATLAS HISTORIQUE DE L'EUROPE
Un atlas décrivant , en 21 cartes, les Etats de ce continent à la fin de chaque siècle de l'an 1 à l'an 2000 :
http://www.euratlas.com/sommaire.htm
À l’avenir de nous dire si l’Europe se rapprochera de l’Empire celtique ou de l’Empire romain... ???
e.