

La France avant les Francs, voilà le genre de livre ce que madame la directrice offrait à une élève de 4è classe en "1er prix de lecture et de progrès généraux" de son école communale de la ville de Paris en 1889 :

Jean Macé a écrit:
CÉSAR
[…] L’année suivante (56), il fallut recommencer cette conquête faite à si bon marché. Les Venètes, nos gens de Vannes, ces frères lointains des Vénitiens, tinrent longtemps en échec le vainqueur des Belges. Leurs villes, bâties sur des plages que les flots envahissaient à chaque marée, défiaient tous ces travaux de siège devant lesquels étaient tombées les places fortes des tribus du Nord. Serrés de trop près, les assiégés montaient sur leurs vaisseaux à la marée haute et transportaient la lutte ailleurs. César fit construire sur la Loire une flotte de ces longues galères romaines marchant à la rame, qu’on voyait encore au siècle dernier dans la Méditerranée1, et, avec l’aide des Pictons et des Santons qui lui prêtèrent leurs vaisseaux, comme les Trévires, ses alliés belges, qui lui avaient prêté leur cavalerie, il détruisit dans une seule journée toute la marine des Venètes, bien mieux équipée pourtant que la sienne2. Rien n’est cruel comme ces grands vainqueurs, pressés d’arriver, quand une résistance leur fait perdre du temps. Les Venètes, réduits à l’impuissance, s’étant rendus à merci, César fit égorger tous les chefs et livra le peuple entier aux marchands d’esclaves. C’était la guerre de ces temps-là !
1. Leur nom est resté aux galériens de nos ports de guerre, les anciens rameurs du roi, par arrêt de justice.
2. « Leurs vaisseaux sont tout entier de chêne, et peuvent soutenir le choc le plus rude ; les bancs, fait de poutres d’un pied d’épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d’un pouce ; les ancres sont retenues par des chaînes de fer, au lieu de cordages, les voiles sont de peaux molles, amincies, bien préparées. » (Commentaires, livre III.) Ce n’est pas d’hier, comme vous le voyez, qu’on est marin en Bretagne.
Jean Macé, La France avant les Francs, Paris, Hetzel,1881, p. 80–83.
A titre de curiosité, Jean Macéfut un des fondateurs de la Ligue de l'Enseignement.
Tout aussi curieux et le choix de l’illustration dont la barque aurait pu servir à traverser l’Armorique par monts, par vaux et par fleuves. A noter l’escalier de service, l'affalage de la voilure en toile, la tête de dragon de la proue et l’accoutrement résolument viking de l’équipage échoué en travers de la rive. Un détachement nordique de secours aux naufragés, une arrière-garde venue prêtée main forte, mais perdue dans la nature ou en carénage ... ??!!
e.