"S'SCHIWE SHCHLAWE"

[DANY]

Bonjour à tous,

A Offwiller, petit village alsacien, près de mon lieu de travail à lieu, au mois de mai, une fête, "s'schiewe schlawe" (en alsacien, on s'en doutait, gotverdammi, ) En français ca pourrait se traduire par "le frapper de disques" qui serait d'origine celte.

La fête se déroule le soir, dans une clairière, autour d'un grand bûcher.
Les jeunes (et moins jeunes) du village scient un tronc d'arbre en rondelles qui sont ensuite creusées pour en faire comme des couronnes.
Ces couronnes sont ensuite embrasées dans le bûcher puis on les récupère incandescentes on les fait tournoyer au bout d'une espèce de lance ou de perche, puis on les projette avec force sur un rocher, pour quelles ricochent et illuminent la clairière.

Cette pratique existe-telle encore ailleurs ou est-ce un jeu inventé par ces jeunes bucherons après quelques Kro bien fraiches ?

Hoplà, salù bisomme (salut à tous, vous aviez deviné)

[Fergus]

Hallo Dany...

Le folklore des anciens pays celtiques recèle parfois des anciens mythes, mais notre connaissance des anciens mythes est si parcellaire qu'on a du mal à les y reconnaître. De plus, le folklore qu'on connaît remonte au XIX° siècle, soit au moins 15 ou 17 siècles après la disparition des druides, et donc de la tradition celtique consciente. Les débris se sont donc longuement désagrégés, leur principe étant devenu incompris des gens. Certains faits se sont déplacés dans le calendrier, pour s'adapter au christianisme, par exemple. D'autres ont été détournés. De plus, ce n'est souvent que l'aspect agricole qui a été conservé.

Comme tu peux le voir sur ce site, une des grandes fêtes celtiques avait lieu en mai, autour du 1er mai. Le folklore français du mois de mai est très très riche, et de nombreuses choses s'y déroulaient (ou s'y déroulent encore, parfois). Arnold Van Gennep, dans son "Manuel de Folklore Français", y consacre 240 pages...
Le rites de roues enflammées se retrouve à Obernai (Haut-Rhin) par exemple, mais plutôt à la Saint-Jean d'été (24 juin). De même, à Scharrachbergheim. Dans d'autres régions (Poitou), c'est une roue de charrette enflammée qu'on fait dévaler une pente, ou qu'on promène à travers la campagne.
Extrait d'une Vita de Saint Vincent en Agenais, au moyen âge :
Autrefois dans le pays d'Agen, suivant un antique usage, les païens, pour célébrer une cérémonie de leur culte, s'assemblaient en Gaule dans un nemet (en celtique : lieu sacré, temple). A un moment donné, les portes du sanctuaire s'ouvraient comme par l'effet d'une puissance invisible et aux yeux de ce peuple abusé apparaissait une roue entourée de flammes qui, précipitée sur la pente, roulait jusqu'à la rivière au bas du coteau. (cité par A. Van Gennep, Le Folklore Français, rééd. Robert Laffont, coll. Bouquins, volume II, p. 1566).
La roue enflammée est attestée également à Kaysersberg, Turckheim, Linthal, Molxheim, mais aussi dans les Vosges, à Basse-Kontz (Moselle), à Trèves (Allemagne), en Champagne, en Auvergne, dans le Vivarais, etc.
Mais il faut noter que ces disques ou roues enflammés apparaissent aussi très souvent à Carnaval, et dans de nombreuses régions.

Difficile de dire si tout ça remonte aux Celtes... A la fête de Beltaine (1er mai), on allumait des feux, c'est certain. Extrait du Glossaire de Cormac, texte irlandais médiéval :
Belteine, feu de Bel, feu bénéfique, à savoir un feu que les druides faisaient par leur magie ou leurs grandes incantations ; et on amenait les troupeaux (pour les protéger) contre les épidémies chaque année à ces feux. Ils faisaient passer les troupeaux entre eux. (cité par Guyonvarc'h et Le Roux dans Les Fêtes celtiques, Ouest-France Université, 1995, p. 103). Guyonvarc'h pense d'ailleurs que les feux de la Saint-Jean ont probablement une origine similaire aux feux de Beltaine irlandais (id., p. 106).
Par contre, pas de trace de roue ou de disque enflammé dans les mythes irlandais qui nous sont parvenus, autant que je sache. Pourtant, la roue est un symbole très important, chez les Celtes comme chez d'autres peuples indo-européens.

[Rónán]

L'histoire des roues en paille qu'on enflamme et qu'on fait dévaler les pentes d'une colline, ca me rappelle quelque chose... j'en ai entendu parler en cours de civilisation celtique ici (a la fac de Rennes 2), et si je me souviens bien ca se fait en Irlande (je suis plus sur, mais je crois pas que ca soit en Bretagne)... Je n'en suis pas sur et je ne sais pas ou le prof a trouvé ca.
Ca me rappelle un souvenir, tráthnóna dá raibh muid ar an Bhealtaine i nGort a'Choirce i dtigh shean Mhaigí Mhánais, bhí mise féin a' comhrá le mo chairde Jimí agus Jódaí agus fríd an fhuinneoig caidé a chonaic muid ach teinidh thuaidh ar an chnoc 's comhair a' tí, ins an oíche. Char éirigh linn fáilt amach cárb as don teinidh sin ná cad chuighe ar lasadh teinidh ansin. Ach... bhail, ins a' Ghaeltacht is iomaí sin rud aisteach a tharlas... agus chan cóir iarraidh a dtuigbheáil... 'S gan trácht ar a gcuala mo chara Máire i nGleann Cholm Cille, nó bheifeá ar crith leis an eagla...

(c'etait pour l'ambiance je voulais donc dire, pour ceux qui ont pas capté:) )
un soir qd on était au Bealtaine à Gort a'Choirce chez la vieille Maigí Mhánais, j'étais en train de discuter avec mes amis Jimí et Jódaí, et par la fenetre on a vu du feu sur la colline, dans la nuit. On a pas pu savoir d'où ca venait ni pourkoi quelqu'un avait allumé un feu. Enfin dans la Gaeltacht, y a bcp de choses bizarres qui se passent... faut pas chercher a comprendre... . Je parlerai pas de ce que mon amie Marie a entendu raconter à Gleann Cholm Cille, ca vous ferait froid dans le dos...


Rónán
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'S iomaí sin rud nach dtuigfeá i dTír Chonaill