En Occident, le fait d’entourer un habitat par une enceinte apparaît dans le Midi méditerranéen au IVe millénaire dès le Néolithique final (enceintes à bastions semi-circulaires du sud du Portugal) et se prolonge jusqu’au début du IIIe millénaire, Bronze ancien (citadelle de Zambujal au Portugal, habitats fortifiés de la région d’AlmerÃa, Nitriansky-Hradok en Slovaquie occidentale, Fort-Harrouard dans la vallée de l’Eure en France). En Grande-Bretagne, dans le Bassin parisien, dans les Charentes, on connaît des « camps à fossés interrompus » (casewayed-camps), sites entourés d’un ou de plusieurs fossés concentriques, éventuellement complétés par un mur. Ce phénomène semble subir une éclipse durant le Bronze moyen et le Bronze final (milieu et fin du IIe millénaire, début du Ier millénaire), bien que commence à cette époque le développement des castros ibériques. Il se peut d’ailleurs que cette éclipse soit le simple reflet des connaissances : la fouille du châtelet d’Étaules en Bourgogne a mis en évidence une occupation de la fin de l’âge du bronze caractérisée par des innovations dans la construction du rempart (système de poutrage interne).
On met en rapport le développement d’habitats fortifiés de hauteur aux alentours de 600 avant J.-C. sur les sites du littoral méditerranéen et de l’Europe danubienne (oppidum de La Heunebourg près de Stuttgart en Allemagne) avec la colonisation grecque. Mais en fait les huit cents enceintes, pour la plupart protohistoriques, connues en France, essentiellement en situation perchée, sont encore assez mal datées ; elles font l’objet d’une occupation plus ou moins permanente. Pour la France du Nord à l’époque de Hallstatt (Ier âge du fer), O. Buchsenschutz a réalisé une étude systématique des enceintes en prenant en compte leur lien avec les structures d’habitat. Cet inventaire met en évidence la diversité des cas : elles peuvent avoir servi de refuge, avoir protégé une agglomération permanente, avoir servi d’enclos à une ferme ou à un village, être le mur du château. Seules des fouilles étendues permettent de se prononcer.
Philippe Leveau 95
Le murus gallicus était déjà "inventé" à la fin de l'âge de bronze et il y a cette curieuse parenthèse de l'oppidum de La Heunebourg réalisé en briques (on pense au travail sur place d'un architecte grec).
Nombre de ces espaces datant de la fin de l'âge de bronze sont encore habités pendant des siècles comme Matthieu Poux l'a mis en évidence pour Corrent.
La continuité entre le bronze final et le Hallstatt est remarquablement stable, la nouvelle métallurgie et ses corrélas -minerais et commerce- crée de nouvelles richesses ce qui joint à l'influence méditerranéenne des grecs et des italiotes transforme lentement des populations autochtones ou du moins ses édiles enrichis par les mines, les "octrois" sur les voies commerciales, qui veulent "jouer dans la cour des grands" mais cela existait déjà dès les "princes du bronze" comme je l'ai signalé plus haut.
Au tournant de la moitié du V° siècle BC (vers le second âge de fer) la transformation sociale et politique semble plus drastique.
Nous y reviendrons.