Je viens de trouver trois textes relativement tardifs (IVe, Ve et VIIe siècle), mais qui me semblent aller de paire:
Message d'origine
Passion de saint Marcel et saint Anastase, ASS, 29 Juin
Héraclius, s’adressant d’abord à l’auteur du miracle, lui dit impérieusement : " Qui es-tu, d’où viens-tu, où vas-tu ? "
-Je m’appelle Marcel, répond avec douceur celui-ci ; je suis chrétien. Je viens de Rome et je me rends à Toulouse avec Anastase, pour rejoindre mes frères Denis et Saturnin.
-Quels sont les noms de ton père et de ta mère ?
-Mon père est Egiathès, ma mère Marcellina.
-Tu cherches à me tromper ; tu prétends rendre la parole aux muets, l’ouïe aux sourds et tu méprises le culte d’Apollon. Quel est ton dieu ?
-J’adore Jésus-Christ notre Sauveur.
-Demain, rends-toi au temple : sacrifie à Apollon, à Hercule et à Diane, mère des dieux.
-Ceux que vous appelez des dieux n’en sont pas ; ils sont la perte des âmes qui croient en eux.
Message d'origine
Passion de saint Symphorien, trad. Drouet de Maupertuy, 1824, Paris.
Autun, qui voyait remonter bien haut sa noblesse et son origine, suivait les vieilles erreurs d’une religion sacrilège. Environnée de temples profanes et remplis d’idoles, elle s’était toute livrée aux vaines superstitions du paganisme ; et son peuple, désoccupé de toute affaire, passait les jours et les nuits dans l’exercice d’un culte ridicule. Cybèle, Apollon et Diane y étaient particulièrement révérés.
Un jour qu’on faisait une procession solennelle en l’honneur de Cybèle, et que la dévotion pour la mère des dieux y avait attiré toute la ville, Symphorien se rencontra par hasard en un endroit où la cérémonie passait. Voyant la déesse qu’on portait sur un brancard, il ne put s’empêcher de marquer le mépris qu’il faisait pour cette idole ; et bien loin de l’adorer, comme on l’y voulait contraindre, il s’en moqua hautement. [...] Je ne parle point de ces voix que les démons, sous le nom de cet Apollon, font sortir du fond d’une grotte qui en mugit, et du milieu d’un trépied qui en est ébranlé, lesquelles par mille détours viennent effrayer vos oreilles et abuser vos esprits. Mais quel aveuglement vous fait adorer le démon de midi sous la figure d’une Diane ? Car c’est ce qu’une curieuse recherche a découvert à nos saints docteurs. Ce démon qui, parcourant les places et les carrefours [unde etiam Diana dicitur Trivia, scilicet à Triviis] des villes, va semant dans les cœurs des misérables mortels la discorde et l’envie.
Message d'origine
Vie de saint Taurin, VIII, trad. J.-B. Mesnel, dans Vies des saints du diocèse d’Evreux, 1914, Evreux.
Ensuite l’illustre pontife du Seigneur s’adressant au peuple lui demanda quel dieu il voulait servir ? Ils répondirent à haute voix : Que celui-là soit brûlé vif qui voudra adorer un autre Dieu que celui que tu adores et au nom duquel tu as ressuscité une morte. Entendant ces paroles, le bienheureux homme rendit grâces à Dieu et dit au peuple : Allons à votre Déesse. Comme on entrait dans le temple de Diane, le bienheureux Taurin dit : Voici votre Déesse, demandez-lui de venir à votre secours. Les prêtres de Diane se prosternèrent et se mirent à crier : Reine du ciel, sainte Déesse, invincible Diane, viens-nous en aide et venge-toi de ce magicien. Le démon, qui était caché à l’intérieur, répondit : Cessez, malheureux, cessez de m’invoquer ; depuis que cet homme, serviteur du Dieu très haut, est entré dans la cité, je suis enchaîné avec des liens de feu et je n’oserais même pas parler, s’il ne me l’ordonnait.
Ensuite le saint homme dit au peuple : Voici celle que vous adoriez. Voulez-vous être les serviteurs de Diane, qui fut l’épouse de son frère Jupiter […] ?
[…]
Ensuite ayant fait disparaître du temple de Diane toutes les impuretés des idoles, il le consacra en l’honneur de Sainte Marie Mère de Dieu.
Le premier nous dit simplement "Diane, mère des Dieux". Le deuxième associe curieusement Diane à Cybèle, la Mère des Dieux. Enfin le troisième nous dit que Diane fut l'épouse de Jupiter, et que son temple fut remplacé par une église consacrée à Marie, Mère de Dieu!
Moi, cela me fait penser fortement à Dana/Ethne, Mère, Epouse et Fille des dieux de l'Irlande.
Qu'en pensez-vous?
A+
Patrice