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@+Pierre
Après une longue confrontation dans le Latium et la Campanie, où Romains et Gaulois se côtoient sans s’affronter, un géant gaulois, lance un défi aux Romains. Un jeune romain, Titus Manlius, vainc le géant, lui coupe la tête et s'empare du torque sanglant que celui-ci portait. Il y gagnera le surnom de Torquatus qui signifiera l’homme au collier.
Pour reprendre une variante de cette histoire :
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Histoire des Gaulois
Amédée THIERRY
Première partie
CHAPITRE III
http://perso.wanadoo.fr/fdomi.fournier/ ... HG_103.htm
Cependant les Gaulois reprirent leurs habitudes vagabondes; une de leurs bandes parut dans la campagne de Rome, et la traversa pour aller plus avant au midi [Tite-Live, VII, 1] : les Romains, n’osant pas les attaquer, se tinrent renfermés dans leurs murailles [Polybe, II]. Pendant cinq ans les courses des Gaulois se succédèrent dans le Latium et la Campanie, et pendant cinq ans, la république s’abstint à leur égard de toute démonstration hostile. Au bout de ce temps, une de ces bandes, campée sur la rive droite de l’Anio, avant menacé directement la ville, les légions sortirent enfin, et se présentèrent en face de l’ennemi de l’autre côté de la rivière. Cette nouveauté, dit un historien, surprit grandement les Gaulois [Polybe, II] ; ils hésitèrent à leur tour, et, après une délibération tumultueuse où des avis contraires furent débattus avec chaleur, le parti de la retraite ayant été adopté, ils décampèrent à petit bruit, à la nuit close, remontèrent l’Anio, et allèrent se retrancher dans une position inexpugnable au milieu des montagnes de Tibur [6].
Telle fut l’issue de cette campagne tout à fait insignifiante, si l’on s’en tient au témoignage de l’historien romain le plus digne de foi. Mais chez la plupart des autres, on la trouve embellie d’un de ces exploits merveilleux qui plaisent tant à l’imagination populaire et qu’on voit se reproduire presque identiquement dans les annales primitives de toutes les nations.
Ils racontent que dans le temps que les armées romaine et gauloise, campées des deux côtés de l’Anio, s’observaient l’une l’autre, un Gaulois, dont la taille surpassait de beaucoup la stature des plus grands hommes, s’avança sur un pont qui séparait les deux camps. Il était nu ; mais le collier d’or et les bracelets indiquaient le rang illustre qu’il tenait parmi les siens ; son bras gauche était passé dans la courroie de son bouclier, et, de ses deux mains, élevant au-dessus de sa tête deux énormes sabres, il les brandissait d’un air menaçant [7]. Du milieu du pont, le géant provoqua au combat singulier les guerriers romains ; et, comme nul n’osait se présenter contre un tel adversaire, il les accablait de moqueries et d’outrages, et leur tirait, dit-on, la langue en signe de mépris [8]. Piqué d’honneur pour sa nation, le jeune Titus Manlius, descendant de celui qui avait sauvé le Capitole de l’escalade nocturne des Sénons, va trouver le dictateur qui commandait alors l’armée. Permets-moi, lui dit-il, de montrer à cette bête féroce que je porte dans mes veines le sang de Manlius [Tite-Live, l. c.]. Le dictateur l’encourage, et Manlius, s’armant du bouclier de fantassin et de l’épée espagnole, épée courte, pointue, à deux tranchants, s’avance vers le pont [9] ; il était de taille médiocre, et ce contraste faisait ressortir d’autant plus la grandeur de son ennemi, qui, suivant l’expression de Tite-Live [VII, 10], le dominait comme une citadelle.
Tandis que le Gaulois chantait, bondissait, se fatiguait par des contorsions [10] bizarres, le Romain s’approche avec calme. Il esquive d’abord un premier coup déchargé sur sa tête, revient, écarte par un choc violent le bouclier de son adversaire, se glisse entre ce bouclier et le corps, dont il transperce à coups redoublés la poitrine et les flancs ; et le colosse va couvrir dans sa chute un espace immense [11]. Manlius alors détache le collier du vaincu, et le passe tout ensanglanté autour de son cou ; cette action, ajoute-t-on, lui valut de la part des soldats le surnom de Torquatus, qui signifiait l’homme au collier.
C’est à la terreur produite par ce beau fait d’armes que les mêmes historiens ne manquent pas d’attribuer la retraite précipitée des Gaulois.
Ce récit forgé, suivant toute apparence, par la famille Manlia, pour expliquer le surnom d’un de ses ancêtres [Niebuhr, Rœmisch. Gesch. t. II], tomba sans doute de bonne heure dans le domaine de la poésie populaire ; la peinture s’en empara également, et la tête du Gaulois tirant la langue jouit longtemps du privilège de divertir la populace romaine.
Nous savons que, cent soixante-sept ans avant notre ère, elle figurait au-dessus d’une boutique de banquier, sur une enseigne circulaire, appelée le bouclier du Kimri [12]. Marius, comme on le verra plus tard, ennoblit cette conception grotesque, en l’adoptant pour sa devise, après que, dans deux batailles célèbres, il eut anéanti deux nations entières de ces redoutables Kimris [13].
Amédée THIERRY
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