Muskull a écrit:Intéressant aussi ce court extrait:Le meilleur, sans aucun doute, est constitué par le très important appareil de Preuves réuni par les auteurs. Le "Morice" compte plus de cinq mille pages de documents, imprimées en caractère de très petites dimensions : au total, près de vingt mille pages de nos caractères d'imprimerie actuels ; c'est impressionnant. Pour la fin de l'indépendance (année 1480 à 1532), l'auteur a accumulé plus de six cent cinquante pages de documents, soit deux mille pages en caractères modernes. Quiconque veut connaître cette époque se doit de lire ces témoignages dans leur totalité. A notre connaissance, aucun historien breton ne l'a fait à ce jour. D'où les erreurs colportées dans tous les manuels et dans toutes les histoires de Bretagne. On peut se demander d'ailleurs si nos deux auteurs, brimés par la censure, n'ont pas laissé là leur véritable testament : car la vérité se trouve toute entière dans les Preuves, sans qu'il soit possible de rien dissimuler d'essentiel.
Cette réflexion est très pernitente, d'autant plus pertinente que les index de ces Preuves sont notoirement insuffisants et fallacieux : en ce qui me concerne, voici plus de vingt cinq ans que je lis, plume à la main, les centaines de documents qui se rapportent à la période médiévale et chaque relecture me donne l'occasion de trouver des informations qui m'avaient précédemment échappé.
Mais cette lecture minutieuse est insuffisante ; Arthur de la Borderie, qui avait lui-même procédé à cette opération (en témoigne un de ses exemplaires de l'ouvrage en question conservé à la bibliothèque bretonne de l'abbaye de Landévennec), n'en a pas toujours tiré les conclusions qui auraient dû s'imposer à lui : son "bretonisme" était plus fort que son érudition...
Enfin, il faut souligner que l'édition des documents donnée par les Mauristes est parfois fallacieuse, souvent incomplète : c'est ce qui se vérifie à chaque fois que la comparaison avec la pièce originale est possible. Un grand érudit comme le regretté H. Guillotel, l'un de mes maîtres, s'était attelé à un nouveau travail de collation, demeuré hélas partiel et inédit : voir néanmoins les copies dactylographiées de sa thèse dans quelques bibliothèques (notamment celle de la IVe section de l'Ecole pratique des hautes études).
Cordialement,
AYB