La double feuille de gui est un des motifs symboliques fondamentaux de l'art celtique depuis sa phase initiale du Vème siècle av. J. -C... Il était associé à une divinité masculine dont le visage est quelquefois encadré par le motif (voir Glauberg, Horovicky, Port-à -Binson, Reinheim, Schwarzenbach, Waldalgesheim)
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Cette interprétation par une divinité n'est pas partagée par tout le monde, en particulier par J. Gomez de Soto et P.- Y. Milcent qui ont écrit, dans Documents d'archéologie méridionale
Nous ne retiendrons pas l’interprétation traditionnelle d’images divines, déjà critiquée par C. Goudineau (1999) : la statue de Glauberg démontre éloquemment qu’il s’agit d’effigies aristocratiques, dans certain cas liées à un culte funéraire, comme, plus tard, les statues du type Paule.
Cet ornement est également présent sur une petite tête en bronze trouvée à Lacoste, à propos de laquelle ces deux auteurs écrivent :
Bien que ne participant pas de la statuaire proprement dite, mais de la toreutique, nous ne pouvons négliger dans cette étude la petite tête en bronze – seul élément subsistant d’une pièce de nature indéterminée, figurine libre ou partie d’une pièce utilitaire – recueillie en surface sur le site girondin de Lacoste à Mouliets-et-Villemartin. Cette petite tête, aux yeux globuleux, au nez prolongé par des sourcils se poursuivant en un relief enserrant les visages comme une sorte de barbe, est janiforme comme celle qui forme le pommeau de l’épée de Saint-André-de-Lidon (Charente-Maritime). Surtout, des doubles feuilles de gui surmontent chacun des deux visages (Sireix et al. 2002). Cette œuvre date de la fin du Ve ou du début du IVe s., période attestée sur le site par du matériel de type courant. Elle ne peut qu’être comparée aux nombreux exemplaires laténiens orientaux tels ceux connus par la toreutique ou des monuments comme la stèle de Pfalzfeld ou la statue funéraire de Glauberg.
La double tête de Pierre de Roquepertuse (Bouches-du-Rhône), du IIIème siècle av. JC, porte apparemment le même genre de coiffure

J. Gomez de Soto et PY Milcent pensent même avoir reconnu la double feuille de gui sur une sculpture trouvée à Lennon (Finistère) :
Un pilier hermaïque à tête janiforme a été retrouvé, très fortement dégradée, hors de son lieu d’origine à Kergonniou à Lennon, dans le Finistère (Eveillard 1993). Un des visages portait des traits figurés, l’autre pas. Un bourrelet séparant les deux têtes, dont ne subsiste que l’arrachement, à été interprété comme une double mèche de cheveux. Ne faudrait-il pas plutôt y reconnaître une double feuille de gui, comme sur l’hermès de Roquepertuse ? Rappelons que le motif de la feuille de gui et ses variantes sont déjà attestés en Armorique, sur la stèle de Kermaria à Pont-L’Abbé ou un tesson du souterrain du Blavet à Hénon (Côtes d’Armor).
Les feuilles de gui ne me paraissent pas évidentes sur la stèle de Kermaria :

J'y vois plutôt des motifs en forme de larmes, bien loin de la double feuille de gui portée en couvre-chef.