Le tissage en gaule

[Mistouke]

Bonjour à tous,
Je suis nouveau sur ce forum, j'habite en Haute-Garonne (chez les Volques Tectosages) et je travaille comme tisserand au village gaulois de Saint-Julien ( http://www.archeosite-gaulois.asso.fr/Village_Gaulois.html )
Je connais le tissage manuel moderne et j'ai commencé le tissage sur métier vertical à pesons depuis depuis le mois de mai au village gaulois.
Bien sûr dans ce village on fait un peu d'archéologie expérimentale puisque le tissage gaulois n'a pas laissé beaucoup de traces sur les procédés utilisés.
C'est pourquoi je me suis inscrit à ce forum pour poser des questions au cas où quelqu'un aurait la réponse et aussi pour parler de ce que je fais au village.

Métier vertical à pesons au village gaulois

D’abord des questions au sujet du lin
Au néolithique une méthode consistait à casser la partie ligneuse de la tige de lin avec l'arête d'un silex pour récupérer les fibres textiles ( http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2005_num_102_4_13188 ), est-ce que les gaulois utilisaient cette méthode ?
On peut aussi battre les tiges au fléau et récupérer les fibres ensuite et peut-être d'autres méthodes ?
Au sujet du tissage :
Domestique ou artisanal ?
Domestique pour une production personnelle (peut-être pas trop de couleurs et seulement du point toile ?)
Artisanal pour l'aristocratie (plus sophistiqué, avec de la couleur, des motifs et l'utilisation du métier à quatre barres de lisses ?)
Pour d'autres questions je reviendrai plus tard, en juillet et août, je travaille au village gaulois presque tous les après-midi.
J'ai construit un métier à quatre barres avec ce motif de tissage en losanges (fichier pdf page 3 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_0752-5656_1983_num_1_1_3009)
Je mettrai une photo plus tard
Merci

[Mistouke]

Voilà un petit texte pour résumer la manière d'utiliser un métier à tisser vertical à pesons
Texte extrait et remanié de cette page internet ( http://www.unc.edu/~klaxton/kathy.html ), j'ai refait entièrement le croquis

Le métier à tisser vertical à pesons

Le métier vertical à pesons est constitué de deux montants verticaux (C) reliés à leurs sommets par une barre ronde appelée l’ensouple (D) sur laquelle s’enroule le tissu. De l’ensouple pendent verticalement les fils de chaîne (F). Les fils de chaîne sont divisés en deux groupes pour une armure simple (armure toile), les fils pairs et les fils impairs. Une traverse inférieure horizontale (E) sépare les fils pairs des fils impairs. Les fils pairs (A) pendent perpendiculairement au sol, derrière la traverse inférieure et font un angle avec les montants verticaux car le métier à tisser est appuyé contre un mur. Les fils impairs (B) se placent devant la traverse inférieure et sont parallèles aux montants verticaux. L’espace entre les deux nappes de fils de chaîne se nomme la foule naturelle (1).

Chaque nappe de fils de chaîne est divisée en groupes de fils auxquels sont attachés les pesons qui servent à assurer une bonne tension. Les fils de chaîne pairs sont reliés à la barre de lisses (G) par des lisses (H) dont chacune passe entre deux fils impairs. La barre de lisses est placée sur des supports qui lui permettent de prendre deux positions. La première position donne la foule naturelle. Le fil utilisé pour tisser, qu’on nomme fil de trame, est passé entre les deux nappes de fils dans cette foule. Dans la seconde position, la barre de lisses est tirée vers l’avant, la nappe de fils pairs passe devant la nappe de fils impairs, ce qui crée une foule différente qu’on nomme la foule artificielle (2). Le fil de trame est repassé dans l’autre sens dans cette foule. Ce passage du fil de trame à travers la foule dans un sens et dans l’autre est répété jusqu’à ce que le tissu soit terminé.


Et le même en anglais :

The warp-weighted loom

The warp-weighted loom is constructed of two upright beams (C) connected at the top by a bar called the cloth bar (D) on which the cloth can be wrapped. From the cloth bar are hung the warp threads (F) which run vertically. The warp threads are divided into two groups for a simple weave (plain weave, also called Tabby Weave): even and odd threads. A beam parallel to the cloth beam called the shed rod (E) helps to separate evens and odd threads. The even warp (A) threads will hang perpendicular to the ground, vertically behind the shed rod and make an angle with the upright beam because the loom leans against a wall. The odd warp threads (B) are placed in front of the shed rod, and are parallel to the upright beams. The open space between the two sets of warp threads is called the natural shed (1).

Each layer of warp threads is divided into bunches to which loom weights are tied, to hold the threads under tension. The even set of threads is tied to a rod which is known as the heddle rod (G). Each even warp thread is tied to this rod with a loop called the heddle (H) which is passed between two odd warp threads. The heddle rod sits on supports on which it can have two positions. The first position creates the natural shed. The thread that is being used to weave, called the weft or woof thread, can be passed between the two sets of warp threads, through this shed. In the second position the heddle rod is lifted forward to bring the even set of warp threads in front of the odd set of threads. This creates a different shed called the counter-shed (2). The weft thread is then passed back through this shed. This process of passing the weft thread through the shed, in a direction and in the opposite is repeated until cloth is finished.

[ejds]

D’abord des questions au sujet du lin

Bonjour Mistouke, bienvenu dans l'Arbre. Et bravo pour ta présentation !

Les fibres textiles (lin, chanvre, ortie) exigent différentes phases préparatoires de rouissage, froissage, peignage... A ces travaux succèdent les manipulations proprement dites de filage qui garantissent à la fois les qualités et défauts d’un fil.

Mais n'étant pas frileux de nature et néophyte en tissage, mieux vaut laisser continuer Pline l'Ancien (23-79 ap. J.-C.) dans son Historiæ Naturalis, livre XIX (et que tu as certainement abordé dans tes lectures) :

TRAITANT DE LA NATURE DU LIN ET DE L'HORTICULTURE.

3- Toutefois, on sérance l'étoupe avec un séran de fer, jusqu'à ce que toute l'écorce soit tombée. La partie intérieure donne plusieurs sortes, distinguées d'après leur blancheur et leur souplesse. Filer le lin est honorable, même pour les hommes. Les chènevottes s'emploient à chauffer les tourtières et les fours. C'est un art que de savoir sérancer le lin et lui donner la dernière préparation. Cinquante livres de bottes doivent rendre quinze livres de lin peigné. Une fois filé, on l'assouplit de nouveau en le battant mouillé sur la pierre; tissu, on le frappe derechef avec des bâtons en forme de masse, d'autant meilleur qu'il est plus maltraité.