Ouest-France du jeudi 11 janvier 2007, a écrit:
En Mayenne, un village ex-capitale gauloise
La plus importante cité gauloise de l'Ouest se trouvait sans doute à Moulay.
Près de cinq millions d'euros vont être investis dans des fouilles.
Dans les mains d'Alain Valais, l'archéologue qui a effectué des fouilles sur le site de Moulay en 2005,
des fragments de vaisselle brisée datant de l'époque gauloise.
Mais tous les vestiges, comme le relief du terrain, ne sont pas aussi reconnaissables pour le profane.
Archives Ouest-France
Aux portes de la ville de Mayenne, Moulay et son millier d'habitants affichent leurs origines gauloises : l'une des illuminations de la commune, pendant les fêtes, ne représentait-elle pas un casque rappelant celui d'Astérix ? Depuis 1972, on sait qu'un oppidum de douze hectares s'était développé à la confluence de la Mayenne et de l'Aron. Mais de là à imaginer dans cette tranquille bourgade une capitale régionale vers les Ier et IIe siècles avant Jésus-Christ...
Les fouilles préventives réalisées à l'occasion des travaux du contournement de l'agglomération ont pourtant montré une occupation dense du site sur près de... 135 hectares. « La grande nouveauté, c'est la taille, confirme Jacques Naveau, conservateur départemental, en charge des fouilles de 1972 et très intéressé par les recherches actuelles. C'est dix fois plus grand que ce qu'on connaît dans l'Ouest. L'oppidum de Moulay est du niveau de ce qu'on trouve en Europe centrale ou à l'est de la France. » De quoi largement justifier de poursuivre les recherches.
Une équipe de trente personnes au moins
Une enveloppe comprise entre quatre et cinq millions d'euros devrait y être consacrée. Liées aux attributions de crédits pour la suite des travaux du contournement, les fouilles pourraient commencer au plus tôt à la fin de l'année. « L'équipe sera composée d'un minimum de trente personnes comportant des spécialistes en céramique protohistorique, gallo-romaine et médiévale, des spécialistes de la métallurgie, de géologues spécialisés dans les ensembles fortement anthropisés [avec de fortes traces du passage des hommes] », explique-t-on à la Direction régionale des affaires culturelles, le tout sous la conduite d'un « spécialiste nationalement reconnu de la période protohistorique ».
Ils tenteront davantage de relever des indices du mode de vie des habitants de l'oppidum et de leur évolution que de collecter des vestiges matériels : à part des fragments de vaisselle, voire des reliefs animaux, « ici, on ne trouvera pas de vestiges spectaculaires comme à Jublains [la cité romaine, voisine de quelques kilomètres, et dont l'influence a dû succéder à celle de Moulay], où les bâtiments étaient en dur », notait déjà en 2005 Alain Valais, de l'Institut national de recherche archéologique préventive.
À Moulay, les vestiges sont des trous dans lesquels étaient enfoncés des pieux en bois ou encore le fameux « rempart » signalé dans les guides, en fait un talus herbeux dressé à l'époque gauloise. Pas forcément spectaculaire au premier coup d'oeil. « Des touristes m'ont un jour demandé de les conduire au rempart, des images d'Astérix pleins les yeux, se souvient Nathalie, native de Moulay. Ils ont été un peu déçus ! » Les spécialistes n'en espèrent pas moins percer certains mystères de nos lointains ancêtres. À Moulay, le maire, Daniel Hay, souhaite également que les travaux du contournement qui soulagerait sa commune ne soient pas trop retardés... Et puis, qui sait, « peut-être aura-t-on plus tard, nous aussi, notre musée... » sourit-il.
Emeric EVAIN.