|
Les Francs à Plouguerneau, en 383 ?Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice Re salut,
C'est là un débat récurent. Les relations entre les gens du continent et la province romaine de G. Bretagne sont largement prouvées depuis longtemps. Une bonne raison à cela : c'étaient de part et d'autre des citoyens romains. On peut même dire que, puisque c'est à Amiens que se trouvait le quartier général de Valentien Ier, et que c'est d'Amiens qu'est partie la reconquête de la G. Bretagne sous les ordres de Théodose l'Ancien, ayant parmi ses soldats son propre fils Théodose et le copain de celui-ci, Maxime, il est donc clair que les fédérés francs déjà installés en ce secteurs étaient aussi des alliés. Et si un personnage Franc, répondant au nom de Jubault, Chuchubault, ou Imbaldus, etc ... vivait à cette époque là , lui ou son père, il a donc connaître Maxime. C'étaient donc des alliés, répondant aux ordres du même empereur. Mais l'expédition de Maxime, correspondant à une proclamation, est donc à considérer comme un putsh, c'est à dire à l'ouverture d'une guerre civile, dans laquelle, on peut bien entendu trouver des partisans, anciens alliés, voir amis, dans des camps opposés. On peut trouver des Bretons contre des Bretons, des Gaulois contre des Gaulois, des Francs contre des Francs, etc ... Ce n'est là que du grand classique. Là , c'était une guerre entre 'Romains', et l'intention première de Maxime n'était pas de créer une Petite Bretagne en Gaule, mais de s'emparer du pouvoir impérial. Et pour cela, une seule méthode : aller au plus court, et au plus vite, avec la plus grande violence possible, car un échec est alors synonyme de mise à mort immédiate. C'était pas le moment de rester réciter des psaumes ou de faire de la poésie en mer d'Irlande pour attaquer la Gaule par l'extrême ouest, sur une côte pleine de cailloux, au risque de perdre au moins la moitié de son armée avant d'atterrir, pour s'emparer de Trèves, quartier général de la frontière du Rhin, à 1000 km de là ! JCE Dernière édition par Marc'heg an Avel le Mar 18 Nov, 2008 15:11, édité 1 fois.
"Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Ce n'est pas la seule d'ailleurs. Proximité linguistique entre l'ouest armoricain et le sud-ouest insulaire, contingents bretons dans l'armée régulière, et soldats-colons assimilables aux lètes et deditices germaniques mais peut-être d'un statut différent.
Oui, qui plus est Maxime a très bonne presse dans certaines dynasties insulaires du Haut Moyen Age, peut-être parce qu'il a contribué à les mettre au pouvoir vers 380 ; alors que Gildas par exemple le considère très, très mal, le targuant du nom de tyran et l'accusant d'avoir laissé l'île sans défense. http://letavia.canalblog.com
Letavia - Troupe de reconstitution des Bretons armoricains aux alentours de l'an 500. Benjamin Franckaert (Agraes/Morcant)
------------- Voilà donc un commencement de débat d'historiens ! Il ne s'agit pas de prendre un évènement ou une opinion au seul éclairage d'un seul parti, mais d'essayer de comprendre les raisons - aussi respectables les unes que les autres - des différents partis en question. L'Histoire est sacrée. Elle est ce qu'elle est, et nous ne pouvons rien y changer. L'Histoire doit être respectée pour ce qu'elle est, et non comme on aurait voulu qu'elle fût. Toute tentative de récupération de l' Histoire n'est qu'un mensonge en devenir. Ceci est valable pour toutes les histoires officielles, ou assénées par des autorités qu'on n'aurait pas le droit de contester. Autrement dit : Agraès, méfie toi ! Jean-Claude EVEN "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher hein ? J'aurais une question pour historien sérieux: Plusieurs textes disent que "Maxime a vidé la Bretagne de toute sa belle jeunesse et qu'elle n'est jamais revenue"... A combien d'hommes peut-on estimer cette armée conquérante, 10 000, 20 000, plus ? Combien de bateaux pour transporter tout ces guerriers avec (des fantassins dit P.R. GIOT) le matériel qui va avec ? Une véritable armada car pas question de faire des navettes ! Combien de temps pour rassembler tout cela ? Un tel rassemblement d'hommes et de vaisseaux ne serait pas passé inaperçu, les "services de renseignement" étaient déjà pointus. Donc Maxime avait des alliés de l'autre côté, très nombreux. Ces 10 000 ou 15 000 francs massacrés risquent fort d'être une surévaluation exponentielle d'une moindre résistance car s'il y avait eu autant de monde à l'attendre il n'aurait même pas pu débarquer. Je ne sais pas si "l'histoire est sacrée", encore faut-il qu'elle soit crédible et non mythifiée. Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Salut Muskull,
Ce sont là les questions de base ! Où, quand, comment, par où, par quel moyen, etc ... Il est certain que le trafic était fréquent entre la baie de Somme et le sud de la G.Bretagne, et qu'à chaque transfert de troupes, ça devait déplacer beaucoup de navires et de monde. -------- Pour l'effet de surprise, c'est une autre question déjà souvent évoquée aussi. En tout cas, Gratien ne semble pas avoir été informé, puisqu'il installe un quartier général à Milan pour aller combattre les Alamans en Rhétie, et que ce n'est que lorsqu'il se trouve en Rhétie qu'il apprend le débarquement de Maxime. Voici un extrait de François ZOSSO et Christian ZINGG : Les empereurs romains. 27 av. J.-C. / 476 ap. J.-C.. Editions Errance. 1994. "Dès 382, Gratien quitte Trêves pour Milan dont il fait sa nouvelle capitale. En juin 383, alors qu'il part combattre les Alamans en Rhétie, un officier espagnol, commandant de l'armée de Bretagne, Maxime, se fait proclamer empereur, après sa victoire sur les Pictes et les Scots. Cet usurpateur sait que les hauts dignitaires de l'armée méprisent Gratien, qu'ils le jugent faible, incapable, livré à ses conseillers, qu'ils ne supportent pas sa prédilection pour les barbares, pour ses archers alains notamment. Il n'ignore pas que les classes aisées de l'empire se rebellent contre la décision qu'il a prise, à la fin de l'hiver 383, de supprimer toutes les exemptions d'impôts dont elles jouissent et tous les privilèges qu'elles détiennent. Fort de cette opposition, il débarque en mer du Nord, aux bouches de Rhin. L'armée de Germanie le reconnaît immédiatement comme son empereur. Gratien se porte alors contre Maxime. La rencontre a lieu près de Paris. Mais son armée le trahit. Elle passe avec armes et bagages du côté de Maxime. Gratien n'a que le temps de fuir avec trois cents cavaliers alains qui lui sont restés fidèles. Il est rejoint à Lyon, le 15 août 383, par le général de la cavalerie, Andragathe. Fait prisonnier, il est exécuté le 25 août 383. Dixit Les historiens contemporains sont à peu près unanimes pour constater l'incapacité de Gratien. L'historien de l'Eglise, Rufin, dit de lui qu'il a été "plus pieux qu'utile à l'Etat". -------------- > Mer du Nord / Bouches du Rhin > Paris. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
"Questions de base" et "souvent évoqué" ne font pas une analyse.
Suivant ton dernier texte cité Maxime serait entré "comme dans du beurre" dans un pays déjà idéologiquement conquis. Pas besoin de venir avec une armée de conquête. S'il était un si grand ami de "l'armée de Germanie" pourquoi cette romantique opposition des francs et ces "10 000 morts" ? Les historiens romains de l'époque étaient en Orient, ils ont transmis ce qu'ils ont entendu, c'est à dire beaucoup de propagande... Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Zosime. Histoire nouvelle. Tome II. 2è partie (Livre IV). Traduction par François PASCHOUD. Belles Lettres. 1979.
Note de renvoi n° 171, page 412. (suite de la note 170). Aur. Vict. Epit. 47, 4). Eun. Hist. frg. 57 conserve quelques lignes consacrées à l'inexpérience de Gratien, à son ignorance des affaires publiques et au fait que la vie à la cour l'isolait du monde réel; elles s'inséraient sans doute dans le présent contexte. Amm. 31, 10, 18 sq. et PS. Aur. Vict. Epit. 47, 5 insistent aussi sur l'incapacité de Gratien comme empereur; caractère infantile, il était exposé sans défense à l'influence d'un entourage peu scrupuleux. Note 171. Zosime donne l'un des récits les plus détaillés du début de l'usurpation de Maxime. Sur ce personnage, cf. la notice fouillée de Ensslin dans RE XIV 2546-2555 [1930] (2546 sq. pour les événements racontés ici par Zosime), ainsi que PLRE I p. 588. Synthèse sur le début de son usurpation chez Seeck [2] V p. 165-167. Zosime seul dit que Maxime est d'origine espagnole. On l'accuse en général de commettre ensuite une confusion entre Théodose le Père et son fils l'empereur : c'est sous les ordres du père que Maxime aurait combattu en Bretagne (cf. Mendelssohn ad p. 191, 4; Ridley [2] p. 300). Mais le contexte semble bien indiquer que Maxime était jaloux de son ancien camarade, et que Zosime a commis l'erreur plus légère de ne pas préciser qu'il s'agissait de Théodose le futur empereur; c'est ainsi qu'interprètent ce passage Ensslin (cité supra) 2546 et Lippold [135] 839, qui considère comme vraisemblable que le futur empereur ait fait campagne sous les ordres de son père en Bretagne. Au moment où il fut proclamé empereur, Maxime était apparemment comes Brittaniarum (Ensslin 2546 sq.). Des sources plus tardives affirment que, bien loin d'attiser le mécontentement des soldats, il ne fut élevé à l'Empire que contre sa volonté : Sulp. Sev. Mart. 20, 3; Dial. 2, 6, 2; Oros. Hist. 7, 34, 9. Il semble qu'on soit là en présence d'une version lénifiante répandue ultérieurement par l'usurpateur lui-même. L'usurpation de Maxime commence à la fin du printemps ou au début de l'été de 383; sur la chronologie, cf. Seeck [2] V p. 497, sur p. 166, 3, et récemment L. Braccesi (Una nuova testimonianza su Magno Massimo. PP 23, 1968, p. 279-286), qui suggère contre Seeck, en se fondant sur une découverte épigraphique récente, une date de plusieurs mois antérieure pour l'usurpation; ce dernier article n'est malheureusement guère utilisable, car il est rempli de citations fausses et mal interprétées, et on y trouve même un passage de l'introduction moderne dans Migne cité comme un texte authentique tiré du Panégyrique de Pacatus (p. 283 et n. 15 et 16) ! on fera donc mieux de s'en tenir à la datation de Seeck. Une datation antérieure avait déjà été proposée auparavant par V. Grumel (Numismatique et histoire. L'époque valentinienne. REByz 12,1954, p. 7-31) p. 18, qui ne fournit cependant pas le moindre argument. La date tardive se déduit des faits et gestes de Gratien en 383; cf. infra n. 172. Zosime seul fournit les détails du début du paragr. 4; ils paraissent entièrement dignes de foi. Mendelssohn (ad p. 191, 1) relève que Zosime parle des « îles britanniques », au pluriel, pour éviter un hiatus. Pour l'emploi, tout au début du paragr. 4, d'un (Aur. Vict. Epit. 47, 4). Euii. Hist. frg. 57 conserve quelques lignes consacrées à l'inexpérience de Gratien, à son ignorance des affaires publiques et au fait que la vie à la cour l'isolait du monde réel; elles s'inséraient sans doute dans le présent contexte. Amm. 31, 10, 18 sq. et PS. Aur. Vict. Epit. 47, 5 insistent aussi sur l'incapacité de Gratien comme empereur ; caractère infantile, il était exposé sans défense à l'influence d'un entourage peu scrupuleux. Mendelssohn (ad p. 191, 1) relève que Zosime parle des « îles britanniques », au pluriel, pour éviter un hiatus. Pour l'emploi, tout au début du paragr. 4, d'un δε non précédé d'un μεν, cf. supra n. 13. Note 172. Discussion détaillée des problèmes soulevés par ces lignes dans mes Cinq études... [3] p. 80-93. J'en donne ici un bref résumé schématique : a) Activités de Gratien en 383 : depuis le printemps 381, il réside régulièrement en Italie du Nord, le plus souvent à Milan, où il se trouve en 383 du début de l'année au 2 mai. Il est ensuite le 16 juin à Vérone, puis passe le Brenner pour aller combattre des Alamans qui ont attaqué la Rhétie ; cf. Seeck [1] p. 256-262. 108 et [2] V p. 501, sur p. 168, 17; les sources anciennes sont Ambr. Epist. 18, 21; 24, 8; Apol. Dau. I 6, 27; Socr. 5, 11 PG LXVII 593 G; Soz. 7, 13, 1. Puisque Gratien part en guerre contre les Alamans en juin, il ignore encore à ce moment-là l'usurpation de Maxime. Cette nouvelle l'atteint apparemment en Rhétie; il interrompt aussitôt sa campagne contre les Alamans et marche contre Maxime pour défendre son trône. b) Combat entre Gratien et Maxime : la rencontre a lieu près de Paris (Prosp. Chron. I p. 461, 1183). Zosime est ici pour nous la source la plus détaillée; il nous révèle qu'il n'y a pas de véritable bataille, mais des escarmouches durant cinq jours, et que les troupes de Gratien abandonnèrent peu à peu l'empereur légitime, apparemment pour les mêmes raisons qui avaient déjà favorisé auparavant l'entreprise de Maxime (cf. 4, 35, 2 et 3) ; Gratien n'était du reste pas impopulaire dans l'armée seulement. Des mesures fiscales prises au début de 383 lui avaient aliéné les classes les plus riches; en 382, il s'était aussi attiré l'hostilité des païens en supprimant le budget des cultes païens à Rome et en faisant retirer de la Curie l'autel de la victoire (cf. Stein-Palanque (1) p. 201. Que tout le monde, quelques fidèles Alains mis à part ait soudain abandonné Gratien n'est donc pas particulièrement étonnant. -------------- etc. Il y a encore 2 pages de notes serrées comme celles-là . Je n'ai pas pour l'instant sous la main, le Panégyrique de Pacatus, ni l'ouvrage les Cinq études sur Zosime, par Fr. Paschoud. Je les aurai avant deux jours. -------------- Se basant sur ces propos, on est certain que Maxime a débarqué ailleurs que dans l'Aber Wrac'h ou en aucun autre point de la côte de la Petite Bretagne actuelle. Je crois, en toute honnêteté, et sans chercher à offenser personne, qu'on peut désormais, et définitivement, clore l'intermède de l'Aber-Wrac'h. On peut se demander aussi pourquoi, si tout le monde était d'accord avec lui contre Gratien, les Francs se sont opposés au débarquement, et pourquoi Maxime a fait raser des villes hostiles (cf. Arras). JCE (nb : curieux problème de postage : le texte est apparu en double, d'où une relecture et correction). Dernière édition par Marc'heg an Avel le Mar 18 Nov, 2008 22:03, édité 1 fois.
------------ François PASCHOUD, spécialiste de Zosime, écrit à la fin de sa note de renvoi n° 172 e, in fine : "Ce qu'il faut relever pour conclure, c'est que si ce passage (lieu de l'assassinat de Gratien) de Zosime est défiguré par de graves confusions et une falsification voulue, il est néanmoins clair qu'il fournit le récit le plus détaillé de ces évènements et qu'il se fonde sur une source primaire fort bien informée (relevé par Seeck (2) V p. 50à , sur p. 167,32)" ------------ Le mieux serait que chacun lise les travaux de Fr. Paschoud, avant de répondre sur des passages par définition incomplets. Je n'ai pas l'intention de scanner l'ensemble des livres publiés par les Belles Lettres. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
A noter que Zosime reprend les écrits d'Eunapius et d'Olympiodore.
Voilà le passage intéressant l'expédition de Maxime (recopié à partir de Les Origines de la Bretagne de Léon Fleuriot). (Livre 4,35) "Maximus, Espagnol de nation, qui avait été en Bretagne compagnon d'armes du prince Théodose, excitait encore plus (les soldats de l'île). Ce Maximus, supportant très mal qu'on eut jugé ce Théodose digne de l'Empire et qu'il ne fût lui-même pas parvenu à un poste honorable, poussait davantage encore les soldats à la haine de l'empereur. Ceux-ci, facilement poussés à la sédition, proclament Maxime empereur, et lui ayant donné la pourpre avec le diadème, ayant rapidement passé l'Océan avec des navires, atterrirent à l'embouchure du Rhin. Les armées qui étaient en Germanie et dans les régions voisines approuvent très volontiers cette désignation. Gratianus se présente pour leur livrer bataille, car une part assez importante de l'armée restait de son côté. Quand les troupes opposées se furent rapprochées, il y eut pendant cinq jours des escarmouches. Mais Gratianus, ayant vu en premier lieu toute la cavalerie maure faire défection, acclamer Maximus du nom d'Auguste et ensuite d'autres, peu à peu, passer du côté de Maximus, la situation étant désespérée, ayant pris avec lui trois cent cavaliers, fuit au galop avec eux vers les Alpes, et, comme il n'avait pas trouvé de refuges bien défendus, il se dirige vers la Rhétie, le Norique, la Pannonie et la Mésie Supérieure. Maximus, préoccupé de cette fuite, envoie son maître de la cavalerie, originaire du Pont Euxin, Andragathius, qui semblait très dévoué à sa personne, avec des chevaux résistants, à la poursuite du fugitif. Il le rejoint alors qu'il allait franchir le pont de Singidunum et de cette façon il rendit l'empire plus assuré pour Maxime." A chacun de se faire son idée sur l'une des sources les plus complètes sur le sujet. Autres sources : voir Ausone (précepteur de Gratien), le Code Théodosien, Orose (né vers 390, Espagnol), panégyrique de Théodose par Pacatus, Sozomène, Sulpice Sévère, Gildas, etc. On en a aussi mention dans l'Historia Brittonum compilée au IXe siècle, et déjà un ouvrage problématique sur certains points.
Il me semble qu'on en a justement pas mention de ces 10000 Francs en dehors du texte de l'HRB, dont on a déjà parlé ci-avant de la valeur historique. Je me permet au passage de vous souscrire le passage concernant Maxime de la fiche de lecture que j'ai réalisée à partir de la thèse de Soazick Kerneis, "Les Celtiques : Servitude et Grandeur des Auxiliaires Bretons sous l'Empire Romain". Thèse très intéressante même si je suis loin d'être d'accord avec une partie des points soulevés par l'auteur, notamment ceux portant sur les noms des pagi.
Le reste est accessible par ici : http://magister.olympe-network.com/foru ... f=39&t=167 Un bonus... Le buste de l'usurpateur. http://letavia.canalblog.com
Letavia - Troupe de reconstitution des Bretons armoricains aux alentours de l'an 500. Benjamin Franckaert (Agraes/Morcant)
Salut,
Je reviens sur la discussion des "Gaulois et Aquitains harassant Conan". J'avais répondu, rapidement, qu'il s'agissait d' Armoricains. J'ai donc recompulsé mes données, et ai complété ma page sur Rouen (sur Seine). Voici les étymologies trouvées du nom de cette ville importante du nord de la Gaule romaine, avec leurs références : * Nancy Gauthier et Michel Fixot (Topographie chrétienne des cités de la Gaule, des origines au milieu du VIIIè siècle. Livre IX. Province écclésiastique de Rouen / Lugdunensis Secunda. 1996) : RATOMAGOS (Ptolémée, II, 8, 5); RATUMAGUS (Itinéraire d'Antonin; Table de Peutinger); CIVITAS ROTOMAGENSIUM (Concile d'Arles, 314; ps.-concile de Cologne, 346; Innocent Ier, Ep.2; Notitia Galliarum, II,2); ROTOMAGI (Ammien, XV, 11, 6); ROTOMAGENSIS CIVITAS (Victrice); ROTOMAGUM (Paulin de Nole, Ep. 18; Notitita Dignitatum); Chef-lieu de la nouvelle "Cité des Rouennais" (Gauthier, 5, p. 11), capitale de la deuxième Lyonnaise dans le diocèse des Gaules; CIVITAS ROTOMAGENSIS (concile de Tours en 461, d'Orléans en 538 et 541, de Tours en 567, de Mâcon en R85); ROTOMAO (Concile d'Orléans en 511); RHOTOMAGINSIS URBS, RODOMAGINSIS CIVITAS, RODOMAGO (Grégoire de Tours, HF, IV, 51; V, 18; VIII, 31 et 41; V, 1; V, 2); CIVITAS RODOMAGUM (concile de Paris en 614); RHOTOMO, ROTHOMAO (Frédégaire; cf. ecclesia Rotomensis au concile de Chalon-sur-Saône en 647/653); ROTHOMAGINSIS, ROTHOMACUM CIVITAS (Liber Historiae Francorum); ROTOMO, ROTOMO CIV(ITAS) (monnaies, Lafaurie (5) p. 112; Prou, p. 60-64); RODOMOS (lettre du pape Zacharie à Boniface de Mayence en 742); RODOMOS (diplôme de Charlemagne du 27 mars 779; (D)); CIVITAS RODOMAGENSIS, RODOMO (Vita S. Eligii, II, 2); ROTOMANGENSIS URBS (F). JCE : Ratomagos, Ptol; Rodomacus, N.T; Ratumagus, Rattumagus Peut.; Ratomago, I.A; Rotomagus, Ratomago, Ammien; Rotomago, N.D; (in) Rodomo, D.K 779; Rotumam (irruentes), A.B IXè; Ruem, Cam 14 vers 1130; Roem, 1285; Roan sur Sainne, C.C.N.F 1304-6; Roan, Civ. orbis terr. 1572). ---------------- On observera donc que l'auteur intercale la précision : capitale de la Deuxième Lyonnaise dans le diocèse des Gaules. Or, Rouen fut la capitale de la province lyonnaise IIème dioclétienne, comprenant, à cette époque, l'ensemble des deux provinces à venir : lyonnaise II (Rouen), et Lyonnaise IIIè (Tours). Cette Deuxième Lyonnaise désignait tout simplement l'Armorique romaine = province riveraine de la Manche. Armoricaine par sa situation géographique, elle n'en demeurait pas moins gauloise en ce qui concernant les diocèses. Quand Maxime débarque, les Armoricains ne sont que des Gaulois comme les autres, à ceci différent qu'ils habitent dans la province qui touche à la Manche. L'argument de la Lyonnaise IIIè ne tient pas, puisque c'est Maxime qui l'a créée ensuite, tout comme la Lyonnaise IVè, capitale Sens, appelée, pendant un temps : Maxima Lugdunensis, précisément du nom de Maxime. Dans la formule : Gaulois et Aquitains, il faut donc, sauf preuve du contraire, inclure aussi les Armoricains, qui sont des Gaulois. -------------- Accessoirement, on verra aussi les formes les plus récentes du nom de Rouen. Je vais donc aussi vous mettre en face les formes de Rennes, à cette époque. Désolé pour ceux qui avaient déjà la migraine. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Bonjour,
Pour ce qui concerne la recherche d'un port de départ, en G. Bretagne, je conseille aux stratèges de se procurer la carte internationale INT 1072, publiée par le SHOM : Manche (Partie est), n° 7312, des Casquets au Pas de Calais. Si le chemin le plus court reste celui déjà désigné par Jules César, à savoir Boulogne / Douvres, il s'avère que le plus 'confortable' reste St Valery / Pevensey. A mon avis, Chichester / Portsmouth se trouve trop à l'ouest, au moins pour une flotte d'assaut. Il peut très bien avoir été utilisé pour les renforts. Ce port était le plus important du sud de la G.B. (cf Asclépiodote contre Allectus). Il n'y a pas de port de guerre à l'ouest. Pour les systèmes des marées, voir, pour exemple, la classification moderne des zones maritimes : Manche Ouest - Manche Est, Sandettie. Les deux secondes correspondent au Litus saxonicus per Britanniam, et au système des marées des "Bouches du Rhin". J. Gerbaud et A. Guellaff : Navigation et croisière côtières. Spi Ouest-France. 1993. page 90. Pour les courants de marées, dans le détail, heure par heure : Courants de marées. 13 cartes heure par heure. Réf C1, par Alain Maupas. SHOM. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Merci Agraes pour toutes ces précisions C'est sûr que des "escarmouches pendant 5 jours" c'est très différent de 10 000 morts francs et de villes rasées jusqu'aux fondations. Les dynasties galloises se réclamant de Maxime n'ont pas fait dans la dentelle plusieurs siècles plus tard. Les Rohan étaient à bonne école Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
Salut Muskull,
Je pense qu'il faut dissocier le débarquement lui-même de la confrontation qui a suivi près de Paris. Les conditions ne sont plus les mêmes. Une fois avoir établi sa tête de pont, Maxime a 'bétonné' ses positions pour assurer ses arrières. Etant assuré de la passivité favorable des légions du Rhin, il n'avait donc pas besoin de s'emparer de Trèves tout de suite. Amiens était tombée. Apparemment Arras avait été anéantie (preuves archéologiques à l'appui !). Il lui restait donc Paris, devenue résidence impériale depuis Julien. Rouen était tombée ou tenue en respect. Donc, la bataille du débarquement s'apparente au schéma du 6 juin 44 : c'est du 'rentre dedans', avec grosses pertes de part et d'autre. On a repéré un gisement de 10000 tombes à Noyelles sur Mer. C'est encore une énigme. Doit-on le rattacher à ce débarquement, ou à autre chose ? Question ouverte. A Paris, Gratien était dans de sales draps. C'était lui, désormais, l'indésirable, à tel point que la plupart de son armée est passée à l'adversaire. Seule ressource : la fuite vers l'Italie. Pour lui, ça s'est arrêté à Lyon. JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Ave,
Voici un extrait d'une autre de mes études : Histoire des Bretons ..., publiée aussi sur Internet. chapitre XV : ----------- 3. Maxime contre Gratien Gratien, l'empereur, quitte le front de Rhétie en toute hâte pour se porter à la rencontre de Maxime et l'anéantir rapidement, ce qui pour lui et le reste de la famille impériale ne fait aucun doute. La confrontation se fait tout près de Lutetia / Paris. Selon les divisions territoriales du moment, on peut penser à un lieu près de Pontoise, ou peut-être de Pont Sainte Maxence. Dans les faits, et contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, il n'y a pas de grande bataille rangée entre les deux armées. Celles-ci ne s'affrontent que par escarmouches pendant trois jours, sans vouloir s'engager plus avant. Que se passe t-il alors en sous-main ? on ne le sait. Toujours est-il qu'au bout de trois jours, une partie de l'armée de Gratien, en particulier des cavaliers Maures, changent de camp et se rangent du côté de Maxime. La configuration de la confrontation en est donc totalement modifiée et Gratien, qui sent que la partie n'est pas bonne, abandonne le terrain et s'enfuit en direction de Lugdunum / Lyon avec les trois cent cavaliers qui lui restent fidèles. Maxime donne l'ordre à Andragathios, son magister equitum / commandant de cavalerie, de le prendre en chasse. Gratien est rattrapé à Lyon, reconnu, et exécuté sur le champ, le vendredi 25 août 383. Il est âgé de 24 ans. L'un de ses fidèles lieutenants, son propre magister equitum, un Franc du nom de Balio, ou Valio, est capturé et brûlé vif à Chalon. Débarrassé de l'empereur et de ses officiers principaux, Maxime fonce sur Augusta Treverorum / Trèves, quartier général de la Garde du Rhin, qui se rend sans résistance, et où il reçoit la soumission des légions d'Occident : Bretagne, Gaule, Espagne, Germanie romaine, et l'Afrique romaine de l'ouest. Proclamé auguste / empereur en Occident, Maxime s'empresse d'élever son tout jeune fils Flavius Victor à la dignité de césar, un bébé de deux ans à peine. --------------- C'était pas conseillé d'être un Franc fidèle de Gratien. Ca sentait le roussi. Plus tard, c'est au Franc Arbogast que Théodose confiera la mission d'aller à Trèves exécuter le fils de Maxime, le tout jeune Victor, encore enfant. JCE Dernière édition par Marc'heg an Avel le Mer 19 Nov, 2008 14:22, édité 1 fois.
"Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Ave,
Nous avons parlé du début de l'épopée de Maxime. Nous pouvons donc évoquer aussi sa fin. Voici donc le paragraphe 6 du chapitre XV de mon étude : Histoire des Bretons ... ---------------- 6. Guerre entre Maxime et Théodose L'entente entre Maxime et Théodose ne dure pas bien longtemps. Maxime tente de jouer d'influence sur le tout jeune empereur Valentinien II. Celui-ci délègue alors auprès de Maxime, à Trèves, un plénipotentiaire du nom de Domninus. Celui-ci, rempli de promesses rassurantes de la part de Maxime, rentre en Italie. Mais la tentation est trop grande et la faiblesse de Valentinien II tellement évidente que, passant outre la mise en garde de Théodose, Maxime pénètre en Italie à la fin de l'année 387, après avoir proclamé auguste / empereur son fils Flavius Victor qu'il laisse à Trèves sous la garde des généraux Quintinus et Nannienus. Les textes dont nous disposons disent que ce sont Conan et Adeon, avec leurs Bretons Segusientes, qui obtiennent la reddition de Rome pour le compte de Maxime. Le jeune Valentinien II, sa sœur Galla, et leur mère l'impératrice Justine ont tout juste le temps de s'enfuir par la mer à Brindisi et de se réfugier à Thessalonique, capitale de la Macédoine L'impératrice mère, Justine ne perd pas le nord pour autant, c'est le moins que l'on puisse dire. En effet, Théodose a perdu sa femme, Aelia Flacilla, à l'automne 386, avant d'avoir perdu peu de temps auparavant aussi sa fille Pulchérie. Il lui reste son fils Arcadius, qu'il a fait auguste / empereur le jeudi 19 janvier 383. L'impératrice mère Justine propose alors en mariage à l'empereur veuf sa propre fille Galla. Marché conclut, si l'on peut dire ! A l'automne 387, l'empereur d'Orient, Théodose Ier, épouse Galla, la soeur de Valentinien II, empereur d'Italie, berceau sacré et cœur de l'Empire, et d'Illyrie. Il devient par le fait le beau-frère de Valentinien II, le gendre de Justine, ... et leur obligé. Bien joué, Justine ! La guerre est donc devenue inévitable entre les deux empereurs. L'une des premières victimes du conflit est le Franc Méraubode, maître de la milice et allié de Théodose. Il est étranglé chez lui par des exécuteurs bretons. Théodose, réitérant les méthodes de Constance, s'assure la neutralité des pays frontaliers de l'Orient, soudoie des Francs barbares qui se font un plaisir d'attaquer Quintinus et Nannienus sur le Rhin, et groupe lui-même une armée dans laquelle il enrôle un grand nombre de Barbares de l'est, tels des Huns, des Goths, et des Alains. Il confie deux corps d'armées aux généraux de race franque Richomer et Arbogast et se réserve pour lui-même le troisième corps. Partant de Thessalonique au printemps 388, après un parcours long et éprouvant, son armée pénètre en Pannonie par la vallée du Vardar. Maxime le devance en Pannonie et parvient à Siscia / Osijek, sur la rivière Sava et les deux armées s'affrontent aussitôt. Là , malgré la défection d'une partie de l'armée ennemie, Maxime est écrasé par Théodose. Ce dernier se porte alors à la rencontre du deuxième corps d'armée de Maxime, en réserve, et commandée par Marcellinus, le frère de Maxime. Là aussi, et malgré une résistance des plus héroïques, Marcellin est écrasé à son tour à Poetovio / Ptju, sur la rivière Drava, en Pannonie supérieure. Marcellin ayant péri dans les combats, les survivants de son armée baissent leurs étendards et se rendent à Théodose qui les incorpore aussitôt dans sa propre armée comme condition de pardon et de la vie sauve Devant ce double désastre, Maxime s'enfuit vers l'Italie avec sa garde Maure, et s'enferme dans Aquilea / Aquilée, ville située au fond de l'Adriatique. Théodose part à sa poursuite, et après s'être arrêté à Hemona / Ljubljana pour en recevoir la reddition il arrive à son tour devant Aquilée, dont il établit aussitôt le siège. Maxime, qui ne dispose plus d'armée et qui se rend bien compte qu'il ne peut attendre des renforts de Gaule, est contraint lui aussi à la reddition. Il sort de la ville et va demander la clémence de son vainqueur, arguant que s'est contre son gré et poussé par de mauvais conseillers qu'il avait entrepris cette guerre. Mais Théodose, après un moment d'hésitation, puis cédant aux exigences de ses officiers, ordonne l'exécution immédiate des prisonniers. Maxime est alors immédiatement dépouillé de ses insignes impériaux, et décapité en même temps que toute sa garde maure. Nous sommes le lundi 28 août 388. Pour parfaire sa victoire, Théodose ordonne l'abolition de tous les privilèges décernés précédemment par Maxime, et donne l'ordre de rechercher et de mettre à mort le jeune Victor, le fils de Maxime. La sentence est exécutée par le chef Franc Arbogast qui, après avoir capturé Victor, le fait étrangler. C'était encore un enfant, il n'avait pas plus de sept ans. Mais c'était la règle romaine ! Dix mois plus tard, le mercredi 13 juin 389, Théodose fait une entrée triomphale à Rome, en compagnie de son fils Honorius et du jeune Valentinien II auquel il rend son empire Le 14 juin, tous les biens de Maxime et de ses amis sont confisqués à Trèves. Ainsi se clôt l'épopée de Magnus Clemens Maximus Augustus, que les textes épiques gallois appelleront plus tard Maxen Wledig. ------------------ On constate donc que la garde maure de Maxime, peut-être celle-là même qui l'avait rallié en trahissant Gratien, a été exécutée en même temps que lui, à Aquilée, le lundi 28 août 388. Question en suspend : on ne sait pas s'il faisait beau ou s'il pleuvait ! On ne peut pas tout savoir. Même moi ! C'est pour dire ! ------------------- Qu'on est loin de Pors Moalec, en Plouguerneau ou à côté ! ------------------- Faut pas prendre mes commentaires au premier degré. Au 12° non plus, d'ailleurs ! JCE "Apprends tout et tu verras que rien n'est superflu".
Hugues de Saint-Victor.
Retourner vers La 'foire à tout' Qui est en ligneUtilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 49 invités
Accueil |
Forum |
Livre d'or |
Infos Lègales |
Contact
Site protégé. Utilisation soumise à autorisation Conception : Guillaume Roussel - Copyright © 1999/2009 - Tous droits rèservès - Dèpôts INPI / IDDN / CNIL(1006349) / SCAM(2006020105) |