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Tite-Live - Ab Urbe Condita

Déposez vos questions/remarques sur ce forum consacré aux connaissances actuelles concernant les Celtes...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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17 messages • Page 1 sur 2 • 1, 2

Tite-Live - Ab Urbe Condita

Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:04

Tite-Live, Titus Livius en latin (59 avant J.-C. à 17 ap. J.-C.) était un historien de la Rome antique.

Il est né en 59 avant J-C et mort en 17 après J-C à Padoue (Patavium), chef-lieu de la Vénétie. Asinius Pollion lui reproche d'ailleurs la patavinité de son style (patavinitas) sans qu'on ait jamais pu donner une définition claire de ce défaut. Il fit son éducation en province où il apprit la langue et la littérature grecques. Il vint à Rome à l'âge de 24 ans. On ne sait pas grand-chose de sa vie. Il connut Auguste qui l'appelait son Pompeianus (Pompéien). Il fut chargé de l'éducation du futur empereur Claude. Il avait un fils qui composa un ouvrage de géographie et une fille qui épousa un rhéteur, Lucius Magius.

Tite-Live a écrit une Histoire de Rome depuis sa fondation (Ab Urbe condita libri, qui signifie littéralement les livres depuis la fondation de Rome) qui couvrait en 142 livres l'histoire romaine des origines jusqu'à la mort de Drusus en -9. Cette œuvre était organisée en décades ou groupes de 10 livres, mais 35 livres seulement sont parvenus jusqu'à nous: les livres I à X et XXI à XLV. Les autres ne sont connus que par des fragments ou des résumés appelés Epitome. Ils nous donnent une idée du plan suivi par Tite-Live et de la manière dont il avait réparti la matière qu'il a traitée.

Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Tite-Live
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:07

Traduction en français publiée sous la direction de M. Nisard, Tome I, Paris, 1864

Livre V

XXXIV Premières invasions gauloises.


[1] Pour ce qui est du passage des Gaulois en Italie, voici ce qu'on en raconte : à l'époque où Tarquin l'Ancien régnait à Rome, la Celtique, une des trois parties de la Gaule, obéissait aux Bituriges, qui lui donnaient un roi. [2] Sous le gouvernement d'Ambigatus, que ses vertus, ses richesses et la prospérité de son peuple avaient rendu tout-puissant, la Gaule reçut un tel développement par la fertilité de son sol et le nombre de ses habitants, qu'il sembla impossible de contenir le débordement de sa population. [3] Le roi, déjà vieux, voulant débarrasser son royaume de cette multitude qui l'écrasait, invita Bellovèse et Ségovèse, fils de sa soeur, jeunes hommes entreprenants, à aller chercher un autre séjour dans les contrées que les dieux leur indiqueraient par les augures : [4] ils seraient libres d'emmener avec eux autant d'hommes qu'ils voudraient, afin que nulle nation ne pût repousser les nouveaux venus. Le sort assigna à Ségovèse les forêts Hercyniennes; à Bellovèse, les dieux montrèrent un plus beau chemin, celui de l'Italie. [5] Il appela à lui, du milieu de ses surabondantes populations, des Bituriges, des Arvernes, des Éduens, des Ambarres, des Carnutes, des Aulerques; et, partant avec de nombreuses troupes de gens à pied et à cheval, il arriva chez les Tricastins. [6] Là, devant lui, s'élevaient les Alpes; et, ce dont je ne suis pas surpris, il les regardait sans doute comme des barrières insurmontables; car, de mémoire d'homme, à moins qu'on ne veuille ajouter foi aux exploits fabuleux d'Hercule, nul pied humain ne les avait franchies. [7] Arrêtés, et pour ainsi dire enfermés au milieu de ces hautes montagnes, les Gaulois cherchaient de tous côtés, à travers ces roches perdues dans les cieux, un passage par où s'élancer vers un autre univers, quand un scrupule religieux vint encore les arrêter; ils apprirent que des étrangers, qui cherchaient comme eux une patrie, avaient été attaqués par les Salyes. [8] Ceux-là étaient les Massiliens qui étaient venus par mer de Phocée. Les Gaulois virent là un présage de leur destinée : ils aidèrent ces étrangers à s'établir sur le rivage où ils avaient abordé et qui était couvert de vastes forêts. Pour eux, ils franchirent les Alpes par des gorges inaccessibles, traversèrent le pays des Taurins, et, [9] après avoir vaincu les Étrusques, près du fleuve Tessin, ils se fixèrent dans un canton qu'on nommait la terre des Insubres. Ce nom, qui rappelait aux Éduens les Insubres de leur pays, leur parut d'un heureux augure, et ils fondèrent là une ville qu'ils appelèrent Mediolanum.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:08

XXXV Seconde vague d'envahisseurs.

[1] Bientôt, suivant les traces de ces premiers Gaulois, une troupe de Cénomans, sous la conduite d'Étitovius, passe les Alpes par le même défilé, avec l'aide de Bellovèse, et vient s'établir aux lieux alors occupés par les Libuens, et où sont maintenant les villes de Brixia et de Vérone. [2] Après eux, les Salluviens se répandent le long du Tessin, près de l'antique peuplade des Lèves Ligures. Ensuite, par les Alpes Pennines. arrivent les Boies et les Lingons, qui, trouvant tout le pays occupé entre le Pô et les Alpes, traversent le Pô sur des radeaux, et chassent de leur territoire les Étrusques et les Ombriens : toutefois, ils ne passèrent point l'Apennin. [3] Enfin, les Sénons, qui vinrent en dernier, prirent possession de la contrée qui est située entre le fleuve Utens et l'Aesis. Je trouve dans l'histoire que ce fut cette nation qui vint à Clusium et ensuite à Rome; mais on ignore si elle vint seule ou soutenue par tous les peuples de la Gaule Cisalpine. [4] Tout, dans cette nouvelle guerre, épouvanta les Clusiens; et la multitude de ces hommes, et leur stature gigantesque, et la forme de leurs armes, et ce qu'ils avaient ouï dire de leurs nombreuses victoires, en deçà et au-delà du Pô, sur les légions étrusques : aussi, quoiqu'ils n'eussent d'autre titre d'alliance ou d'amitié auprès de la république, que leur refus de défendre contre les Romains les Véiens, leurs frères, ils envoyèrent des députés à Rome pour demander du secours au sénat. [5] Ce secours ne leur fut point accordé; mais trois députés, tous trois fils de Marcus Fabius Ambustus, furent chargés d'aller, au nom du sénat et du peuple romain, inviter les Gaulois à ne pas attaquer une nation dont ils n'avaient reçu aucune injure, et d'ailleurs alliée du peuple romain et son amie. [6] Les Romains, au besoin, les protégeront aussi de leurs armes; mais ils trouvent sage de n'avoir recours à ce moyen que le plus tard possible, et pour faire connaissance avec les Gaulois, nouveau peuple, mieux vaut la paix que la guerre.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:09

XXXVI L'ambassade des trois Fabius.

[1] Cette mission était toute pacifique; mais elle fut confiée à des députés d'un caractère farouche, et qui étaient plus Gaulois que Romains. Lorsqu'ils eurent exposé leur message au conseil des Gaulois, on leur fit cette réponse : [2] "Bien qu'on entende pour la première fois parler des Romains, on les estime vaillants hommes, puisque les Clusiens, dans des circonstances critiques, ont imploré leur appui; [3] et, puisque ayant à protéger contre eux leurs alliés, ils ont mieux aimé avoir recours à une députation qu'à la voie des armes, on ne repoussera point la paix qu'ils proposent, si aux Gaulois, qui manquent de terres, les Clusiens, qui en possèdent plus qu'ils n'en peuvent cultiver, cèdent une partie de leur territoire; autrement, la paix ne sera pas accordée. [4] C'est en présence des Romains qu'ils veulent qu'on leur réponde : et s'ils n'obtiennent qu'un refus, c'est en présence des mêmes Romains qu'ils combattront, afin que ceux-ci puissent annoncer chez eux combien les Gaulois surpassent en bravoure les autres hommes." [5] Les Romains leur ayant alors demandé "De quel droit ils venaient exiger le territoire d'un autre peuple et menacer de la guerre, et ce qu'ils avaient affaire, eux Gaulois, en Étrurie;" et les Gaulois ayant répondu fièrement "Qu'ils portaient leur droit dans leurs armes, et que tout appartenait aux hommes de courage," les esprits s'échauffent, on court aux armes et la lutte s'engage. [6] Alors, les destins contraires l'emportent sur Rome : les députés, au mépris du droit des gens, prennent les armes, et ce combat de trois des plus vaillants et des plus nobles enfants de Rome, à la tête des enseignes étrusques, ne put demeurer secret; ils furent trahis par l'éclat de leur bravoure étrangère. [7] Bien plus, Quintus Fabius, qui courait à cheval en avant de l'armée, alla contre un chef des Gaulois qui se jetait avec furie sur les enseignes étrusques, lui perça le flanc de sa lance et le tua : pendant qu'il le dépouillait, il fut reconnu par les Gaulois, et signalé sur toute la ligne comme étant l'envoyé de Rome. [8] On dépose alors tout ressentiment contre les Clusiens, et l'on sonne la retraite en menaçant les Romains. Plusieurs même émirent l'avis de marcher droit sur Rome; mais les vieillards obtinrent qu'on enverrait d'abord des députés porter plainte de cet outrage et demander qu'en expiation de cette atteinte au droit des gens, on leur livrât les Fabius. [9] Les députés gaulois étant arrivés exposèrent leur message : mais, bien que le sénat désapprouvât la conduite des Fabius, et trouvât juste la demande des Barbares, il n'osait point prononcer contre les coupables un arrêt mérité, empêché qu'il était par la faveur attachée à des hommes aussi considérables. [10] Ainsi, pour n'avoir pas à répondre des malheurs que pourrait entraîner une guerre avec les Gaulois, il renvoya au peuple la connaissance de leur réclamation. Là, le crédit et les largesses eurent tant d'influence, que ceux dont on poursuivait le châtiment furent créés tribuns militaires, avec puissance de consuls pour l'année suivante. [11] Cela fait, les Gaulois, justement indignés d'une pareille insulte, retournèrent au camp, en prononçant tout haut des menaces de guerre. Avec les trois Fabius, on créa tribuns des soldats Quintus Sulpicius Longus, Quintus Servilius pour la quatrième fois, Servius Cornélius Maluginensis.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:09

XXXVII L'armée gauloise envahit le territoire de Rome.

[1] En présence de l'immense péril qui la menaçait [tant la fortune aveugle les esprits, quand elle veut rendre ses coups irrésistibles !], cette cité, qui, ayant affaire aux Fidénates, aux Véiens et aux autres peuples voisins, avait eu recours aux mesures extrêmes, et tant de fois nommé un dictateur, [2] aujourd'hui, attaquée par un ennemi étranger et inconnu, qui lui apportait la guerre des rives de l'Océan et des dernières limites du monde, elle ne recourut ni à un commandement ni à des moyens de défense extraordinaires. [3] Les tribuns, dont la témérité avait amené cette guerre, dirigeaient les préparatifs; et, affectant de mépriser l'ennemi, ils n'apportaient à la levée des troupes ni plus de soin ni plus de surveillance que s'il se fût agi d'une guerre ordinaire. [4] Cependant les Gaulois avaient appris que l'on s'était complu à conserver des honneurs aux violateurs des droits de l'humanité, et qu'on s'était joué de leur députation; bouillant de colère, et d'un naturel impuissant à la contenir, ils arrachent leurs enseignes, et s'avancent d'une marche rapide sur le chemin de Rome. [5] Comme, au bruit de leur passage, les villes épouvantées couraient aux armes, et que les habitants des campagnes prenaient la fuite, les Gaulois annonçaient partout à grands cris qu'ils allaient sur Rome; et, dans tous les endroits qu'ils traversaient, cette confuse multitude d'hommes et de chevaux occupait au loin un espace immense. [6] La renommée qui marchait devant eux, les courriers de Clusium et de plusieurs autres villes avaient porté l'effroi dans Rome; leur venue impétueuse augmenta encore la terreur : [7] l'armée partit au-devant eux à la hâte et en désordre; et, à peine à onze milles de Rome, les rencontra à l'endroit où le fleuve Allia, roulant du haut des monts de Crustumérie, creuse son lit, et va, un peu au-dessous du chemin, se jeter dans le Tibre. [8] Partout, en face et autour des Romains, le pays était couvert d'ennemis; et cette nation, qui se plaît par goût au tumulte, faisait au loin retentir l'horrible harmonie de ses chants sauvages et de ses bizarres clameurs.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:09

XXXVIII Honteuse déroute de l'armée romaine.

[1] Là, les tribuns militaires, sans avoir d'avance choisi l'emplacement de leur camp, sans avoir élevé un retranchement qui pût leur offrir une retraite, et ne se souvenant pas plus des dieux que des hommes, rangent l'armée en bataille, sans prendre les auspices et sans immoler de victimes. Afin de ne pas être enveloppés par l'ennemi, ils étendent leurs ailes; [2] mais ils ne purent égaler le front des Gaulois, et leur centre affaibli ne forma plus qu'une ligne sans consistance. Sur leur droite était une éminence où ils jugèrent à propos de placer leur réserve, et si par ce point commença la terreur et la déroute, là aussi se trouva le salut des fuyards. [3] En effet, Brennus, qui commandait les Gaulois, craignant surtout un piège de la part d'un ennemi si inférieur en nombre, et persuadé que leur intention, en s'emparant de cette hauteur, était d'attendre que les Gaulois en fussent venus aux mains avec le front des légions pour lancer la réserve sur leur flanc et sur leur dos, marcha droit à ce poste; [4] il ne doutait pas que, s'il parvenait à s'en emparer, l'immense supériorité du nombre ne lui donnât une victoire facile; et ainsi la science militaire aussi bien que la fortune se trouva du côté des Barbares. [5] Dans l'armée opposée, il n'y avait rien de romain, ni chez les généraux ni chez les soldats; les esprits n'étaient préoccupés que de leur crainte et de la fuite; et, dans leur égarement, la plupart se sauvèrent à Véies, ville ennemie dont ils étaient séparés par le Tibre, au lieu de suivre la route qui les aurait menés droit à Rome vers leurs femmes et leurs enfants. [6] La réserve fut un moment défendue par l'avantage du poste; mais dans le reste de l'armée, à peine les plus rapprochés eurent-ils entendu sur leurs flancs, et les plus éloignés derrière eux, le cri de guerre des Gaulois, que, presque avant de voir cet ennemi qu'ils ne connaissaient pas encore, avant de tenter la moindre résistance, avant même d'avoir répondu au cri de guerre, intacts et sans blessures ils prirent la fuite. [7] On n'en vit point périr en combattant; l'arrière-garde éprouva quelque perte, empêchée qu'elle fut dans sa fuite par les autres corps qui se sauvaient sans ordre. [8] Sur la rive du Tibre, où l'aile gauche s'était enfuie tout entière après avoir jeté ses armes, il en fut fait un grand carnage; et une foule de soldats qui ne savaient pas nager, ou à qui le poids de leur cuirasse et de leurs vêtements en ôtait la force, furent engloutis dans le fleuve. [9] Le plus grand nombre cependant purent sains et saufs gagner Véies, d'où ils n'envoyèrent à Rome ni le moindre renfort pour la garder ni même un courrier pour annoncer leur défaite. [10] L'aile droite, placée loin du fleuve et presque au pied de la montagne, se retira vers Rome, et sans se donner le temps d'en fermer les portes se réfugia dans la citadelle.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:10

XXXIX La population romaine se réfugie au Capitole.

[1] Les Gaulois, de leur côté, étaient comme stupéfaits d'une victoire si prodigieuse et si soudaine; eux-mêmes ils restèrent d'abord immobiles de peur, sachant à peine ce qui venait d'arriver; puis ils craignirent qu'il n'y eût là quelque piège; enfin ils se mirent à dépouiller les morts, et, suivant leur coutume, entassèrent les armes en monceaux. [2] Après quoi, n'apercevant nulle part rien d'hostile, ils se mettent en marche et arrivent à Rome un peu avant le coucher du soleil. La cavalerie qui marchait en avant leur apprit que les portes n'étaient point fermées; qu'il n'y avait point de postes pour les couvrir, point de soldats sur les murailles : ce nouveau prodige, si semblable au premier, les arrêta encore; [3] la crainte de la nuit et l'ignorance des lieux les décidèrent à camper entre la ville et l'Anio, après avoir envoyé autour des remparts et vers les autres portes des éclaireurs qui devaient tâcher de découvrir quelle était dans cette situation désespérée l'intention des ennemis. [4] La plus grande partie de l'armée romaine avait gagné Véies, mais à Rome on ne croyait échappés de la bataille que ceux qui étaient venus se réfugier dans la ville, et les citoyens désolés, pleurant les vivants aussi bien que les morts, remplirent presque toute la ville de cris lamentables. [5] Les douleurs privées se turent devant la terreur générale, quand on annonça l'arrivée de l'ennemi; et bientôt l'on entendit les hurlements, les chants discordants des Barbares qui erraient par troupes autour des remparts. [6] Pendant tout le temps qui s'écoula depuis lors, les esprits demeurèrent en suspens; d'abord, à leur arrivée, on craignit de les voir d'un moment à l'autre se précipiter sur la ville, car si tel n'eût pas été leur dessein, ils se seraient arrêtés sur les bords de l'Allia; [7] puis, au coucher du soleil, comme il ne restait que peu de jour, on pensa que l'attaque aurait lieu avant la nuit; et ensuite, que le projet était remis à la nuit même pour répandre plus de terreur. [8] Enfin, à l'approche du jour, tous les coeurs étaient glacés d'effroi; et cette crainte sans intervalle fut suivie de l'affreuse réalité, quand les enseignes menaçantes des Barbares se présentèrent aux portes. Cependant il s'en fallut de beaucoup que cette nuit et le jour suivant Rome se montrât la même que sur l'Allia où ses troupes avaient fui si lâchement. [9] En effet, comme on ne pouvait pas se flatter avec un si petit nombre de soldats de défendre la ville, on prit le parti de faire monter dans la citadelle et au Capitole, outre les femmes et les enfants, la jeunesse en état de porter les armes et l'élite du sénat; [10] et, après y avoir réuni tout ce qu'on pourrait amasser d'armes et de vivres, de défendre, de ce poste fortifié, les dieux, les hommes et le nom romain. [11] Le flamine et les prêtresses de Vesta emportèrent loin du meurtre, loin de l'incendie, les objets du culte public, qu'on ne devait point abandonner tant qu'il resterait un Romain pour en accomplir les rites. [12] Si la citadelle, si le Capitole, séjour des dieux, si le sénat, cette tête des conseils de la république, si la jeunesse en état de porter les armes venaient à échapper à cette catastrophe imminente, on pourrait se consoler de la perte des vieillards qu'on laissait dans la ville abandonnés à la mort. [13] Et pour que la multitude se soumît avec moins de regret, les vieux triomphateurs, les vieux consulaires déclarèrent leur intention de mourir avec les autres, ne voulant point que leurs corps, incapables de porter les armes et de servir la patrie, aggravassent le dénuement de ses défenseurs.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:10

XL Exode des plébeiens. Départ des prêtres pour Caere.

[1] Ainsi se consolaient entre eux les vieillards destinés à la mort. Ensuite ils adressent des encouragements à la jeunesse, qu'ils accompagnent jusqu'au Capitole et à la citadelle, en recommandant à son courage et à sa vigueur la fortune, quelle qu'elle dût être, d'une cité victorieuse pendant trois cent soixante ans dans toutes ses guerres. [2] Mais an moment où ces jeunes gens, qui emportaient avec eux tout l'espoir et toutes les ressources de Rome, se séparèrent de ceux qui avaient résolu de ne point survivre à sa ruine, [3]la douleur de cette séparation, déjà par elle-même si triste, fut encore accrue par les pleurs et l'anxiété des femmes, qui, courant incertaines tantôt vers les uns, tantôt vers les autres, demandaient à leurs maris et à leurs fils à quel destin ils les abandonnaient : ce fut le dernier trait à ce tableau des misères humaines. [4] Cependant une grande partie d'entre elles suivirent dans la Citadelle ceux qui leur étaient chers, sans que personne les empêchât ou les rappelât; car cette précaution qui aurait eu pour les assiégés l'avantage de diminuer le nombre des bouches inutiles, semblait trop inhumaine. [5] Le reste de la multitude, composé surtout de plébéiens qu'une colline si étroite ne pouvait contenir et qu'il était impossible de nourrir avec d'aussi faibles provisions, sortant en masse de la ville, gagna le Janicule; [6] de là, les uns se répandirent dans les campagnes, les autres se sauvèrent vers les villes voisines, sans chef, sans accord, ne suivant chacun que son espérance et sa pensée personnelle, alors qu'il n'y avait plus ni pensée, ni espérance commune. [7] Cependant le flamine de Quirinus et les vierges de Vesta, oubliant tout intérêt privé, ne pouvant emporter tous les objets du culte public, examinaient ceux qu'elles emporteraient, ceux qu'elles laisseraient, et à quel endroit elles en confieraient le dépôt : [8] le mieux leur paraît de les enfermer dans de petits tonneaux qu'elles enfouissent dans une chapelle voisine de la demeure du flamine de Quirinus, lieu où même aujourd'hui on ne peut cracher sans profanation : pour le reste, elles se partagent le fardeau, et prennent la route qui, par le pont de bois, conduit au Janicule. [9] Comme elles en gravissaient la pente, elles furent aperçues par Lucius Albinius, plébéien, qui sortait de Rome avec la foule des bouches inutiles, conduisant sur un chariot sa femme et ses enfants. [10] Cet homme, faisant même alors la différence des choses divines et des choses humaines, trouva irréligieux que les pontifes de Rome portassent à pied les objets du culte public, tandis qu'on le voyait lui et les siens dans un chariot. Il fit descendre sa femme et ses enfants, monter à leur place les vierges et les choses saintes, et les conduisit jusqu'à Caeré, où elles avaient dessein de se rendre.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:11

XLI Entrée des Gaulois dans Rome.

[1] Cependant à Rome, toutes les précautions une fois prises, autant que possible, pour la défense de la citadelle, les vieillards, rentrés dans leurs maisons, attendaient, résignés à la mort, l'arrivée de l'ennemi; [2] et ceux qui avaient rempli des magistratures curules, voulant mourir dans les insignes de leur fortune passée, de leurs honneurs et de leur courage, revêtirent la robe solennelle que portaient les chefs des cérémonies religieuses ou les triomphateurs, et se placèrent au milieu de leurs maisons, sur leurs sièges d'ivoire. [3] Quelques-uns même rapportent que, par une formule que leur dicta le grand pontife Marcus Folius, ils se dévouèrent pour la patrie et pour les citoyens de Rome. [4] Pour les Gaulois, comme l'intervalle d'une nuit avait calmé chez eux l'irritation du combat, que nulle part on ne leur avait disputé la victoire, et qu'alors ils ne prenaient point Rome d'assaut et par force, ils y entrèrent le lendemain sans colère, sans emportement, par la porte Colline, laissée ouverte, et arrivèrent au forum, promenant leurs regards sur les temples des dieux et la citadelle qui, seule, présentait quelque appareil de guerre. [5] Puis, ayant laissé près de la forteresse un détachement peu nombreux pour veiller à ce qu'on ne fît point de sortie pendant leur dispersion, ils se répandent pour piller dans les rues où ils ne rencontrent personne : les uns se précipitent en foule dans les premières maisons, les autres courent vers les plus éloignées, les croyant encore intactes et remplies de butin. [6] Mais bientôt, effrayés de cette solitude, craignant que l'ennemi ne leur tendit quelque piège pendant qu'ils erraient çà et là, ils revenaient par troupes au forum et dans les lieux environnants. [7] Là, trouvant les maisons des plébéiens fermées avec soin, et les cours intérieures des maisons patriciennes tout ouvertes, ils hésitaient encore plus à mettre le pied dans celles-ci qu'à entrer de force dans les autres. [8] Ils éprouvaient une sorte de respect religieux à l'aspect de ces nobles vieillards qui, assis sous le vestibule de leur maison, semblaient à leur costume et à leur attitude, où il y avait je ne sais quoi d'auguste qu'on ne trouve point chez des hommes, ainsi que par la gravité empreinte sur leur front et dans tous leurs traits, représenter la majesté des dieux. [9] Les Barbares demeuraient debout à les contempler comme des statues; mais l'un d'eux s'étant, dit-on, avisé de passer doucement la main sur la barbe de Marcus Papirius, qui, suivant l'usage du temps, la portait fort longue, celui-ci frappa de son bâton d'ivoire la tête du Gaulois, dont il excita le courroux : ce fut par lui que commença le carnage, et presque aussitôt tous les autres furent égorgés sur leurs chaises curules. [10] Les sénateurs massacrés, on n'épargna plus rien de ce qui respirait; on pilla les maisons, et, après les avoir dévastées, on les incendia.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:12

XLII Le pillage et l'incendie de Rome.

[1] Au reste, soit que tous n'eussent point le désir de détruire la ville, soit que les chefs gaulois n'eussent voulu incendier quelques maisons que pour effrayer les esprits, dans l'espoir que l'attachement des assiégés pour leurs demeures les amènerait à se rendre, [2] soit enfin qu'en ne brûlant pas la ville entière ils voulussent se faire, de ce qu'ils auraient laissé debout, un moyen de fléchir l'ennemi, le feu ne marcha le premier jour ni sur une aussi grande étendue, ni avec autant de rapidité qu'il est d'usage dans une ville conquise. [3] Pour les Romains, voyant de la citadelle l'ennemi remplir la ville, et courir çà et là par toutes les rues; témoins à chaque instant, d'un côté ou d'un autre, d'un nouveau désastre, ils ne pouvaient plus ni maîtriser leurs âmes ni suffire aux diverses impressions que la vue et l'ouïe leur apportaient. [4] Partout où les cris de l'ennemi, les lamentations des femmes et des enfants, le bruit de la flamme et le fracas des toits croulants, appelaient leur attention, effrayés de toutes ces scènes de deuil, ils tournaient de ce côté leur esprit, leur visage et leurs yeux, comme si la fortune les eût placés là pour assister au spectacle de la chute de leur patrie, en ne leur laissant rien que leur corps à défendre; [5] d'autant plus à plaindre que ne le furent jamais d'autres assiégés, que bien qu'investis hors de leur ville, ils voyaient tout ce qu'ils possédaient au pouvoir de l'ennemi. [6] La nuit ne fut pas plus calme que l'affreuse journée qu'elle suivait; ensuite le jour succéda à cette nuit agitée, et il ne se passa pas un moment où ils n'eussent à contempler quelque nouveau désastre. [7] Cependant, malgré les maux dont ils étaient accablés et écrasés, leurs âmes ne plièrent point; et quand la flamme eut tout détruit, tout nivelé, ils songèrent encore à défendre bravement cette pauvre et faible colline qu'ils occupaient, dernier rempart de leur liberté; [8] puis, s'habituant à des maux qui renaissaient chaque jour, ils finirent par en perdre le sentiment, et par concentrer leurs regards sur ces armes, leur dernière espérance, sur ce fer qu'ils avaient dans leurs mains.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:12

XLIII Assaut du Capitole.

[1] Les Gaulois, après avoir, pendant plusieurs jours, fait une folle guerre contre les maisons de la ville, voyant debout encore, au milieu de l'incendie et des ruines de la cité conquise, des ennemis en armes que tant de désastres n'avalent pas effrayés, et qu'on ne pourrait réduire que par la force, résolurent de tenter une dernière épreuve, et d'attaquer la citadelle. [2] Au point du jour, à un signal donné, toute cette multitude se rassemble au forum, où elle se range en bataille; puis, poussant un cri et formant la tortue, ils montent vers la citadelle. Les Romains se préparent avec ordre et prudence à les recevoir; ils placent des renforts à tous les points accessibles, opposent leur plus vaillante jeunesse partout où les enseignes s'avancent, et laissent monter l'ennemi, persuadés que plus il aura gravi de ces roches ardues, plus il sera facile de l'en faire descendre. [3] Ils s'arrêtent vers le milieu de la colline, et, de cette hauteur, dont la pente les portait d'elle-même sur l'ennemi, s'élançant avec impétuosité, ils tuent et renversent les Gaulois, de telle sorte que jamais depuis, ni ensemble, ni séparément, ils ne tentèrent une attaque de ce genre. [4] Renonçant donc à tout espoir d'emporter la place par la force des armes, ils se disposent à en faire le siège : mais, dans leur imprévoyance, ils venaient de brûler avec la ville tout le blé qui se trouvait à Rome, et pendant ce temps, tous les grains des campagnes avaient été recueillis et transportés à Véies. [5] En conséquence, l'armée se partage; une partie s'éloigne et va butiner chez les nations voisines; l'autre demeure pour assiéger la citadelle, et les fourrageurs de la campagne sont tenus de fournir à sa subsistance. [6] La fortune elle-même conduisit à Ardée, pour leur faire éprouver la valeur romaine, ceux des Gaulois qui partirent de Rome; Ardée était le lieu d'exil de Camille. [7] Tandis que plus affligé des maux de sa patrie que de son propre sort, il usait là ses jours à accuser les dieux et les hommes, s'indignant et s'étonnant de ne plus retrouver ces soldats intrépides qui, avec lui, avaient pris Véies et Faléries, et qui, toujours, dans les autres guerres, s'étaient fait distinguer encore plus par leur courage que par leur bonheur, [8] tout à coup il apprend qu'une armée gauloise s'avance, et qu'effrayés de son approche, les Ardéates tiennent conseil. Comme entraîné par une inspiration divine, lui, qui jusqu'alors s'était abstenu de paraître dans toutes les réunions de ce genre, il accourut au milieu de leur assemblée.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:12

XLIV Discours de Camille à l'assemblée des Ardéates.

[1] "Ardéates, dit-il, mes vieux amis, et mes nouveaux concitoyens, puisqu'ainsi l'ont voulu vos bienfaits et ma fortune, n'allez pas croire que j'aie oublié ma situation en venant ici; mais l'intérêt et le péril commun font un devoir à chacun, dans ces circonstances critiques, de contribuer, autant qu'il est en son pouvoir, au salut général. [2] Et quand pourrai-je reconnaître les immenses services dont vous m'avez comblé, si j'hésite aujourd'hui ? Où pourrai-je vous servir, sinon dans la guerre ? C'est par cet unique talent que je me suis soutenu dans ma patrie; et, invaincu à la guerre, c'est durant la paix que j'ai été chassé par mes ingrats concitoyens. [3] Pour vous, Ardéates, l'occasion se présente et de reconnaître les anciens et importants bienfaits du peuple romain, que vous n'avez point oubliés, et qu'il n'est pas besoin de rappeler à vos mémoires, et d'acquérir en même temps à votre ville des alliés qui s'en souviennent, une grande gloire militaire aux dépens de l'ennemi commun. [4] Ces hommes dont les hordes confuses arrivent vers nous, tiennent de la nature une taille et un courage au-dessus de l'ordinaire, mais ils manquent de constance, et sont dans le combat plus effrayants que redoutables. [5] Le désastre même de Rome en est la preuve : elle était ouverte quand ils l'ont prise : de la citadelle et du Capitole, une poignée d'hommes les arrête; et, déjà vaincus par l'ennui du siège, ils s'éloignent et se jettent errants sur les campagnes. Chargés de viandes et de vins, dont ils se gorgent avidement, [6] quand la nuit survient, ils se couchent au bord des ruisseaux, sans retranchements, ni gardes, ni sentinelles, comme des bêtes sauvages; et maintenant leur imprévoyance habituelle est encore augmentée par le succès. [7] Si vous avez à coeur de défendre vos murailles, si vous ne voulez pas souffrir que tout ce pays devienne la Gaule, à la première veille, prenez tous les armes, et suivez-moi, je ne dis pas au combat, mais au carnage : si je ne vous les livre enchaînés par le sommeil et bons à égorger comme des moutons, je consens à recevoir d'Ardée la même récompense que j'ai reçue de Rome."
Fergus
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:13

XLV Les Ardéates, sous la conduite de Camille, partent au secours de Rome.

[1] Amis et ennemis savaient que Camille était le premier homme de guerre de cette époque. L'assemblée levée, ils réparent leurs forces, se tiennent prêts, et, au signal donné, dans le silence de la première nuit, ils viennent tous aux portes se ranger sous les ordres de Camille. [2] Ils sortent, et, non loin de la ville, comme il avait prédit, trouvant le camp des Gaulois sans défense, sans gardes, ils s'y élancent en poussant des cris. [3] Nulle part il n'y a combat, c'est partout un carnage : on égorge des corps nus et engourdis de sommeil; et si les plus éloignés se réveillent et s'arrachent de leur couche, ignorant de quel côté vient l'attaque, ils fuient épouvantés, et plusieurs même vont aveuglément se jeter au milieu des ennemis; un grand nombre s'étant échappé sur le territoire d'Antium, où ils se dispersent, les habitants font une sortie et les enveloppent. [4] Il y eut sur le territoire de Véies pareil massacre des Étrusques, qui, sans pitié pour une ville depuis près de quatre cents ans leur voisine, écrasée par un ennemi jusqu'alors inconnu, avaient choisi ce moment pour faire des incursions sur le territoire de Rome, et qui chargés de butin, sa proposaient d'attaquer Véies, où était la garnison, dernier espoir du nom romain. [5] Les soldats romains les avaient vus errer dans les campagnes, revenir en une seule troupe en poussant leur butin devant eux, et ils apercevaient leur camp placé non loin de Véies : [6] ils éprouvèrent d'abord un sentiment d'humiliation, puis ils s'indignèrent de cet outrage, et la colère les prit : "Les Étrusques, desquels ils avaient détourné la guerre gauloise pour l'attirer sur eux, osaient se jouer de leur malheur." [7] N'étant plus maîtres d'eux-mêmes, ils voulaient faire à l'instant une sortie; mais, contenus par le centurion Quintus Caedicius qu'ils avaient choisi pour les commander, ils remirent leur vengeance à la nuit. [8] Il n'y manqua qu'un chef égal à Camille; du reste, ce fut la même marche et le même succès. Ensuite, prenant pour guides des prisonniers échappés au massacre de la nuit, ils se dirigent contre une autre troupe d'Étrusques vers les Salines, les surprennent la nuit suivante, en font un plus grand carnage encore, et, après cette double victoire, rentrent triomphants dans Véies.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:14

XLVI Exploit de C. Fabius Dorso. Camille est désigné comme dictateur.

[1] Cependant, à Rome, le siège continuait mollement, et des deux côtés on s'observait sans agir, les Gaulois se contentant de surveiller l'espace qui séparait les postes, et d'empêcher par ce moyen qu'aucun des ennemis ne pût s'échapper; quand tout à coup un jeune Romain vint appeler sur lui l'admiration de ses compatriotes et celle de l'ennemi. [2] Un sacrifice annuel avait été institué par la famille Fabia sur le mont Quirinal. Voulant faire ce sacrifice, Gaius Fabius Dorso, la toge ceinte à la manière des Gabiens, et tenant ses dieux à la main, descend du Capitole, sort et traverse les postes ennemis, et sans s'émouvoir de leurs cris, de leurs menaces, arrive au mont Quirinal; [3] puis, l'acte solennel entièrement accompli, il retourne par le même chemin, le regard et la démarche également assurés, s'en remettant à la protection des dieux dont il avait gardé le culte au mépris de la mort même; il rentre au Capitole auprès des siens, à la vue des Gaulois étonnés d'une si merveilleuse audace, ou peut-être pénétrés d'un de ces sentiments de religion auxquels ce peuple est loin d'être indifférent. [4] À Véies, cependant, le courage et même les forces augmentaient de jour en jour : à chaque instant y arrivaient non seulement des Romains accourus des campagnes où ils erraient dispersés depuis la défaite d'Allia et la prise de Rome, mais encore des volontaires accourus en foule du Latium, afin d'avoir leur part du butin. [5] L'heure semblait enfin venue de reconquérir la patrie et de l'arracher aux mains de l'ennemi; nais à ce corps vigoureux une tête manquait. [6] Le lieu même leur rappelait Camille; là se trouvaient la plupart des soldats qui sous ses ordres et sous ses auspices avaient obtenu tant de succès; et Caedicius déclarait qu'il n'avait pas besoin que quelqu'un des dieux ou des hommes lui retirât le commandement, qu'il n'avait pas oublié ce qu'il était, et qu'il réclamait un chef. [7] On résolut d'une commune voix de rappeler Camille d'Ardée, après avoir consulté au préalable le sénat qui était à Rome; tant on conservait, dans une situation presque désespérée, de respect pour la distinction des pouvoirs. [8] Mais ce n'était qu'avec de grands dangers qu'on pouvait passer à travers les postes ennemis. Pontius Cominus, jeune homme entreprenant, s'étant fait donner cette commission, se plaça sur des écorces que le courant du Tibre porta jusqu'à la ville; [9] là, gravissant le rocher le plus rapproché de la rive, et que, par cette raison même, l'ennemi avait négligé de garder, il pénètre au Capitole, et, conduit vers les magistrats, il leur expose le message de l'armée. [10] Ensuite, chargé d'un décret du sénat, par lequel il était ordonné aux comices assemblés par curies de rappeler de l'exil et d'élire sur-le-champ, au nom du peuple, Camille dictateur, afin que les soldats eussent le général de leur choix, Pontius, reprenant le chemin par où il était venu, retourna à Véies. [11] Des députés qu'on avait envoyés à Camille le ramenèrent d'Ardée à Véies; ou plutôt [car il est plus probable qu'il ne quitta point Ardée avant d'être assuré que la loi était rendue, puisqu'il ne pouvait rentrer sur le territoire romain sans l'ordre du peuple, ni prendre les auspices à l'armée qu'il ne fût dictateur] la loi fut portée par les curies, et Camille élu dictateur en son absence.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 15:14

XLVII Les oies du Capitole.

[1] Tandis que ces choses se passaient à Véies, à Rome la citadelle et le Capitole furent en grand danger. [2] En effet, les Gaulois, soit qu'ils eussent remarqué des traces d'homme à l'endroit où avait passé le messager de Véies, soit qu'ils eussent découvert d'eux-mêmes que près du temple de Carmentis la roche était d'accès facile, profilant d'une nuit assez claire, et se faisant précéder d'un homme non armé pour reconnaître le chemin, ils s'avancèrent en lui tendant leurs armes dans les endroits difficiles; et s'appuyant, se soulevant, se tirant l'un l'autre, suivant que les lieux l'exigeaient, ils parvinrent jusqu'au sommet. [3] Ils gardaient d'ailleurs un si profond silence, qu'ils trompèrent non seulement les sentinelles, mais même les chiens, animal qu'éveille le moindre bruit nocturne. [4] Mais ils ne purent échapper aux oies sacrées de Junon, que, malgré la plus cruelle disette, on avait épargnées; ce qui sauva Rome. Car, éveillé par leurs cris et par le battement de leurs ailes, Marcus Manlius, qui trois ans auparavant avait été consul, et qui s'était fort distingué dans la guerre, s'arme aussitôt, et s'élance en appelant aux armes ses compagnons : et, tandis qu'ils s'empressent au hasard, lui, du choc de son bouclier, renverse un Gaulois qui déjà était parvenu tout en haut. [5] La chute de celui-ci entraîne ceux qui le suivaient de plus près; et pendant que les autres, troublés, et jetant leurs armes, se cramponnent avec les mains aux rochers contre lesquels ils s'appuient, Manlius les égorge. Bientôt, les Romains réunis accablent l'ennemi de traits et de pierres qui écrasent et précipitent jusqu'en bas le détachement tout entier. [6] Le tumulte apaisé, le reste de la nuit fut donné au repos; autant du moins que le permettait l'agitation des esprits, que le péril, bien que passé, ne laissait pas d'émouvoir. [7] Au point du jour, les soldats furent appelés et réunis pat le clairon autour des tribuns militaires; et comme on devait à chacun le prix de sa conduite, bonne ou mauvaise, Manlius le premier reçut les éloges et les récompenses que méritait sa valeur; et cela non seulement des tribuns, mais de tous les soldats ensemble [8] qui lui donnèrent chacun une demi-livre de farine et une petite mesure de vin qu'ils portèrent dans sa maison située près du Capitole. Ce présent paraît bien chétif, mais dans la détresse où l'on se trouvait, c'était une très grande preuve d'attachement, chacun retranchant sur sa nourriture et refusant à son corps une subsistance nécessaire, afin de rendre honneur à un homme. [9] Ensuite on cita les sentinelles peu vigilantes qui avaient laissé monter l'ennemi. Quintus Sulpicius, tribun des soldats, avait annoncé qu'il les punirait tous suivant la coutume militaire; mais, sur les réclamations unanimes des soldats, qui s'accordaient à rejeter la faute sur un seul, il fit grâce aux autres : le vrai coupable fut, avec l'approbation générale, précipité de la roche Tarpéienne. [11] Dès ce moment, les deux partis redoublèrent de vigilance; les Gaulois, parce qu'ils connaissaient maintenant le secret des communications entre Véies et Rome; les Romains, par le souvenir du danger de cette surprise nocturne.
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