Fr. Noël a écrit:ACHÉLOÏA, CALLIRHOÉ, fille d'Achéloüs.
ACHÉLOÏDES, surnom des Sirènes, d'Achéloüs leur père.
ACHÉLOÜS, fils de l'Océan et de Téthys ; selon d'autres, du Soleil et de la Terre. Amant de Déjanire qui lui avait été promise, il la disputa à Hercule, mais il fut vaincu. Aussitôt il prit la forme d'un serpent, sous laquelle il fut encore défait ; ensuite celle d'un taureau, qui ne lui fut pas plus favorable. Hercule le saisit par les cornes, le terrassa, lui en arracha une, et le contraignit d'aller se cacher dans le fleuve Thoas, depuis appelé Achéloüs. Le vaincu donna au vainqueur la corne d'Amalthée, pour recouvrer la sienne. Selon d'autres, c'est la corne même d'Achéloüs que les Naïades ramassèrent, et dont elles firent la corne d'abondance.
Ceux qui ont prétendu trouver dans l'histoire l'explication de tous les mythes ont vu dans cet Achéloüs un fleuve de Grèce, qui coulait entre l'Étolie et l'Acarnanie, dont les inondations fréquentes désolaient les campagnes de Calydon, et, confondant les limites, faisaient naître des guerres entre les peuples de ces contrées. Hercule fit faire des digues, et rendit le cours du fleuve uniforme. La métamorphose d'Achéloüs en serpent exprimait les sinuosités de son cours, et celle en taureau, les ravages que ses débordements causaient dans les campagnes. Hercule lui arracha une corne, c'est- à-dire qu'il réunit dans un seul lit les deux bras du fleuve ; et cette corne devient une corne d'abondance, parce que le cours réglé de l'Achéloüs devint une source de richesses pour le pays qu'il arrosait.
Dictionnaire de la fable, ou Mythologie grecque, latine, Egyptienne, Celtique…, Fr. Noël, 1801, p. 12.
Concernant cette corne d'abondance, É. Hamilton, p. 359 et de son livre La mythologie, fournit d'autres explications :
É. Hamilton a écrit:Amalthée
Selon un récit, elle serait la chèvre qui nourrit l’enfant Zeus de son lait. Selon un autre, elle était une nymphe qui possédait une chèvre. Son front, disait-on, s’ornait d’une corne toujours pleine de mets et de boissons — la Corne d’Abondance (en latin Cornu Copiae — aussi connue sous le nom de Cornucopia en mythologie latine). Mais les Latins disaient encore que la Cornucopia était cette corne qu’Hercule enleva à Achéloüs, quand il vainquit le dieu marin qui avait pris la forme d’un taureau pour lutter contre le héros.
Sedullos a écrit:Il faudrait consulter le livre de Patrice Lajoye, Des dieux gaulois, ou mieux que l'auteur vous réponde lui même. Il y a bien un rapport entre un dieu taureau et cornu et un fleuve ou un lac avec notamment un exemple en Italie du Nord.
Il s'agit d'un lac, le lac de Garde et le nom du dieu est Benacus = "le Cornu", d'après Patrice Lajoye, Des dieux gaulois, pp. 29-30, qui donne la référence à Virgile, Enéide, X, 205. Le culte de ce dieu est attesté par deux inscriptions, une près du lac, "Lacus Benacus", l'autre près de Brescia. Sur cette dernière, Benacus est assimilé à Neptune...
Selon Les métamorphoses, livre VI, 115, d'Ovide, Neptune dans ses déboires amoureux se retrouvera, et entre autre, changé en taureau dans ses amours avec une fille d'Éole, le dieu des Vents :
Ovide a écrit:Te quoque mutatum toruo, Neptune, iuuencouirgine in Aeolia posuit ;
Toi aussi, Neptune, elle te plaça, transformé en jeune taureau farouche,sur la fille d'Éole.
Lago di Garda, le plus long lac d'Italie, anciennement le Benaco, cité aussi par Horace et Catullus, l'est deux fois par P. Virgilius Maro (70 - 19 av. J.-C) dans ses Géorgiques, 11. 158 et son Æn. X. 204 :
Hinc quoque quingentos in se Mezentius armat,
Quos patre Benaco, velatus arundine glauca,
Mincius infesta ducebat in aequora pinu.
En traduction dans L'Enéide, Flammarion, année ?, 360 pages, p. 274 et 275 sur les déesses de la mer :
Virgile a écrit:La guerre contre Mézence avait rangé sous les mêmes drapeaux, et embarqué sur le même navire cinq cents guerriers des bords du Mincio, fils du lac Bénacus 1 ; fleuve dont les rives sont toujours couronnées de roseaux.
1. Ce lac s’appelle aujourd’hui le lac de Gard, que traverse le Mincio.
[…] Énée, à qui ses inquiétudes ne permettaient pas de se livrer au repos, assis à la poupe, gouvernait lui-même le timon et les voiles de son vaisseau. Il avait achevé la moitié de sa route, lorsque les déesses de la mer, ces nymphes dans lesquelles la mère des dieux avait transformé ses vaisseaux, s’assemblèrent autour de sa galère, et la suivirent. Elles avaient de loin reconnu leur ancien maître, et, nageant en ordre et en cadence, elles semblaient former une danse autour de lui. Alors Cymodocée, la plus éloquente de ces nymphes, élevée jusqu’à la ceinture sur la surface des aux tranquilles, appuyant sa main droite sur la poupe, et nageant de la main gauche, tint ce langage au roi des Troyens, pour l’informer de ce qu’il ignorait : […]
Patrice a écrit:J'arrive un peu tard, mais je confirme ce que dit Sedullos. Benacus a un nom qui est clair en lui-même. Certes ici c'est un lac, mais les fleuves sont aussi représentés comme étant cornus.
Quant à la forme des fleuves (ou des lacs qu’ils traversent), aux crues porteuses de vie comme le Nil, il faut surtout les représenter en termes de vitalité et d’abondance...
e.