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Penfell - PenfeldModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Penfell - PenfeldBonjour à tous
D'où vient ce d rajouté au nom breton de Penfell dans sa forme française ? Il fait bizarement penser, pour un germaniste, au champ allemand (feld), mais plus sérieusement il m'évoque le prénom écossais Donald allongé lui aussi d'un d final par rapport à la forme irlandaise Domhnaill (anglicisé en Donnell).
Salut,
J'ai ça dans une page consacrée à Brest. Je cherche et je reviens. Cette rivière portait autrefois le nom de Caprella ( Bresta supra Caprellam). JCE ![]() "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Merci, Jean-Claude
C'est en « feuilletant » les pages du forum que j'ai vu que la rivière Penfeld (que je connais par ailleurs, dans sa traversée de Brest et surtout dans sa partie aménagée pour les loisirs, entre le quartier de Bellevue et l'hôpital de la Cavale Blanche) portait autrefois le nom de Caprella et qu'elle avait pris celui du village de Penfell. À ce propos j'ai lu quelque part -je crois que c'est dans Falc'hun- que les doublets nom de rivière = nom de ville ou de village (ex : Bièvre sur la Bièvre) était une spécificité du territoire de l'ancienne Gaule.
Le cas est très fréquent. C'est ainsi que Loïc Langouët a replacé Reginca à l'embouchure de la Rance. Le nom de Cabretta > Chevrette reste énigmatique. Noter l'existence d'autres nom de lieux en Gâvres. Quant à Penfell, il n'a pas été résolu. Si le village se trouve à la source, on pourrait supposer de l'hydronyme serait un *Fell ( ???), comme on a Pen Leguer (Bourbriac) et Pen Jaudy (Louargat- Gurunhuel), en Trégor. Ca reste à démontrer. Même Bernard Tanguy ne le dit pas. JCE ![]() "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Le FellSalut bonjour,
Je connais une personne qui s'appelle Le Felt et qui m'a dit que son nom de famille s'écrivait autrefois Le Fell. ça reste à vérifier et à creuser.... sur un forum de généalogie peut-être ??? Din da c'hoût bopred !
Ce genre de lettre qui apparaît subitement sans explication est ce que les linguistes appellent une épenthèse.
On n'en connaît par toujours la raison, mais ici il est bien possible que Jacques l'ai trouvée spontanément : pour faire ressembler un mot devenu obscur à un mot connu dont on croît à tort ou à raison qu'il lui est lié. fel obscur devient feld rappelant un mot déjà connu. On appelle cela une réfection par étymologie populaire.
On a le même cas, en Trégor maritime septentrional
![]() JCE ![]() "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Voir aussi le vallon du Stangalard à Brest, qui doit correspondre au site du Stangala au nord de Quimper (de stang Alar, le vallon d'Éloi).
Je me souviens aussi d'un village de Groix qui s'écrit Kerlard, et d'une copine de lycée dont le nom était Kergraisse...
Je n'ai pas parlé d'une influence allemande. D'ailleurs je crois que ce d epenthétique existe depuis bien longtemps, en tous cas avant l'occupation allemande de la dernière guerre. Je penche plutôt pour une graphie fantaisiste d'un fonctionnaire non breton, qui s'est imposée par les documents administratifs, un peu comme Croissant à la place de Kroas hent, etc.
Ave,
Je ne voulais pas faire allusion à une quelconque occupation, loin de là , mais j'ai du mal par contre à accepter une telle modification linguistique, imposée comme ça, d'en haut, par un fonctionnaire ou autre, chez une communauté avec des usages différents et avant l'influence des média d'aujourd'hui. Que ce phénomène linguistique existe, je ne le nie pas, mais il faut aussi savoir s'il a pu se constituer à un moment donné. A+
Sur un cas d'epenthèse, voici la réponse d'un spécialiste en langue germanique, René Perennec, traducteur de Lanzelet d'Ulrich von Zatzikhoven
Il s'agit surtout du T epentétique de Pant (genewis), le père de Lanzelet-Lancelot, fils de Ban( de Benoic) "Sur la question : Pen-t Gewissae > Pant Genewis ? Si je comprends bien, ceci impliquerait un cheminement : Pent Genewis serait le produit d’un contact celtique/anglo-saxon en milieu, transférable en milieu breton continental, et transféré grâce au ‘rapatriement’ forcé d’Hervé, seigneur de Wiltshire -- le Lanzelet conservant en gros ces formes, modifiées ensuite en Ban et Gaunes dans le Lancelot en Prose. Ce que je peux dire de mon côté est que Pant Genewis ressemble beaucoup à du français transposé dans un parler germanique, plutôt du nord-ouest que du sud, du reste (la langue du Lanzelet est globalement du sud, c’est un dialecte alémanique, mais il y a des traces d’un parler proche du néerlandais) : Le –t de Pant : on a d’autres exemples de cette adjonction d’un –t , typique d’une articulation forte. On la connaît aussi en français contemporain parlé, voir Giscard dans l’imitation de Thierry le Luron. C’est une adjonction à la fois spontanée, occasionnelle, qui n’est pas destinée à se fixer (les finales explosives giscardiennes ne se sont pas imposées en français écrit), mais qui, au moins en allemand, s’est fixé dans certains cas. Ex. pour l’allemand moderne : selbst, niemand ; ex. en poésie médiévale : Tristan a été transcrit Tristrant dans le premier Tristan allemand (de Eilhart von Oberge). -e muet français est souvent rendu par un –i. - le e médian de Genewis fait penser à une transcription façon néerlandaise, cf.Walewein pour Gauvain, ou plus précisément pour un Walvain du nord de la France." Ainsi l'epenthèse est le signe d'un changement de milieu linguistique. Elle est du à la prononciation fautive d'un locuteur peu familier de la langue d'origine du mot qu'il déforme. De la à dire que le locuteur qui a produit Penfeld est germanophone! Il suffit qu'il perçoive ce mot comme étranger et qu'il lui applique un traitement correspondant à sa culture générale sur les langues étrangères, l'Allemand par exemple.
Il faudrait voir à quelle date Penfeld apparait pour la première fois avec ce D epenthètique.
Mais Brest n'a manqué ni d'officiers ni de militaires francophone dès l'ancien régime (depuis Richelieu), ni de fonctionnaires de la république. Ni de cartographes officiels: Qu'on pense à la fonction essentiellement militaire des cartes: du "recueil des places de guerre des provinces de Picardie, champagne etc ..."de 1683 offert à louis XIV aux cartes d'état majors. Ce personnel ne ne se recrutait pas spécialement dans la population bretonnante et illétrée. Quand à la population brestoise, artisants, bagnards, marins, elle était assez composite et dépendante de la "Royale" pour assimiler une nouvelle façon de dire Penfell-Penfeld. ( Mais peut etre que la pronociation ancienne perdure dans certains milieux bretois? Il faudrait le vérifier. Ayant fait mon service militaire à Brest, je ne me souviens que d'une prononciation forte du d de Penfeld.) Il n'en allait pas de même dans les paroisses rurales illétrée, peu perméables aux nouveautés ortographiques et où les prononciations anciennes perdurent étonnement jusqu'à l'apparition des panneaux signalétiques de lieu dit dans les années 50. Je précise néanmoins que la Penfell- Penfeld n'apparait pas sur la carte de "Breft "( prononcé Brest sans ambiguités aucune!)ajoutée après 1683 au" recueil des places de guerres etc..." Donc, pas de renseignement de ce coté là . Enfin, à la liste des noms de rivière bretonne qui commencent par Pen, j'ajoute la Penzé(le Coatoulsac'h en amont) et la Pennélé( le Donnant en amont) près de Morlaix. Ces deux noms sont aussi les noms du bourg de Penzé et du chateau de Pennélé, très proches de l'embouchure. Penzé( ou Penzez, prononcé "Painzé") est: - soit le bout de la "Flèche", et il y a une rivière de "la flèche"( flez?) qui passe à Treflez( 29 N): Penn Saeth(vieux breton) -Soit Penno Sedo, Le siège principal: Penzé etait le siège de la juridiction féodale du Daoudour-Penzé.
Salut,
Pour corser un peu la discussion, on peut préciser que pen- est souvent marqué à la source : Pen-léguer, en Bourbriac, Pen-Jaudy, en Louargat-Gurunhuel, Pen-Aon ( = Aulne), à Lohuec, mais que les embouchures sont plutôt en *ben- : Binic, Beg-Léguer, ancien Benleguer, Benodet. JCE ![]() "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Au sud-est de Plonéis, à environ 5 km, se trouve Pengoayen, près de la source du Goyen, rivière qui se jette dans l'Atlantique à Gwaien (Audierne)
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