Nouveau livre de Claude Sterckx

[Fergus]

Hé hééé, Sed, il est temps que tu ailles sur place !!!

[Sedullos]

Hé hééé, Sed, il est temps que tu ailles sur place !!!

Salut,
Figure-toi que j'y suis allé en août 1980, mais nous sommes juste passés à côté de Tara et je n'avais pas alors beaucoup de docs et d'infos. De plus je ne pas sûr qu'il y ait eu grand chose de visible, propre à intéresser ma compagne de l'époque.

En revanche, nous avons pu visiter Grianna of Aillech, un fort circulaire, situé dans la partie "républicaine" de l'Ulster, à quelques kilomètres de la frontière. Pour info, ça tirait de temps en temps sur cette frontière.

[Fergus]

Les choses ont bien changé, sur la frontière... Aujourd'hui, seul le prix du carburant (en euros d'un côté, en livres de l'autre) indique qu'on a changé de pays...

Mais la visite du Brug na Boinn est toujours un pur bonheur...

[Sedullos]

Salut, Fergus
Tant mieux si les choses ont changé en mieux !
Le Brug Na Boyne, c'est Newgrange, une des localisations du sid du Dagda ce qui nous ramène au livre de Sterckx.
Un de mes amis m'a envoyé des photos du Brug : aussi impressionnant que le tumulus de Gavrinis dans le Morbihan.
Ce n'est pas étonnant que les Celtes aient localisé la résidence de leurs dieux et de leurs déesses dans ces gigantesques monuments néolithiques.

[Sedullos]

Salut à tous,
Je suis arrivé à la page 180, Ce monde et l'autre. Les dieux et leur œuvre.
L'étude sur la cosmologie est remarquable. La proximité toujours soulignée entre les fonds religieux gaulois, galates, irlandais et gallois et la présence sous-jacente de l'héritage indo-européen, ici indéniable. Arbres du monde, arbres de vie, sources primordiales...

Sterckx met en perspective l'hagiographie irlandaise et la mythologie indienne : la comparaison entre le récit irlandais de la vie de Saint Mullin, "le saut" autrefois Dairchill et l'exploit cosmogonique de Visnu, le grand dieu aux Trois Pas" agissant sous l'apparence d'un brahmane nain pour tromper les démons est lumineuse, les deux récits ont pour arrière-plan une collecte d'offrandes et un "sacrifice".

J’invite d'ailleurs les lecteurs de Tolkien à s’interroger sur un rapprochement entre le rôdeur Aragorn, restaurateur de la royauté du Gondor, symbolisée par l’Arbre Blanc de Minas Tirith, dit "Grands Pas", voyageant en compagnie d'un nain et de petits hommes et le dieu Visnu, restaurant le cosmos sous la forme (avatara) d’un nain, en accomplissant les ‘Trois pas’ cosmiques qui lui donneront un nouveau nom. L’importance symbolique de la marche et des « sauts » est constante dans Le seigneur des anneaux et me semble bien relever de cette très vieille mythologie.

[Muskull]

Bonjour,
Ce livre est remarquable du début à la fin (je viens juste de le terminer).
Il met en lumière des mythèmes jusque là obscurs et difficiles à relier entre les textes irlandais et gallois que l'on retrouve dans les vies des saints et même dans le folklore tardif.
Un indispensable !

A propos de l'arbre de vie C. Sterckx explique une forme de sacrifice qui m'intriguait: celui d'arbres entiers retrouvés dans des puits votifs.
De fait, lorsque l'on soumet par la force une tribu ou un clan l'on déracine son arbre central en son sanctuaire et on le sacrifie à l'instar des têtes et des armes de ses guerriers. Cela n'induit aucun génocide mais une 'recentralisation' de la population vaincue vers le sanctuaire du vainqueur, ils deviennent ses "clients".
Beaucoup d'autres choses aussi et notamment des éclaircissements sur les 'divinités jumelles' qui se répercutent dans l'idéologie des '2 mondes' dans les rapports entre les 3 fonctions.
Pour simplifier (trop peut-être )
- Ogme le sombre et le Dagda le bon,
- Le roi et le guerrier,
- Le forgeron et le médecin.
Me trompais-je ?

[Sedullos]

Salut,

Un indispensable !

Entièrement d'accord.

Le rapprochement entre le texte irlandais parlant des noisettes mangées par le saumon de la source primordiale et les offrandes sous forme de noisettes des bassins et fontaines gallo-romaines est excellent ; Sterckx aurait pu y ajouter les noisettes mêlées à l'hydromel dans le chaudon du prince de Hochdorf, cf catalogue de l'exposition Trésors des princes celtes, 1987. Du mythe irlandais à l'époque gallo-romaine en passant par la culture de Hallstatt : tout se tient.

Concernant les oiseaux de Rhiannon, l'aspect binaire, leur chant endort les vivants et réveille les morts est associé à la musique. Or Le Musicien, le Dagda possède une harpe qui joue trois airs provoquant : le rire, le sommeil et les larmes.

Pour les arbres de vie, Manching et son arbre d'or ne sont pas mentionnés mais je n'en suis qu'à la page 198.

En revanche, je ne suis pas convaincu par les statuts des envahisseurs mythiques de l'Irlande, au moins pour celui de Partolon.
Pour Sterckx, ils représentent les esclaves, les serviteurs.

Outre que le nom de Partholon pourrait être la transposition du nom latin Bartholomeus, ce qui posait problème à Guyonvarc'h, le caractère servile de la "race" de Partholon ne me semble par cadrer avec la renommée d'un célèbre clan d'Écosse : le clan Farlane, les MacFarlane, se réclamant justement d'être les descendants de la race de Partholon. Des voleurs de bétail effectuant leurs razzias de nuit au point qu'on appelait la lune, la lanterne des MacFarlane.

[Sedullos]

A propos des fins du monde par engloutissement par les eaux, Sterckx mentionne une version très archaïque de l'histoire de la ville d'Is, engloutie suite à l'arrachage d'un chêne (cosmique) : il s'agit du conte Kristoff, publié au XIXe siècle par Troude et Milin et étudié par Markale dans La tradition celtique en Bretagne armoricaine, lequel conte a inspiré la BD Bran Ruz de Auclair et Deschamps. Puisque la Chandeleur approche, on notera que Kristoff déracine le chêne cosmique pour obtenir du bois de chauffage afin que sa maman puisse faire des crêpes !

[Muskull]

Il n'explicite pas tout mais il trace des pistes de réflexion.
Par exemple les 'chaussures d'or' du prince du Hallstatt, son arc, mais pas la canne à pêche
Quoique... Pour attraper le saumon de connaissance qu'enfantera la reine vierge ?

[Sedullos]

Prince du Hochdorf, Muskull : les chaussures d'or sont un des symboles de la souveraineté.

[Sedullos]

Des voleurs de bétail effectuant leurs razzias de nuit au point qu'on appelait la lune, la lanterne des MacFarlane.

Ce dernier point puisé chez Michel Le Bris, L'Écosse.- Artus, 1998, mérite d'être vérifié étant donné le lieu et les circonstances de la collecte de l'info : un pub et une séries de tests portant sur la comparaison des mérites respectifs du Glenfarclas, du Laphroaig, du Lagavulin...

[Fergus]

Je vote Laphroaig, mais je suis partial.

J'abonde en tout cas dans le sens de Muskull et de Sedullos : un indispensable qui ouvre des dizaines de portes.

Merci Claude !

[Thierry]

Vous m'avez convaincu mais il n'est pas dans la basilique du coin et il faut que je le commande.....

En attendant et sans l'ombre d'une hésitation, je vote aussi Laphroaig

[Muskull]

Je vote Laphroaig, mais je suis partial.
J'abonde en tout cas dans le sens de Muskull et de Sedullos : un indispensable qui ouvre des dizaines de portes.

Merci Claude !

C'est bien ça le problème, quand des dizaines de portes sont ouvertes, laquelle prendre ?
Et une porte passée, est-il possible de revenir pour en prendre une autre ?

J'en reviens à ce que je disais plus haut: nombre de mythèmes importants se retrouvent dans la Bible et le Coran.
Je cite l'un des moins connus dans le Coran: Marie fertilisée directement par le "sperme divin" (mais un 'intermédiaire' se dessine en Gîbril), accouche seule suspendue (pendue ?) à un arbre.
Là un figuier dont la symbolique du fruit mûr qui se fend en matrice est bien connue des 'orientaux'.
Il y a beaucoup de correspondances, Pan, notre ami laborieux saurait sans doute les expliciter mieux que moi dans les traditions dites 'sémites' d'avant même l'irruption des Hittites dans le paysage. Je ne fais que noter des convergences...

Claude Sterckx signale que la méconnaissance biologique de l'ovulation féminine a construit l'idéologie I.E., mais cette méconnaissance était universelle comme est universelle encore actuellement cette idée du féminin passif et nocturne face au masculin actif et diurne.
M. Gimbutas* suggère un temps mythique antécédent où seule la femme était créatrice de vie, nul ne faisait de relation entre l'acte sexuel et la naissance, beaucoup plus tardive, d'une nouvelle vie. Les trois aspects qu'elle signale de la déesse se calquent sur les trois divinités principales que décrit Claude Sterckx.
Tout cela se mêle dans les mythes celtes, l'ancien parfois très ancien et le nouveau.

Une archéologue russe travaillant sur les pétroglyphes sibériens de l'Est (j'ai les références dans un coin) a démontré que le 'principe' mâle, très petit au commencement près de l'effigie symbolique de la déesse a grandi pour finalement la dominer en taille.

Bref, de portes en portes beaucoup de grain à moudre...

* http://www.arbre-celtique.com/forum/vie ... 31&start=0

[Fergus]

J'en reviens à ce que je disais plus haut: nombre de mythèmes importants se retrouvent dans la Bible et le Coran.
Je cite l'un des moins connus dans le Coran: Marie fertilisée directement par le "sperme divin" (mais un 'intermédiaire' se dessine en Gîbril), accouche seule suspendue (pendue ?) à un arbre.
Là un figuier dont la symbolique du fruit mûr qui se fend en matrice est bien connue des 'orientaux'.

La reine des Shakya, prénommée Maya, a vu en songe qu'elle était fécondée par l'oreille, par un éléphant blanc - symbole de Souveraineté.
Neuf mois plus tard, elle accouche seule sous un figuier, accrochée à une branche, d'un petit garçon qui sera prénommé Siddharta. On connaît la suite : après son Eveil (Budhi), Siddharta deviendra le Bouddha.
C'était 5 siècles avant Jésus.

S'il y a correspondance ou similitude entre des mythes fondamentaux, est-ce par le jeu des "influences" historiques entre les cultures, ou est-ce parce qu'on parle là de "vérités fondamentales", universelles ?