Thierry a écrit:Sur le fond il est convaincu que les druides ont constitué une élite intellectuelle de grande renommée, très respectée, férue d'astronomie, gardienne du calendrier, d'un grand savoir au niveau de la médecine, de la pharmacopée, chargée de l'interprétation de la loi, de rendre la justice, gardienne très jalouse du savoir, (source de pouvoir au point de confisquer l'écrit).
Salut à tous,
Je rebondis sur "gardienne très jalouse du savoir, source de pouvoir au point de confisquer l'écrit".
J'ai envie de dire tout d'abord que "on ne voit pas sans une manière de voir"… Là réside toute la difficulté de la "justesse" des interprétations.
![Wink :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Analyser la transmission écrite/orale du point de vue de la question du pouvoir, n'est-ce pas finalement regarder par une fenêtre étroite, celle de notre conception moderne (la démocratisation du savoir / la lutte des classes / le point de vue hérité de la sociologie de Bourdieu – avec tout le respect que j’ai pour son travail)...
![Question :?:](./images/smilies/icon_question.gif)
La lecture d'auteurs très divers m'incite à défendre l'idée que la « ligne de conduite » des druides était loin d’être sous-tendue par le pouvoir.
Le type d’enseignement que dispensait le corps druidique ne se prêtait absolument pas à la transmission écrite. Je n’apporte rien de neuf en disant cela...
![Exclamation :!:](./images/smilies/icon_exclaim.gif)
L’enseignement (selon les modalités : lieu = grottes et bois reculés ; durée =vingt ans ; pour résumer grossièrement) pouvait revêtir de multiples aspects selon la « discipline » ou plutôt « l’art » étudié (pour ancrer mon propos dans un contexte traditionnel, tel qu’il peut encore exister en Inde et en Asie aujourd’hui), avec la conscience que tous les arts sont les branches d’un même arbre, l’arbre de Vie, axe du monde.
Je place délibérément les druides sur le même plan que les gardiens des cultes à mystères méditerranéens, d’où l’interdiction de dévoiler l’enseignement (cf. Apulée par exemple).
Ce n’est pas trahir l’esprit des Anciens, je crois, que d’énoncer : la finalité de l’enseignement reçu n’a pas grand chose à voir avec l’assimilation/restitution de « données intellectuelles » (même si la phrase bien connue « ils apprennent par cœur des milliers de vers » peut le laisser penser a priori). Les connaissances acquises doivent être irriguées par la sève du Vivant pour permettre l’actualisation de la Tradition, l’efficience des applications dans le monde concret. Ce que ne permet pas l’écrit (figé donc mort). Platon parle de cela également, il faudrait que je retrouve la référence.
En conclusion, si le pouvoir est une conséquence du savoir (on peut difficilement le nier), à mon sens il est réducteur de continuer à diffuser l’idée du type « les druides voulaient garder le pouvoir pour eux, ils refusaient qu’il puisse y avoir un accès direct à la connaissance » (tu n’es pas visé Thierry, je précise au cas où).
Je crois que l’on avait déjà parlé de tout ça ici ces dernières années mais j’ai été trop paresseuse pour rechercher dans les 12 000 fils tissés par les compagnons de l’Arbre
![Wink ;-)](./images/smilies/icon_wink.gif)
Voilà , je referme la porte en douceur…
à +