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Florus - Abrégé de l'Histoire romaine

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Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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7 messages • Page 1 sur 1

Florus - Abrégé de l'Histoire romaine

Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 14:32

Florus (en latin Publius Annius Florus), historien romain à la vie méconnue (né vers 70, mort vers 140, sans certitude).

Florus est né en Afrique et est venu à Rome pendant le règne de Domitien. Il est contemporain de Suétone, et écrit son Abrégé d'histoire romaine sous le règne de l'empereur Hadrien.

Son Abrégé d'histoire romaine va de la fondation de Rome à 9 ap. J.-C.. Son style est rapide et a beaucoup de relief.

Source : Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Florus
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 14:35

Traduction française publiée par Jules Pierrot, 1826

Livre I

XIII. - Guerre coutre les Gaulois. - ( An de Rome 364 - 369 ). - Alors, soit jalousie des dieux, soit arrêt du destin, le cours rapide des conquêtes de Rome fut un instant interrompu par une incursion des Gaulois Sénonais. Je ne sais si cette époque fut plus funeste aux Romains, par leurs désastres, que glorieuse par les épreuves où elle mit leurs vertus. Telle fut du moins la grandeur de leurs maux, que je les croirais envoyés par les dieux immortels, pour éprouver si la vertu romaine méritait l'empire du monde. Les Gaulois Sénonais, nation d'un naturel farouche, et de mœurs grossières, étaient par leur taille gigantesque, ainsi que par leurs armes énormes, si effrayants de toute manière, qu'ils semblaient nés uniquement pour l'extermination des hommes et la destruction des villes. Parties autrefois des extrémités de la terre et des rivages de l'Océan, qui ceint l'univers, leurs innombrables hordes, après avoir tout dévasté sur leur passage, s'étaient établies entre les Alpes et le Pô ; et, .non contents de ces conquêtes, ils se promenaient dans l'Italie. Ils assiégeaient alors Clusium. Le peuple romain intervint en faveur de ses alliés et de ses amis. Il envoya des ambassadeurs, selon l'usage. Mais quelle justice attendre des Barbares? ils se montrent plus arrogants: ils se tournent. contre nous, et la guerre s'allume. Dès lors, abandonnant Clusium, ils marclient sur Rome jusqu'au fleuve Allia, où le consul Fabius les arrête avec une armée. Aucune défaite ne fut, sans contredit, plus horrible. Aussi Rome, dans ses fastes, plaça-t-elle cette journée au nombre des jours funestes. Les Gaulois, après la déroute de notre armée, approchaient déjà des murs de la ville. Elle était sans défense. C'est alors, ou jamais, qu'éclata le courage romain. D'abord les vieillards qui avaient été élevés aux premiers honneurs se rassemblèrent dans le Forum. Là, tandis que le pontife prononcait les solennelles imprécations, ils se dévouèrent aux dieux Mânes ; et, de retour dans leurs demeures, revêtus de la robe magistrale et des ornements les plus pompeux, ils se placèrent sur leurs chaises curules, voulant, lorsque viendrait l'ennemi, mourir dans toute leur dignité. Les pontifes et les flamines enlèvent tout ce que les temples renferment de plus révéré; ils en cachent une partie dans des tonneaux qu'ils enfouissent sous terre, et, chargeant le.reste sur des chariots, ils le transportent loin de la ville. Les vierges attachées an sacerdoce de Vesta accompagnent, pieds nus, la fuite des objets sacrés. On dit cependant que ce cortége fugitif fut recueilli par un plébéien, Lucius Albinus, qui fit descendre de son chariot sa femme et ses enfants , pour y placer les prêtresses; tant il est vrai que, même dans les dernières extrémités, la religion publique l'emportait alors sur les affections particulières. Quant à la jeunesse, qui, on le sait, se composait à peine de mille hommes, elle se retrancha, sous la conduite de Manlius, dans la citadelle du mont Capitolin; et là, comme en présence de Jupiter, ils le conjurèrent "puisqu'ils s'étaient réunis pour défendre son temple, d'accorder à leur valeur l'appui de sa diviriité." Cependant les Gaulois arrivent; la ville était ouverte; ils pénètrent en tremblant d'abord, de peur de quelque embûche secrète; bientôt, ne voyant qu'une solitude, ils s'élancent avec des cris aussi terribles que leur impétuosité, et se répandent de tous côtés dans les maisons ouvertes. Assis sur leurs chaises curules et revêtus de la prétexte, les vieillards leur semblent des dieux et des génies, et ils se prosternent devant eux ; bientôt, reconnaissant que ce sont des hommes, qui d'ailleurs ne daignent pas leur répondre, ils les immolent avec cruauté, embrasent les maisons; et, la flamme et le fer à la main, ils mettent la ville au niveau du sol. Pendant six mois, qui le croirait? Les Barbares restèrent comme suspendus autour d'un seul roc, faisant le jour, la nuit même, de nombreuses tentatives pour l'emporter. Une nuit enfin qu'ils y pénétraient, Manlius, éveillé par les cris d'une oie, les rejeta du haut du rocher; et, afin de leur ôter tout espoir par une apparente confiance, il lança, malgré l'extrême disette, des pains par dessus les murs de la citadelle. Il fit même, dans un jour consacré, sortir du Capitole, à travers les gardes ennemis, le pontife Fabius, qui avait un sacrifice solennel à faire sur le mont Quirinal. Fabius revint sans blessure au milieu des traits des ennemis, sous la protection divine et il annonça que les dieux étaient propices. Fatigués enfin de la longueur du siège, les Barbares nous vendent leur retraite au prix de mille livres d'or; ils ont même l'insolence d'ajouter encore à de faux poids celui d'une épée; puis, comme ils répétaient dans leur orgueil : "Malheur aux vaincus l" soudain Camille les attaque par derrière, et en fait un tel carnage qu'il efface dans des torrents de sang gaulois toutes les traces de l'incendie. Grâces soient rendues aux dieux immortels, même pour cet affreux désastre. Sous ce feu disparurent les cabanes de pasteurs; sous la flamme, la pauvreté de Romulus. Cet embrasement d'une cité, le domicile prédestiné des hommes et des dieux, eut-il un autre résultat que de la montrer non pas détruite, non pas ruinée, mais plutôt purifiée et consacrée? Ainsi donc, sauvée par Manlius et rétablie par Camille, Rome se releva plus fière et plus terrible pour ses voisins. Et d'abord, c'était peu d'avoir chassé de la ville cette race de Gaulois.; les voyant encore traîner par toute l'Italie les vastes débris de leur naufrage, les Romains les poursuivirent si vivement, sous la conduite de Camille, qu'il ne reste plus aujourd'hui aucun vestige des Sénonais. On les massacra une première fois près de l'Anio, où Manlius, dans un combat singulier contre un de ces Barbares, lui arracha , entre autres dépouilles, un collier d'or : de là le nom de Torquatus. Ils furent encore défaits aux champs Pomptins; là, dans un semblable combat, Lucius Valérius, secondé par un oiseau sacré qui s'attacha au casque du Gaulois, conquit les dépouilles de son ennemi et le surnom de Corvinus. Enfin, quelques années après, les derniers restes de ce peuple furent anéantis en Etrurie, par Dolabella, près le lac de Vadimon, afin qu'il n'existât plus dans cette nation un seul homme qui pût se glorifier d'avoir incendié la ville de Rome.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 14:37

Livre II.

IV. - GUERRE CONTRE LES GAULOIS
Les Gaulois Insubres et les peuples voisins des Alpes avaient un naturel de bêtes sauvages et une taille plus qu'humaine. Mais l'expérience a montré que si au premier choc, ils sont supérieurs à des hommes, au second ils sont inférieurs à des femmes. Leurs corps, nourris sous le climat humide des Alpes, présentent certaines ressemblances avec les neiges du pays. A peine échauffés par le combat, ils sont immédiatement trempés de sueur, et au moindre mouvement, ils fondent comme la neige sous les rayons du soleil. Ils avaient souvent fait le serment, qu'ils renouvelèrent sous leur chef Britomare, de ne point détacher leurs baudriers avant d'être montés au Capitole. C'est ce qui advint. Emilius, leur vainqueur, les leur enleva en effet au Capitole. Bientôt après sous la conduite d'Arioviste, ils vouèrent à leur dieu Mars un collier qui serait pris sur les dépouilles de nos soldats. Jupiter s'empara de ce voeu, car c'est avec les colliers des Gaulois que Flaminius éleva un trophée d'or à Jupiter. Sous leur roi Viridomare, ils avaient promis à Vulcain les armes romaines. Leur voeu se réalisa d'une manière toute différente. Leur roi fut tué et Marcellus suspendit dans le temple de Jupiter Férétrien les dépouilles opimes, alors offertes pour la troisième fois depuis Romulus, notre ancêtre.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 14:38

Livre II

XI. - GUERRE CONTRE LES GALLO-GRECS
La Galatie fut entraînée, elle aussi, dans l'écroulement de la Syrie. Ses habitants avaient-ils réellement aidé Antiochus, ou Manlius Vulso, désireux de triompher imagina-t-il cette intervention ? On ne sait. Toujours est-il qu'on lui refusa le triomphe malgré sa victoire, parce qu'il ne put faire approuver le motif de cette guerre. D'ailleurs, comme son nom seul l'indique, la nation gallo-grecque est une nation mélangée et abâtardie ; les restes des Gaulois qui, sous la conduite de Brennus, avaient dévasté la Grèce, se dirigèrent vers l'Orient et s'établirent au centre de l'Asie. Mais de même que les plantes dégénèrent quand on les change de terrain, le naturel sauvage de ce peuple fut amolli par le charme voluptueux de l'Asie. Aussi suffit-il de deux batailles pour les vaincre et les mettre en fuite, bien qu'à l'arrivée de l'ennemi ils eussent abandonné leurs demeures pour se retirer sur de très hautes montagnes. Les Tolostobogiens avaient occupé l'Olympe, les Tectosages, le Magaba. Chassés à coups de frondes et de flèches, les deux peuples se rendirent et conclurent une éternelle paix. On ne les enchaîna que par une sorte de miracle, car ils cherchaient à mordre et à briser leurs chaînes, et ils se présentaient mutuellement la gorge pour s'étrangler. La femme d'Orgiagonte, leur roi, déshonorée par un centurion, accomplit une action mémorable : elle s'échappa de sa prison, fit trancher la tête du soldat, et la porta à son mari.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 14:39

Livre III.

III. - GUERRE CONTRE LES ALLOBROGES
Tels furent les événements au midi. Mais le peuple romain dut soutenir des combats beaucoup plus terribles et plus nombreux vers le nord ****** (lacune). Rien de plus redoutable que cette région. Le caractère des habitants y est aussi rude que le climat. De toute cette contrée septentrionale, à droite, à gauche et au centre de furieux ennemis s'élancèrent contre nous.
Parmi les peuples transalpins, les Salluviens les premiers éprouvèrent la force de nos armes ; car leurs incursions provoquaient les plaintes de la ville de Marseille, notre très fidèle alliée et amie.
Puis ce furent les Allobroges et les Arvernes contre lesquels les Eduens nous adressèrent des plaintes analogues, en réclamant notre aide et notre secours. Nous eûmes pour témoins de nos victoires sur ces deux peuples l'Isère, la Sorgue et le Rhône, le plus rapide des fleuves
Rien n'épouvanta plus les Barbares que nos éléphants, dignes adversaires de ces nations farouches. On remarqua tout particulièrement dans le cortège triomphal leur roi Bituitus avec ses armes de diverses couleurs et son char d'argent, comme au jour du combat.
On jugera de la joie extraordinaire qu'excitèrent ces deux victoires quand on saura que Domitius Aenobarbus et Fabius Maximus élevèrent des tours de pierre sur l'emplacement même des champs de bataille et y dressèrent des trophées ornés d'armes ennemies. Cet usage était inconnu de nos ancêtres. Jamais, en effet, le peuple romain n'insulta à la défaite d'un ennemi vaincu.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 14:40

Livre III.

IV. - GUERRE CONTRE LES CIMBRES LES TEUTONS ET LES TIGURINS
Les Cimbres, les Teutons et les Tigurins, partis des extrémités de la Gaule et fuyant les inondations de l’Océan, cherchaient de nouvelles demeures par tout l'univers. Repoussés de la Gaule et de l'Espagne, ils voulurent passer en Italie et envoyèrent des ambassadeurs au camp de Silanus et de là au Sénat. Ils demandaient au peuple de Mars de leur accorder quelques terres à titre de solde ; en échange, ils mettraient à son entière disposition leurs bras et leurs armes. Mais quelles terres pouvait donner le peuple romain chez qui les lois agraires allaient provoquer la guerre civile ? Aussi n'obtinrent-ils pas satisfaction, et ils décidèrent de prendre par les armes ce qu'ils n'avaient pu avoir par la prière.
Silanus ne put soutenir le premier choc des barbares, Manlius ne put soutenir le second, ni Cépion le troisième. Tous trois furent mis en fuite et chassés de leurs camps. Tout était perdu, si ce siècle n'eût, par bonheur, produit Marius. Marius lui-même n'osa pas les attaquer aussitôt. Il retint ses soldats dans le camp, attendant que cette rage invincible et cette violence impétueuse qui tiennent lieu de courage aux barbares se fussent affaiblies. Ils se retirèrent donc en injuriant les nôtres et avec une telle certitude de prendre Rome qu'ils leur demandèrent s'ils n'avaient rien à faire dire à leurs femmes. Et prompts à exécuter leurs menaces, ils se divisent en trois corps et s'avancent à travers les Alpes, la barrière de l'Italie.
Avec une rapidité extraordinaire, Marius s'empare aussitôt des chemins les plus courts et prévient l'ennemi. Il rejoint d'abord les Teutons au pied même des Alpes, dans un endroit appelé Aix, et les écrase. Quelle bataille, grands dieux ! La vallée et le fleuve qui la traverse étaient au pouvoir de l'ennemi, les nôtres n'avaient pas d'eau. Notre général l'avait-il fait exprès, ou fut-ce une erreur dont il sut tirer parti ? On l'ignore. Mais il est certain que la nécessité accrut le courage des nôtres et leur donna la victoire. Les soldats, en effet, réclamaient de l'eau. "Si vous êtes des hommes, voyez, dit Marius, vous en avez là-bas." Aussi l'ardeur des combattants fut-elle si grande, et on massacra tellement d'ennemis que dans la rivière ensanglantée les Romains victorieux ne burent pas moins de sang que d'eau. Le roi Teutobodus lui-même, habitué à sauter successivement sur quatre ou six chevaux, put à peine en monter un pour s'enfuir. Il fut pris dans un bois voisin et constitua le plus beau spectacle du triomphe. Sa taille gigantesque s'élevait au-dessus des trophées conquis sur lui.
Les Teutons exterminés, Marius se tourna contre les Cimbres. Déjà -- qui le croirait ? -- malgré l'hiver qui rend les Alpes plus hautes, ils étaient descendus en Italie en roulant comme une avalanche du haut des montagnes du Tridentum. Avec une stupidité toute barbare, ils voulurent d'abord franchir l'Adige à la nage, sans ponts ni bateaux, mais quand ils eurent vainement essayé d'arrêter le courant avec leurs mains et leurs boucliers, ils y jetèrent une grande quantité d'arbres et passèrent. Si les colonnes ennemies s'étaient aussitôt dirigées sur Rome, le danger aurait été très grand. Mais en Vénétie, une des régions les plus agréables de l'Italie, la douceur du sol et du climat affaiblit leur vigueur. Ils s'amollirent aussi par l'usage du pain, de la viande cuite et de vins délicieux. Marius choisit ce moment pour les attaquer. Ils demandèrent à notre général de fixer le jour du combat, il leur assigna le lendemain.
La rencontre eut lieu dans une très large plaine appelée la plaine Raudienne. L'ennemi perdit soixante-cinq mille hommes, les Romains, moins de trois cents. Toute la journée on massacra des barbares. A son tour le général romain, ajoutant l'artifice à la valeur, emprunta à Hannibal la tactique qu'il avait suivie à Cannes. Tout d'abord il profita d'un jour où le brouillard lui permit de tomber à l'improviste sur les ennemis, et où le vent leur lançait la poussière dans les yeux et la figure. Enfin il tourna son armée face à l'orient, et les prisonniers nous apprirent par la suite que les rayons du soleil réfléchis par les casques des Romains donnaient l'impression que le ciel était en feu.
La lutte avec leurs femmes ne fut pas moins violente. Elles s'étaient entourées d'un rempart de chariots et de voitures, du haut duquel elles combattaient avec des haches et de longues perches. Leur mort fut aussi belle que leur résistance. Elles envoyèrent à Marius une délégation chargée de demander pour elles la liberté et le sacerdoce. N'ayant pas obtenu satisfaction -- car nos coutumes religieuses ne le permettaient pas, -- elles étouffèrent et écrasèrent pêle-mêle leurs enfants en bas-âge, puis elles s'entre-tuèrent les unes les autres, ou bien, formant un lien avec leurs cheveux, elles se pendirent aux arbres ou au timon de leurs chariots. Leur roi Boiorix combattit avec courage au premier rang et fit payer chèrement sa mort.
La troisième colonne, celle des Tigurins, qui s'était postée comme en réserve sur les sommets des Alpes Noriques, se dispersa dans des directions différentes et disparut en fuyant honteusement et en pillant sur son passage.
Cette nouvelle si agréable, si heureuse, de la délivrance de l'Italie et du salut de l'empire, le peuple romain ne l'apprit pas, comme d'habitude, par des hommes, mais, s'il est permis de le croire, par les dieux eux-mêmes. Le jour de la bataille, on aperçut devant le temple de Castor et de Pollux des jeunes gens couronnés de laurier qui remirent une lettre au préteur. Au même moment la foule qui assistait à un combat de gladiateurs applaudit à sa manière habituelle en criant : Bravo ! Peut-il y avoir rien de plus étonnant, de plus admirable ? Il semblait que du haut de ses montagnes, Rome assistait au spectacle de la guerre, et à l'instant même où les Cimbres succombaient dans la bataille, le peuple applaudissait dans la ville.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 14:41

Livre III.

XI. - GUERRE DES GAULES
Quand l'Asie eut été soumise par Pompée, la fortune confia à César le soin d'en finir avec l'Europe. Or, il restait les peuples les plus cruels, les Gaulois et les Germains, et, bien que séparée de tout l'univers, la Bretagne trouva cependant un vainqueur.
Les Helvètes furent les premiers qui commencèrent à troubler la Gaule. Situés entre le Rhône et le Rhin, ils ne possédaient qu'un territoire insuffisant et ils vinrent solliciter un nouvel emplacement. Ils avaient brûlé leurs villes, s'engageant ainsi à ne pas revenir. César demanda un délai pour réfléchir, et détruisit, dans l'intervalle le pont du Rhône. Il arrêta ainsi dans sa fuite cette nation très belliqueuse, et la fit rentrer aussitôt dans son pays, tout comme un berger ramène ses troupeaux à l'étable.
La guerre contre les Belges, qui suivit, fut beaucoup plus sanglante, car ce peuple combattait pour sa liberté. Si les soldats romains s'y firent souvent remarquer par leur valeur, leur général s'y distingua tout particulièrement. Comme son armée pliait, prête à prendre la fuite, il arracha des mains d'un fuyard son bouclier, vola au premier rang, et son intervention personnelle rétablit le combat.
Puis ce fut la guerre navale avec les Vénètes. Mais César dut lutter contre l'océan plus que contre leurs navires, qui, grossiers et informes, faisaient naufrage au moindre choc de nos éperons. Mais la bataille continua sur la grève, lorsque, suivant son mouvement habituel, l'océan se retira au milieu même du combat, semblant ainsi s'opposer à la guerre.
César dut aussi employer une tactique différente selon la nature des peuples et des lieux. Les Aquitains, nation rusée, se retiraient dans des cavernes ; il les y fit enfermer. Les Morins se dispersaient dans les forêts, il y fit mettre le feu. Qu'on ne dise pas que les Gaulois sont seulement farouches ; ils pratiquent aussi la ruse. Indutiomare souleva les Trévires, et Ambiorix, les Eburons. Tous deux, pendant l'absence de César, s'entendirent pour attaquer ses lieutenants. Mais Dolabella repoussa courageusement le premier et rapporta la tête du roi barbare. Le second nous ayant tendu une embuscade dans une vallée nous surprit et nous écrasa. Notre camp fut pillé, et nous perdîmes les lieutenants Aurunculéius Cotta et Titurius Sabinus. Nous ne pûmes par la suite tirer vengeance de ce roi, car il s'enfuit de l'autre côté du Rhin et y resta toujours caché. Aussi le Rhin ne fut-il pas à l'abri de nos attaques ; on ne pouvait le laisser impunément recéler et protéger nos ennemis.
La première guerre contre les Germains fut entreprise pour les motifs les plus légitimes ; les Eduens, en effet, se plaignaient de leurs incursions. Quelle n'était pas la présomption d'Arioviste ? Comme nos députés lui disaient de venir trouver César : "Quel est César ?" répondit-il. "S'il veut me voir, qu'il vienne. Que lui importent les affaires de la Germanie, notre pays ? Est-ce que je me mêle de celles des Romains ? " Aussi ce peuple inconnu répandit-il un tel effroi dans notre camp que partout, même dans les tentes des officiers, on faisait son testament. Mais ces corps gigantesques offraient à nos épées et à nos projectiles d'autant plus de prise qu'ils étaient plus grands. Rien ne peut, mieux que le fait suivant, donner une idée exacte de l'ardeur de nos soldats pendant le combat. Les barbares élevaient leur bouclier au-dessus de leur tête et formaient ainsi la tortue. Les Romains sautèrent alors sur ces boucliers et de là leur plongeaient l'épée dans la gorge.
Les Tenctères se plaignaient aussi des Germains. César se décide alors à passer la Moselle, et le Rhin lui-même sur un pont de bateaux, et cherche l'ennemi dans la forêt hercynienne. Mais toute la nation s'était dispersée dans les bois et les marais, si grand était l'effroi provoqué de l'autre côté de la rive par l'apparition soudaine des Romains.
César franchit une deuxième fois le Rhin sur un pont qu'il fit construire. L'épouvante des ennemis fut plus grande encore. En voyant ce pont qui semblait un joug imposé à leur fleuve prisonnier, les Germains s'enfuirent de nouveau dans les forêts et les marécages, et le plus grand ennui de César fut de ne trouver personne à vaincre.
Après avoir tout réglé sur terre et sur mer, il tourna les yeux vers l'océan, et, comme si le monde conquis ne suffisait pas aux Romains, il songea à en conquérir un autre. Il rassembla donc une flotte et il passa en Bretagne avec une rapidité étonnante : ayant quitté le port des Morins à la troisième veille, il aborda dans l'île avant midi. Son arrivée remplit de tumulte le rivage ennemi, et les Bretons, affolés à la vue de ce spectacle nouveau, faisaient voler leurs chars de tous côtés. Cet affolement nous tint lieu de victoire. Ils livrèrent en tremblant des armes et des otages à César qui serait allé plus loin, si l'océan n'eût châtié par un naufrage l'audace de sa flotte.
Il revint donc en Gaule, accrut sa flotte, augmenta ses troupes, affronta de nouveau le même Océan et les mêmes Bretons qu'il poursuivit jusque dans les forêts de Calédonie, et jeta en prison l'un de leurs rois, Cassivellaunus. Se contentant de ces succès - car il se préoccupait moins de l'acquisition d'une province que de sa gloire, - il revint avec un plus riche butin que la première fois. L'Océan lui-même, plus tranquille, favorisa son retour, comme s'il s'avouait vaincu.
Mais la plus grande et en même temps la dernière de toutes les ligues gauloises fut celle où les Arvernes, les Bituriges, les Carnutes et les Séquanes se coalisèrent sous la direction d'un chef que sa taille, ses armes et son courage rendaient terrible et dont le nom même semblait fait pour engendrer l'épouvante, Vercingétorix. Aux jours de fêtes et dans les assemblées, quand il les voyait réunis en très grand nombre dans les bois, il les excitait par des paroles véhémentes à recouvrer leur ancienne liberté.
César n'était pas là ; il levait alors des troupes à Ravenne. L'hiver avait accru la hauteur des Alpes, et les Gaulois pensaient que le passage était fermé. Mais immédiatement, à la première nouvelle du soulèvement, César, avec une heureuse témérité, franchit des montagnes jusqu'alors jugées inaccessibles, et par des routes et des neiges que nul homme n'avait foulées, il pénétra en Gaule avec quelques troupes légères. Il rassembla ses légions dispersées dans des quartiers d'hiver éloignés, et il se trouva au milieu de la Gaule avant qu'on ne craignît son retour à la frontière.
Il attaque alors les principaux centres de la guerre ; il détruit Avaricum, défendue par quarante mille hommes, et malgré les efforts de deux cent cinquante mille Gaulois il incendie et anéantit Alésia. C'est autour de Gergovie, en Auvergne, que porta tout le poids de la guerre. Quatre-vingt mille hommes protégés par des murs, une citadelle et des rochers escarpés, défendaient cette très grande ville. Mais César l'entoura d'un retranchement garni de pieux et d'un fossé dans lequel il détourna le fleuve qui l'arrose ; il construisit en outre un immense parapet de dix-huit tours, et il commença par affamer la ville. Quand les assiégés osèrent tenter des sorties, ils succombèrent sur le retranchement sous les épées et les pieux de nos soldats ; enfin, ils durent se rendre. Leur roi lui-même, le plus bel ornement de la victoire, vint en suppliant au camp romain, sur son cheval dont il jeta les ornements, en même temps que ses propres armes, aux pieds de César. "Ils sont à toi, dit-il, je suis brave, mais tu es plus brave, et tu m'as vaincu."
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