Thierry a écrit:Gwenedal ne se pose pas la question de savoir si les Manceaux par exp (je connais l'exemple) sont contents de l'appellation "Pays de Loire" (car ils'agit aussi du Maine de l'Anjou et de la Vendée) et de la domination culturelle et admistrative nantaise dans leur moderne région administrative.
Bonjour Thierry,
Je me suis posé cette question un bonne dizaine de milliers de fois, mais ne l'évoquais pas (comme un certain nombre d'autres que je me pose) dans le but de rester dans le sujet. Après tout, rien ne nous empêche de dévier sur la question des régions administratives françaises et de leur cohérence, en particulier de celle des Pays de la Loire puisque j'y vis.
Je connais des Manceaux et puis confirmer qu'ils ne se sentent guère proche des Nantais. Sur un plan culturel d'abord, mais la meilleure réponse à cette question est dans la géo-économie. L'aire d'influence économique traditionnelle de la ville de Nantes s'étend de la Vendée au sud-Finistère ; elle ne s'étend guère vers l'est en raison de l'énorme influence du bassin parisien, dans laquelle tombent les départements de la Sarthe (Le Mans) et même de Maine-et-Loire (Angers). Bref, un étudiant manceau ne s'inscrira pas en fac à Nantes, mais plus probablement à Paris. Quant aux Mayennais, ils sont attirés vers Rennes.
Ces dernières décennies, l'influence traditionnelle de Nantes vers l'ouest se réduit en raison du découpage administratif. On a joué à déplacer les centres de gravité naturels, ce qui n'a pas été sans effets sur l'économie : l'effondrement de l'industrie navale en Basse-Loire (Nantes, Saint-Nazaire qui fait de la résistance toutefois) en est, hélas, une bonne illustration. Ceci démontre le poids réel sur la vie quotidienne des intéressés de ces circonscriptions régionales que d'aucuns voudraient faire passer pour anodines.
A Nantes, tout est "Pays de la Loire" : on mange PDL dans les collèges et lycées (si si, publicité PDL sur les plateaux de cantine...) , on boit PDL (Le Muscadet récemment intégé aux vins de Loire, les hermines bretonnes retirées des étiquettes), on regarde la télé PDL (France 3), on lit la presse PDL (Ouest-France), on voyage PDL (énormes placards PDL sur les TER, banderole "Bienvenue dans les Pays de la Loire" à la gare de Nantes), on vit PDL, on rêve PDL... L'acharnement publicitaire de cette région est inversement proportionnel à sa cohérence humaine, économique et historique.
Mais fort heureusement, de bonnes âmes nous assurent que "rien ne nous empêche d'être Bretons", sauf que prononcer le mot Bretagne ici déclenche un torrent de réflexes conditionnés plutôt agressifs. Ceci n'attire pas beaucoup non plus, dans le domaine culturel, les subventions de la DRAC ! Ensuite nous ouvrons des livres d'archéologie où nous découvrons que Nantes et Guérande étaient "en Basse-Loire" au Moyen Age. Tout est parfait. Génial. Merci. Super.
Au sujet de la géo-économie régionale lire : Jean Ollivro, "la Bretagne dans le monde moderne", ou encore Pierre-Yves Le Rhun, "Bretagne et Grand Ouest". Voir aussi les conclusions de l'Institut de Locarn sur la pertinence des régions administratives Bretagne et Pays de la Loire.
Cordialement.