Patrice a écrit:Demoule recherche donc des nazis en plein XIXe siècle.
Les nazis n’étaient pas les seuls à se référer à leur lointain passé, entre autres, à essayer de démêler l’écheveau linguistique indo-européen, à s'intéresser de près l’archéologie et aux écrits des historiens antiques pour échafauder et tenter de consolider leurs thèses.
Et plus particulièrement aux textes du romain Publius Cornelius Tacitus (v. 55- v. 120 ap. J.-C.), Mœurs des Germains (de Moribus Germanorum), décrivant les territoires et peuples de l'autre côté du Rhin.
livre.fnac.com a écrit:
Opération Ahnenerbe
Comment Himmler mit la pseudo-science au service de la solution finale
Heather Pringle
Paru en 02/2007
http://livre.fnac.com/a1928928/Heather- ... e?PID=7616
Mot de l'éditeur sur "Opération Ahnenerbe" de Heather Pringle
«Toute la culture humaine, toutes les réalisations artistiques, scientifiques et technologiques que nous avons devant nous sont quasi exclusivement le résultat de l'esprit créatif des Aryens», écrivait Hitler dans Mein Kampf.
Sur la foi de cette affirmation, Heinrich Himmler, son bras droit, créa en 1935 un institut, l'Ahnenerbe («Héritage des Ancêtres»), destiné à fournir des fondements scientifiques à l'idéologie nazie. Avec une double mission : découvrir des preuves archéologiques des hauts faits des ancêtres des Allemands, en remontant jusqu'au paléolithique, et diffuser ces découvertes en Allemagne. Une fois la guerre déclenchée, l'Ahnenerbe se voit assigner d'autres missions et utilise d'autres moyens, se livrant à des expériences scientifiques sur des sujets humains pour de prétendues «études raciales».
Heather Pringle est canadienne. Cette spécialiste des recherches archéologiques retrace l'histoire de l'Ahnenerbe depuis les origines du nazisme jusqu'à son effondrement. Un rouage jusqu'ici peu connu du régime hitlérien.
Extrait du livre :
LE LECTEUR
Les voyageurs qui prenaient le train pour Passau, dans la vieille ville bavaroise de Landshut, le 24 septembre 1924, n'auraient sans doute pas remarqué l'homme au teint pâle, d'aspect anémique, qui tenait un livre coincé sous son bras. Responsable de fraîche date à l'organisation du Mouvement national-socialiste pour la liberté, surgeon du Parti nazi récemment interdit, Heinrich Himmler s'installa à sa place et, attendant le départ, nota mentalement l'heure exacte afin de consigner plus tard l'événement dans son journal. C'était un homme précis, méticuleux, de constitution frêle, qui n'avait jamais fait beaucoup d'exercice, avec une tête trop petite pour son corps. Portant des lunettes à monture d'écaillé, il avait une moustache soigneusement taillée et des cheveux châtains raides, coupés très court, ainsi que de petites mains de poupée. Il était, au total, très différent des hommes qu'il cherchait à gagner à la cause nazie : paysans robustes et voyous musclés sachant casser des têtes. Comme l'un de ses acolytes devait le dire plus tard en plaisantant, Himmler ressemblait à une «musaraigne affamée».
Si le studieux dirigeant du parti était intimidé par ses nouvelles fréquentations, il n'en laissait rien voir. A vingt-trois ans, il avait des manières hautaines et condescendantes saupoudrées d'un rien de charme. Il était intelligent, cultivé, introduit dans les meilleurs milieux et avait une foi romanesque en son destin. Il croyait que le sort lui réservait un jour de gloire où il serait appelé à accomplir un devoir capital pour son pays. Il fallait qu'il soit prêt, et, pour se préparer, il lisait énormément. Pour le trajet depuis Landshut, où il vivait, il avait choisi un ouvrage emprunté à des amis.
Si La Germanie ressemble à un ouvrage d'anthropologie moderne, il manquait à Tacite une connaissance directe de son sujet. Selon les historiens actuels, il avait puisé ses informations dans des textes plus anciens ou dans les histoires racontées par des Germains habitant Rome. La description qu'il fait des tribus locales - leur bravoure à la guerre, leur aversion envers l'adultère, leur hospitalité tapageuse - est erronée. Mais Himmler était fasciné. Il dévora La Germanie dans sa traduction allemande pendant le trajet puis l'ajouta à sa liste de lectures, résumant ses impressions en quelques phrases, comme toujours. La Germanie, nota-t-il, est «un merveilleux portrait montrant combien nos ancêtres étaient nobles, purs et capables. C'est ainsi que nous redeviendrons, du moins une partie d'entre nous».
Un article a récemment refait surface à l'Harvard University, et fait remarquer que Tacitus helped fuel Nazi propaganda with ‘Germania’, c’est-à -dire : Tacite a aidé à attiser la propagande nazi avec ‘Germania’.
Traduit en français et retravaillé sous le titre on ne peut plus accusateur :
A Harvard, Tacite est un nazi
http://www.respublicanova.fr/spip.php?article361
e.