Merci Alain pour le "coup de main".
"Dans la moitié nord de la France, la tradition rubanée se maintiendra un temps avec le groupe de Villeneuve-Saint-Germain qui colonisera toute la partie occidentale du Bassin parisien. À partir de cette époque (vers _ 4000, non calibré), les influences méditerranéennes iront en s’affermissant. La constitution du groupe de Cerny marquera une rupture sensible par rapport aux cultures antérieures : la place prise désormais par l’élevage, l’exploitation intensive des gîtes à silex, l’apparition de vastes monuments funéraires d’un type totalement inconnu (Passy, Yonne) inaugurent une ère nouvelle.
Bientôt des communautés d’origine méditerranéenne (Chasséen) investiront une large partie de la France tempérée.
L’apparition de vastes camps ceinturés à fossés interrompus ou le développement du type d’habitat en éperon barré sont liés à une plus forte colonisation des nouvelles terres, jusque-là délaissées par les groupes rubanés."
Jean GUILAINE
Empiétement donc sur les territoires des chasseurs cueilleurs ce qui, peut-être, nécessite ce type de fortification qui perdurera jusqu'aux "temps celtiques". Il est aussi intéressant de noter que ces peuplements anciens (paléolithiques) connaissaient l'élevage avec une prédominance du boeuf et du porc par rapport aux cultures méditerranéennes. L'élevage du boeuf évoquant dès cette époque une structuration semi-nomade de la société qui correspond aussi a celle du paléolithique entre l'habitat d'hiver et celui d'été ainsi que la division de l'année en période "claire" et période "sombre" que l'on retrouve beaucoup plus tard dans le "calendrier" celtique.
"En matière d’élevage, la première place revient au bœuf ; le porc se situe généralement en deuxième position tandis que, contrairement à ce qui se passe en milieu méditerranéen, les ovicapridés sont les moins nombreux. Le rôle joué par le bœuf et le porc, dans une aire où ils étaient largement implantés au Paléolithique, pose le problème d’une possible domestication autochtone, au moins pour certains d’entre eux, sans nier pour autant le cheminement des techniques de l’élevage par l’axe danubien."
Jean GUILAINE
Revenons à "l'exception culturelle atlantique" :
"La néolithisation des rivages atlantiques demeure obscure. Certains groupes de prédateurs, datés du Ve millénaire, ont peut-être connu quelques techniques de domestication (sites « mésolithiques » de Téviec et d’Hoédic, Morbihan).
A-t-il existé une phase néolithique ancienne qui viendrait s’intercaler entre ce Mésolithique final et les débuts du mégalithisme ? L’hypothèse est probable.
Elle repose sur la mise en évidence récente, entre les Pyrénées occidentales et la Loire, d’un Néolithique ancien à poterie imprimée (La Lède du Gurp, Gironde) tandis que des influences de la culture de Cerny précédant la première grande phase dolménique sont signalées en plusieurs points de l’ouest de la France et jusque dans les îles Anglo-Normandes.
Plus au nord, une céramique originale, peut-être inspirée de prototypes méditerranéens, est connue en Normandie (La Hoguette, Calvados) et sur le Rhin ; une autre variété de poterie, dite du Limbourg, s’épanouit dans le domaine rhénan.
Ces productions pourraient être, selon certains auteurs, antérieures à la mise en place de la colonisation rubanée et témoigner de larges influences venues du sud, peut-être par le littoral atlantique ou l’axe Rhône-Rhin, dès les phases anciennes de la culture à céramique cardiale."
Jean GUILAINE
C'est donc la rencontre des populations maritimes avec la culture de Cerny qui donne naissance à la "civilisation mégalithique", par réaction, disent certains chercheurs...
Cette "réaction" est bien plus définie par la découverte de ces "temples" monumentaux de bois et de terre, sujets de ce fil.
"L’émergence, dans les régions occidentales, du mégalithisme dès la transition des Ve-IVe millénaires est capitale à plus d’un titre. D’un point de vue purement technique, il s’agit des premières grandes architectures du territoire européen. De vastes cairns de formes diverses et de plusieurs dizaines de mètres de développement abritent des tombes à couloir construites en piliers robustes mais aussi en pierre sèche (ensembles de Barnenez et de Gaignog, dans le Finistère ; de Bougon, dans les Deux-Sèvres ; de Fontenay-le-Marmion, dans le Calvados). La maîtrise dans ces régions de la voûte en encorbellement, dès _ 4 000 ans environ, est aussi un fait important, tout comme l’art pariétal, rituel ou décoratif, qui est rattaché à ce courant (dolmen de Gavrinis, Morbihan). Mais c’est sans doute du point de vue social que le mégalithisme traduit le plus de transformations. En effet, la construction de tels monuments suppose une hiérarchisation en cours des communautés rurales qui les édifièrent, avec toutes les pressions et les contraintes que cela implique."
Jean Guilaine
Lorsque l'on suit les travaux de Guilaine, cette hiérarchisation préfigure l'émergeance du culte du héros au chalcolithique et de fait l'idéalisation du guerrier de type Cuchulain et même Lug.
Il est donc clair (du moins pour moi ) que bien des choses fondamentales concernant la "culture celtique" sont déjà en place bien avant la Tène ainsi que ces structurations multipolaires civilisationnelles chères à W. Kruta.
Ouf ! (smiley qui transpire)