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Tolkien et les mythes celtiquesModérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Tolkien et les mythes celtiquesSalut à tous,
On entend souvent dire que Tolkien s'est beaucoup inspiré, pour son oeuvre en général et pour le Seigneur des Anneaux en particulier, de la civilisation celtique et surtout des légendes celtiques. Or on trouve plutôt des références germaniques (l'Anneau lui-même, les Nains et leurs noms, le nom-même de Gandalf sont directement tirés de la mythologie scandinave). lire : http://www.jrrvf.com/sources/sources.html et aussi : http://www.jrrvf.com/essais/mythologie_chretiente.html ainsi que : http://www.jrrvf.com/essais/imaginaire/ ... ction.html Cependant, en fouillant bien, on trouve plusieurs thèmes qu'on peut rapprocher de thèmes celtiques. Quelques-uns me viennent à l'esprit : - Les Hobbits, s'ils semblent bien anglo-saxons, ont la particularité de vivre sous terre, dans des habitations appelée "smials" qui font penser aux Sid irlandais où les Tuatha Dé Danann se sont réfugiés après la venue des Fils de Mil, les Gaels. - De manière plus inquiétante, les quatre hobbits qui quittent la Comté passent d'abord par la Vieille Forêt et arrivent dans une lande appelée "les Hauts des Galgal" (en anglais : "Barrow-Downs"). Les Galgals sont des tertres hantés où sont enterrés les anciens rois d'Arnor. [Ce passage est sauté dans le film]. -D'une autre façon, le monde des "dieux", la Terre sacrée est située Outre Mer, à l'ouest, et les Elfes, sentant venir "le temps de hommes", quittent la Terre du Milieu pour rejoindre Aman outre mer. Sous les collines (le pseudonyme de Frodon quand il arrive à Bree est "M. Souscolline"), ou au-delà de la mer, ce sont les deux principales formes de l'Autre Monde irlandais. - Gandalf le sorcier a tout du vieux sage qui a traversé les âges, Fintan ou Merlin. - Les Orques, eux (surtout les Uruk-Hai créés par Saroumane) sont à rapprocher des Fomoire par leur laideur repoussante, leur difformité. Ils en sont pourtant différents sur un point important : alors que les Fomoire sont des esprits de la terre, indissociables de la terre d'Irlande et immémoriaux, les orques, eux, ont été créés postérieurement, par le Seigneur du Mal ou par Saroumane à partir de créatures "bonnes" : les Elfes. Cependant, Fomoire et Tuatha Dé Danann sont cousins, comme les Elfes et les Orques. - La thème du Roi universel (Aragorn) est non seulement celtique (Arthur), mais pan-indo-européen (voir le Cakravartin hindou, Frédéric Barberousse le germanique, etc. Voir le livre de René Guénon : "Le Roi du Monde", chez Gallimard). - Sauron, lui aussi, relève d'un thème indo-européen : celui du dieu-lieur, Varuna en Inde, Ogmios chez les Celtes. voir : http://www.jrrvf.com/~hisweloke/site/ar ... index.html - Les Ents (créatures-arbres) qui prennent d'assaut la tour d'Orthanc, refuge de Saroumane, sont une nouvelle expression de l'histoire bien connue des Arbres combattants (voir la rubrique Légendes de ce site, ainsi que le texte gallois du Combat des Arbrisseaux, ou Kat Godeu) - Dans le Silmarillion, recueil de la mythologie tolkienienne et de l'histoire de la Terre du Milieu avant la guerre de l'Anneau, un personnage nommé Earendil accomplit un voyage extraordinaire sur la mer afin de trouver la terre sacrée des Valar (les "dieux"). Ce récit entrerait volontiers dans la catégorie irlandaise des "imramma" ou "voyages", comme celui de Bran. Ce ne sont que quelques exemples qui me viennent à l'esprit. Une étude approfondie de l'oeuvre de Tolkien permettrait certainement d'en découvrir bien d'autres. Des idées ? Des questions ? Des commentaires ? F. Bodu
Salut,
Ai Bödü, excellent ! Juste quelques petites remarques et ajouts : Si le thème d'Eärendil rappelle les Immrama, Tolkien est parti d'un poème en vieil-anglais paralnt d'un ange. Tom Bombadil est une sorte d'homme primordial qui était là avant les Elfes et sera là aussi à la fin. Gandalf, l'Istari est un magicien pas un sorcier. La cotte de mailles de mithril donnée par Bilbo à Frodo rappelle le haubert d'Obéron, porté par Huon de Bordeaux. Le cor de Boromir évoque le cor célèbre de Roland mais aussi celui d'Obéron donné lui aussi à Huon. Le cor de Helm est un peut-être un souvenir du cor de Heimdall dans la grande bataille du Ragnarök, le Crépuscule des puissances. @+ sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Bonjour,
Belle synthèse Bodu J'ai déniché cette analyse qui s'attache plus précisément à la part celtique de l'imaginaire de Tolkien: http://www.nouvellescles.com/dossier/To ... olkien.htm L'analyse trifonctionnelle du roman est intéressante et très démocratique Car après tout, le rôle de la troisième fonction, celle des hobbits et des ents, est loin d'être mineur. Les ents détruisent irrémédiablement le pouvoir de Saroumane (le petit Sauron) alors que les cavaliers de Rohan étaient défait par la magie, et les hobbits sont les porteurs du destin. Il y a deux rois pêcheurs aussi, Théoden de Rohan "intoxiqué" par la "parole mensongère" que Gandalf guérit et Denethor de Gondor, empoisonné de même par le Palantir (graal) où seul Aragorn /Peredur pourra regarder sans chuter... La Lorien, ah la Lorien ! Représentation de l'autre monde celtique, hors du temps, "comme un rêve qui surgit quand tout s'assombrit". Et curieusement, Tolkien, n'en fait pas le but de sa quête car "c'est maintenant à l'homme de faire son destin, et nous allons diminuer et partir". La Lorien est le point de départ de la quête, le lieu de l'alliance de la compagnie de l'anneau où tous les peuples sont représentés, même celui des elfes comme en souvenir des temps plus anciens. Mais c'est la magie des elfes qui permet la réussite de l'entreprise quand tout semble perdu, les cadeaux de Galadriel. Les manteaux d'invisibilité qui permettent à Merry et Pippin de s'échapper et de rencontrer les Ents, la corde de Frodon et Sam qui permet de "lier" ce qui reste de bon en Gollum et d'en faire un guide, la nourriture magique qui permet de survivre quand "il n'y a plus rien" et la fiole lumineuse qui permet de repousser le monstre tisseur et lieur et d'entrer en Mordor... L'Oeil unique est celui de Balor, l'aspect destructeur du "regard voyant", mais aussi celui de "l'oeil était dans la tombe et regardait Caïn" de notre Hugo lui aussi inspiré "formidablement" des mythes celtiques (voir la légende des siècles). Voilà , si en première analyse il y a, en effet, beaucoup d'inspiration des mythes nordiens dans l'oeuvre de Tolkien, la trame (patern en anglais) est bien celtique et ressurgit aux moments clé. Même ce dualisme / Manichéisme qui n'est pas affirmé dans les traditions celtiques, s'y retouve pourtant dans les mythes fondateurs et ce qui est aussi remarquable dans le récit de l'Anneau c'est sa dimension philosophique (peu présente dans le film qui à la mode du temps privilégie les actions d'éclats), Un "bon" peut devenir "mauvais" par désir de pouvoir, et vice versa, même en Gollum restaient des souvenirs de bonté. Le mal s'efface à la fin, dès que son lieu de focalisation disparait, le mal disparait... Nous pouvons ainsi avoir une autre lecture du mythique "axe du mal" de Bush très junior Désolé, je n'ai pas résisté
Ouf, que de travail en perspective sur les liens cités !
Je suis allé voir le film n° 2, et j'ai eu l'impression d'entendre, pour la langue spéciale, un mélange d'anglais (évidemment) mais avec des sonorités galloises. Très beau, mais manque un peu de souffle épique. Ne boudons pas le plaisir, même s'il est fort long, trois heures sans pisser ! (La vulgarité est voulue exprès). (opinion qui n'engage que son auteur). Bloavezh mat d'an holl / Bonne année à tous. mikhail
La Lorien, en effet, est un des thèmes de forme celtique du SdA. Il s'agit là du nemeton, la forêt sacrée, lieu de contact avec l'Autre Monde, image de l'Autre Monde, et Autre Monde lui-même. Le temps n'y passe pas de la même façon que dans le monde ordinaire.
Dans le lien "Nouvelles Clés" cité par Muskull, on lit ceci : "Beaucoup plus intéressante est la description de ce pays de Lorien où règne la mystérieuse Galadriel. Là , nous sommes en plein mythe celtique. Tolkien nous dit en effet : "La destruction est lente en Lorien... Le Pouvoir de la Dame est dessus. Les heures sont riches, bien qu'elles paraissent brèves, Caras Galadon, où Galadriel détient l'anneau." On croirait lire un texte sur l'île d'Avalon, où règne la fée Morgane, ou sur île d'Emain Abloch, la Terre des fées des légendes irlandaises, la fameuse île des pommiers où les fruits mûrissent en toutes saisons, où nul n'est affligé de maladie, de vieillesse et de mort, où le temps n existe pas. Effectivement, en Lorien, on constate l'allure ralentie du Temps, et c'est une femme, La reine Galadriel, qui est la maîtresse de ce monde hors du commun. Son pouvoir est à la fois divin et magique. Elle est l'image de la grande Déesse solaire des anciens Celtes, et il n'est pas exclu que Tolkien lui ait donné le nom de Galadriel par référence à Galaad, héros de la Quête du Graal, le seul qui ait vu ce qu'il y avait dans le Graal, et don le nom provient du radical celte signifiant "Puissant". Car Galadriel incarne incontestablement la Puissance, la Souveraineté. Et c'est un thème bien celtique que cette souveraineté absolue, divine et magique, détenue par la Femme, Doit-on en conclure que Lorien est le modèle idéal d'une société sans classe, qui réalise à la façon indo-européenne, le triomphe de la Troisième Fonction ? Il est bien établi maintenant que le Paradis païen des Celtes, le Tir nan Og, la Terre de Promesse, la Terre des Fées, l'Île des Pommiers, paradis régi par des femmes, n'est occupé que par des êtres relevant de la Troisième Fonction mise en évidence par Georges Dumézil dans ses études sur la fameuse "tripartition", La Reine des Fées est une déesse-mère ou une déesse de l'Amour : elle procure là Richesse, l'Abondance, l'Oubli du Temps et la Non-Mort. [i]C'est la maîtresse de l'Éternel Présent dans un pays où le Réel et l'Imaginaire se confondent à tel point que le problème ne se pose plus[/i]. " L'auteur de ces lignes a raison d'évoquer la figure de Galadriel comme Souveraine parfaite. Cependant, il se trompe en évoquant le "triomphe de la Troisième Fonction". En effet, l'Autre Monde n'est pas de la Troisième, ni de la Deuzième et même pas de la Première Fonction. Il est l'état idéal où il n'y a plus de fonctions. C'est l'état primordial que les Indiens appellent Hamsa (ce qui signifie aussi "le Cygne", et ça tombe bien, puisque les messagères de l'Autre Monde ont souvent la forme de cygnes). Dans le Seigneur des Anneaux, même la Lorien s'affaiblit : les Elfes doivent quitter la Terre du Milieu. Le centre sacré de la Lorien disparaît, comme d'autres : Imladris (Fontcombe) et les Havres Gris également. C'est que le centre primordial devient de plus en plus inaccessible, au fur et à mesure du développement de la manifestation. On entre alors dans le quatrième âge : l'Age de Fer ? L'âge des hommes, en tous cas. Le Seigneur des Anneaux apparaît ainsi comme une oeuvre qui recèle des données traditionnelles. On dit parfois qu'il s'agit d'une oeuvre chrétienne. Je ne suis pas d'accord : même si le Dieu créateur unique, Illuvatar ("père de tout", comme le Dagda Ollathir) ressemble au Dieu chrétien, il n'y a rien dans le SdA qui rappelle la figure du Christ. En réalité, aucun élément "religieux" ou "métaphysique" de l'oeuvre n'est contraire aux données traditionnelles, chrétiennes ou non. Illuvatar est l'image de la source unique de toutes choses, le Principe suprême de Guénon, le Brahman des Hindous. Les Valar (sortes de "dieux" ou d' "anges" chez Tolkien) ne sont pas des divinités en soi, mais des aspects du sacré, comme les "divinités" dans les polythéismes indo-européens. Les Âges successifs décrits dans le Silmarillion peuvent être compris comme les correspondants des âges traditionnels de la cosmogonie indo-européenne. A mesure qu'ils se succèdent, on s'éloigne de plus en plus de la réalité divine, c'est-à -dire de la Terre d'Aman et des Valar. Même certains détails correspondent : ainsi, le premier port que les voyageurs abordent en Terre sacrée d'Aman est Alqualondë : le Port des Cygnes (voir plus haut). Manwë et Varda, les deux principaux Valar, résident sur le mont Taniquetil (en quenya : "Haute Montagne Blanche"), qu'on appelle aussi Oiolossëo (le "Toujours Blanc"). Ceci est l'équivalent du mont Meru, centre et pilier du monde. Numenor, le continent englouti, est évidemment l'Atlantide : un pays où les hommes étaient en contact direct avec la divinité (= les elfes d'Aman), mais qui s'est enfoncé dans la mer à cause de l'orgueil des hommes. Il faudrait faire une analyse fine de l'oeuvre de Tolkien. Je suis certain qu'elle permettrait de découvrir d'autres éléments traditionnels. Tolkien s'affirme non seulement comme un grand écrivain, mais comme un auteur inspiré. F. Bodu PS. Sed, tu as raison : Gandalf est un magicien, pas un sorcier. Le singulier de "Istari" est "Istar". Muskull : d'accord avec toi sur les rois pêcheurs, blessés ou "méhaignés", surtout Theoden qui perd son fils unique. D'accord aussi sur l'oeil de Balor/Sauron.
"Ouf, que de travail en perspective sur les liens cités ! "
Sans compter que pour mettre en perspective les analyses, il faut relire l'oeuvre de Tolkien ! Bodu dit vrai quand il parle de "fidélité" du film par rapport au livre. C'est suffisamment rare pour en être remarquable. Mais les contraintes moderne du cinéma commercial font que les séquences s'enchaînent à un rythme quasiment effréné. De l'action, toujours de l'action ! On aimerait quelques moments de longue respiration qui donneraient cette dimension épique que regrette Mikhail. Une heure de plus à chaque film en fait !
Salut à tous,
Une remarque pour compléter ce qu'a dit Bodu. Foncombe et la LothLorien sont des centres spirituels secondaires par rapport aux îles et terres de l'Ouest et ceci dans une perspective guénonienne. Il y a là un retour vers le Principe consécutif à une accélération du temps propre à un changement de cycle. Tolkien était un catholique traditionnaliste et il est curieux de voir combien sa représentation du monde recoupe certaines conceptions métaphysiques traditionelles sans que cela jamais exprimé ouvertement au niveau du discours littéraire. Tout repose sur un récit exemplaire mettant en jeu des chaînes de symboles qui éveillent en retour un écho très ancien. sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Mince alors !
Mon dernier post s'était croisé avec celui de Bodu et je viens juste de le découvrir ! "L'auteur de ces lignes a raison d'évoquer la figure de Galadriel comme Souveraine parfaite. Cependant, il se trompe en évoquant le "triomphe de la Troisième Fonction". En effet, l'Autre Monde n'est pas de la Troisième, ni de la Deuzième et même pas de la Première Fonction. Il est l'état idéal où il n'y a plus de fonctions." Tout à fait d'accord avec toi, Bodu, l'auteur s'est laissé aller à un enthousiasme "républicain" "C'est l'état primordial que les Indiens appellent Hamsa (ce qui signifie aussi "le Cygne", et ça tombe bien, puisque les messagères de l'Autre Monde ont souvent la forme de cygnes). " Rappelons nous que lors de "l'adieu à la compagnie de l'anneau", Galadriel apparaît sur une barque en forme de cygne. J'ai lu il y a très longtemps une tradition indienne qui disait que le premier Véda avait été mis par écrit parce que la mémoire de l'homme se réduisait du fait d'une trop grande "incarnation", densification, due à un phénomène cosmologique, le Kali Yuga (âge de fer)... L'on retrouve cela dans beaucoup de mythes créateurs relatifs à l'humain (le paradis perdu pour simplifier ) et il est aussi remarquable que nombre de traditions spirituelles proposent "d'épurer" notre matérialité pour "revenir" à cet état antécédant de "mémoire" de la conscience humaine. Dans une telle réalité, le monde serait "allégorique" et le mythe "vrai et plus vivant". Il n'y a là aucun élitisme, c'est un carte que je joue, un paysage qui m'appelle, signe et cygne
Tolkien
Un mot de critique littéraire : J'ai déjà été frappé de voir que l'oeuvre de certains auteurs est en franche contradiction avec d'autres données qu'on connaît d'eux. Il est cair que l'oeuvre de Tolkien est païenne et polythéiste ; alors que l'homme est catholique et en principe monthéiste... Louis Pasteur disait déjà : "Quand j'ouvre mon laboratoire, je ferme mon oratoire". Passons sur Pavlov, bigot au plus haut point, travers que les bolcheviks ont volontairement ignoré : Pavlov était leur premier et seul prix Nobel. Arthur Compton, autre prix Nobel, de physique, était également du genre de Pasteur. Etc. Comme quoi la connaissance de détails de la vie d'un auteur peut être sans aucun intérêt à l'analyse de son oeuvre... et à l'admiration d'icelle. mikhail
Salut,
Non désolé Mikhail, je maintiens que l'appartenace de Tolkien au catholicisme apparaît dans son oeuvre avec le thème de la rédemption à travers trois personnages. Aragorn rachète la "faute" de son ancêtre Isildur en restaurant la royauté du Gondor par sa conduite exemplaire. Un peu malgré lui, Gollum détruit le "mal"et sauve ainsi la Terre-du-Milieu. Galadriel obtient des Valar de retourner en Valinor parce qu'elle a imploré leur pardon et renoncé à prendre l'anneau unique. sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Sed,
Ma note était plutôt générale et pas particulière à Tolkien ; de plus mon souvenir de lecture date d'environ quatre ans, rapide, sans prise de note. Cette coloration chrétienne - catholique reste quand même discrète. Je rajouterais à ta remarque un autre argument pro-catho : la luttte du Bien et d'un Mal absolu, avec succès inévitable du Bien. Notez les majuscules. mikhail
Bonjour
Alléché par tout ce qui a été dit sur ce fil, j'ai acheté le "Livre des contes perdus" de Tolkien. Je ne le regrette pas, on y trouve la genèse de sa mythologie Je reviens donc sur le non dualisme chez Tolkien : Fragments : " Par Melko sont venues douleur et obscurité,etc... dans la création / Pourtant ceci est à travers lui et non de lui / Vous verrez à la Fin que le thème (musical) créateur n'en vaut que plus la peine d'être écouté, la Vie davantage la peine d'être vécue / et que cela magnifie le monde... Il n'y a donc pas de mal absolu et nous sommes proches de la cosmogénèse mazdéenne (Ahura Mazda et Ahriman) qui, nous le savons maintenant a inspiré l'ange rebelle des mythes bibliques (shaitan). L'on regarde trop souvent l'influence judéo-chrétienne sur l'occident mais l'on oublie une trajectoire inverse (mais beaucoup plus ancienne) des I.E. sur les religions du livre. L'idée d'une pré-création dans "l'idée" avant sa matérialisation par l'intervention d'agents créateurs (démiurges) existe dans la cosmologie ismaëllienne, dans la Kabbale et dans les Upanishad aussi je crois, mais je connais moins. Tout celà est aussi ressorti chez les gnostiques alexandrins avec le concept de bons et mauvais démiurges. Dans les mythes égyptiens Seth est le "démembreur" d'Osiris qui crée ainsi le besoin de "reconstruction", la nostalgie de "l'éternel retour". Il existe des textes soufis du Khorassan où Iblis, Shaïtan, l'ange rebelle, se sacrifie en conscience en incarnant l'opposition pour permettre au monde d'être et aux hommes (faits d'argile mais possédant la "flamme secrète") de se construire et de se parfaire "face à l'ennemi". Tolkien ne va pas aussi loin mais il évoque la "Fin des Jours" qui n'est pas pour lui un Jugement avec punitions afférentes pour les mauvais élèves, mais une re-connaissance des origines, un retour à la Mémoire des premiers âges et du chant créateur. La mémoire des choses anciennes est un des thèmes les plus important de son oeuvre. Difficile donc de voir en lui un chrétien traditionnaliste sinon pour la "façade" sociale de son lieu de vie.
Salut,
Merci pour tous ces éclairages, en particulier pour la non-dualité = advaita en sanskrit. Je persiste à voir en Tolkien, un catholique traditionaliste- ce qui ne veut pas dire intégriste et sectaire- pour la bonne raison que Tolkien lui-même se voyait ainsi. Son meilleur ami était C. S. Lewis de confession anglicane, très marqué par le protestantisme d'Ulster. Et puis tu sais l'imprégnation religieuse est quelque chose de très fort et de très curieux : un personnage aussi constrasté que Georges Ivanovitch Gurdjieff n'a jamais coupé les ponts avec le christianisme grec de son enfance. sed... Jean-Paul Brethenoux. Sedullos Lemouico immi exobnos in catue ! ΣΕΔΟΥΛΛΟΣ (Graecum est, non legitur !)
"Honorer les dieux, ne pas faire le mal, s'exercer à la bravoure."
Okie Sed
Maintenant je vois parfaitement le sens de ton propos Non sectaire, simplement d'éveil à une pensée spirituelle, et après chacun trace sa voie en restant fidèle à l'origine même s'il a repoussé les murs de sa petite chapelle... Tiens, Gurdjieff il est vrai que son livre "écrits de Belzébuth à son petit fils (Hossein)" est d'une étrangeté comparable à l'oeuvre de Tolkien mais on y parle aussi du dessein et du chant
Salut,
Et moi, je persiste à dire que ce n'est pas vraiment "chrétien", tout ça, si les mots ont un sens : il n'y a pas de Christ là -dedans, en aucune manière. Or, le christianisme est la religion du Christ, je crois. Les notions que tu cites, Sed, ne sont pas spécifiques du christianisme, mais se trouvent au moins dans toutes les religions du Livre, voire au-delà . Aragorn rachète la faute d'Isildur ? Peut-être, mais est-ce chrétien, cette notion de faute héritable (je ne vois que le péché originel, dans ce cas). Galadriel retourne à Aman (ou Valinor) parce qu'elle refuse de continuer la lutte de sa famille, les Noldor. Encore une faute collective. Reste Gollum, qui peut peut-être constituer le plus "chrétien" de tes exemples : c'est de là où on l'attend le moins que surgit le salut. Mais encore une fois, est-ce vraiment chrétien, et seulement chrétien ? Je crois que Tolkien, qui était certes catholique, un catholique de son temps (c'est-à -dire d'avant Vatican II), contient dans son catholicisme des tas d'éléments qui sont au-delà du christianisme, et qui relèvent de la Tradition, ni plus ni moins... Amitiés F. Bodu
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