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LancelotModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice Cher A y Bourgès,
Vous aviez en effet déjà exprimé cette idée dès vôtre première intervention sur ce forum le 28 décembre 2006, mais je dois dire que je n’en avais pas saisi toutes les implications : « Juste donc pour signaler que le LFA, dans la forme actuellement connue de ses maigres vestiges, est datable avec assez de précision des années 1305-1312 ; qu'il démarque largement des sources antérieures, dont la fameuse vita de saint Goëznou qui, là encore, dans la forme actuellement connue de ses vestiges, est datable de la fin du XIIe siècle et sans doute précisément de l'année 1199 [voir dernier état de la question dans l'article du regretté H. Guillotel sur "Le poids historiographique de La Borderie", MSHAB, t. 80 (2002), p. 356-359.] » Si chacun avait un accès facile aux MSHAB, (pour ma part, j’habite au Havre), vôtre réflexion aurait fait mouche immédiatement. Ainsi donc la revendication « conanigène » des vicomtes du Léon pourrait n’ être apparue qu’après la rédaction de l’Historia Regnum Britaniae de Geoffroy de Monmouth en 1138, tout simplement. Néanmoins, force est de constater que Geoffroy, s’il cite Octavius, duc des Gewisséens et oncle de Conan Mériadec, ne dit rien de l’expédition armoricaine de ce dernier,et encore moins ne la situerait en Léon, comme le soutiendra (et il faut donc parler au futur , puisqu’il s’agirait de l’année 1199) la vie de Saint Goueznou. Il y aurait donc là une curieuse période 1138- 1199 où la cour du Léon (qui d’autre ?) s’approprie pour elle toute seule le personnage de Conan Meriadec, déjà connu par ailleurs en Bretagne armoricaine ? (voir la remarque de Taliesien du 7 septembre 2006 sur ce forum). En tout cas, ça cogite et ça élabore des mythes dans l’entourage des vicomtes du Léon (voir également les origines du lai de Guiguemar) : Cela suppose l’existante de courtisans lettrés et zélés dans cet entourage. Si donc Conan de L’HRB est récupéré par le Léon, pourquoi son oncle Octavius duc des Gewissei selon l’HRB (leur grand ancêtre insulaire en quelque sorte si l’on suit cette logique d’appropriation) n’aurait pas été utilisé pour un autre rôle par les Léonards ? Je pense à l’aventure britannique de 1141, brève mais marquante d’Hervé II du Léon qui lui doit sa promotion comtale. Décidemment, même par cette voie, Pan Genwis prototype de Ban de Benoic seigneur de Trèbes peut revenir au galop. Quand à Lancelin, ce nom était bien connu dès 1040 à 40km à l’est des possessions des vicomtes du Léon où un certain Lancelin c’était associé avec un autre Guihomar. Le prénom était également connu au sud, en Cornouaille, Lancelin ab Buduor, quelques années plus tard. Pourquoi aurait’il été encore absolument inconnu en Léon 100 ans après ? D’autant qu’un Lancelin était au début du XIIe siècle abbé de Lantevennec, également à ce titre seigneur de Locquénolé, à un vol d’oiseau de Castel an Trébes. Bien cordialement, Jakes.
Beli et Kenan, duo fratres erant, filii Outham Senis. Ipse Kenan tenuit principatum quando perrexerunt Britones ad Romam. Illic tenuerunt Laeticiam et reliq…..
Beli et Kenan étaient deux frères, fils de Outham l’Ancien. Lui-même Kenan tint le principat quand les Bretons se dirigèrent vers Rome. C’est là qu’ils tinrent la Létavie…et cetera. Cartulaire de Quimperlé, compilé par le moine Gurheden entre 1118 et 1127, donc avant l'HRB. Outham l'Ancien correspond au gallois Eudaf Hen, Outham étant la forme en vieux-breton de Eudaf. Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
Cartulaire de Quimperlé et tradition conaniqueBonsoir cher Jakes,
Taliesin (le nôtre, pas le légendaire !) a raison de rappeler le passage du cartulaire de Quimperlé où il est question de Kenan, antérieur donc à l'HRB ; mais vous noterez que le personnage s'appelle Kenan et non Conan et encore Kenan-tout-court et non *Kenan Meriadauc. Comme l'écrit B. Tanguy dans l'étude que j'ai déja citée "D'Anaurot à Kemper Ellé. - la vita sancti Gurthierni" : "On saura gré à Gurheden d'avoir conservé certaines graphies dont le caractère est nettement insulaire. Ainsi en est-il...de la forme Kenan, à peine démarquée du gallois Kynan, quand le cartulaire ne connait que la forme Conan ou, exceptionellement, Cunan. On ne peut donc douter de l'origine galloise de notre généalogie. Celle-ci n'a pas été sans influencer la première partie de la Vita [de saint Gurthiern]". Ainsi, ce passage constitue-t-il plutôt une nouvelle démonstration que le personnage de "Conan Mériadec" était inconnu des Bretons continentaux avant l'HRB et qu'il faut en attribuer l'invention à Geoffroi de Monmouth, lequel l'a "construit" à partir d'un prototype insulaire, enrichi de traditions bretonnes continentales dont certaines s'attachaient à un certain potens du pays de Léon, nommé Mériadec. Votre remarque sur le rôle joué par la cour vicomtale et/ou la cour épiscopale de Léon va exactement dans le sens de la réflexion que je nourris depuis plusieurs années : ambiance culturelle durable jalonnée d'étapes littéraires comme la 1ere vita de saint Mélar (probablement sous le règne de Hoël), - le lai de Guigemar par Marie de France,- des *Gesta episcoporum Leonensium (composés sous l'épiscopat d'Eudon, vers 1174-1203) dont les vitae de saint Goëznou, saint Goulven et saint Tenenan constituent les vestiges,- la seconde vita de saint Mélar (vers 1210-1230),- l'histoire de (sainte) Azénor (sur ce dernier sujet, voir la notule : http://andreyvesbourges.blogspot.com/2006/10/ii.html ) La bibliographie que j'ai donnée dans mon message précédent est resserrée sur les seules pages consacrées à l'identification de l'auteur de la vita de saint Goëznou avec Guillaume le Breton ; les études citées sont à consulter dans leur ensemble pour une meilleure compréhension de la problématique. Bien cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
Cette datation tardive de la vie de Saint Goueznou est très déstabilisante :
Dans le feu, j’ai écrit que Geoffroy « ne disait rien » de l’expédition armoricaine de Conan Meriadec. Le trouble sans doute ? § 84 : Maximien (devant qui Conan Meriadec s’est incliné à la succession du royaume de Bretagne), pris d’ambition veut soumettre la Gaule, débarque en Armorique et attaque les Francs d’Imbaldus : ( rem : Urbaldus .Livre des faits d'Arthur ). Il demande à Conan Meriadec, qui etait resté en Grande Bretagne de venir tenir pour lui l’arrière pays, l’Armorique. § 85 : Ils marchent ensembles sur Rennes qu’ils prennent puis progressent « massacrant toute la population mâle, n’épargnant que les femmes ». § 86 : Maximien fait une pose « le temps de peupler de Bretons ce royaume…. Il ordonna par édit que cent milles hommes du peuple breton fussent réunis sur l’île et conduit auprès de lui, avec en outre trente milles guerriers qui les protègeraient des invasions ennemies dans ce pays qu’ils allaient peupler ; Ceci fait il répartit les hommes dans toutes les provinces d’Armorique, faisant de ce royaume une seconde Bretagne qu’il confia à Conan Mériadec. Quand à lui, il gagna la gaule ultérieure.. » et établit son trône à Trèves. ( je lis , sur la marge, une annotation au crayon du précédant propriétaire de mon exemplaire de L’HRB : Baudry de Dol + 1130 : En 386..) §87 : Défendant avec succès son nouveau territoire contre les attaques gauloises et aquitaines, Conan « voulu donner des épouses à ses soldats afin qu’ils engendrassent des descendants qui assureraient à jamais leur emprise sur le pays. Pour ne pas mêler leur sang à celui des gaulois, il décida de faire venir des femmes de l’île de Bretagne » Il envoie des messagers à Dionotus, le père d’Ursule. (En marge de mon exemplaire : Livre des faits d’Arthur) § 88 : Les 60 000 vierges se perdent aux bouches du Rhin. (Toujours en marge : Historia Sanctorum). Je n’ai pas résisté à la tentation de soumettre à la critique ces annotations en marges, écrites au crayon : C’est à peu près les seuls passages de ce bouquin qui ont bénéficiés de ces affirmations ( péremptoires ?). Je ne connais pas hélas l’auteur de ces annotations, qui a l’air assez érudit. J’ai en main un exemplaire « Geoffroy de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne, deuxième tirage traduit et commenté par Laurence Mathey-Maille, Paris, les belles lettres 1993 » acheté chez un bouquiniste du Havre.
bonjour messieurs
pour revenir au cartulaire de Quimperlé, si la forme Kenan semble être effectivement insulaire, Outham, c'est du vieux-breton. On peut ajouter aussi que le rédacteur de la Vie de saint Gurthiern, transcrite dans ce même cartulaire, s'appelait Juthaël fils d'Aidan. Si Juthaël est un nom breton, aussi bien armoricain qu'insulaire, Aidan est inconnu en Bretagne continentale. C'est un nom gallois ou irlandais (plutôt gallois dans notre cas). Juthaël pourrait être Gallois, ou le fils d'un Gallois. La rédaction de la Vie de saint Gurthiern s'inscrit dans le cadre d'échanges culturels et hagiographiques entre l'abbaye de Lancarfan et celle de Quimperlé. A la fin du 11ème siècle, le moine de Lancarfan Lifris - ou un de ses envoyés - est venu à Quimperlé prendre des renseignements sur saint Cado pour écrire la vie du saint gallois Cadoc. Echanges bilatéraux donc, comme ce fut sans doute le cas depuis l'émigration des 5ème-6ème siècles. Concernant le potens léonard nommé Mériadec, qui aurait vu son patronyme accolé à un Kynan insulaire par Geoffroy de Monmouth, les seules indications de "l'existence" de ce personnage se trouvent toutes dans la littérature, mises à part deux toponymes. C'est peu pour en faire un personnage historique, vassal révolté des vicomtes de Léon. Et on comprend qu'ensuite les vicomtes de Léon aient pu se dire du lignage d'un de leurs vassaux. A noter aussi, dans la liste des princes de Cornouaille, Budic et Maxenri, deux frères. Maxenri est bien sûr Maxen ri = le roi Maxen, le Maxen Wledig des traditions galloises. Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
Bonjour,
L'hypothèse du Mériadec léonard est en effet sous-tendue par un faisceau d'indices bien ténu... mais faisceau d'indices néanmoins. Un hypothétique *Kynan Meiriadauc insulaire, antérieur au personnage qui figure dans l'HRB, est une conjecture qui n'a pas, pour le moment, été corroborée ; de même en Bretagne continentale, pas de trace de Conan Mériadec avant la diffusion de l'oeuvre de Geoffroi de Monmouth, puisque la vita de saint Goëznou (pour les vestiges qui nous en restent) n'est pas antérieure à cette diffusion. Pour le reste des échanges durables et persistants entre les deux côtés de la Manche, bien sûr, notamment dans le domaine hagio-culturel et aussi tardif que le début du XVIe siècle (cf. Beunans Meriasek) : la vraie solution de continuité, au delà de la montée des Etats-nations, est à dater de la rupture du roi Henri VIII avec la papauté (1531), premier acte de la Réforme anglicane. Visiblement l'érudit dont vous avez l'exemplaire de l'HRB, cher Jakes, croyait que l'auteur de la Chronique de Dol était Baudri (ce qui impossible, cf. la thèse de doctorat tout récemment soutenue d'Armelle Le Huërou), car c'est dans cette Chronique (publiée par Duine) qu'on trouve cette précision de date (386) sur l'invasion de l'Armorique par Maxime. Bien cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
Meriadec et ConanBonjour Monsieur Taliésin
Les vicomtes de Léon ne se disent pas du lignage de Mériadec, mais du lignage de Conan ("Conanigènes" dans le LFA rapporté par Le Baud) . Ce sont les vicomtes de Rohan qui, au travers du personnage de Conan Mériadec, opèrent la fusion de leur propre tradition hagio-généalogique (saint Mériadec) avec le patrimoine "conanique" des vicomtes de Léon. J'ai traité de cette question, trop longue pour être reprise ici : voir « Le contexte idéologique du développement du culte de saint Mériadec en Bretagne au bas Moyen Âge », dans "Saint-Jean-du-Doigt des origines à Tanguy Prigent. Actes du colloque (23-25 septembre 1999) réunis par Jean-Christophe Cassard", Brest, 2001 (= Études sur la Bretagne et les pays celtiques, Kreiz 14), p. 125-136. Cordialement, André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
quelques remarques :
- il ne fait quasiment aucun doute que le personnage de Kynan, Kenan (cité sans le nom de Meriadec), qu'il soit historique ou légendaire, fait partie de la tradition britonnique insulaire liée à l'expédition de Maxime en 385 en Gaule, et que cette tradition est antérieure à l'HRB. Etant donné les contacts fréquents des deux côtés de la Manche entre Bretons armoricains et insulaires, on peut supposer aussi que cette tradition était connue des Bretons armoricains avant Geoffroy de Monmouth. - reste donc le nom de Meriadec. Première chose, ce nom a donné naissance à plus de deux toponymes, qui se trouvent aussi bien en Léon, Trégor et Cornouaille : Meriadeg en Pluneret, à Baden, Plumergat, Pluvigner (Vannes) Kermériadec à Trelaouenan (Léon) Meriadeg au Vieux-Marché , Lan-Mériadec à Tonquédec, Kermériadec et Traoñ-Meriadeg à Saint-Jean du Doigt (Trégor) Enfin, Kerviadec (Kermeryadec en 1598) à Pleyben (Cornouaille) Mais le nom est également connu au Pays de Galles : Meiriadog à côté de Llanelwy (Nord). Peut-être que ces toponymes sont tous liés au développement du culte du saint vannetais Mériadec ? Même en Galles ? - autre chose : l'origine du nom Meriadec n'est pas bretonne armoricaine. Il se peut que ce soit du britonnique insulaire, mais il y a des raisons de penser à une origine irlandaise. La forme galloise, commençant par Meir- fait penser à un nom irlandais commençant par Muir- (Muire = chef). D'après Hervé le Bihan, Meriadec serait un surnom d'origine irlandaise, mais britonnisé. D'après la tradition galloise, la patrie de Kynan, c'est la région de Segontium/Caernavon, région qui fut justement colonisée par les Irlandais à l'époque de Maxime. Il se peut que Maxime ait eu des mercenaires irlandais dans son armée. Si Meriadec est un surnom donné par les Irlandais au héros britonnique Kynan, on peut comprendre que ce surnom n'était pas systématiquement donné par les Britons à une personnage aussi célèbre. Encore que, Conan est surnommé rex magnificus dans la Vie de saint Goneri, Conanus Magnus dans celle de Gobrien. Et Meriadeg signifie : "chef suprême". Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
Castrum Meriadoci, Mériadec et le LéonBonsoir,
oui nous sommes d'accord , Kenan/Kynan tout court fait partie de la tradition britonnique insulaire, mais pouvait être naturellement connu en Bretagne armoricaine avant la diffusion de l'HRB (cf. cartulaire de Quimperlé). La vita de saint Goëznou identifie le premier établissement de Conan Mériadec au "castrum Meriadoci" , que l'hagiographe situe en Plougoulm. En fait, ce toponyme correspond exactement au NL Kermériadec (Kermeriadec 1592) en Tréflaouenan, limitrophe donc de Plougoulm. Je ne connais pas de Kermériadec (du moins avec attestation ancienne) à Saint-Jean-du-Doigt. En ce qui concerne l'étymologie du nom Mériadec (domaine qui sort de mes compétences), mon regretté ami Gw. Le Duc penchait pour *Maro-iad-ac, "celui qui a un large front". Au reste, dans son travail sur "La conception et la naissance de Conan Meriadec" (parue dans les actes du colloque de Saint-Jean-du-Doigt déjà mentionnés), Gwenael avait enfin - sans doute, pensait-il, momentanément ; mais le destin ne lui a pas permis de reprendre la controverse - rendu les armes sur le témoignage de la vita de saint Goëznou : il était arrivé par d'autres voies à la conclusion que "c'est de notre côté de la Manche que ce nom [Conan Meriadec] a été créé, créé double, et emprunté double, c'est incontournable" ; et de souligner que la variante "Meridiadocus" dans certains manuscrits de l'HRB parmi les plus anciens, variante qui est en fait erreur de scribe et que "nous pouvons ignorer", "révèle cependant ce que le nom avait d'étrange ou d'étranger de l'autre côté de la Manche". C'est donc l'opposé de l'analyse proposée par M. Taliésin, qui ne m'en voudra pas que je m'en tienne plutôt à l'opinion de Gwenaël : malgré la rude controverse qui nous avait opposé sur la datation de la vita de saint Goëznou, Gwenaël m'a ainsi apporté un soutien indirect important sur l'origine armoricaine et même léonarde du prototype de Conan Meriadec. Cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
Je précise l'explication étymologique de Meriadec donnée par Hervé le Bihan (son article a du paraître dans Hor Yezh, je ne saurais dire quel numéro, car l'article en question m'a été communiqué à titre personnel) :
A - explication habituelle : le surnom de Conan a été expliqué par trois éléments différents : mer < mor < *mãro-, breton : meur ; gallois : mawr = grand + iad = sommet, crâne, mot toujours vivant en gallois et attesté depuis le 12ème-13ème siècle. Le 3ème élément est le suffixe -eg correspondant au vieux-breton Iatoc. (on voit que cette première explication se rapproche de celle proposée par Gwenaël le Duc : "grand front" pour "grand crâne") B - ur nouvelle proposition : Dans Meriadec nous voyons deux choses qui pourrait aller à l'encontre de l'explication habituelle. D'abord, il n'est pas évident que la première syllabe vienne de *mãro- > mor > meur, car il n'y aurait pas eu de Mereadoc(us) en vieux-breton ni surtout de mei- en gallois (moyen-gallois Meyryadawc et Mairiadawc. Le gallois mei- vient de mai- (dérive de mã- sans doute) et il correspond au breton me-. Deuxièmement, nous pensons qu'on peut considérer le reste du nom comme un même élément, c'est-à -dire le suffixe bien connu -adeg (du vieux-breton -atoc), qualifiant évidemment le surnom justement. Le terme iad seul est peu usité et il n'a pas d'étymologie claire. Nous pensons donc qu'il faut rechercher un premier élément [m~ere] > meri-. L'irlandais ancien nous propose le terme muire, "chef". Notre premier élément meri- pourrait être le même, si on peut supposer : irl. -ui- = gallois –ei- = breton –e-. Comparer par exemple le vieil-irlandais Muire « Maria » (devenu Maire aujourd’hui) et le vieux-gallois Meir « Maria » (Mair aujourd’hui), venant tous deux du latin Maria et employé uniquement dans la religion. Nous pourrions donc analyser Meriadeg comme ceci : meri « chef » + -adeg = suffixe indiquant les qualités. Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
Mériadec, breton du continentBonsoir,
Tout cela est bien intéressant ; mais je note que - si nous disposons d'un faisceau (certes ténu) d'indices qui, vers la fin du XIIe siècle, permettent de supposer l'existence un siècle plus tôt d'un Mériadec, vassal du vicomte de Léon, qu'une guerra féodale a opposé à son suzerain, sans doute sous le règne du duc Hoël (1066-1084), à l'instar de ce qui s'était passé entre la dynastie de Cornouaille et ces mêmes vicomtes de Léon un peu auparavant - il me semble qu'il n'existe pas d'indication relative à un tel prototype historico-légendaire, ni en Cornwall (où le seul Mériadec connu est le saint continental), ni au pays de Galles, et moins encore en Irlande. Pourquoi ne pas faire crédit à Geoffroi de Monmouth de l' "invention" du personnage de Conan Mériadec, à partir d'une double tradition ; celle de Kenan/Kynan-tout-court, d'origine insulaire (mais qui pouvait bien sûr être connue des Bretons du continent, tout en leur restant manifestement "étrangère" comme en témoigne la forme du nom conservée dans le cartulaire de Quimperlé) et celle de Mériadec, d'origine sans doute léonarde (dont les exploits pouvaient également avoir passé la Manche, mais dont le nom sonnait "étrangément" aux oreilles des insulaires qui l'ont interprété parfois comme un dérivé de "meridies", comme il se voit par la forme "Meridiadocus") ? Pour ma part, en ce qui concerne les oeuvres littéraires, je crois plus volontiers à un processus créatif individuel volontariste qu'à un phénomène d'"imprégnation" collective populaire fortuit : même dans des ouvrages aussi stéréotypés que les vitae de saints, qui sont en même temps "persillés" de traditions populaires, il est souvent largement possible de reconnaître, non pas seulement le style, mais encore la tournure d'esprit d'un auteur (pourtant généralement anonyme), sans parler de certaines de ses "inetntions", et même d'esquisser son profil. Cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
Bonjour
A noter que Llanelwy, ville à côté de laquelle se trouve le toponyme Meiriadog, a un nom autrement plus connu : Saint-Asaph. Un certain Geoffroy de Monmouth fut élu évêque de Saint-Asaph en 1151, peut-être pour le récompenser du succès de l'HRB. Coïncidence ? Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
Geoffroi et Saint-AsaphBonjour,
Sauf prémonition ou promesse d'un futur ami de vingt ans, Geoffroi au moment de la rédaction de l'HRB (vers 1135 ?) ne savait pas qu'il serait élu en 1151 évêque de Saint-Asaph en 1151. L. Thorpe (dans on introduction à sa traduction de l'HRB) écrit au sujet de cette promotion épiscopale (bien tardive pour récompenser le succès fulgurant de l'HRB puisque dès avant 1140 sa notoriété était telle que cet ouvrage inspirait celui Geoffroi Gaimar) : "He [Geoffroi de Monmouth] was ordained priest at Westminter in mid-February 1152 and consecrated at Lambeth a week later by Archbishop Theobald. There is no evidence that he ever visited his see, and indeed the wars of Owain Gwynedd may this most unlikely. Towards the end of 1153, he was one of the bishops who witnessed the Treaty of Westminster between Stephen and Henry Fitz-Empress. If the doubful evidence of the Welsh chronicles is accepted, then he died in 1155." Geoffroi, d'une manière ou d'une autre, se rattache à la petite cité galloise de Monmouth, frontalière avec le royaume d'Angleterre : si j'ai bien suivi les résultats des dernières recherches, certains auteurs pensent qu'il était peut-être natif du lieu et issu d'une famille d'origine bretonne continentale; mais il a fait toute sa carrière à Oxford, et dans les lieux de pouvoir (Westminster), loin en tout cas du pays de Galles et de Saint-Asaph. Cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
Mériadec, breton insulaireRe-bonjour,
Il y a bien sûr le héros gallois de l' "Historia Meriadoci, regis Cambriae" ; mais ce texte est là encore postérieur à l'HRB, au plus tôt de la fin du XIIe siècle, mais plus sûrement de la fin du XIIIe siècle, si ce n'est même de la première moitié du XIVe siècle (selon la dernière hypothèse en date par P. Larkin). Le nom de ce héros dont l'histoire s'inscrit dans le cadre du développement de la légende arthurienne a-t-il été pris directement dans l'HRB, ou bien est-il emprunté à la mytho-toponymie (cf. le NL Meiriadog cité par M. Taliesin) ? En tout état de cause il n'y a pas de tradition hagiographique relative à saint Mériadec au pays de Galles, ce qui permet d'éliminer a priori une origine galloise du saint ; quant à son important culte en Cornwall, il a tout emprunté à la tradition continentale. Cordialement André-Yves Bourgès www.hagio-historiographie-medievale.fr
vous connaissez le dossier hagiographique bien mieux que moi, mais je crois qu'il n'y a pas non plus de tradition hagiographique concernant saint Meriadec avant Geoffroy de Monmouth et avant la récup. léonardo-rohanesque. Saint Meriadec ne doit son existence qu'à Conan Meriadec, on en revient donc à l'HRB et à ses sources.
Les Bretons sont plus grands et mieux proportionnés que les Celtes. Ils ont les cheveux moins blonds, mais le corps beaucoup plus spongieux.
Hippocrate
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