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L'énigme de la tuile gauloise
Une inscription gauloise de onze lignes gravées sur une tuile en écriture cursive latine a été découverte en août 1997 à Châteaubleau (Seine-et-Marne). Cette pièce, en bon état de conservation, se trouvait parmi des gravats ayant servi à remblayer un puits à la fin du IIe ou du IIIe siècle après J.-C. Elle constitue un des plus beaux documents épigraphiques de langue gauloise découverts à ce jour. Le linguiste Pierre-Yves Lambert l'a étudiée pendant près de quatre ans. Il pourrait s'agir d'un texte écrit à l'occasion d'un mariage. La traduction actuelle comporte toutefois encore beaucoup d'éléments très incertains. Comme tous les rares textes écrits en gaulois, cette pièce reste difficile à interpréter. Car, il faut bien le reconnaître, on sait peu de chose sur la langue de nos ancêtres les Gaulois.
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Yves Miserey
Publié le 06.08.2002
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«Le gaulois fait partie des langues en ruine», constate Pierre-Yves Lambert, directeur de recherches au CNRS et directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE, IVe section). En effet, on ignore presque tout de cette langue. On ne sait même pas quand elle a commencé à être parlée en France, en Belgique, en Suisse, en Bavière ou dans le nord de l'Italie. Des documents archéologiques montrent qu'elle a pu apparaître au Ve siècle avant J.-C., avec la culture de la Tène, mais on n'en sait pas plus. Les traces écrites sont extrêmement rares. Les plus anciennes d'entre elles, découvertes en Italie du Nord et dans le sud-est de la France, datent du IIe siècle avant J.-C. Les plus récentes remonteraient au IVe siècle après J.-C., époque à partir de laquelle le gaulois a été définitivement supplanté par le latin et ses dérivés.Les documents épigraphiques sont les principaux éléments permettant aux chercheurs de reconstruire le puzzle linguistique que constitue la langue gauloise
L'autre source est fournie par les noms propres, les mots transmis par les auteurs antiques, ou les rares mots français ou dialectaux français d'origine gauloise. C'est bien peu, car les inscriptions gauloises, qu'elles soient rédigées en caractère étrusque (gallo-étrusque), grec (gallo-grec) ou latin (gallo-latin), sont peu nombreuses. En tout, on dénombre environ cinq cents morceaux de pierres ou de pièces de céramique, de bagues et d'outils de filage, où sont écrits du gaulois. Et leur contenu se limite souvent à quelques mots, quand ce ne sont pas seulement des noms de divinités, de lieux ou d'artisans.Pourquoi une telle pauvreté de documents écrits? C'est la faute au latin, explique Xavier Delamarre, auteur d'un récent dictionnaire de la langue gauloise. «Pour de nombreux peuples de l'Empire romain, le latin a été une seconde langue apprise, celle de l'administration, de l'éducation, de l'armée. Il a été la langue que l'on écrivait, les peuples celtiques anciens ayant refusé de confier à l'écrit leur littérature et leur science», note-t-il, dans un numéro spécial de la revue L'Archéologue (1).Confrontés à la rareté des documents écrits, les linguistes en sont donc réduits à utiliser d'autres langues pour parvenir à déchiffrer certains mots inconnus et découvrir le sens des inscriptions. Le gaulois faisant partie de la famille des langues celtiques (voir infographie), c'est donc vers ces langues qu'ils se tournent. Mais toutes les langues indo-européennes, même le sanskrit (l'une des langues les plus archaïques de cette famille), peuvent aussi aider à avancer dans la traduction d'un texte.Avec l'inscription gauloise de la tuile de Châteaubleau (Seine-et-Marne), on est placé exactement dans ce cas de figure. Dans ce texte de onze lignes, ce n'est pas tellement l'écriture cursive en caractère latin qui a posé le plus de problèmes, même si on ne trouve que très peu de blancs entre les mots. C'est tout le sens du texte qui échappe à la compréhension. «Il reste sibyllin», reconnaît Pierre-Yves Lambert, qui vient de publier les résultats de ses recherches (2).«Quand j'ai examiné ce texte pour la première fois, je suis resté interdit, se souvient le chercheur. Je me demandais même si c'était du gaulois. Ma surprise était due à la simplification extrême des désinences. < et à l'emploi d'un signe nouveau pour nous, le double s barré.» La tuile lui avait été confiée en 1997 par l'association archéologique La Riobé (le nom gaulois supposé de Châteaubleau), qui l'avait découverte lors d'une fouille dans les gravats de remblaiement d'un puits datés de la fin du IIIe siècle après J.-C. Un vrai miracle. En effet, cette pièce d'argile de 36 cm de long sur 29 cm de large et 3 cm d'épaisseur, et pesant pas moins de 5 kg, a servi quelque temps sur un toit. Elle porte des marques d'exposition encore visibles. Depuis, elle est précieusement conservée à Châteaubleau, dans les locaux de l'association, qui en a fait deux moulages afin de pouvoir l'exposer sans risques.Des tuiles anciennes portant de brèves inscriptions, des abécédaires ou des dessins avaient déjà été trouvés dans ce petit village de Seine-et-Marne, qui fut sans doute un centre actif à l'époque gallo-romaine. .........
(1) «Parlez vous gaulois?», L'Archéologue, n°59, avril-mai 2002.(2) «La tuile gauloise de Châteaubleau», de Pierre-Yves Lambert, in Etudes celtiques, XXXIV, 1998-2000, CNRS éditions.A noter que La Langue gauloise, de Pierre-Yves Lambert, un ouvrage paru aux Editions Errance, est en cours de réédition.
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Quelqu'un ici peut-il en dire plus sur cette "simplification extrême des désinences" du gaulois ?
Quel pourcentage des déclinaisons du gaulois connait-on actuellement ?
Merci.