a écrit:Mercredi 25 Mars 2009
CHASSENON. Les Amis des thermes ont commandé une réplique d'un vase celte découvert en 1849 et aujourd'hui exposé à New York.
Ce vase en bronze émaillé, découvert près de Pressignac,
est propriété du Metropolitan Musuem of Art de New York. (PHOTO DR)
Bientôt une réplique du vase de La Guierce
http://www.sudouest.com/charente/actual ... 22635.html
La Charente et ses trésors... On connaît le casque d'Agris, découvert en 1981 dans la grotte des Perrats. Ce chef-d'oeuvre de l'orfèvrerie celtique - merveille de bronze, d'or, d'argent et de corail - fait la fierté du Musée d'Angoulême. On connaît moins le vase en bronze émaillé de La Guierce et c'est bien dommage. Pourtant, ce vase celte, trouvé en Charente en 1849, trône en bonne place au Metropolitan Museum de New York !
Que les passionnés d'art et d'histoire se rassurent : les Amis du site archéologique de Chassenon vont très bientôt réparer cet oubli. L'association vient en effet de commander à deux émailleurs limougeauds une réplique de ce très beau vase. Fin avril, l'objet sera exposé dans le parc archéologique de Chassenon. Et voilà l'occasion de raconter une histoire aussi haletante qu'un roman policier...
Acheté 50 francs de l'époque
Le trésor qui nous intéresse a donc été trouvé en 1849, dans le hameau de La Guierce, commune de Pressignac, à 6 km au sud-ouest de l'antique Cassinomagus (Chassenon). Nous sommes ici près de la célèbre voie d'Agrippa, qui reliait Saintes à Lyon. Ce jour de 1849, deux paysans, les frères Bissirieix, partagent « une lande inculte dont ils avaient hérité ». Ils creusent un fossé. Sous une cinquantaine de centimètres de terre, surprise... Il y a ici « un grand vase en bronze aux anses ornées [...] et un petit vase de bronze émaillé ». Il y a aussi des pièces romaines, de la vaisselle et des bijoux d'or et d'argent.
Très vite, les frères Bissirieix dispersent le trésor. Ils vendent les bijoux à un orfèvre de Limoges et à un voisin, riche propriétaire terrien. Le petit vase en bronze émaillé est acheté 50 francs de l'époque (une misère) par l'avocat angoumoisin, Jean Abraham dit John Bolle (1807-1856), grand amateur d'art et d'archéologie. L'homme a du goût : voici sans nul doute la plus belle pièce du trésor.
Deux fins limiers
« Ce vase dit de La Guierce est un flacon en bronze de 12 cm de hauteur et de 11,5 cm dans son plus grand diamètre. Toute sa surface, à l'exception du col, est recouverte de motifs décoratifs émaillés [...]. Trois couleurs sont utilisées : le rouge orangé, le bleu et le vert pâle », écrit l'historien André Berland, le secrétaire des Amis de Chassenon.
André et son complice Laurent Pelpel sont les fins limiers qui ont retracé l'épopée de ce vase oublié. Un vase dont on perd la trace jusqu'en 1931, où il réapparaît à Paris, où il est acheté par le collectionneur Joseph Brummer, un élève de Matisse. Brummer qui ouvre avec son frère Ernest une galerie à New York. En 1947, Brummer décède. L'essentiel de sa collection est légué au Metropolitan Museum. Et c'est ainsi que le vase de La Guierce - caché sous la terre à l'époque où les hordes de barbares alamans descendaient vers les Pyrénées - entre dans l'un des plus célèbres musées au monde !
Les Amis de Chassenon, qui ne gèrent plus le site archéologique de Cassinomagus depuis le 1er janvier 2009, ont récemment lancé une souscription pour reproduire cette petite merveille. Ils ont réuni 4 000 euros auprès de particuliers, de mairies du secteur, du Conseil général et de la fondation d'une banque que l'on dit verte.
La réplique du vase de La Guierce se termine. Vendredi, elle sera présentée à la presse, à Limoges, dans l'atelier de François Dehays et Alexandre Burguet. Nous en reparlerons.
Auteur : olivier sarazin
o.sarazin@sudouest.com
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