|
Les cavaliers CeltesModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice Les cavaliers CeltesBonsoir à tous
Y aurait il quelques informations sur les chevaux et leurs diverses utilisations par les Celtes? Dressaient ils des chevaux tout spécialement pour la guerre, y at'il des infos sur des races (ou sélections) particulières qu'ils auraient élevé. Et les harnachements divers (d'attelage, de monte, les décorations selon les activités)? Merci Markab
Sur la question du cheval, archéologues et historiens répondront certainement plus précisément que moi. Quelques éléments tirés de mes lectures, cependant.
Les chevaux gaulois indigènes sont de petite taille (comme tout leur cheptel, du reste). Dans Les paysans gaulois (F. Malrain, V. Matterne et P. Méniel), leur taille moyenne est estimée à 1,25m au garrot. D'après Jean-Louis Brunaux, dans Guerre et religion en Gaule, cela limite la cavalerie gauloise antérieure au III° siècle avant JC à une arme de soutien, incapable de tenir tête aux cavaleries méditerranéennes (dotées de chevaux de 1,50m au garrot) ou aux formations d'infanterie de type phalange. Toutefois, toujours d'après Brunaux, on assiste à une importation importante de "grands chevaux méditerranéens" à partir de la Tène Moyenne. Achetés à prix d'or, ces chevaux servent à enrichir les races des haras locaux. Au cours de la guerre des Gaules, les élevages gaulois produisent sans doute des animaux comparables à ceux des élevages latins, puisque César parle de la petite taille des chevaux germains, mais pas de celle des chevaux gaulois. Brunaux observe qu'avant le III° siècle av. JC, on a peu de traces de la cavalerie employée comme une arme sur le champ de bataille : les combattants celtes semblent être essentiellement des fantassins. Par contre, même si elle demeure très minoritaire, la cavalerie est une arme omniprésente au cours de la guerre des Gaules, que ce soit chez les auxiliaires de César ou dans les troupes de Vercingétorix. C'est sans doute l'introduction et l'élevage des grandes espèces méditerranéennes qui permet de transformer le cheval d'un simple instrument de déplacement ou de traction en instrument de combat monté. Autre usage militaire du cheval chez les celtes : l'attelage du char de combat. Il est très distinct des chars qui l'ont précédés, et qui sont des véhicules à quatre roues, parce qu'il ne possède que deux roues. Il semble apparaître et se diffuser rapidement en Celtique continentale entre le VI° et le V° avant JC. (Une influence étrusque ?…) Sur le continent, il semble en usage jusque vers la fin du III° siècle ou au début du II° siècle av. JC. La mention la plus impressionnante, donnée par Tite-Live et par Orose, chiffre à mille le nombre de chars de combat employés par les Gaulois au cours de la bataille de Sentinum, en 295 av. JC. Au Ier siècle avant notre ère, les Celtes de (Grande) Bretagne l'emploient toujours avec efficacité puisque César admire leur mobilité sur le champ de bataille. Les chevaux des attelages de ces chars subissent un entraînement manifeste. Ils doivent savoir manœuvrer avec précision. César rapporte en effet que le char est une plate forme qui sert à approcher rapidement les lignes ennemies pour lui lancer des traits avant de se dérober au contact. Quand l'ennemi est désorganisé, les chars pénétrent alors ses rangs, déposent le combattant qui accompagne l'écuyer, et se retirent à distance, avant de revenir éventuellement récupérer le fantassin. Ces combattants "embarqués" sont de vrais accrobates, puisque César affirme qu'ils sont capables de courir sur le timon du char lancé en pleine course. Cela implique manifestement un long entraînement des hommes comme des chevaux. C'est une remarque personnelle, mais il est intéressant de constater que sur le continent, les chars disparaissent à mesure que les grands chevaux méditerranéens sont implantés dans les élevages gaulois. Peut-on envisager que le char était l'arme mobile adaptée à la taille de petits chevaux, et qu'il est tombé en désuétude quand il est devenu possible de monter de grands chevaux sur le champ de bataille ? Solution sans doute à la fois plus pratique (on ne manœuvre pas un char, même léger, sur tous les terrains, alors qu'un cheval seul est plus maniable) et plus économique. Usher
Bonjour Markab,
Tu trouveras sur ce forum deux grands topiques donnant un aperçu du cheval en tant que monture et animal de trait : Les chevaux L'utilisation tardive des chars de guerre en Bretagne Le forum Aremoricaest plus adapté pour répondre dans le détail à l’artisanat et tout ce qui tourne autour de l’harnachement du cheval comme la selle gauloise, et tu y trouveras aussi : chevaux celtes, equus gracillis ? Et si des idées intéressantes ou des infos nouvelles te trottent dans la tête merci de nous faire part de ton écot. Nous sommes preneurs ! e.
Salut,
Ejds, merci pour les liens. Usher, l'exposé est brillant. Trois ou quatre bricoles à rajouter. L'invention de l'éperon, on le trouve sur le bassin de Gundestrup et l'usage du mors brisé. La selle gallo-romaine dite à cornes porte le nom des Scordisques, un peuple celte ou apparenté de l'ex-Yougoslavie. Les Irlandais utilisaient aussi le char de guerre à deux roues, deux chevaux ; même si on n'a pas beaucoup de traces archéo, il est omniprésent dans les récits, cf Cúchulainn. Son adoption par les Celtes a dû se faire sous l'influence italique, pas seulement étrusque. Les Etrusques avaient aussi une cavalerie : la stèle de Felsina Bologne montre un fantassin gaulois combattant un cavalier étrusque. Usher a écrit : "C'est une remarque personnelle, mais il est intéressant de constater que sur le continent, les chars disparaissent à mesure que les grands chevaux méditerranéens sont implantés dans les élevages gaulois. Peut-on envisager que le char était l'arme mobile adaptée à la taille de petits chevaux, et qu'il est tombé en désuétude quand il est devenu possible de monter de grands chevaux sur le champ de bataille ? Solution sans doute à la fois plus pratique (on ne manœuvre pas un char, même léger, sur tous les terrains, alors qu'un cheval seul est plus maniable) et plus économique." J'ajouterais comme hypothèse personnelle que tant que la royauté subsiste on continue à utiliser le char, lorsque s'imposent les magistrats de type vergobret et surtout l'oligarchie aristocratique, la cavalerie prédomine... On a aussi le cas d'un grand peuple guerrier belge, les Nerviens qui combattent à pied. Dernière édition par Sedullos le Dim 11 Fév, 2007 13:05, édité 1 fois.
Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Bonjour à tous, Voilà une remarque intéressante, puisque la question de Markab (à qui je souhaite la bienvenue ), porte justement sur les races et la sélection. La petite taille du cheptel des Gaulois, donne l'impression que les Celtes laissaient plutôt dame nature s'occuper de la reproduction. @+Pierre Pierre Crombet
Fourberie en tout genre ... stock illimité (outrecuidance sur commande uniquement) Membre du Front de Libération des Dolmens et Menhirs....
Pierre, tu as bien raison de souligner la petite taille du bétail : c'est frappant pour les bovins, Lambot et Méniel l'ont démontré.
Markab demandait s'il y avait un dressage des chevaux pour la guerre, cela me semble évident. On sait qu'ils pratiquaient la chasse à courre, en tant qu'entraînement pour la guerre, ceci concernant les hommes, aristocrates et serviteurs, les chevaux et les chiens. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Deux liens vers la cavalerie des Ambiani :
sur le premier, les harnachements sont réduits au minimum, mais on voit la selle et les rênes. http://www.ambiani.celtique.org/galerie ... uloise.php sur le second, un harnachement complet avec harnais et phalères, les disques de métal qu'on trouvait déjà sur les chevaux attelés aux chars. http://www.ambiani.celtique.org/2005/bliesbruck.php Si on compte 70 kg pour le cavalier, 20 pour les armes, ça fait 90 kg sans la selle... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Au sujet des harnachements,
Lors du colloque de Bruxelles, j'ai eu l'occasion de voir des photos de cette découverte (et je ne parle pas de l'équipement du char, qui lui aussi est magnifique). Vivement que Mr Lambot publie quelque chose sur ces découvertes.... J'oubliais, lieu de découverte : Prunay, "La voie de Baconnes" @+Pierre Pierre Crombet
Fourberie en tout genre ... stock illimité (outrecuidance sur commande uniquement) Membre du Front de Libération des Dolmens et Menhirs....
C'est une idée très séduisante. Sur le plan militaire, verrait-on alors se dessiner la structure lointaine d'une "chevalerie" féodale ? C'est peut-être un peu capillotracté (D'autant plus que la noblesse franque sera issue d'une confédération germanique formée, à l'origine, exclusivement de fantassins… ) Mais il est généralement admis que le cavalier gaulois dispose de plusieurs chevaux (monte et combat ?), et qu'il est probablement accompagné par deux servants (= sergents, en ancien français !) ou deux valets d'armes (porteur de bouclier et porteur de lance, me semble-t-il). C'est assez frappant quand on compare avec la chevalerie féodale, où le chevalier dispose nécessairement de plusieurs chevaux et de plusieurs auxiliaires.Pendant la Renaissance encore, dans la "gendarmerie" française (cavalerie lourde), chaque gendarme (chevalier en armure de plates) est accompagné de deux "archers", c'est-à -dire de deux chevau-légers plus mobiles et plus légèrement armés ! Usher
C'est une simple hypothèse à creuser.
Les serviteurs porte-lance et porte-bouclier peuvent remonter à une époque plus ancienne, celle des chars, me semble-t-il. Une des premières représentations de cavaliers celtes est celle du fourreau en bronze de Hallstatt mettant en scène 4 cavaliers et des fantassins, on date cette pièce de la fin du Ve siècle av. J.-C., donc à la louche après - 450. http://www.prah.net/europaveneta/9.jpg Dernière édition par Sedullos le Dim 11 Fév, 2007 13:54, édité 1 fois.
Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Pierre, merci pour les références du bouquin.
En mai 2006, j'avais signalé le Dossier d'archéologie, 313 Les Celtes en Bohême, Moravie et dans le Nord de la Gaule, mais il n'y avait pas cet article de Jean-Jacques Charpy. Cet auteur a collaboré au dossier Les guerriers celtes in L'archéologue, 55, août-septembre 2001. Je mets les références précises parce que comme ça, une prochaine fois, ça m'évitera de chercher dans tous les numéros. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Peut-être serait-il intéressant de poster ici, en post-it, un catalogue de tous les articles de L'archéologue traitant des Celtes ? Un spécialiste pourrait-il s'en charger ?
Fergus
-------------- - Ceist, a gillai forcetail, cia doaisiu mac ? - Ni ansa : macsa Dana, DÃ n mac Osmenta, (...) Ergna mac Ecnai, Ecna mac na tri nDea nDÃ na Extrait du Dialogue des Deux Sages
Si les chevaux évoluent, les hommes et leurs panoplies aussi. Un cavalier auxiliaire issu de l’armée romaine :
e.
Le sommaire complet si tu veux http://www.arbre-celtique.com/encyclope ... f-4181.htm En tout cas, un bon gros bouquin plein de belles choses Dedans il y a même une superbe carte de répartition des tombes aristocratiques dans le nord de la France, où on observe une très forte concentration sur le territoire des .... Mais bon, comme il aime pas trop Kruta @+Pierre Pierre Crombet
Fourberie en tout genre ... stock illimité (outrecuidance sur commande uniquement) Membre du Front de Libération des Dolmens et Menhirs....
Bonjour et merci
En fait, la question que je me posais était de savoir quels genres de cavaliers étaient les Celtes. Dans la longue histoire des cavaliers guerriers j’en remarque deux grandes lignes assez distinctes. Ceux qui guerroyaient « légers » et étaient très habiles, rapides et souples sur des montures vives et légères et ceux qui guerroyaient plutôt « lourds », car beaucoup de matériel sur des chevaux plus lent et puissants. Dans les deux cas le travail demandé aux chevaux était quand même assez différent. A la vue de la selle qui est sur les chevaux, elle me fait penser à un mélange de selle cosaque et de bât. Donc mixte et c’est ce qui me paraît étrange. Bon c’est une selle ou il est difficile de se faire désarçonner, mais il n’est pas trop pratique d’y monter d’un bond, quand on y est on y est, et il peut y avoir du lourd. Elle semble aussi faite pour supporter les charges comme un bât et en outre elle est maintenue solidement par un avaloir et une bricole. Si elle était juste un peu moins haute à l’arrière, je pourrais facilement imaginer les Celtes en parfaits voltigeurs, elle est bien fixée et autorise des manœuvres acrobatiques comme de monter en plein galop ou se pencher au ras du sol. Y a-t-il d’autres infos sur le matériel ? Effectivement des activités comme la guerre et la chasse demande des chevaux plutôt vifs et capables de participer activement. Alors que l’attelage et le bât demande plutôt des chevaux calmes et puissants. C’est pourquoi je pense que leurs montures devaient être élevées en fonction des besoins et ils devaient sans doute avoir des souches différentes. Quoique au Portugal, il existe une race dite « primitive », qui est utilisée d’une manière assez polyvalente, le soraya, parfois bai sauvage, gris souris ou louvet, avec la tête « cap de maure » et les pattes zébrées, mesurant jusqu'à 1m45, puissant mais véloce et souvent avec un caractère épouvantable avec qui est étranger. Je peux bien les imaginer bons pour toutes ces activités. Je continue de réfléchir avec vos infos. Markab
Retourner vers Histoire / Archéologie Qui est en ligneUtilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 48 invités
Accueil |
Forum |
Livre d'or |
Infos Lègales |
Contact
Site protégé. Utilisation soumise à autorisation Conception : Guillaume Roussel - Copyright © 1999/2009 - Tous droits rèservès - Dèpôts INPI / IDDN / CNIL(1006349) / SCAM(2006020105) |