Les tyrans, une aristocratie bretonne

[tai_gong_wang]

Tyran est un terme énigmatique et il semble désigner l'aristocratie urbaine présente en Bretagne, du moins au départ.
Ce sont les tyrans qui auraient chassé les fidèles de Constantin III de l'administration civile et militaire de la Bretagne romaine, du fait de leur soutient envers l'empereur Honorius. Entre 408 et 417, il semble avoir un vide politique que ceux - ci vont essayé d'atténuer en attendant le retour d'une administration romaine crédible. Un retour trop court ne durant que trois ans entre 417 et 420.
Le pouvoir semble alors être passé entre les mains des dirigeants des civitates qui vont devenir les futurs royaumes bretons.
Ces tyrans pouvaient être des décurions qui s'efforçaient de gérer de vastes propriétés de campagne tout en veillant à l'entretien des centres urbains qui accueillaient les assemblées politiques, servaient de marché à leurs produits et même de refuge fortifié en cas de danger.
Ils défendaient leurs villes à l'aide de milices et de mercenaires. Ils réunirent au moins une fois un conseil, peut être provincial, comme le conseil des Gaules rétablit en 418, pour traiter d'un problème affectant plusieurs districts de Bretagne. Leur pouvoir et leur importance étaient surtout locaux.
Les tyrans sont sans doute des citoyens romains ayant simplement étendu leur pouvoir. Ils s'accordent des titres romains ronflants comme rector, iudex, magistratus. Il semble que ces titres se soient transmis de père en fils.
A partir de 410, les tyrans qui semblent dominer le paysage politique sont surtout ceux qui vivent dans dans des places fortes en zone rurale. Sans doute plus défendable qu'une ville et plus proche de leurs possessions terriennes.
La population locale les percevaient comme des seigneurs dans le sens féodal plus tardif du terme. Ils devaient apparaître comme des tyrans illégitimes, des usurpateurs.
Merci !

[Gwalchafed]

Tyran désigne en grec une personne qui détient le pouvoir sans en avoir réellement la légitimité ; ce n'est pas un terme énigmatique. AU départ, il ne semble pas y avoir la moindre connotation péjorative, c'est simplement un descriptif de la manière dont le pouvoir est obtenu.

C'est l'assimilation par certains tyran = tigern, tiern, qui est énigmatique.

Quelles sont tes sources concernant le retour de l'administration entre 417 et 420, et la tenue d'un conseil provincial ?
(Non que ce ne soit pas plausible, au contraire, mais je n'en ai jamais entendu parler...)

[tai_gong_wang]

Tu fais très bien de signaler le fait qu'au départ le tyran est une fonction grecque, qui n'avait rien à voir avec le caractère despotique qu'on lui accole aujourd'hui.
Et tu as tout a fait raison de dire que la traduction de tiern en tyran est plutôt énigmatique.
Pour la restauration de l'administration romaine entre 417 et 420, elle semble plus militaire que civile. Elle concorde avec la fin de la commande de Comes Britanniarum en 420. Pour l'administration civile, Honorius semble avoir fait confiance aux civitates bretonnes.
Pour mes sources, j'ai utilisé Christopher Snyder, An Age of Tyrants: Britain and the Britons, AD 400-600 (publié en 1998) et du même auteur A la recherche du roi Arthur ( 2001 ) et un article de Vortigern Studies, d'autres encore.
Merci !

[ejds]

On en a un peu débattu sur les variantes de gouvernements dans l'Antiquité : Classe social du roi.

ΔΕΣΠΟΤΗΣ (despotès) sens en grec ancien : maître, despote.

ΤΥΡΑΝΝΟΣ (tyrannos) sens en grec ancien : maître absolu, tyran.

Une longue période d’agitation permit à un noble, Pisistrate (v. 600-527 av. J.-C.), de s’emparer du pouvoir et d’exercer la tyrannie à Athènes. La tyrannie est une forme de gouvernement à la fois monarchique et démocratique : monarchique, puisque le tyran à une autorité illimitée qu’il appuie sur une garde de mercenaires… ; démocratique puisqu’il s’aide des classes inférieures pour s’emparer du pouvoir, qu’il frappe l’aristocratie, qu’il travaille au bien-être et à la prospérité du peuple (source : La Grèce antique et la vie grecque, A. Jardé, Librairie Delagrave, 298 pages, pp. 175-6).

Plus particulièrement Vortigen sera cité par Gildas, à tort ou à raison, "superbus tyrannus".

Reste à savoir si, selon les circonstances, la plupart des chefs bretons, tiern ou marc’h tiern... (chef à cheval), s’étaient autoproclamés par la brutalité ou étaient élus pour leurs capacités et compétences politiques par leurs communautés, qui décidèrent de rester dans l'île de Bretagne ou de migrer vers le continent.

e.

[Agraes]

Reste à savoir si, selon les circonstances, la plupart des chefs bretons, tiern ou marc’h tiern (chef à cheval), s’étaient autoproclamés par la brutalité ou étaient élus pour leurs capacités et compétences politiques par leurs communautés, qui décidèrent de rester dans l'île de Bretagne ou de migrer vers le continent.

e.

Fleuriot avait donné une signification toute différente à la fonction de machtiern, le traduisant littéralement par "chef-gageur", rapport à sa fonction de "juge privé" au sein de la société bretonne armoricaine du IXe siècle pour ce que nous en disent les riches chartes des cartulaires, en tête celui de Redon.

[André-Yves Bourgès]

Plus particulièrement Vortigen sera cité par Gildas, à tort ou à raison, "superbus tyrannus".

Superbus tyrannus rend assez bien le nom Vortigern, qui n'est peut-être comme dans le cas de Riotham/Riothim qu'un titre formant surnom.

Et voir aussi le cas de Marcus [Aurelius] Commorus/Con(o)morus.

Cordialement,

André-Yves Bourgès