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umbos gaulois vs germaniquesModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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umbos gaulois vs germaniquesBonjour à tous,
j'ai pas mal lu sur l'armement gaulois, y compris les umbos. Cependant, je ne trouve pas d'articles parlant de la différence des umbos germanique vs gaulois (comme dans un contexte "alésia" par exemple). Je souhaiterai en effet faire faire plusieurs umbos (je ne parle pas d'umbos à ailettes) et j'ai parfois un doute sur l'origine. Un exemple : l'umbo à côté du casque celtique continental Si quelqu'un pourrait me guider vers un article ou une mono, je lui en saurais fort gré. Amitiés
Camille Jullian, Vercingétorix, Librairie Hachette, 320 pages, 1963, ill. 99 - p. 275, a écrit :
— « On redécouvre aujourd’hui ces fossés de César, remplis d’une terre plus foncée… on retrouve les aiguillons des pièges… et les cabochons des boucliers. » Partie centrale de bouclier gaulois, trouvée à Alésia. Musée des antiquités nationales (Holzapfel). Dans son livre qui commence lui aussi à dater, Joël Le Gall, Alésia, 1976, 224 pages, p. 95, montre les armes gauloises, trouvées dans les fossés de César : Michel Reddé, p. 306-7, Fouilles et recherches nouvelles sur les travaux du siège d'Alésia, 1993, indique : — « Les boucliers offrent en revanche une grande diversité : si les umbo à ailettes sont incontestablement celtiques 53, on connaît des umbo ronds provenant du domaine germanique ou celtique, mais aussi romain. » Sedullos a effectué une approche sur les umbo retrouvés à Alésia :
Le nouveau musée d’Alésia identifie ainsi l’umbo rond à pointe, ergot ou picot central :
Cédric Chadburn, en 2006, dans L’équipement militaire des guerriers germaniques au début du 1er siècle de notre ère, a écrit :
— « Concernant les umbos « en pointe », il est difficile de savoir s’ils équipaient les boucliers des soldats au 1er siècle ou si l’usage était plus tardif. » Image : limitis.org Il semblerait que le modèle de cabochon métallique découvert à Alésia appartiendrait aux troupes auxiliaires de César, des cavaleries germaines venues du nord de l’Europe, mais une similitude de type d’umbo semble "poindre" sur les oblongs et étroits boucliers des fantassins du chaudron de Gunterstrup ?! Page de couverture Vercingétorix, Camille Jullian, Librairie Hachette, 1963.
Re: umbos gaulois vs germaniquesComme EJDS le souligne, aujourd'hui on sait que l'umbo rond conique figurant dans la documentation matériel d'Alésia est germanique.
On ne sait pas dans quelles mesures ce matériel a pu être récupéré par les combattant gaulois. La densité du conflit de 52 induirait une récupération importante du matériel ennemi pour regarnir les troupes en armement. Toutefois, si on se réfère aux attaques de cavaliers germains durant l'année 52, on constate que ces derniers ont toujours eut le dessus sur les Gaulois, ce qui indique que dans le cas de récupération de matériel sous forme de butin, les Germains s'approprieraient avec leurs alliés romains le matériel gaulois. Mais si l'on remonte plus avant dans la guerre des Gaules, il est probable que du matériel germanique issu du butin soit passé entre les mains de leurs ennemis gaulois... Bref, si aujourd'hui on devait se représenter une troupe gauloise ou romaine de l'année 52, il est probable que de chaque côté les hommes furent équipés de matériel ennemi... VAE VICTIS
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Re: umbos gaulois vs germaniquesDe tout temps les combattants ont pris armes et équipements à l'ennemi pour se les approprier. Les armées de Napoléon étaient un assemblage de matériel et d'uniformes hétéroclites, et tant pis pour les images d'Épinal !
Jacques Mirou
A noter les ressemblances (! ?) des umbos arrondis de fig. 9 : — 5 : Pîtres, tombe 9 ; La Tène D2 ; — 7 : Wederath, tombe 242, 8 : Wederath, tombe 805. et fig. 11 : B — Alésia, choix d'objets (fouilles napoléoniennes, d'après Vercingétorix et Alésia 1994).
Re: umbos gaulois vs germaniquesIl est clair que la technologie de l'umbo gaulois est sans rapport avec les umbo circulaires coniques germains. L'umbo gaulois a toujours été étudié pour être appliqué sur une arête de bois, si les artisans gaulois avaient produit ce genre d'umbo alors nous serions en rupture technique avec les 3 siècles précédents, ce qui n'est pas impossible non plus mais peu probable... C''est pour cela que je pense que l'association dans une tombe d'armes de conceptions gauloises et d'armes de conceptions germaniques sont le fruit de récupération de matériel. Pour Alésia, nous sommes le site d'une bataille et les objets retrouvés sur place l'ont été en dehors de contextes funéraires, on ne peut donc pas créer de "panoplie type" avec ce corpus, seul le recoupement d'un faisceau d'information le permet. D'ailleurs quelques armes bien plus anciennes (épées et fourreaux) ont été retrouvées également sur le site de la bataille, des armes dont la technologie est celle du 3e siècle avant J.C. Dans l'état actuelle des connaissances, on pourrait penser qu'il s'agit de récupération d'armes anciennes, conservées depuis des générations, pour armer les combattants.
Bref, les umbos coniques circulaires apparaissent principalement lors des contacts germains-gaulois, surtout lorsque ces germains passent le Rhin pour s'installer durablement, notamment au tout début de la guerre des Gaules... Mais ce serait bien d'étoffer mon propos en indiquant, pour les plus érudits, les premiers contacts, en dehors de la virée des Cimbres et des Teutons... VAE VICTIS
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Re: umbos gaulois vs germaniques
Salut à tous, merci à ejds pour la citation. Franck, on ne peut pas exclure non plus que quelque(s) Germain(s), en délicatesse avec ses (leurs) compatriotes ou appartenant à un autre peuple germanique, se soi(en)t trouvé(s) du "côté" gaulois : César avait bien "son" Nervien. Mais l'hypothèse de récupération tous azimuts semble la plus probable. Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Re: umbos gaulois vs germaniquesBonjour,
Concernant les umbo germaniques, cette étude touchant la culture de Przeworsk (Pologne) [D) Les umbo - p. 13] (du groupe de reconstitution Limitis): http://www.limitis.org/documentation/Article010.pdf A noter que les rivets des umbo germaniques sont placés par groupe de trois, par groupe de quatre ou par trois groupes de trois ; ce qui n'est pas sans rappeler la décoration des casques celtes de type Novo Mesto... @+
Re: umbos gaulois vs germaniquesSalut,
Il ne faut peut-être pas accorder trop d'importance aux conjectures de notre collègue Durnacos.
Remarque très intéressante, à l'inverse il y a eu des spina sans umbo. Et comme je te l'ai déjà dit, le bouclier oblong avec spina pourrait remonter à la Crète ancienne vers 1500 av. J.C., cf fresque de Santorin (?). Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
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Re: umbos gaulois vs germaniquesOui Jean Paul, pour les spina documentées par des bas reliefs dès le 5e s. av. J.C., c'est bien leurs existences en premier lieu qui a donné sa forme à son renfort en métal : l'umbo. Et que comme cette technologie n'a jamais été abandonnée mais améliorée -je vous invite à observer les typologies à partir de la fin du 4e s av. J.C.- et que la technologie des umbo germaniques est différente, on peut dire -non pas affirmer, le doute peut demeurer- que l'umbo à ailettes gaulois n'a certainement pas influencé l'umbo germanique dans sa conception ni l'inverse.
La forme générale du bouclier, c'est autre chose et il est clair qu'il s'inscrit en tout point dans la tendance de l'époque, car même s'il est cintré le bouclier romain n'en demeure pas moins oblong, tout comme le bouclier plat gaulois, etc. Il est également intéressant de pouvoir observer dans la publication Limitis, la forme en "peau de vache" de certains plateaux de boucliers germains, car ils correspondent à une forme connue outre Rhin depuis plusieurs siècles : les dernières découvertes à Dürnberg (Allemagne) montrent un plateau de bouclier du 5e s. av. J.C. reproduisant la forme de son umbo (EIN EISENZEITLICHER PRUNKSCHILD VOM DÜRRNBERG BEI HALLEIN, LAND SALZBURG, MARKUS EGG ⋅ ROSWITHA GOEDECKER-CIOLEK ⋅ MARTIN SCHÖNFELDER ⋅ KURT W. ZELLER †, Sonderdruck aus dem JAHRBUCH DES RÖMISCH-GERMANISCHEN ZENTRALMUSEUMS MAINZ 56. Jahrgang 2009). Je rappel que les umbo métalliques de la fin du 5e s. av. J.C. -rares- sont des bivalves à ailettes ouvragées renforçant la spina courte dont l'arête centrale est elle même couverte d'une nervure fer. (page 24 de mon livre, 3e bouclier en partant de la gauche). Cette forme de plateau en peau de vache trouve aussi une correspondance sur le bas relief de Bormio (Italie) et sert souvent de modèle pour les décorations en damiers des boucliers reconstitués : Description (Unité ou pluralité de la sculpture celtique hallstattienne et laténienne en pierre en Europe continentale du VIIe au Ier s. av. J.-C. Armelle Duceppe-Lamarre) : fragment de stèle décoré en bas-relief de deux guerriers : d’un sonneur de cor qui a planté sa lance devant lui et y a accroché son bouclier rond décoré de motifs géométriques. Le second est un fantassin tenant dans sa main droite une enseigne et dans sa main gauche un bouclier rectangulaire à décor de spirales et de losanges qui lui cache tout le torse et le bassin. Il est coiffé d’un casque surmonté de deux cornes ou d’un panache. Le niveau de sol est indiqué par une frise sculptée de losanges et dessous on distingue le début d’un décor non identifiable. Type de pierre : calcaire. Dimensions: h = 31 cm, ép. = 6 cm. Contexte archéologique : inconnu, découverte en 1944 lors de la destruction de maisons près de l’église San Vitale de Bormio. La stèle était en remploi dans un mur. Datation: Ve s. av. J.-C. (?) Lieu de trouvaille : Bormio (Sondrio). Lieu de conservation: Museo Civico Archeologico Giovo. Bibliographie : Pauli 1973, pl. 7 n° 1, pl. 8-9. Je reviens sur la publication Limitis avec le fourreau d'épée plié présentant une résille à l'entrée. Quelques fourreaux du Luxembourg, notamment de la nécropole de La Madeleine montrent des similitudes frappantes. Je suis également intrigué par les petites plaques rivetées signalées dans la publication de Cédric (pages 30-31), il parle de décoration, mais les plaques ne suivent pas de logiques d'emplacement... Faudrait-il y voir des réparations ??? Dernière édition par Leukirix le Lun 23 Avr, 2012 13:29, édité 1 fois.
VAE VICTIS
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Re: umbos gaulois vs germaniquesSalut,
merci Leukirix pour toutes les précisions. La stèle de Bormio : http://www.celticworld.it/immagini/wiki/fg_9_68.jpg Un détail qui n'a sans soute rien à voir mais : la forme en "peau de vache" était aussi celle de certains lingots de métal à l'époque mycénienne... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Oui, les soldats et les armes, comme les pièces de monnaie, voyagent, se dispersent, changent de camps et de mains, et finissent bien souvent leur vie là où il y a des combats.
A l’évidence, le manque de récurrence de ce type d’umbo retrouvé dans l'importante nécropole de Wederath-Belginum (— et ses habitants, les uicani belginates, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Trêves, territoire des Trévires —) et dans les fossés d’Alésia ne suffisent pas à définir que ce modèle est originaire de la Gaule Belgique, frontalière avec la Germanie. Les indices sont minces, l'extrapolation incommode et le matériel hétéroclite. Ainsi, dans la tombe belge du guerrier, la présence d'une (« hache à douille »). La pierre à aiguiser l’épée et du rasoir (symboles de son métier, d’appartenance et soin de l’apparence ici bas et dans l’au-delà ). Au début de l'intervention romaine en Gaule, les Trévires servent d'abord de cavalerie auxiliaire à César, et il est dit que les Trévires n’envoyèrent pas de contingent à Alésia, mais de la monnaie leur appartenant a été retrouvée et l’absence de pièces de monnaies germaines a été constatée :
Ce que les fouilleurs de Napoléon III découvrirent à Alésia :
Mais, en quid, d’autres questions se posent : I - présence de troupes ou cavaleries trévires à Alésia, plutôt du coté de la coalition gauloise que des Romains ? Les Romains ramenèrent en trophée les prisonniers, armes, boucliers, carnyx... à Rome. Nul doute que les "Germains", du côté des vainqueurs, eurent aussi le temps de récupérer leurs armements en bon état. II - Umbo retrouvé dans un fossé près des remparts romains : plutôt le bouclier d’un combattant à pied que d’un cavalier qui s’y serait aventuré trop près ? III - Y avaient-ils, et est-on à même de reconstituer les différences d'un bouclier de fantassin par rapport à celui d’un cavalier celte ou germain, et qui devrait-être plus léger et moins encombrant ?...
Re: umbos gaulois vs germaniquesNon, il n'est pas possible à l'heure actuelle de reconstituer 2 types de boucliers utilisés respectivement par les cavaliers et les fantassins. Il faudrait poser la question aux cavaliers qui ont à utiliser les boucliers reconstitués aujourd'hui et je suis certain que les remarques se concentreraient sur la taille du plateau, sa forme éventuelle, son poids mais certainement pas pour déterminer tel ou tel type d'umbo, leurs fonctions premières étant la protection de la main, cette fonction est parfaitement remplie par l'umbo germanique ou gaulois.
Je parle sans savoir, mais je me permets de supposer que les cavaliers gaulois devaient monter à cheval dès que l'âge le permettait, un peu comme aujourd'hui pour les nomades des steppes de Mongolie, ils devaient faire donc preuve d'une très grande dextérité ce qui devait leur permettre d'utiliser les boucliers gaulois oblong... VAE VICTIS
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Re: umbos gaulois vs germaniquesDe la présence des Trévires à Alésia comme le suggère ejds :
I - César ne les cite pas parmi les contingents de l'armée de secours ; il s réapparaissent dans le Livre VIII, soutenus il est vrai par des mercenaires germains "qui ne refusaient à aucun peuple de secours contre les Romains"... Et sans doute, César ne se serait pas privé de les mentionner car "plus nombreux sont les ennemis, plus grand est le mérîte du vainqueur". II - Les Germains vivent comme un véritable déshonneur la perte ou l'abandon de leur bouclier sur le champ de bataille, ce qui leur interdit de participer aux cérémonies religieuses ou aux assemblées de leur clan (Tacite, La Germanie , VI) ; cela semblerait indiquer, qu'après la victoire romaine, personne ne s'est mis à la recherche du bouclier manquant, ni son propriétaire encore vivant, et si celui-ci était mort au combat, ni ses compagnons d'armes... Notons que les Romains _ à l'instar de tous les combattants de toutes les époques _ ont parcouru le champ de bataille pour identifier les cadavres, prélever les enseignes, collecter les trophées, et dans une curiosité morbide teintée d'effroi, voir comment la mort avait saisi les infortunés guerriers... III - Il semble bien que le bouclier dont subsiste l'umbo, était probablement un bouclier utilisé par un guerrier gaulois qui dans un mouvement de "repli stratégique précipité" l'a promptement balancé dans un endroit qui n'a pas de fait été exploré par les adversaires (buissons, excavation quelconque...) pour alléger sa course, et surtout ne pas être la cible des auxiliaires germains "qui auraient eu sans doute des questions à lui poser"... Pure spéculation bien sûr... @+
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