Actualité du blog Hagio-historiographie médiévale

[André-Yves Bourgès]

Bonjour,

Je vous informe de la mise en ligne sur le blog Hagio-historiographie médiévale d'une notule intitulée "A propos du nom ancien de Castle Dore (Cornwall)".

Bonne lecture.

[Muskull]

Merci cher ami,
Mais la "notule" est courte et la mention de cerfs ne suffit pas à éveiller un mythe.
Cerfs et biches étaient communs en ces temps où ces fiers chasseurs au fusil pompés ou pas n'avaient pas encore éradiqué tout le comestible sauvage et autant de soit disant "nuisibles". Le sauvage est mieux mort qu'analysé en soi.
Excuse moi pour cette "humeur"

[André-Yves Bourgès]

Cher Muskull,

D'accord avec toi : je pense qu'il n'y a pas en l'occurrence plus de mythe que de beurre en broche. La mise au point - courte comme tu le soulignes - que je propose vise essentiellement à conforter l'identification de la villa Ban(n)hedos dont l'hagiographe de saint Paul Aurélien fait en 884 la résidence d'un certain "roi Marc que l'on appelle d'un autre nom Con(o)more", avec la fortification de l'âge du Fer connue sous les noms successifs de Dirford [*Durfold] et Castel Dore, qui contiennent le nom saxon du cerf, deor.

Les multiples toponymes Cervières/Servières en France de même que Cerveau, Rocheservière, Sacierges, et sans doute même Cerbère sont également formés à partir du nom du cerf, mais en latin cette fois.

Bien cordialement.

[Séléné.C]

Les chevreuils et les escargots aussi, sont communs, Muskull...

Le mythe commence peut-être avec une association d'idées, non ?

Sans compter que (en fait d'association d'idées, mais d'une autre manière) le toponyme peut venir autant de la présence de cerfs que d'une référence à une légende ou à une personne et que les deux peuvent se mélanger

OK, je

[Muskull]

Le mythe commence peut-être avec une association d'idées, non ?

Ben non, c'est bien plus complexe que les idées et l'imaginaire "qui voit des petits nains partout", le mythe est une trame millénaire de la conscience où se greffe légendes, contes, même romans et films modernes. Le "surnaturel" étant que tous les peuples de la planète tissent leurs histoire sur cette même trame, cultures et expériences construisant des motifs divers mais sujets de cette trame.

[Patrice]

Salut,

On trouve dans un article récent de Marcel Meulder ("Une trifonctionnalité indo-européenne dans l'Histoire de l'Arménie de Moïse de Khorène", Studia Indo-Europaea, IV, 2010, p. 105-129), un passage, p. 109, sur la fondation par le roi d'un parc à gibier (chevreuils, cerfs et biches, onagres et sangliers). Cette idée de "parc à gibier" existe aussi pour les rois de Macédoine (Polybe, XXXI, 29) et en Perse.
Or là, si l'on suit la traduction proposée par André-Yves de deorfald, on a bien un "parc aux cerfs". Ca collerait bien avec la présence d'un roi sur place, sous réserve d'imaginer que les anciens Celtes ont aussi connu ce principe.

A+

Patrice

[Pierre]

Bonjour à tous,

sous réserve d'imaginer que les anciens Celtes ont aussi connu ce principe.

viewtopic.php?p=51871#51871

En tout cas, c'est ce que tendrait à prouver ce cas (voir le 3°)

Ø La déformation des phalanges, signe que le cerf a été parqué.

@+Pierre

[Muskull]

Bonsoir,
Oui Pierre je m'étais aussi souvenu de cet aspect particulier de "cerf domestiqué" mais pas de billes pour développer l'idée.
Par contre cela coïncide avec ce qu'écrit Patrice sur le postulat d'un lieu royal où des sauvages sont élevés pour la chasse mais aussi pour le culte dans un domaine consacré.
Comme une affirmation que le roi maîtrise à la fois le "cuit"et le "cru" ce qui est très celtique (mais pas seulement) dans les mythes.
Il y a une idée intéressante là à associer au "bosquet" cultuel.

Je développe un peu "l'dée" qui est surtout matérialisé historiquement par la création de jardins en orient dans les domaines des rois, sultans et autres puissants. Ceux-ci devaient recréer le "Paradis" où bêtes et humains vivent en harmonie. On le retrouve dans tous les styles plus récents de "jardins" de Lenôtre au carré, des jardins anglais, japonais et autres, voire les zoos
Un autre monde proxime et donc moins inquiétant que le domaine sauvage mais surtout idéologiquement apaisant (car en ce monde) vis à vis de l'anxt (terme freudien) du paradis après la mort que l'on est pas sûr de mériter mais que l'on peuple de fantasmes ainsi de même en est-il de l'enfer.
Dante n'a pas une culture celte et il est difficile de déterminer l'autre monde celtique entre le Sid chthonien et les iles lumineuses, de faire ou d'essayer de faire configurer les deux options ce n'est pas facile et nous sommes un peu dans le brouillard à ce propos.

[André-Yves Bourgès]

Bonjour à tous,

Merci à Patrice pour le "rebond" : même si je connais ses préventions à l'égard des travaux de la regrettée Anne Lombard-Jouan, décédée centenaire en février 2010, je signale ici, à toutes fins utiles, dans l'ouvrage de cette dernière Aux origines de carnaval: un dieu gaulois ancêtre des rois de France, le chapitre IV intitulé "la chasse au cerf, une activité rituelle", partiellement accessible en ligne ici (et les notes correspondantes là).

En dehors des aspects 'mythologiques' sur lesquels je renouvelle mes aveux de totale incompétence, les différents témoignages allégués par l'auteur démontrent la pérennité de la chasse au cerf comme 'marqueur' de la puissance royale en Gaule au bas Empire, puis au haut Moyen Âge. Dans le Tristan, on voit le roi Marc chasser le cerf, mais cet exercice cynégétique est de rigueur à l'époque où travaillai(en)t le(s) romancier(s), plus de six siècles après celle où avait vécu le prototype historique de Marc, Commor.

Cordialement.

[Patrice]

Salut,

Voilà bien pourquoi je n'ai osé mentionner l'immense nombre de cas de chasses au cerf dans la Matière de Bretagne: au Moyen Âge central, tout noble chasse le cerf.

Sur le livre d'Anne Lombard-Jourdan, c'est un ouvrage certes chargé de défauts (parler d'Angleterre et d'Allemagne pour l'Antiquité...) mais qui n'en contient pas moins un bon paquet d'informations, à employer sous réserve de remonter à leurs sources.

A+

Patrice

[Séléné.C]

Je suis d'accord que l'association d'idée ne suffit pas, Muskull...
Mais elle entre en jeu.
Comment veux-tu construire une trame si tu n'as pas de fil ?


Cerf parqué et attelé = m'évoque des souvenirs du temps où je dévorais tous les Archéologia et tous les l'Archologue, ça...
Et plus récemment (hier)... Les rennes ont été employés, aussi, comme bêtes de trait et de charge... Pourquoi pas le cerf, donc ?
Sinon peut-être pour des questions de robustesse ou de docilité des concurrents équidés ou bovidés ? Mais ?

[DT]

Salut à tous,
Voici bientôt le Père Noël, distributeur.
Voici Luernos le distributeur.
Voici Diane et Actéon, la lunaire et l'Apollon solaire.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1996_num_140_1_15593
A+

[André-Yves Bourgès]

Bonjour,

Le cerf attelé à la charrue est un topos hagiographique des deux côtés de la Manche : voir par exemple ici dans la vita de saint Lunaire et dans la paraphrase française de la vita insulaire de saint Ke, dont le drame en cornique Beunans Ke a également conservé le souvenir.

Dans la fenêtre centrale de l’église de Locquenvel, six panneaux datés vers 1540, représentent des scènes de la vie de saint Armel, confondu en l’occurrence avec le saint local Envel, ou mieux *Guenvel : dans les deux panneaux du haut, le saint est en costume de laboureur, qui laboure la terre avec un attelage formé par une biche et un cerf, puis passe la herse attelée à un loup en lieu et place de l’âne dévoré par ce dernier.
(Plus d'informations ici...)

Cordialement.

[DT]

Salut à tous,
Voir aussi :
http://www.ot-belle-isle-en-terre.com/patrimoine/eglise-loc-envel.php
A+

[Muskull]

Merci DT pour ce lien sur Persée
Et merci aussi André-Yves mais tout cela fait beaucoup de documents et il faut "digérer" tout cela et ne pas oublier les détails.
@ + donc...