Les 365 plantes d'Airmed

[Fergus]

Salut à tous,

Hagaldag m'a posé à plusieurs reprises une question intéressante. Je n'y ai pas tout de suite répondu pour la bonne raison que j'en ignorais la réponse.
Il s'agissait de savoir si les 365 plantes d'Airmed étaient connues, avaient été recesnées ou décrites quelque part. A ma connaissance, non. Pour moi, le chiffre de 365 est plus symbolique que réel : correspondant au nombre des jours dans l'année, il pourrait exprimer une sorte de plénitude, signifiant par là qu'Airmed a recueilli la totalité de la connaissance traditionnelle en matière de médecine végétale.

Pour ceux ou celles qui ne connaîtraient pas l'histoire, il s'agit de ceci : pendant la seconde bataille de Mag Tured entre les Tuatha Dé Danann et les Fomoire, Nuada, qui a perdu son bras, est guéri par Miach, fils du dieu-médecin Diancecht. Miach lui greffe un bras de chair et de sang qui fonctionne, ce qui est encore mieux qu'un bras en argent. Cela ne plaît pas à Diancecht. Voilà la suite, traduite par Guyonvarc'h dans les Textes Mythologiques Irlandais :

"§ 33. Or Nuada était dans sa maladie et Diancecht lui mit un bras d’argent avec, en lui, le mouvement de chaque bras. Cela ne parut pas bien à son fils aîné Miach. Il alla au bras coupé de Nuada. Il dit « joint sur joint » et « nerf sur nerf », et il le guérit en trois fois neuf jours. Pendant les neuf premiers jours il mit le bras contre son côté et il fut recouvert de peau. A la deuxième série de neuf jours il le mit contre sa poitrine. A la troisième série de neuf jours il produisait des … ?… blancs de joncs noirs quand on les noircissait au feu.

§ 34. Cette guérison sembla mauvaise à Diancecht. Il brandit une épée au-dessus du sommet de la tête de son fils si bien qu’il coupa la peau jusqu’à la chair de la tête. Le garçon guérit en mettant en œuvre son art. Il le frappa à nouveau : il coupa la chair et atteignit l’os. Le garçon guérit encore par la même mise en œuvre de son art. Il le frappa d’un troisième coup et il atteignit la membrane de son cerveau. Le garçon guérit encore par la même mise en œuvre de son art. Il frappa alors un quatrième coup si bien qu’il atteignit la cervelle et que Miach mourut. Diancecht dit que le médecin lui-même ne l’aurait pas guéri de ce coup.

§ 35. Puis Miach fut enterré par Diancecht, et des plantes au nombre de trois cent soixante-cinq poussèrent sur sa tombe, identiques au nombre de ses jointures et de ses nerfs. Airmed ouvrit son manteau et rangea ces plantes d’après ses qualités. Mais Diancecht vint à elle et mêla les plantes, si bien qu’on ne connaît pas leurs effets propres, à moins que le Saint Esprit ne l’ait révélé par la suite. Et Diancecht dit : « Si Miach n’est plus, il reste Airmed »."

Cela vous inspire-t-il quelque chose ?

[Bhû]

A part ce côté symbolique qui correspond aux 365 jours de l'année, je peux dire qu'il existe plus de 365 plantes médicinales en Irlande et/ou ailleurs.

Une plante selon la partie qui est utilisée n'a pas la même fonction, on peut utiliser pour soigner:  la racine, l'écorce, la deuxième écorce, la tige, le suc de la tige, le bourgeon, la feuille, la fleur, le fruit etc..

Par exemple prenons le frêne arbre sacré chez les celtes et bien les feuilles sont diurétiques et l'écorce apéritive, voilà pour faire simple du côté de la phytothérapie

Bhû

[Sedullos]

Salut à tous les deux

Ce qui me semble intéressant dans l'extrait que Bodu a produit, c'est la métaphore sur la perte de la tradition, qui coincïde avec ou qui découle de la christianisation, cf la mention du Saint-Esprit.
Pour les plantes, Christian-J. Guyonvarc'h adonné dans Magie, médecine et divination chez les Celtes, ouvrage toujours disponible chez Payot, la liste d'un certain nombres de plantes médicinales gauloises et irlandaises.

[Bhû]

salut

as-tu les noms des plantes en question vers toi ??

Bhû

[hagaldag]

Salut à tous.
Tout d’abord merci à Boduegenos d’avoir pris la peine de me répondre.
Lorsque j’ai lu la première fois ce texte, plusieurs faits m’ont interpellé.

Tout d’abord à la lecture ceci ressemblerait à un texte à clefs, ouvert à la connaissance que des individus aptes à en saisir les sens, sans entrer dans l’occulte évidemment, mais une forme  de mode d’emploi en quelque sorte.

En effet nous assistons ni plus ni moins  tout d’abord à la mise en place d’une prothèse (même si cela pouvait être courant ; pilons, crochets, etc.) en métal qui s’oxyde très peu, l’argent même si cela peut être considéré comme symbolique !!!!

mais ensuite à la description complète d’une greffe de bras( je le rappelle réalisé officiellement la première fois à Lyon en 1998 à l’hôpital H.Herriot !!!!!.

Avec force de détails  que j’énumère :
Joint sur joint :articulation sur articulation
Nerf sur nerfs : mise en place de la sensibilité pour la préhension
3 fois 9 jours temps de la cicatrisation et mise en place de la peau :égal à 27 soit le temps approchant d’une lunaison (28)
Enfin la durée totale de la guérison, les 365, et l’utilisation des plantes.

J’aimerais savoir comment vous aussi vous appréhendez ce texte.
Ensuite existe-t-il un autre exemple de ce type dans la littérature celtique ?

Et ensuite je serais aussi interressé par la liste des plantes bien citées dans la littérature celte

Merci à tous de vos réponses

 
HAGALDAG

[Bhû]

C'est vrai que la plus ancienne prothèse a été trouvée en Egypte mais en bois et non en chair comme c'est indiqué dans la bataille de Mag Tured

Voici ce que Science et Avenir disait:

La chirurgie au temps de l’ancienne Egypte

Les Egyptiens étaient capables d’amputer et de fabriquer des prothèses, affirment des chercheurs allemands, qui en ont découvert des preuves particulièrement nettes sur la momie d’une femme morte il y a environ 3.000 ans. Le gros orteil du pied droit avait été amputé, expliquent ces archéologues dans la revue médicale The Lancet, et l’articulation a été remplacée par une prothèse en bois. Les archéologues avaient déjà observé que des membres manquants avaient été remplacés sur des momies afin que le corps retrouve son intégrité pour le dernier ‘’passage’’. Mais dans le cas de cette momie, retrouvée dans l’ancienne ville de Thèbes, dans l’actuelle région de Sheik-Abd-el-Gurna, la prothèse a servi. Des traces d’usures sur le bois en attestent. Les chercheurs estiment d’ailleurs que l’articulation des trois segments de bois, maintenus en place par du textile, devait permettre un assez bon mouvement.

L’examen du cœur et des artères de la momies révèlent que cette femme souffraient vraisemblablement de diabète, car ses artères et ses vaisseaux sanguins s’étaient durcis. Cette forme d’artériosclérose, qui entrave la circulation sanguine , peut parfois être la cause d’une gangrène. Les archéologues avancent donc l’hypothèse d’une amputation rendue nécessaire par la gangrène du gros orteil, mais n’en sont pas certains. La médecine de l’ancienne Egypte consistaient surtout à pratiquer des onctions, souvent accompagnées d’incantations. Des traces d’opérations, notamment de trépanation, ont cependant été observées sur des momies, mais elles ont aussi bien pu être pratiquées après qu’avant la mort.

Source et infos complémentaires : Sciences et Avenir


Il est vrai que cette prothèse d'abord en argent puis en chair est très troublante compte tenu de l'époque mythique décrite

C'est du Jules Vernes ou du Léonard de Vinci avant l'heure où je me trompe ??


Bhû

[hagaldag]

Mon cher Bhû  
puique tu es apparemment la seule personne que cela interresse


j'ai retrouvé en relisant le Rig Véda:

Livre premier - Hymne CXVI. Asvins. (Trad. en anglais)
" 15 When in the time of night, in Khela's battle, a leg was severed like a wild bird's pinion,
Straight ye gave Vispala a leg of iron that she might move what time the conflict opened. ".

En fait cela remonterait à la nuit des temps, durant la bataille de Khela où Vispala est blessée. Sa jambe a été amputée " comme on peut rogner "le bout des ailes aux oiseaux ". Aussitôt, le dieu Asvins lui fournit une jambe en fer afin de pouvoir prendre part à la bataille suivante.

Donc on s'appercoit, que mythologiquement parlant (bien que bâtie sur une réalité, mais laquelle?
) on retrouve des traces dans les littératures de type indo-européen

Ici encore utilisation du métal (qui s'oxyde celui-ci )et incantations pour la guérison.

Alors , je suis tétu  je repose la question : existe-t-il d'autres traces dans la mythologie ou littérature celte de ce type?
Même mieux ,peut être que M EVEN le sait, a-t-on des traces archéologiques celtes de  faits similaires?
A plus de vous lire:  HAGALDAG

[Sedullos]

En réponse à Bhü,
dans une semaine environ, je reprendrai la liste des plantes, là j'ai pas le temps.
Pour répondre à Hagaldag, il y a une histoire de druide qui donne son oeilpour qu'il soit greffé sur le roi, et en échange reçoit un oeil de chat. cf Les Druides / Le Roux et Guyonvarc'h.
Faudrait demander confirmation à Bodu.
Kenavo ar wech all

[hagaldag]

merci Sedullos je poserai la question à Boduogenos quand il le pourra
merci encore à +

[Fergus]

Euh, j'ai lu en effet cette histoire d'oeil de chat greffé à un druide, mais j'avoue que je ne souviens plus où. En tout cas, ça me rappelle un conte populaire intitulé, je crois, les Trois médecins. Je vais chercher ça aussi.
Hagaldag, il n'y a pas que Bhû que ça intéresse. Il n'y a que 2 heures et 20 mn entre ta question et sa réponse. Laisse aux autres le temps de revenir du boulot !

[Bhû]

Pas de problème, je sais où c'est

Extrait de l’Oidhe Chloinne Tuireann ou Mort des Enfants de Tuireann

« Un roi aimable et de naissance libre s’empara de la souveraineté et de l’autorité sur les Tuatha Dé Danann à la belle couleur. Il avait pour surnom Nuadha au Bras d’Argent, fils d’Echtach, fils d’Ordan, fils d’Allaoi. Ce roi avait alors un bras d’argent et son portier avait un œil.
Un jour, ce jeune guerrier alla au dehors des murailles de Tara et il vit deux jeunes hommes, beaux, jeunes, à la belle stature, s’approchant de lui sur le terre-plein. Ils le saluèrent et reçurent de même une salutation. Le portier leur demanda des nouvelles : «D’où venez-vous, ô jeunes gens à la belle forme ? », dit-il.
« Nous sommes de bons médecins », dirent-ils. « Si vous êtes de bons médecins » dit-il « vous mettrez un œil à la place de mon propre œil». Je mettrai le propre œil de ce chat à la place de ton œil », dit l’un d’eux. « J’en serais content », dit le portier.
Ils mirent l’œil du chat à la place de l’œil du jeune guerrier. Cela lui convint et ne lui convint pas . Car lorsqu’il voulait dormir ou se reposer, l’œil s’ouvrit au cri des souris et au vol des oiseaux ou au mouvement des roseaux, mais quand il désirait  surveiller une troupe ou une assemblée, c’est alors qu’il avait envie de dormir ou de se reposer.

Les druides P98 Par Ch. J Guyonvarc’h
Edition 1986

Bhû

[Fergus]

Bien vu, l'oeil de chat, Bhû !

[Bhû]

et tu sais quoi ?

Je retombe toujours sur mes pattes

Bhû

[hagaldag]

Superbe mes seigneurs  voilà des réponses qui me conviennent  
Désolé de mon impatience Boduogenos, excuse moi si j'ai montré de l'humeur
mais je trouve ce thème très interressant d'où ma précipitation
D'ailleurs j'ai trouvé d'autres indices  qui peuvent  vous inspirer:
D'après Alvin Pike dans sa superbe Anthologie, les plus vielles traces remontent à - 45 000 ans avec les restes d'un squelette du Smithsonian Institute (musée).
La forme et l'alignement des dents font penser aux spécialistes que le sujet était amputé des membres supérieurs, (peut-être une agénésie !.
Plus proche de nous dans l'Eurpe, Hérodote, ce grand historien, nous conte vers 400 ans avant J.C. dans Calliope (livre IX) l’histoire de Thereupon Hegesistratus d’Elée, qui s’amputa pour échapper aux spartes et se fit une prothèse de bois. mention d’une jambe artificielle (Simons, 1992).
Alors y-a-t-il ou pas mythe ou réalité?
Je trouve que cela confirme la grande science druidique en matière médicale , mais très en avance sur notre époque.

En effet changer un oeil humain contre un oeil de chat (même symbolique ) est aussi fort que seulement maintenant où pour certaines greffes on utilise un organe animal!
A débattre , qui a encore des faits similaires en réserves ?
                    HAGALDAG

[Bhû]

Hagaldag,

Après les premières prothèses en bois venues d'Egypte, les premières xénogreffes

Les premières tentatives sont anciennes : On les retrouve dans les années 20  avec Serge Voronoff , c'est lui qui fut le premier à transplanter à un grand nombre d’hommes des greffons d’origine animale. et sais-tu qu'étaient les parties greffées, allez je te laisse deviner  ?

Des milliers d’hommes ont recu des greffes de testicules de singe.Je comprends pourquoi maintenant les humains sont si
tordus, entre çà et les radiations de césium dû à Tchernobyl ?

Un porc transgénique, modifié pour ne plus exprimer les antigènes de porc qui déclenchent le rejet chez l’homme, fournirait des greffons de vaisseaux sanguins, de valves cardiaques, de foie ou encore de cellules de pancréas productrices d’insuline.

Le babouin, qui ne fait l’objet d’aucun projet de transgenèse, donnerait des greffons de tissu cérébral, de moelle osseuse, voire de foie. Les espoirs seraient grands si l’on était assuré que ces organes animaux sont exempts d’agents viraux transmissibles et adaptables à l’homme, et si l’on maîtrisait mieux la transgenèse chez le porc. Quelques rares greffes d’organes animaux ont déjà été pratiquées, sans pour cela que de tels actes chirurgicaux ne soient entrés dans la pratique.

Mes sources : Jean-Louis Fischer, enseignant à l'Université Paris 8, est chercheur au Centre Alexandre Koyré d'histoire des sciences et des techniques (EHESS-CNRS-MNHN).


Donc là, on a fait un bond en avant cette fois de 3000 ans par rapport à l'Egypte et on est au 21è Siècle !!


A plus