De saint Hilaire, évêque de Poitiers. Il y avait dans le pays de Gévaudan, sur une montagne nommée Helanus, un grand lac. Là , à une certaine époque, une multitude de gens de la campagne faisait comme des libations à ce lieu ; elle y jetait des linges ou des pièces d’étoffe servant aux vêtements des hommes ; quelques-uns des toisons de laine ; le plus grand nombre y jetaient des fromages, des gâteaux de cire et chacun, suivant sa richesse, divers objets qu’il serait trop long d’énumérer. Ils venaient avec des chariots, apportant de quoi boire et manger, abattaient des animaux, et pendant trois jours se livraient à la bonne chère. Le quatrième jour, au moment de partir, ils étaient assaillis par une tempête accompagnée de tonnerre et d’éclairs immenses, et il descendait du ciel une pluie si forte et une grêle si violente qu’à peine chacun des assistants croyait-il pouvoir échapper. Les choses se passaient ainsi tous les ans, et la superstition tenait enveloppé ce peuple irréfléchi. Après une longue suite de temps, un prêtre qui avait été élevé à l’épiscopat vint de la ville même (Javouls) à cet endroit et prêcha la foule afin qu’elle s’abstînt de ces pratiques de peur d’être dévorée par la colère céleste ; mais sa prédication ne pénétrait nullement ces rustres épais. Alors, inspiré par la Divinité, le prêtre de Dieu construisit, loin la rive du lac, une église en l’honneur du bienheureux Hilaire de Poitiers, et y plaça des reliques du saint en disant au peuple : Craignez, mes enfants, craignez de pécher devant. le Seigneur; il n’y a rien à vénérer dans cet étang... Ces hommes touchés au cœur se convertirent et abandonnèrent le lac ; ce qu’ils avaient coutume d’y jeter, ils le portèrent à la basilique sainte, et furent ainsi délivrés des liens de l’erreur. »
Il faut préciser qu'Hilaire est mort en 367. Cette histoire de culte païen n'est donc pas antérieure à la fin du IVème siècle. De quoi s'agit-il ? Ces pratiques sont-elles spécifiquement gauloises ou les retrouve-t-on aussi dans les rituels romains ?