Peuple de la Gaule celtique, leur territoire se situait le long de la Mayenne et correspondait à l'actuel Bas-Maine (soit une grande partie du département de la Mayenne), c'est à dire l'ouest de l'ancien diocèse du Mans (avant 1790). Leur capitale était Noviodunum (Jublains).
Attestations et étymologie
Ce peuple fut mentionné par les sources littéraires antiques sous les formes Diablintes (var. Diabintes) par César (Guerre des Gaules, III, 9), Diablinti (var. Diablindi) par Pline (Histoire naturelle, IV, 107) et Αὐλίρκιοι οἱ Διαβλίται par Ptolémée (Géographie, II, 8, 7). A celles-ci s'ajoutent quelques témoignages épigraphiques sous le nom de C(IVITAS) D(IABLINTVM) sur la borne-frontière d'Auvers-le-Hamon (AE 1969/70, 406), NATIONE DIABLINTEM sur une inscription de Londres (AE 2003, 1016 ; 2005, 893 ; 2006, 709) et D(IABLINTVM) [CI]VI[T(ATE)] sur la borne leugaire de Châtillon-sur-Colmont (AE 1983, 696 ; 1995, 31 ; 2001, 1393). On notera que parmi toutes les attestations répertoriées, seul Ptolémée associe leur nom à celui d'Αὐλίρκιοι "Aulerques". Leur nom est gaulois. Le premier composé s'explique par le préfixe au-, qui exprime l'idée de séparation ou d'éloignement, associé au terme -lergo / -lerco qui signifie "trace". "Aulerques" devait signifier "(ceux qui sont) loin de leurs traces". L'étymologie du second composé reste quant à elle énigmatique.
Histoire
● Protohistoire
On considère régulièrement que les Aulerques Diablintes, Aulerques Cénomans, Aulerques Éburovices et Aulerques Brannovices pourraient avoir été les fractions d'un même peuple, chacune ayant pris son indépendance dans un contexte qui ne nous est pas connu. Autre alternative, on peut également penser qu'il s'agît de peuples différents, unis au sein d'une même confédération. Les rares textes existants, la Guerre des Gaules de César en premier lieu, n'apportent aucun élément d'explication.
● Guerre des Gaules
Bien que le récit de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.) par César soit généralement précis, il mentionne à plusieurs reprises les Aulercos "Aulerques" sans que nous ne puissions dire s'il les évoque dans leur ensemble (et s'il comptait les Aulerques Diablintes dans leurs rangs), ou s'il évoque une population particulière de manière imprécise. On peut sans guère de doute assurer que les Aulerques Diablintes furent de ces peuples soumis par les troupes de Publius Licinius Crassus en 57 av. J.-C., bien qu'ils ne furent pas précisément mentionnés. Les Aulerques Diablintes furent mentionnés pour la première fois dans le cadre de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.), et plus précisément lors de la coalition des peuples armoricains (56 av. J.-C.). A cette occasion, les Diablintes, aux côtés des Osismes, Lexoviens, Namnètes, Ambiliates, Morins, Ménapes et Brittons, apportèrent leur soutien aux Vénètes, contre les Romains.
● Intégration de la cité des Aulerques Diablintes à l'Empire romain
Dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien (dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C.), la province de Gaule lyonnaise fut divisée en deux nouvelles provinces. À cette occasion, la cité des Aulerques Diablintes intégra la province de Lyonnaise seconde. Lorsque cette province fut à sont tour divisée, lors de la réforme provinciale de Constantin (314 ap. J.-C.), la cité des Aulerques Diablintes intégra finalement la province de Lyonnaise troisième.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, III, 9 :"Leurs (les Vénètes) résolutions étant prises, ils fortifient leurs places et transportent les grains de la campagne dans les villes. Ils réunissent en Vénétie le plus de vaisseaux possible, persuadés que César y porterait d'abord la guerre. Ils s'associent pour la faire les Osismes, les Lexovii, les Namnètes, les Ambiliates, les Morins, les Diablintes et les Ménapes ; ils demandent des secours à la Bretagne, située vis-à-vis de leurs côtes."
Pline, Histoire naturelle, IV, 107 :"La Gaule Lyonnaise renferme les Lexoviens, les Véliocasses, les Calètes, les Vénètes, les Abrincatuens, les Ossismiens ; la Loire, fleuve célèbre ; une péninsule remarquable qui s'avance dans l'Océan, à partir des Ossismiens, dont le tour est de 625.000 pas, et dont le col a 125.000 pas de large ; au-delà de cette péninsule, les Namnètes ; dans l'intérieur, les Éduens, alliés, les Carnutes, alliés, les Boïens, les Sénons, les Aulerques surnommés Éburoviques, et ceux qui sont surnommés Cénomans ; les Meldes, libres ; les Parisiens, les Tricasses, les Andécaves, les Viducasses, les Bodiocasses, les Venelles, les Coriosuélites, les Diablintes, les Riedons, les Turons, les Atésuens, les Ségusiaves, libres, dans le territoire desquels est Lyon, colonie."
Sources épigraphiques
Borne-frontière d'Auvers-le-Hamon (AE 1969/70, 406) C(IVITAS) D(IABLINTVM) L(APIS?) F(INALIS?) XIV C
"Borne frontière (?) de la cité des Diablintes (?)."
Borne leugaire de Châtillon-sur-Colmont (AE 1983, 696 ; 1995, 31 ; 2001, 1393) MAGNO PER[PETVO] IMP(ERATORI) C(AESARI) DOMITIO AVRELIAN[O] PIO FELIC[I] INV[ICTO] A[V]GVST[O P(ONTIFICI) M(AXIMO)] TR(IBVNICIA) P(OTESTATE) V[I] C[O]NS(VLI) III [P(ATRI) P(ATRIAE) A] D(IABLINTVM) [CI]VI[T(ATE)] L(EVGAE) VIIII
"Au grand et perpétuel empereur César (Lucius) Domitius Aurelianus, pieux, heureux, invincible Auguste, grand pontife, revêtu 6 fois du pouvoir tribunicien, 3 fois consul, père de la patrie. Jusqu'à la cité des Diablintes, 9 lieues."