LeNouvelliste.ch a écrit:Les bâtisseurs de la capitale valaisanne
29 octobre 2008 - CHARLY-G. ARBELLAY
Les Sédunes ont favorisé le développement de la ville de Sion au premier siècle avant Jésus-Christ. Tel fut le sujet d'un récente conférence publique.
D'où venaient les Sédunes, ce peuple celte qui a donné le nom à la ville de Sion? Etaient-ils des nomades? Ont-ils disparu aujourd'hui? Mystère! Les archéologues Philippe Curdy et François Mariéthoz ont tenté d'apporter quelques éléments de réponse lors d'une récente conférence publique organisée par l'Association valaisanne d'archéologie.
Considérés comme des Gaulois
«Les Sédunes, peuplade celtique attestée par les inscriptions et les textes antiques, occupaient le Valais central au dernier siècle avant notre ère. La question de leur origine n'est pas résolue. Etait-ce une population autochtone installée dans la vallée depuis des temps immémoriaux ou le fruit d'une migration celtique, notamment de celle qui vit les Gaulois franchir les Alpes et s'emparer de Rome au début du IVe siècle avant Jésus-Christ?», s'est interrogé Philippe Curdy. «Pour les auteurs latins et en particulier César qui est le premier à les mentionner, cette question ne se pose pas: tout comme les trois autres peuplades du Valais - les Nantuates dans le Chablais, les Véragres dans la région de Martigny et les Ubères en Haut-Valais - les Sédunes sont considérés juste avant la conquête romaine comme de véritables Gaulois...»
Aujourd'hui, pour tenter d'approcher ce peuple disparu, l'archéologue est contraint, face à la pauvreté des sources écrites, d'analyser en détail les moindres vestiges découverts dans le sous-sol. «C'est surtout les morts qui nous parlent des vivants!» Grâce à la présence de nombreuses et riches sépultures sur le territoire de la ville de Sion, il peut aborder, avec les réserves d'usage, le mode de vie, les coutumes et l'organisation sociale de cette tribu alpine.
Déjà vignerons!
François Mariéthoz a présenté le résultat des fouilles des tombes les plus récentes, notamment à Bramois, au passage de la Matze, à la cathédrale, au Petit-Chasseur, à la place des Remparts et Placette. Il a réalisé un véritable travail d'anthropologie et tenté de dresser une sorte de portrait robot des Sédunes.
Première constatation: les enfants périnataux n'existaient pas. L'espérance de vie du couple était de vingt-sept à vingt-huit ans. Les femmes mesuraient 156 cm environ et les hommes 171 à 173 cm. La forme crânienne était plutôt allongée. «On a découvert à Sion des crânes trépanés. La technique de trépanation était connue depuis 10 000 ans...»
Dans les sépultures, les archéologues ont découvert des panoplies funéraires: bijoux, fibules, poteries, pièces de monnaie...
Des femmes de haut rang étaient enterrées avec beaucoup de parures dans des troncs de bois évidés en guise de cercueil. «Les Sédunes se distinguent des autres peuples par l'habitude qu'avaient leurs femmes de porter de lourds anneaux de cheville.»
La présence de vase «a trottola» (bouteille de vin en forme de toupie) tente à prouver que les premiers habitants de Sion cultivaient déjà la vigne alors que l'imagerie populaire attribue sa présence aux Romains.