Bonjour à Tous,
Après avoir déjà pris connaissance des différents fils existant et traitant de près ou de loin au sujet des épées (Formes des épées celtes au 1er siècle, épées celtes, armes celtiques, fourreaux d’épées laténiennes, l’Equipement et l’Art de la Guerre chez les Gaulois…), je propose d’ouvrir ici un nouveau fil de discussion plus ciblé sur certains types d’épées celtes « courtes » ou de longueur « moyenne » et plus spécificiquement la question de la taille des lames des épées de taille et d’estoc de fantassins : longueur et largeur.
Ma question s’adresse plus particulièrement à Sedullos et à Leukirix puisque ce sont notamment eux que je vais citer comme auteurs dans les sources qui suivent.
Le type d’épée qui m’intéresse concerne le modèle de « longueur moyenne » à extrémité en pointe triangulaire tenant dans un cercle, et permettant un travail d’épéiste autant de tranche que d’estoc.
Petit rappel des sources consultées : Jean-Louis Bruneaux (Guerre & Armement chez les Gaulois, 1988) et Alain Deyber (Les Gaulois en Guerre, 2009)ne précisent malheureusement pas ces détails, ni en ce qui concerne la longueur exacte des lames, ni celles des soies ou encore le détail des mesures des poignées (pommeaux et gardes comprises).
Rapin (Gladius XIX, 1999, p.62) : précise que la réduction des amplitudes de longueur est déjà une réalité pour la phase finale de LTA et qui se poursuit à la LTB.
Au IVe siècle av JC: il existait (déjà ?) 3 modules distincts dont le moyen se situe dans la fourchette de 60 à 64cm, alors que le petit module ne faisait que 50cm de long pour 3 à 4 cm de large.
Il ne précise pourtant pas si les mesures qu’il donne concernent la totalité de l’épée (+ poignée, pommeau et garde comprise) ou uniquement les lames, ce qu’on peut toutefois supposer puisqu’il parle de la largeur également , donc il parle sans doute uniquement de la lame ( ?).
Rapin précise en outre que le retour aux lames d’estoc se produit vraisemblablement au cours de la IIe moitié du IIe siècle av JC.
Les lames de 80cm (longeur total ??) seraient fréquentes pour les fantassins (et atteindraient 96 cm pour les cavaliers).
Dans son ouvrage de référence (Franck Mathieu, Le Guerrier Gaulois) ; Leukirix précise plusieurs tailles :
- Le modèle présenté p.58, reproduit à partir des artefacts découverts dans la nécropole de Gouaix (Haute-Grève, Seine-et-Marne) rejoignent le type dit de « Hatvan Boldog » (du site hongrois éponyme) : la longueur totale de l’épée serait de 65cm.
- Un autre modèle de -295 av JC (p.65) ; montre une épée de + de 70cm (longueur totale je suppose), pour 600g de poids.
- Enfin un modèle d’Italie du Nord (p.84) de -260 av JC mesurerait 75 cm au total, toujours pour 600g de poids.
Enfin p.68, Leukirix précise que la majeure partie des poignées (de la garde au pommeau compris) des épées gauloises étaient somme toutes assez courtes et mesuraient environ 14cm.
Sedullos (sur le Fil concernant les fourreaux laténiens) parle d’une mesure moyenne de 17cm pour les poignées, ce qui correspondrait à peu près à la taille des soies.
Dans le numéro Hors série 5 d’Histoire Antique (mars-mai 2004) consacré à la guerre des Gaules ; Sedullos indique une longueur « moyenne » totale de 80 cm de l’extrémité du pommeau jusqu’à la pointe de la lame (et de 1m pour les cavaliers), soit une lame d’environ 56cm.
De toutes ces données exposées, si je peux les résumer ainsi :
- Au IVe siècle av JC : Les épées « courtes » d’estoc (et de taille), disons plutôt celles de longueur moyenne se situaient dans une fourchette moyenne entre 60 à 64cm, soit une lame d’environ 50cm ?.
- IIe moitié du IIIe siècle av JC (295 à -260) :
- °Modèle « Hatvan Boldog » en longueur totale de 65cm, soit une lame d’environ 51cm ( ?),
- °En -295 : un modèle en longueur totale de 70 cm, soit une lame de 56cm.
- °En -260 : un modèle en longueur totale de 75 cm, soit une lame de 60cm.
- IIe moitié du IIe siècle av JC : Le retour des lames d’estoc montrent tout de même des longueurs (totales ?) de 80cm, soit des lames d’environ 66cm.
- - 51 av JC : Longueur totale moyenne d’environ 80cm, soit une lame d’environ 56cm.
On constaterait donc d’une part que la taille de ces lames de fantassins n’étaient non seulement pas particulièrement excessives (de 50 à 60cm) mais au contraire parfaitement comparables à celles des Gladius Hispaniensis (60cm) et que la plus longue de ces lames n’atteignait que 66cm (IIe moitié du IIe siècle av JC), pour redescendre à la fin de l’indépendance gauloise à 56cm !!, soit à des tailles déjà connues pour la 2e moitié du IIIe siècle av JC.
Cette « réduction » des lames de fantassins épéistes à la Fin de La Tène résulterait-elle d’une « ré-adaptation » de l’armement gaulois consécutive aux affrontements de plus en plus fréquents avec des troupes romaines dont le type de combat - combinant un glaive de 60cm de lame (Hispaniensis) avec un large scutum ovalaire - impliquait nécessairement pour les gaulois un rapprochement du combat au corps à corps avec ces derniers, leurs anciennes lames longues étant devenues du même coup presque « handicapantes » pour ces derniers (??), car plus difficiles à manier pour contourner l’obstacle constitué par les boucliers romains.
J’en viens à ma/mes questions à Sedullos et à Leukirix :
- Pourriez-vous mes confirmer d’après vous et les données les plus récentes que vous possedez sans doute que ces épées « courtes » de fantassins de taille et d’estoc mesuraient bien les longueur totales et surtout les longueurs de lames indiquées ci-dessus.
- Une épée comme celle que présente Christophe comme « Officier » dans l’ouvrage de Leukirix mesure combien au final ? / taille totale, longueur de lame, longueurs des différents éléments de la poignée.
- Connaissez-vous les données correspondant aux largeurs des lames indiquées, ainsi que les poids de ces dernières ?
Merci beaucoup pour toutes vos précisions et vos points de vues sur la question…
N.B : Pour clarifier le débat en amont ; je ne fais ici nullement de distinction pour les combattants fantassins : lorsque je parle d’ « épéiste fantassin », c’est uniquement pour simplifier. Le « travail » à l’épée intervenant bien entendu seulement lorsque le fantassin ne peut plus combattre avec sa lance pour quelque raison que ce soit. Je mets ici également dans le lot les « guerriers spécialisés dans le nettoyage » à l’épée dont Sedullos suppose l’existence, épéistes potentiellement dotés de ce type d’épées et qui auraient pu suivre les vagues précédentes de lanciers.