Gwenedal a écrit:Jacques a écrit:Quelques éléments trouvé dans Le français en Belgique, de Daniel Blampain.
- Est-wallon broûli, bourbier, boue < brogilo via un dialecte germanique allemand Brühl, endroit humide... (voir toponymes Breuil, en France
- Wallon malmédien dève, écorce de bouleau (< deruos).
Le sens de ces deux mots gaulois est erroné. Après vérification chez Delamarre :
- brogilo(s) signifie "petit bois"
- deruos signifie "chêne" (cf. breton moderne derv)
Effectivement, mais Delamarre donne quand même, comme dérivé de deruos, le français dialectal derve, écorce de bouleau ; en ce qui concerne brogilos, il donne son avatar en vieux-haut-allemand brüel, pré enclos attenant au village, et allemand moderne Brühl, prairie.
J'ai déjà souligné le cas de guibet ici, dans le cadre de mes interrogations sur certains mots de l'ancien français.Gwenedal a écrit:les mots bretons présents dans les dialectes romans de Bretagne orientale (regroupés sous l'appellation gallo, similaire à wallon).
On notera rapidement, parmi les plus célèbres : beurlu, "digitale", (breton brulu), béguin, beuyen et variantes, "ver", d'où la pêche "à la biguenée", (breton buzhugenn, buhugenn), bouette, bayt et variantes, "appâts pour la pêche, nourriture pour les animaux" (breton boued, "nourriture"), queurci, "cuit", (breton krazañ, "griller"), kik, "bidoche" (breton kig, "viande"), hip, guibet et variantes, "moucheron(s)" (breton c'hwibet), etc.
Jacques Lacroix (Les noms d'origine gauloise, la Gaule des activités économiques, pp. 55-56) présente une carte de la répartition des dérivés du bas-latin bulluca, montrant une extension assez importante dans l'ouest (Pays gallo, Anjou, Maine, basse Normandie, et dans une grande zone qui va des Ardennes à la région lyonnaise en passant par la Champagne, la Bourgogne, la Franche-Comté, et d'Ouest en Est du Bourbonnais à la Savoie. Cette carte reprend celle de W. von Wartburg donnée dans Patois et dialectes français, de Pierre Guiraud (PUF, Que sais-je n°1285, p. 69). L'origine celtique du mot est probable, bien que d'abord repoussée à cause d'une variante en p qui serait due, selon G. Taverdet, à un croisement avec le latin pruna. L'hypothèse de von Wartburg était qu'une forme archaïque pré-celtique (bulluca) aurait résisté dans le centre, attaquée par le nord et par le sud par des formes celtiques dragenos et *agranio. Or c'est contraire aux règles communément admises en dialectologie, qui montrent les formes les plus archaïques en périphérie.Gwenedal a écrit:La question est : sont-ce vraiment des mots bretons, ou plus exactement des mots communs au breton et au gaulois ? (voire d'origne romane dans certains cas ?). Beloce par exemple, "prunelle, prune sauvage", est donné à tort comme venant du breton polos de même sens, alors que le mot est connu en Normandie et en Suisse Romande. Jacques, ces mots existent-ils dans les parlers de l'Anjou ? Je n'ai pas l'ALBRAM à disposition.
Existe-t-il une étude sérieuse de cette question ?
Je ne connais pas le mot angevin pour la prunelle, et je ne peux pas le vérifier avant demain, mais je trouve dans le Trésor du parler cénoman de Bertin-Beucher-Leprince le mot blosse, variante biosse, qui désigne dans la Sarthe une sorte de prune qui se mange blette.