http://forum.arbre-celtique.com

Forum consacré à l'étude de la civilisation celtique

Vers le contenu


Recherche avancée

  • Menu
  •  Index du forum Index
     FAQ FAQ
     M’enregistrer M’enregistrer
     Se connecter Connexion
  • Liens
  •   L'Arbre Celtique
      L'encyclopédie
      Forum
      Charte du forum
      Le livre d'or
      Le Bénévole
      Le Troll
  • Annonces

  • Gaule
    Orient
    Express
  • Publicités
  • Recherche Google
  •  Google

  • Index du forum ‹ La civilisation celtique antique ‹ Linguistique
  • Modifier la taille de la police
  • Imprimer le sujet
  • FAQ
  • M’enregistrer
  • Se connecter

Cherche symbolique de dessin celte

Forum consacré à la linguistique ainsi qu'à la toponymie...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

Répondre
143 messages • Page 9 sur 10 • 1 ... 6, 7, 8, 9, 10

Messagede ejds » Mer 04 Mar, 2009 13:03

Patrice a écrit:
les parlers populaires bretons -j'évite à dessein le mot "dialectes", trop galvaudé à mon sens

C'est avec des affirmations comme qu'hélas, aussi, on va dans l'absurde.

"Dialecte", ça fait trop langue africaine?
Pourtant c'est un terme accepté pour la langue française et ses composantes, qualifiées de dialectes ou patois (les deux termes sont synonymes).

Le terme "parler" désigne une forme encore plus spécifiquement locale, voire réduite à une simple paroisse.

Revoir à ce sujet le fil l’emploi des mots et des synonymes soyez mesuré.

Rien d’absurde en cela, qu’en on sait que les quelques grandes variantes de langues bretonnes ayant « submergées » les territoires continentaux près de la mer ou Armorique au Vème, VIème siècles. On sait que les vagues de migrations sur plusieurs décennies, si ce n’est centuries, ce sont faites dans les deux sens. Et on sait aussi que les Bretons de par leur appartenance à l'Empire étaient amenés à bouger et côtoyer pendant près de cinq siècles, de par leurs métiers (fonctionnaires, administrateurs, commerçants, militaires, religieux... ), les autres langues et peuples de l'Empire.

Et il n’existait pas à l’époque suffisamment de documents écrits et surtout d'enregistrements sonores pour prouver qu’ils y avaient ou qu'ils n'y avaient pas de dialectes, patois, parler… locaux.

Il semble pourtant que par endroit, et tout récemment encore durant les grandes foires, marchés... les paysans de différentes régions, qui, du fait de leurs éloignement ou repliées en parfaite autarcie dans des vallées encaissées... avaient fini par développer un nouveau parler et avaient parfois du mal à se comprendre ; non seulement du fait de l'accent prononcé, du débit, mais aussi des termes traditionnels employés. Ainsi, il y a peu A hue et à dia !, le commandement au cheval.

Gwenedal a écrit:Thierry, je pense qu'il y a un malentendu : Naoned, Roazhon et consorts sont des formes attestées en langue bretonne qui résultent d'une évolution linguistique commencée à la fin de l'Antiquité, différentes des formes romanes. Il ne s'agit aucunement de "traductions récentes" (!).

Le réemploi et transformation écrite des noms des grandes villes gallo-romaines existantes sont toujours une anomalie et énigme dans la refonte comme de mémoire, « à l’entendement » ; alors qu’il aurait suffit de recopier sur les nouvelles cartes géographiques, et sans faire de fautes, les noms des pays, régions, lieux, mers, cours d’eaux….

Il est évident que le morcellement, l'émiettement et érosion constante des anciennes langues, — et pour certaines de leurs écritures —, de même que la naissance de nouvelles langues par métissage n’est pas le fait du hasard, mais du brassage des peuples et de l’éducation. Surtout de ce qui est transmis au foyer par les parents et surtout présenté une fois franchi la porte de l'école comme langues incontournables, principalement d'un fait pratique et économique, du présent et de l’avenir. Pour exemple :

Image a écrit:2500 langues en danger dans le monde, dont 8 idiomes suisses

Quelque 2500 des 6000 langues parlées dans le monde sont en danger, a averti l'Unesco. Parmi elles figurent huit langues parlées en Suisse. Le nombre des idiomes menacés a été multiplié par quatre depuis la première publication de l'Atlas international des langues en péril, en 1996.

ats - le 19 février 2009, 22h20

http://www.lematin.ch/flash-info/2500-l ... es-suisses

Quelque 2500 des 6000 langues parlées dans le monde sont en danger, a averti l'Unesco. Parmi elles figurent huit langues parlées en Suisse. Le nombre des idiomes menacés a été multiplié par quatre depuis la première publication de l'Atlas international des langues en péril, en 1996.

En Suisse, la langue la plus menacée est le franc-comtois. Cet idiome, parlé dans le nord de la France et le Jura, est considéré comme "sérieusement en danger", soit le troisième degré d'une échelle de cinq.

Le rhéto-romanche, le francoprovençal (Vaud), le Lombard (Tessin et Grisons), le bavarois (parlé à Samnaun, dans les Grisons), le yiddisch et la langue tzigane Sinti sont considérés comme "en danger", soit le deuxième degré de cette échelle. La langue "alémanique" est quant à elle "vulnérable".

Cette hausse ne signifie toutefois pas "une aggravation de la situation", a observé Françoise Rivière, sous-directrice générale de l'Unesco. "Notre base s'est élargie, notre méthodologie s'est développé et nous couvrons mieux les terrains".

L'Inde (196), les Etats-Unis (192), l'Indonésie (147), la Chine (144), le Mexique (144) et la Russie (136) sont les pays où il y a le plus de langues en péril.

Le linguiste australien Christopher Moseley, qui a dirigé l'équipe de 25 chercheurs, a noté un "paradoxe" selon lequel "plus grande est la diversité linguistique, plus grand est le nombre de langues en péril".

Les facteurs "militaire" quand il y a "volonté d'éradiquer la vision du monde d'un groupe" et "psychologique" avec la "volonté d'un groupe de se soumettre à la langue dominante" expliquent la menace sur les langues.

En plus des politiques éducatives, la pratique est le meilleur moyen de préserver les langues de ces menaces. "Le plus important est de redonner la fierté de parler une langue car il y a tout un univers qui va avec une langue", a estimé Mme Rivière.


Image a écrit:Le cauchois n'est pas mort
Pour une langue normande


La littérature cauchoise s'étoffe d'année en année avec les travaux d'écriture effectués par les membres de l'Université rurale cauchoise

http://www.paris-normandie.fr/index.php ... e_normande

Le parler cauchois est un régal à entendre pour les gens de la ville… Les intonations sont croustillantes, le vocabulaire est fleuri et sonne bon l'accent du terroir. Il faut aussi tendre l'oreille pour adapter au vocabulaire actuel quelques mots disparus depuis longtemps.

Il suffit d'écouter Cécile Malandin, véritable Cauchoise, membre de l'Université rurale cauchoise, s'exprimer et défendre avec ferveur les arguments de son parler. Traduction : « Nous observons la nature, les choses de la vie paysanne et nous savons les exprimer, même si nous n'avons pas fait beaucoup d'études. »

Le cauchois est un patois à tradition orale, comme l'explique Emile-Henri Chamaron, vice-président de l'université. « C'est un dérivé du latin et se sont ajoutés des mots d'origine nordique. Il y a très peu de mots gaulois. C'est un langage paysan qui était parlé dans des régions où la tradition orale était très forte. Pour exemple, certains ménestrels du Moyen-Age jouaient des pièces de théâtre sans savoir écrire. » C'est aussi pour cela que le cauchois est aussi gestuel.

Ce patois s'est unifié en Haute et Basse Normandie ainsi que dans les îles anglo-normandes. Cependant, il existe des variantes dans le vocabulaire et la prononciation des mots.

« Ce parler rural a traversé les siècles malgré les interdictions décrétées comme ce fut le cas pendant la révolution ou l'abbé Grégoire voulait détruire les patois locaux et régionaux. »

Manuscrits ou éditions publiés sous le manteau, toujours est-il que le cauchois existe toujours et maintenant des hommes et des femmes passionnées par l'histoire locale mettent au jour ce langage ancestral.

« Le premier ouvrage publié en langue normande est l'histoire de Rou (Rollon). Elle a été écrite par Robert Wace au XIIe siècle, racontant l'épopée des ducs de Normandie. »

Au fil des siècles, les textes et les recueils forment désormais une littérature cauchoise qui observe la vie des gens.

L.P

Le cauchois est un dérivé du latin avec peu de mots gaulois.


DES ACTIONS DIVERSES

Université dynamique
L'Université rurale cauchoise aide à publier des recueils de textes cauchois et s'associe aux actions de défense du patrimoine normand. Présente aux journées du parler normand de Montfort-sur-Risle, elle a aussi participé à un colloque à l'université de Rennes.

L'un des objectifs de l'Université rurale cauchoise est la mise en place d'une langue normande qui couvrirait la Basse et la Haute Normandie.

C'est le rêve de ses membres qui prennent pour exemple la région du Languedoc où dix-huit écoles et deux collèges dispensent un enseignement occitan. En Normandie, quelques tentatives ont avorté au début des années 2000. Une option facultative du parler normand que les étudiants pouvaient prendre a été abandonnée en juin 2001. Le travail des membres de l'université consiste à recueillir un maximum de textes.

A ce jour, 4.000 pages écrites en cauchois ont été publiées et la création de l'atelier d'écriture par Gérard Lozay a permis à ses membres de fonder un lexique cauchois regroupant plus de 6.000 mots.

« Il faut savoir qu'il existe des variantes selon les régions et nous essayons de former un langage unifié au territoire normand. » Comme le cauchois est avant tout parlé et non écrit, les textes sont désormais lus et enregistrés afin justement de comparer les prononciations. Pour cela, Séverine Courard va poursuivre une enquête auprès de natifs de villages de Seine-Maritime et de l'Eure afin de déterminer les apports respectifs des parlers pour établir une sorte d'atlas linguistique.

UN BULLETIN REFAIT

Nouvelle série

Le bulletin de l'Université rurale est ressorti après quatre ans d'absence. De nouveaux membres se sont attachés à cette nouvelle série comprenant 12 pages avec, bien entendu, quelques textes publiés en cauchois.

Contacts
L'Université rurale cauchoise comprend une trentaine de membres et accueille toutes les personnes intéressées. Elle se réunit le 2e samedi après-midi de chaque mois dans la salle d'administration du lycée agricole d'Yvetot. Pour y entrer, il convient de contacter au préalable Etienne-Henri Chamaron au 06.18.62.69.46.

Un nouveau livre
Lucien Malot, 87 ans, est un pur Cauchois et l'URC vient d'éditer son recueil de textes « Eul taiseu d'Boulbé » avec la collaboration de l'association Le Pucheux. Ce retraité a toujours vécu dans la région de Bolbec et ne pensait jamais écrire un livre. « Je n'ai que le certificat d'études et quand je suis rentré à l'Université rurale, voir des professeurs, cela me faisait un peu peur. » Depuis quinze ans, il est membre actif de cette université.

Article paru le : 25 novembre 2008

e.
Avatar de l’utilisateur
ejds
Membre actif
 
Messages: 1724
Inscription: Dim 06 Avr, 2003 13:52
Haut

Messagede Gwenedal » Jeu 05 Mar, 2009 12:48

Jacques a écrit:
Rien ne prouve que les ruraux aient désigné la province sous le nom d'Anjou ou de Berry et les citadins la ville sous la forme Angers et Bourges. L'inverse est aussi possible. Et les citadins seuls ont pu désigner ville et province à partir d'une flexion première différente : Andegaves, Bituriges, Andegavorum, Biturigorum.


Cette thèse a été développée par Falc'hun puis Fleuriot : sauf erreur de ma part, il est bien question d'une double accentuation plutôt que de désinences différentes.

Ensuite oui, on peut douter qu'il y ait eu une réelle opposition monde rural / monde citadin (bien que ce soit l'hypothèse de Falc'hun) : il est possible que les deux accentuations aient été sciemment utilisées en concurrence pour différencier cités et provinces formées sur le même nom ethnique. Quoi qu'il en soit, cela suppose la survivance d'un accent influencé par autre chose que le bas-latin.
Avatar de l’utilisateur
Gwenedal
 
Messages: 31
Inscription: Mar 20 Mar, 2007 23:09
Localisation: Naoned
Haut

Messagede ejds » Dim 08 Mar, 2009 18:26

Une polémique assez poussée a été faite sur 3 langues en Gaule.

Vaste sujet, il est difficile dans le bateau-lavoir, grande lessiveuse batteuse de l’Histoire où se mélangent entre elles les anciennes langues parlées, — plus particulièrement vers la fin de l’Empire romain d’Occident —, de reconstituer et de se concentrer sur les nouvelles langues des envahisseurs émergeants dans les Gaules que sont le breton et le franc par rapport au latin.

Les deux textes suivants datent un peu. Ils présentent quelques bribes de réponses, mais aussi suscitent quelques controverses, zones d’ombres à la lecture desquelles les experts en linguistique du forum ne manqueront pas de sursauter, et s’empresseront sans nuls doutes d’apporter quelques lumières : :?

F. Gendrot et F.-M. Eustache a écrit:Image

------------------------------- APERÇU SOMMAIRE
---------------- SUR LA LANGUE DU MOYEN AGE


---Comme l'espagnol, l'italien, le provençal et le roumain, le français est une langue romane (« lingua Romana » ), née du latin.

---Après la conquête romaine (51 avant J.-C.), le latin s'était en effet lentement substitué à la langue celtique que parlaient les Gaulois. Il ne s’agissait pas de la langue littéraire (sermo urbanus) que parlaient et écrivaient les grands artistes et la société distinguée, mais d'une langue moins correcte et moins pure (sermo plebeius, vulgaris), dont se servaient les soldats, les marchands, les esclaves de l’armée d'occupation.

---Cette langue, mal parlée, mal entendue, mal répétée par les Gaulois — et colportée avec de grandes différences selon les régions — a constitué, du VIIIe au XVe siècle, les différents dialectes romans (breton, champenois, normand, picard, poitevin, provençal, etc.). Le francien (dialecte d'Ile-de-France) prit peu à peu pour des raisons politiques la prééminence sur les autres qui, au XVe siècle, étaient devenus de simples patois.

---Toutefois, cette transformation du latin s'est opérée, dans l'inconscience du sujet parlant, en obéissant à quelques principes généraux spontanés que nous pouvons aujourd'hui retrouver et analyser :

---a) maintien, en partie, de la déclinaison latine : cas sujet, cas régime.

---b) disparition des syllabes atones ( = non accentuées).

---c) chute ou affaiblissement des syllabes finales (non accentuées).

---d) persistance des syllabes qui, en latin, portaient l'accent.

--- e) traitement différent des voyelles selon qu'elles étaient, en latin, brèves ou longues, libres, (c'est-à-dire suivies d'une seule consonne) ou entravées (c'est-à-dire suivies de plusieurs consonnes), prétoniques (c'est-à-dire précédant la syllabe accentuée) ou posttoniques (c'est-à-dire suivant la syllabe accentuée).


Auteurs français, Moyen Age, F. Gendrot - F.-M. Eustache, Classiques Hachette, 1957, 270 pages, p. V.


B. Tanguy a écrit:ImageImage


--- LE RENOUVEAU DANS LA CONTINUITE

--- […] A la croisée des chemins, Loth choisit, pour parler comme Halléguen, de la « déviation bretonne ultra ». Il écarte délibérément ce qu'il appelle « l 'opinion la plus commune au siècle dernier, et peut-être aujourd'hui encore », selon laquelle « il était resté dans la péninsule armoricaine, malgré la longue durée de l’occupation romaine, à l'état de patois, un idiome gaulois que l’arrivée des Bretons insulaires a ranimé et auquel elle a pu insuffler assez de vie pour qu'un dialecte celtique s'y soit perpétué jusqu'à nos jours ». On pourrait croire que la tentation de cette voie s'est offerte à lui puisqu'il avoue qu' « a priori l'hypothèse n’a rien d'invraisemblable », mais c’est pour la rejeter aussitôt : « Ce qu'il nous importe d'ailleurs de savoir, écrit-il, ce n'est pas si quelques restes de patois celtiques végétaient encore dans les forêts de la péninsule, mais bien si le gaulois est la souche du breton continental et s'il entre pour une part quelconque dans sa formation. A cette question nous pouvons répondre hardiment : non »

--- Pour lui, en effet, gaulois et brittonique sont deux rameaux distincts : « Dès le Ier siècle de notre ère, note-t-il, les différences entre le gaulois et le britannique étaient assez saillantes pour que Tacite en ait eu connaissance : le langage des Bretons, dit-il, n’est pas très différent de celui des Gaulois », — haud multum diversus, écrit Tacite. Encore, souligne Loth, l’historien latin parle-t-il des Bretons « du littoral qui regarde la Gaule », ce qui laisse supposer que « les différences à l’intérieur devaient être beaucoup plus profondes ». Et il repousse les arguments de Zeuss en faveur d 'une étroite parenté entre brittonnique et gaulois. Dès lors, il est évident que l’identité constatée au Xe-XIe siècle entre breton armoricain et breton insulaire oblige à conclure que « le gaulois avait disparu à l'arrivée des Bretons ».

--- En 1921, dans son compte-rendu de la Langue gauloise de Georges Dottin, il sera cependant contraint de réviser cette position : « En résumé, écrira-t-il, les différences prétendues caractéristiques, relevées par G. Dottin entre le gaulois et le celtique insulaire, se réduisent à une question de date ou s'expliquent par des lacunes : les unes n'ont pu se produire en gaulois parce qu'il s'est éteint trop tôt ; les autres n'ont pu être constatées par suite de la pénurie et de l’indigence des textes gaulois . » Et il conclut un peu plus loin : « En réalité, ce qui frappe dans la comparaison du celtique insulaire et du gaulois, et on pourrait ajouter de tout le celtique continental, c’est une remarquable unité dans la phonétique et la morphologie. Aussi aurait-on tort de récuser le témoignage de saint Jérôme (331-420) qui, ayant séjourné à Trèves et à Ancyre, écrivait que les Galates d’Asie mineure parlaient à peu près la même langue que les Trévires », — pourtant habitants de la « seconde Rome ». Ce même témoignage, il l’avait récusé en 1883 accusant son auteur d’avoir l’hyperbole facile ».


Aux origines du nationalisme breton, Le renouveau des études bretonnes au XIXe siècle par Bernard Tanguy, Union générale d’éditions, 1977, 448 pages, pp. 416-7.

e.
Avatar de l’utilisateur
ejds
Membre actif
 
Messages: 1724
Inscription: Dim 06 Avr, 2003 13:52
Haut

Messagede Muskull » Dim 08 Mar, 2009 19:14

Salut edjs,
Merci, voila un bel exercice de mémoire historiographique !
Après la conquête romaine (51 avant J.-C.), le latin s'était en effet lentement substitué à la langue celtique que parlaient les Gaulois. Il ne s’agissait pas de la langue littéraire (sermo urbanus) que parlaient et écrivaient les grands artistes et la société distinguée, mais d'une langue moins correcte et moins pure (sermo plebeius, vulgaris), dont se servaient les soldats, les marchands, les esclaves de l’armée d'occupation.

---Cette langue, mal parlée, mal entendue, mal répétée par les Gaulois — et colportée avec de grandes différences selon les régions — a constitué, du VIIIe au XVe siècle, les différents dialectes romans (breton, champenois, normand, picard, poitevin, provençal, etc.). Le francien (dialecte d'Ile-de-France) prit peu à peu pour des raisons politiques la prééminence sur les autres qui, au XVe siècle, étaient devenus de simples patois.

Comment expliquer alors ces avocats très réputés par les édiles romains peu après la conquête (à Rome) par leur connaissance du droit et leurs subtilités en l'élocution ?
Le français issu d'un "latin de cuisine" comme sans doute d'ailleurs l'espagnol, le catalan et tous les autres barbarismes. :evil:
C'est vieilles idées mais que certains pensent encore en disant la messe en latin.
Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible.
http://muskull.arbre-celtique.com/
http://thomascolin.fr
Avatar de l’utilisateur
Muskull
Membre très actif
 
Messages: 6848
Inscription: Sam 30 Nov, 2002 18:16
Localisation: Dans l'île...
  • Site Internet
Haut

Messagede André-Yves Bourgès » Dim 08 Mar, 2009 19:58

ejds a écrit:
B. Tanguy a écrit:En 1921, dans son compte-rendu de la Langue gauloise de Georges Dottin, il sera cependant contraint de réviser cette position : « En résumé, écrira-t-il, les différences prétendues caractéristiques, relevées par G. Dottin entre le gaulois et le celtique insulaire, se réduisent à une question de date ou s'expliquent par des lacunes : les unes n'ont pu se produire en gaulois parce qu'il s'est éteint trop tôt ; les autres n'ont pu être constatées par suite de la pénurie et de l’indigence des textes gaulois . » Et il conclut un peu plus loin : « En réalité, ce qui frappe dans la comparaison du celtique insulaire et du gaulois, et on pourrait ajouter de tout le celtique continental, c’est une remarquable unité dans la phonétique et la morphologie. Aussi aurait-on tort de récuser le témoignage de saint Jérôme (331-420) qui, ayant séjourné à Trèves et à Ancyre, écrivait que les Galates d’Asie mineure parlaient à peu près la même langue que les Trévires », — pourtant habitants de la « seconde Rome ». Ce même témoignage, il l’avait récusé en 1883 accusant son auteur d’avoir l’hyperbole facile ».



Cette revisio des positions de J. Loth par lui-même est bien oubliée dans la Vulgate bretoniste.

AYB
Avatar de l’utilisateur
André-Yves Bourgès
Membre actif
 
Messages: 1293
Inscription: Mer 27 Déc, 2006 23:36
  • Site Internet
Haut

Messagede Sedullos » Dim 08 Mar, 2009 20:31

Salut à tous,

les différents dialectes romans (breton, champenois, normand, picard, poitevin, provençal, etc.). Le francien (dialecte d'Ile-de-France) prit peu à peu pour des raisons politiques la prééminence sur les autres qui, au XVe siècle, étaient devenus de simples patois.


J'observe que le breton est considéré comme un dialecte roman !
Quel honneur venant de grammairiens français. Monsieur est trop bon :evil:
Dernière édition par Sedullos le Dim 08 Mar, 2009 20:35, édité 1 fois.
Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)

"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Avatar de l’utilisateur
Sedullos
Membre très actif
 
Messages: 5758
Inscription: Dim 01 Déc, 2002 0:36
Localisation: Charente (16)
  • Site Internet
Haut

Messagede Sedullos » Dim 08 Mar, 2009 20:35

Muskull a écrit:Comment expliquer alors ces avocats très réputés par les édiles romains peu après la conquête (à Rome) par leur connaissance du droit et leurs subtilités en l'élocution ?


En revanche s'il s'agit de Gaulois Cisalpins, cela n'a rien d'étonnant ; d'autant plus que le déclin du gaulois a dû commencer dès le IIe s. av. J.-C.
Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)

"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Avatar de l’utilisateur
Sedullos
Membre très actif
 
Messages: 5758
Inscription: Dim 01 Déc, 2002 0:36
Localisation: Charente (16)
  • Site Internet
Haut

Messagede Jacques » Dim 08 Mar, 2009 21:07

Sedullos a écrit:En revanche s'il s'agit de Gaulois Cisalpins, cela n'a rien d'étonnant ; d'autant plus que le déclin du gaulois a dû commencer dès le IIe s. av. J.-C.

Tu veux dire : en Gaule cisalpine, sans doute ?
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Membre actif
 
Messages: 1978
Inscription: Jeu 08 Déc, 2005 22:41
Localisation: Niort
Haut

Messagede Thierry » Dim 08 Mar, 2009 21:07

Pfiou, c'est quand même du grand n'importe quoi, l'histoire commentée à partir de vagues considérations linguistiques approximatives....

Ainsi donc les idiomes de la langue d'oil seraient nés parce pendant des siècles, des millions de gaulois auraient mal parlé le latin, excusez moi mais ce genre de considérations relève de la seule idéologie, exactement la même qui nous a présenté pendant des siècles les gaulois comme des abrutis mal dégrossis influencés par de jeunes imberbes en jupette venus leur apprendre la civilisation....

Si on continue à envisager l'histoire de la sorte, autant dire aux archéologues de laisser tomber, ça ne sert à rien de montrer qu'il existait de grandes agglomérations en Gaule, des places, des rues, des routes, toute une campagne très humanisée, très organisée, avec des gens qui portaient des vêtements très élaborés et adaptés au climat, le tout dans un cadre de vie relativement agréable et d'un niveau technique étonnement développé.....

Tous ces abrutis ont mal appris et mal tenté de parler une langue qui n'était pas la leur.....

Quand au Cauchois, évoqué dans ce grand édifice culturel qu'est le quotidien régional "Paris-Normandie", dont le nom à lui seul raisonne comme une triste pesanteur, c'est bien sur du latin super mal parlé, sauf que le mot Cauchois, lui est bel et bien Gaulois, c'est curieux pour un patois qui ne peut avoir aucune attache avec le Gaulois, Cauchois, c'est Calete du nom du peuple d'abruti qui parle le susdit idiome qui bien sûr n'a certainement aucun rapport avec ce qu'il a pu être.

Toute grande proximité entre Gaulois et Latin n'est bien sur que fortuite, et correspond en tout cas à une idée extrêmement non autorisée
Où et quand ?
Avatar de l’utilisateur
Thierry
Membre actif
 
Messages: 2161
Inscription: Dim 01 Déc, 2002 12:51
Localisation: Ratumagos (Rouen)
Haut

Messagede Jacques » Dim 08 Mar, 2009 21:15

Thierry, je vis avec une femme qui est née en milieu bretonnant, et je peux te dire pour avoir fréquenté ce milieu que le français y reste marqué de bretonnismes ; c'est sans doute ce qui a dû se passer dans la bouche des Gaulois, a fortiori puisqu'il n'y avait pas les médias actuels. Il n'y a pas de mépris à avoir pour des gens qui ont transformé la langue latine pour en faire les dialectes romans. La langue gauloise était suffisamment éloignée de la latine pour que César ait eu besoin d'interprètes. On peut imaginer un éloignement au moins aussi grand qu'entre le français et l'italien.
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Membre actif
 
Messages: 1978
Inscription: Jeu 08 Déc, 2005 22:41
Localisation: Niort
Haut

Messagede Kambonemos » Dim 08 Mar, 2009 21:17

Bonjour à tous,

Il faudrait trouver un juste milieu, non ? Il y a quelque temps tout le monde a poussé de hauts cris lorsqu'il s'est trouvé quelqu'un (de peu sérieux) pour affirmer que le français : c'était du gaulois pur sucre !... Le francien est considéré comme une invention _ une de plus me direz-vous _ des linguistes du XIXe s., et dans ce mot, l'on entend bien le mot franc...

Cordialement.

@+
Avatar de l’utilisateur
Kambonemos
Membre actif
 
Messages: 633
Inscription: Lun 09 Avr, 2007 9:07
Localisation: Pays-Haut lorrain
Haut

Messagede André-Yves Bourgès » Dim 08 Mar, 2009 21:18

Thierry a écrit:Pfiou, c'est quand même du grand n'importe quoi, l'histoire commentée à partir de vagues considérations linguistiques approximatives....

Ainsi donc les idiomes de la langue d'oil seraient nés parce pendant des siècles, des millions de gaulois auraient mal parlé le latin, excusez moi mais ce genre de considérations relève de la seule idéologie, exactement la même qui nous a présenté pendant des siècles les gaulois comme des abrutis mal dégrossis influencés par de jeunes imberbes en jupette venus leur apprendre la civilisation....

Si on continue à envisager l'histoire de la sorte, autant dire aux archéologues de laisser tomber, ça ne sert à rien de montrer qu'il existait de grandes agglomérations en Gaule, des places, des rues, des routes, toute une campagne très humanisée, très organisée, avec des gens qui portaient des vêtements très élaborés et adaptés au climat, le tout dans un cadre de vie relativement agréable et d'un niveau technique étonnement développé.....

Tous ces abrutis ont mal appris et mal tenté de parler une langue qui n'était pas la leur.....


Gendrot et Eustache, comme Lagarde et Michard, sont des généralistes de la "littérature française" qui ont "pondu" de bons vieux gros manuels seulement propres à réveiller après un demi-siècle un peu de nostalgie. N'allons pas y chercher des compétences linguistiques, en particulier pour tout ce qui touche au Moyen Âge...

En revanche, l'ouvrage de mon maître et ami B. Tanguy (ouvrage qui figure dans ma bibliothèque depuis plus de 30 ans) a gardé tout son intérêt historiographique.

AYB
Avatar de l’utilisateur
André-Yves Bourgès
Membre actif
 
Messages: 1293
Inscription: Mer 27 Déc, 2006 23:36
  • Site Internet
Haut

Messagede Sedullos » Lun 09 Mar, 2009 0:20

Jacques a écrit:
Sedullos a écrit:En revanche s'il s'agit de Gaulois Cisalpins, cela n'a rien d'étonnant ; d'autant plus que le déclin du gaulois a dû commencer dès le IIe s. av. J.-C.

Tu veux dire : en Gaule cisalpine, sans doute ?


Oui, bien sûr, la déduction de colonies romaines sur les territoires des Gaulois cisalpins, on installe des colons, des vétérans, ajoutée au départ des Boïens et aux pertes accumulées au IIIe et IIe siècle av J.-C., ont dû faciliter l'acculturation.

Pour le reste, sans vouloir tout faire reposer sur l'archéo, je comprends l'agacement de Thierry.

En plus cela passe sous silence une réalité de la conquête de la Gaule et de l'île de Bretagne. César et les Romains prennent des otages qui sont un moyen de pression mais pas seulement. Si Rome combat la "première" génération, elle romanise de jeunes aristocrates gaulois et bretons qui serviront d'interface avec les populations nouvellement soumises. Lesquels jeunes aristocrates ont dû apprendre un latin tout à fait correct.

Si l'irlandais et le britonnique ont évolué, pourquoi le latin ne l'aurait-il pas fait ?
Dernière édition par Sedullos le Lun 09 Mar, 2009 11:00, édité 1 fois.
Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)

"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Avatar de l’utilisateur
Sedullos
Membre très actif
 
Messages: 5758
Inscription: Dim 01 Déc, 2002 0:36
Localisation: Charente (16)
  • Site Internet
Haut

Messagede Sedullos » Lun 09 Mar, 2009 0:26

Jacques a écrit:La langue gauloise était suffisamment éloignée de la latine pour que César ait eu besoin d'interprètes.


César a surtout eu besoin d'interprètes gaulois pour négocier avec les Germains. Les Helviens de César et certains des Eduens, notamment Diviciacos, ont pu servir de relais avec les Gaulois et les Belges. Il faudrait vérifier dans La Guerre des Gaules.
Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)

"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Avatar de l’utilisateur
Sedullos
Membre très actif
 
Messages: 5758
Inscription: Dim 01 Déc, 2002 0:36
Localisation: Charente (16)
  • Site Internet
Haut

Messagede Alexandre » Lun 09 Mar, 2009 2:02

Thierry a écrit:Ainsi donc les idiomes de la langue d'oil seraient nés parce pendant des siècles, des millions de gaulois auraient mal parlé le latin, excusez moi mais ce genre de considérations relève de la seule idéologie

Tu ne trouveras aucun texte antique ni médiéval affirmant que les habitants de la Gaule ont cessé de parler latin pour parler autre chose. En revanche, il existe des ouvrages de grammairiens qui reprochent à leurs contemporains des dérives d'usage qui préfigurent le passage du latin au français (notamment au niveau de l'accent).
Pour les locuteurs du latin en Gaule, le passage au français s'est fait inconsciemment, exactement comme le passage de l'allemand médiéval à l'allemand moderne. Chaque aberration entre la prononciation et la notation d'un mot est un héritage de cette évolution inconsciente.

Un exemple que je connais davantage : dès les inscriptions des catacombes, on se rend compte que le latin du 3e siècle av. J.C. ne prononçait plus le -m final (sauf dans les monosyllabes). Pour autant, il est resté dans la notation, et les Romains n'ont pas eu le sentiment d'avoir changé de langue quand ça s'est produit.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Membre actif
 
Messages: 2023
Inscription: Ven 28 Oct, 2005 0:14
Haut

PrécédentSuivante

Répondre
143 messages • Page 9 sur 10 • 1 ... 6, 7, 8, 9, 10

Retourner vers Linguistique

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 18 invités

  • Index du forum
  • L’équipe du forum • Supprimer les cookies du forum • Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ]
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group
Traduction par: phpBB.biz


Accueil | Forum | Livre d'or | Infos Lègales | Contact 

IDDNSite protégé. Utilisation soumise à autorisationIDDN
Conception : Guillaume Roussel - Copyright © 1999/2009 - Tous droits rèservès - Dèpôts INPI / IDDN / CNIL(1006349) / SCAM(2006020105)