tempsreel.nouvelobs.com a écrit:La Troyes romaine mise au jour
NOUVELOBS.COM | 12.09.2007 | 14:49
Des fouilles archéologiques menées dans le centre ville de Troyes, dans l’Aube, ont permis d‘exhumer de précieux vestiges de l’ancienne cité antique, des premiers temps de la ville romaine. Les archéologues de l’Institut national d’archéologie préventive (Inrap) ont découvert un grand nombre d’objets de la vie quotidienne –peigne, boîte de buis, fuseaux, vannerie- ainsi que des tablettes recouvertes de cire qui servaient à la correspondance dans le monde romain.
Une tablette en épicéa datant du milieu du1er siècle de notre ère retrouvée à Troyes, ainsi qu’une boîte de buis décorée de la même période. (© Inka Potthast et Ralf Riens-Konservierungslabor)
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Ces tablettes de bois, épicéa et sapin, de dix à vingt centimètres de long, étaient couvertes d’une mince couche de cire dans laquelle on écrivait avec un stylet. La dendrochronologie a permis de dater deux de ces tablettes des années 50 et 51 de notre ère. Certaines portent encore la trace des lignes d’écritures, qui sont en cours d’analyses, précise l’Inrap.
Des latrines et des puits cuvelés de bois ont également été mis au jour. Ils ont facilité la conservation de déchets alimentaires, révélant ainsi que les habitants de la cité consommaient de la coriandre, de l’origan ou du raisin venus des bords de la Méditerranée. Parmi les pièces les plus remarquables découvertes à Troyes figure un tonneau gallo-romain qui devait à l’origine mesurer plus de 1,80 mètre. Il daterait de l’an 47 et aurait été fabriqué dans la région lyonnaise pour le transport d’un vin piqué, l’acetum, qui, dilué dans l’eau, était très apprécié par les soldats romains. Sur le site de Troyes, le tonneau a été utilisé pour cuveler un puits et il mesure encore 1,30 m sur un mètre de large.
L’Inrap a réalisé ces fouilles entre 2004 et 2006 avant le réaménagement de la place de la Libération, à Troyes, et la construction d’un parking souterrain.
Sciences et Avenir.com
(12/09/07)
lemonde.fr a écrit:A Troyes, un site du début de l'ère chrétienne montre la romanisation du nord de la Gaule
LE MONDE | 13.09.07 | 17h00 • Mis à jour le 13.09.07 | 17h00
Troyes est bâtie sur un marais. Une chance, selon les chercheurs qui se réunissaient, mardi 11 septembre, pour tirer le bilan des fouilles archéologiques préventives menées entre 2004 et 2006 au cœur de la capitale historique de la Champagne. Très humide, peu acide, le sous-sol du centre-ville a en effet permis la conservation, dans un état exceptionnel, de nombreux objets de bois du début de l'ère chrétienne.
D.R.
Les chercheurs se sont réunis le 11 septembre 2007 pour faire un état des lieux des fouilles archéologiques menées entre 2004 et 2006 à Troyes - ici, une gourde armoriée.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 469,0.html
Des déchets alimentaires ont également été préservés. Ils offrent aux chercheurs une fenêtre d'observation inédite sur la romanisation du nord de la Gaule, peu de temps après sa conquête par Jules César, en 52 avant J.-C.
"Nous datons le début de l'occupation du site autour de 10 avant notre ère. L'habitat de la zone fouillée (environ 2 500 m2) était alors constitué de bâtiments à structure de bois, dont on peut penser qu'ils devaient être le lieu d'une activité artisanale", explique Philippe Kuchler, archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), responsable des fouilles.
Un changement radical apparaît aux alentours de l'an 30 de notre ère avec, explique le chercheur, "l'assainissement du terrain grâce à un remblai de graviers". La voirie se développe alors. Les premiers édifices de pierre apparaissent.
Ces premiers signes de réelle urbanisation, tardifs, pourraient laisser supposer que l'actuelle Troyes n'a pas été fondée sur le chef-lieu du peuple gaulois local, les Tricasses, mais peut-être sur un établissement bâti après l'arrivée des légions de Rome.
DU VIN POUR LA LÉGION
Une de ces légions a-t-elle stationné, au milieu du Ier siècle de l'ère chrétienne, dans la région ? La découverte d'un tonneau, recyclé en cuvelage de puits, le suggère. "L'étude du bois montre qu'il s'agit de sapin, que celui-ci a poussé en montagne et qu'il a été abattu vers 47 de notre ère", raconte Philippe Kuchler.
L'analyse est cohérente avec l'étude typologique de l'objet, selon laquelle ce type de tonneau était produit dans la région lyonnaise et servait au transport d'environ une tonne de "vin piqué" (acetum), base de la boisson des soldats romains.
"Il n'est pas absurde de penser que ce tonneau a pu "suivre" une légion venant du sud de la Gaule pour être ensuite abandonné, vide, sur le site, estime l'archéologue. Cela n'est pas anodin, car nous savons que l'implantation des légions a été, dans certaines régions, l'un des principaux vecteurs de romanisation."
D'autres indices exhumés sur le site suggèrent que certaines formes de cette romanisation sont arrivées très tôt. Dans les fosses à déchets, explique la paléobotaniste Véronique Matterne, "des légumes, des fruits ou des aromates originaires de la sphère méditerranéenne ont été retrouvés : pois chiches, coriandre, figues ou fenouil, etc.".
Les pratiques culinaires romaines étaient-elles le fait des couches aisées de la population ? Peut-être pas, si l'on en croit l'étude des restes animaux, qui suggère, selon l'archéozoologue Jean-Hervé Yvinec, "une alimentation carnée typique d'une population urbaine, mais modeste".
Les échanges avec le sud de l'Europe étaient en tout cas fréquents. En témoignent des céramiques d'importation, une vingtaine de "tablettes à écrire" en épicéa ou en sapin, ou encore une petite boîte à onguents en buis, un arbre originaire du bassin méditerranéen.
Stéphane Foucart
Article paru dans l'édition du 14.09.07.
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