Les Aulerques

[Jacques]

En relisant Henri Hubert, je suis surpris de trouver ces phrases (Albin Michel, collection de poche L'évolution de l'humanité, t.2 p. 130) :

Les Éburovices, les Cénomans, les Andécavi, les Brannovices sont des Aulerques. Les quatre premiers forment le peuple des Aulerques, les derniers font bande à part.

Les Andecaui seraient des Aulerques ? D'autre part, je ne comprends pas bien la deuxième phrase : elle signifierait que les Éburovices, les Cénomans, les Andécavi et les Brannovices seraient des Aulerques et que les Aulerques feraient bande à part ? Plus loin (p. 133)

Des Aulerques se sont détachés des Brannovices entre Loire et Rhône, les Cénomans en Italie, d'autres Cénomans chez les Volques Arécomiques, et des Andes en Italie.

Tout ceci serait tiré de Jullian, Histoire de la Gaule, I, p. 313 et Revue des Études anciennes, 1913, p. 50, et D'Arbois, Les Celtes depuis les temps les plus reculés jusqu'en l'an 100 avant notre ère, Paris, 1904.
[Par ailleurs la bibliographie utilisée par Hubert est assez impressionnante]

[Jacques]

Les Cénomans sont attestés dès le IVème siècle avant J.-C. Les Aulerques qu'au moment de la guerre des Gaules. Il est plus probant que ceux de Gaule gagnent cette appelation, que les Cisalpins ne la perdent.

D'arbois fait remarquer que les Cénomans d'Italie ont fondé la ville de Trente, Tridente chez Ptolémée, et qu'il existe dans la Mayenne un village du nom de Trans (qui est nommé de Tredente en 692). Ce village a effectivement pu faire partie de la civitas de Cénomans, n'étant situé qu'à 6 km environ de la limite du département de la Sarthe.

Les Volcae, au commencement du quatrième siècle avant J.-C., étaient voisisns des Germains au centre de l'Allemagne moderne. C'est de là que les Cenomani d'Italie sont venus au commencement de ce siècle fonder en Italie la ville de Trente, Tridente ou Tridentum, tandis que peut-être vers le même temps était créé par les Aulerci Cenomani de Gaule Transalpine le village de Trans (Mayenne) au Moyen-Âge Tridentum à l'accusatif, Tredento et Tredendo à l'ablatif. J'ai cru longtemps qu'il y avait à se préoccuper de la différence d'orthographe entre le nom des Cenomani d'Italie et celui des Cenomanni de France. L'identité des noms antiques de Trans, Mayenne, et de Trente, Tyrol me fait aujourd'hui douter de la valeur de ma critique.

D'arbois, Principaux auteurs de l'antiquité, p. 192.
Cette identité de toponyme peut être un élément en faveur de l'origine commune des Cénomans du Nord de l'Italie et de ceux de la Sarthe.

[Jacques]

Les Cénomans seraient des Volques ? C'est du moins ce que d'Arbois comprend d'un passage de Caton l'ancien (234-149 av. JC)

Suivant cet auteur, les Cenomani, occupant dans l'Italie transpadane l'espace entre Bergame et Trente, sont un rameau des Volcae, et, comme au temps de Caton l'ancien on ne connaissait à Rome d'autres Volcae que ceux des côtes françaises de la Méditerranée, à l'ouest de Marseille, c'est des environs de Marseille que le savant quteur latin fait venir les Cenomani, quand ils arrivent au sud des Alpes : Cenomanos juxta Massiliam habitasse in Volcis. Mais quand au commencement du quatrième siècle, vers l'année 396 avant J.C., les Cenomani vinrent s'établir en Italie, les Volcae n'étaient point encore parvenus sur les côtes de la Méditerranée, où, vers l'année 356 avant J.C., le périple de Scylax ne xonnaît encore que des Ibères, des Ligures et des Grecs. Les Volcae, au commencement du quatrième siècle avant J.C. étaient voisins des Germains au centre de l'Allemagne moderne.

La phrase Cenomanos juxta Massiliam habitasse in Volcis signifie-t-elle bien que les Cénomans sont des Volques ?
En tous cas, si je comprends bien, Caton fait venir les Cénomans des environs de Marseille parce qu'il a entendu dire que les Cénomans venaient de chez les Volques, et qu'à son époque des Volques étaient installés près de Marseille, ce qui n'était pas encore le cas au moment de l'arrivée des Cénomans en Italie, vers 396 av. JC