Nombreux sont ceux qui pensent qu'Alésia mit fin à la guerre des Gaules en 52 av JC, mais tous ceux qui ont lu la guerre des Gaules de César, savent que Lucterios et Drappes, deux chefs gaulois, le premier cadurques et le second senon, ont pu s'échapper de la débacle d'Alésia, et continuèrent la résistance.
Pour cela ils rassemblèrent une troupe d'environ 2000 hommes, des bandits, renégats, et allèrent tenter de porter l'insécurité dans la narbonnaise afin de provoquer un soulèvement.
Les deux chefs celtes, talonnés par les légions de Caninius, renoncent à leur projet et restent sur le territoire des Cadurques (actuel Quercy). Lucter occupe avec ses troupes ainsi que celles de Drappes, l’oppidum d’Uxellodunum. Là , du temps de sa prospérité, Lucter avait été très puissant, et il exerçait une grande influence sur les habitants de cette ville. C’était une place remarquablement défendue par la nature.
Caninius y vint tout aussitôt ; se rendant compte que de tous côtés, la citée était défendue par des rochers très escarpés, dont l’escalade, même en l’absence de tout défenseur était difficile pour des hommes portant leurs armes. Il répartit ses troupes en trois camps à grande altitude afin de voir l’intérieur même de la place. À partir de là , il entreprit un retranchement qui ferait le tour de l’oppidum.
La débâcle
Craignant un long siège et soucieux de faire des provisions, Drappes et Lucter décident de rassembler des vivres et de partir au ravitaillement, ne laissant dans la forteresse que 2 000 hommes d’armes. Plusieurs jours durant, les deux chefs et leurs ravitailleurs prennent une grande quantité de blé au pays des Cadurques. Quant à Caninius, redoutant d’être attaqué du dehors, il ne se presse point d’entourer la place d’une ligne fortifiée. Après plusieurs tentatives réussies pour introduire le blé dans la ville assiégée, Lucter et Drappes sont surpris par les troupes romaines. Lucter, attaqué à l’aube voit ses convois interrompus et s’enfuit en Auvergne avec un petit nombre de ses compagnons. Drappes, demeuré au camp de base, fut fait prisonnier et toute sa troupe massacrée, il se laissa rapidement mourir de faim. Les assiégés se trouvaient maintenant dépourvus de chef.
Caninius ne craignant plus d’être menacé de l’extérieur, continue d’investir la place forte. Sur ces entrefaites, Fabius arrive en renfort, celui-ci s’attache à un autre secteur d’investissement. César, qui était chez les Carnutes (région de Chartres), reçoit de nombreux courriers de Caninius l’informant de la résistance obstinée des habitants d’Uxellodunum, et du mal qu’il aurait à les faire se rendre, malgré le rapport de force tout à fait en sa faveur. Inquiet de l’exemple que pourrait donner cette petite cité, il se hâte de venir avec toute sa cavalerie, laissant son légat Calénus le suivre avec deux légions.
Le blocus des Romains
Arrivé à Uxellodunum lorsqu’on l’y attendait le moins, César jugea que l’on ne pouvait abandonner le siège. Informé que les assiégés avaient d’abondantes provisions, il résolut de les priver d’eau. Une rivière coupait la profonde vallée qui entourait presque entièrement la montagne sur lequel était juché le nid d’aigle des irréductibles. La ville d’Uxellodunum était de toute part escarpée. La nature du lieu ne permettait pas à César l’éventualité de détourner cette rivière. Les assiégés pouvaient s’y rendre par des chemins très difficiles. Ayant reconnu leur mauvaise situation à cet égard, César plaça des archers et des frondeurs sur quelques points, et même des machines de guerre sur les descentes les plus facilement praticables par les Gaulois. Dès lors l’accès à la rivière était interdit aux Gaulois, à moins d’y risquer leur vie.
Alors ils se mirent tous à venir chercher de l’eau en un seul endroit. Sous le mur même de la ville jaillissait une grande fontaine, du côté que laissait libre sur une longueur d’environ 300 pieds (100 m) le circuit de la rivière. Les 36 000 soldats romains désiraient priver les assiégés de leur seule source. César en trouva le moyen.
Il fit d’abord creuser dans la direction de la fontaine, des galeries d’approche, et élever des terrassements, avec beaucoup de difficultés et de grandes pertes pour son armée. Les assiégés occupant un point plus élevé pouvaient combattre sans grand danger.
Les galeries romaines continuaient d’avancer vers les ruisselets alimentant la fontaine, à l’insu des Gaulois qui ne pouvaient soupçonner de tels ouvrages.
En attendant l’aboutissement de ces galeries, César fit construire un terrassement surmonté d’une tour de 10 étages (environ 25 m), sur laquelle il plaça des machines de guerres. Si l’ouvrage ne parvenait pas à dominer les murs de la ville, il pouvait empêcher aux Gaulois l’accès vers les bassins extérieurs. Les assiégés très alarmés par ce stratagème, font rouler sur les ouvrages romains, des tonneaux enflammés. En même temps, ils attaquent avec acharnement les troupes de César, avec pour intention d’empêcher les Romains d’éteindre l’incendie s’attaquant à leurs ouvrages.
Une résistance opiniâtre
Voyant que beaucoup de ses soldats recevaient de graves blessures, César ordonna à ses troupes de simuler un assaut de la ville en poussant de grands cris de tous côtés. Effrayés par cette diversion, et ignorant ce qui se passait, les assiégés rappelèrent leurs combattants qui regagnèrent leurs murailles. Le combat ayant cessé à temps, les Romains purent sauver leurs ouvrages de l’incendie.
Les Gaulois continuaient leur résistance opiniâtre, l’accès aux bassins extérieurs leur étant interdit, ils se voyaient maintenant dans l’obligation de puiser l’eau de l’intérieur de la ville, ce qui rendait la tâche plus contraignante, à cause du trop grand nombre du bétail trop nombreux et des hommes assoiffés.
Puis, un matin la fontaine se trouva tarie par les galeries romaines. L’assèchement subi de cette source qui n’avait jamais cessé de couler désespéra les assiégés qui se crurent abandonnés des dieux. Ils se rendirent.
César fit couper les mains à tous ceux qui avaient combattu. Le sort de la Gaule était scellé, le dernier soupir des Celtes libres s’est éteint avec la reddition d’Uxellodunum. Lucter fut livré enchaîné à César. (Le siège dura près de deux mois, durant l’été de l’an 51 av. J.-C.
Ceci est un résumé du livre VIII de la guerre des Gaules, seul livre qui ne fut pas écrit de la main de César, mais par Aulus Hirtius qui était un proche, et qui rédigea ce texte quelques mois après la mort du grand César.
La localisation de se site fait aujourd'hui débat, comme pour Alésia ou Gergovie, avec notre association, nous militons en faveur du site de Capdenac où des recherches menées par les frères Champollion avaient déjà conclu que le site d'Uxellodunum était bien en lieu et place de l'actuelle cité médiévale de Capdenac. (voir www.uxellodunum.org)
En dehors de la polémique sur l'emplacement du site, cette partie oubliée de l'histoire de nos ancêtres gaulois me paraît importante, car peut-être qu'après Alésia, l'espoir de l'indépendance gauloise, qui était né grâce à Vercingétorix, n'était pas mort. Question à débattre en tous les cas. Cordialement Mathieu de Capdenac