Mediolanum - Nom antique de la commune de Molain, située dans le Jura, à quelques kilomètres à l'est de Poligny, sur l’ancien territoire des Séquanes.
Elle est mentionnée sous la forme Mediolanium dans un acte du XIᵉ siècle (1029), où le roi Rodolphe III de Bourgogne (993-1032) confirme la concession de l'église Saint-Nicolas de Vaux (prieuré Notre-Dame de Vaux-sur-Poligny) et de ses alentours au monastère de Cluny (Desbordes, 1971). On retrouve ce nom dans plusieurs textes anciens sous les formes suivantes : Mediolanum (en 1029) ; Mediolanis (en 1069) ; Meolain (en 1069) ; Molanus(1) (en 1116) ; Mediolanum (en 1120) (Longnon, 1897 ; Guyonvarc'h, 1961 ; Lacroix, 2021).
(1) Molanum pour Longnon (1897).
Le nom de Molain présente une homonymie intéressante avec Molain dans le Jura. Il est remarquable que ces deux communes homonymes soient des anciens Mediolana clairement attestés.
En plein territoire des Séquanes, J. Lacroix, qui interprète les Mediolana comme des lieux frontières, y trouve une explication possible. L'ancien territoire des Séquanes a été divisé par les Burgondes en quatre pagi, et Poligny se situait à la démarcation entre le pagus Scodingorum et le pagus Heriensis (Finot, 1892). Selon J. Lacroix, les Burgondes se sont appuyés sur des anciens pagi séquanes (Lacroix, 2021). Ce fractionnement du territoire en quatre pagi pour un seul peuple est une organisation que l'on retrouve fréquemment chez les peuples gaulois, tels que les Helvètes, les Rédons, etc..
Le nom Mediolanum est un composé déterminatif en medio-lano- (Delamarre, 2003 ; 2023). Le nom Mediolanum est un composé déterminatif en medio-lano- (Delamarre, 2003 ; 2023). Cette construction aurait pour sens de base "au milieu de la plaine". Toutefois, ce nom pourrait aussi avoir un sens plus solennel ou sacré, à l'instar d'autres lieux similaires assimilés à d'anciens Mediolanum (voir : Les Mediolana).
Extrait de l'Acte de Rodolphe III de Bourgogne (lecture et traduction)
Preceptum Rodulfi regis, quo ecclesiam Sancti Nicolai Vallis(2) juxta Poliniacum(3) cum auis rebus Cluniacensi concedit :"...] villam quoque Mediolanium, aecclesiamque cum decimis et omnibus suis pertirientiis [..."
Ordre du roi Rodolphe, qui accorde l'église Saint Nicolas de Vaux près de Poligny, et d'autres biens, au monastère de Cluny. :"...] ainsi que la ville de Mediolanum, et son église avec les dîmes et tous ses dépendances. [..."
(2) Vaux-sur-Poligny. (3) Poligny.
Extrait de Éloge de Saint-Odilon (Mabillonius, 1853) (Lecture et traduction)
"Anno 1029, Rodulfus, Burgundiae Transjuranae rex, ad petitionem Reinoldi comitis, filii Ottonis cognomento Willelmi, concessit Cluniacensibus monasterium Vallis in dioecesi Vesontionensi situm, confirmatque ei omnia quae tam ab Ottone-Willelmo quam a Reinoldo ipsius filio collata fuerant. Chartam integram refert Perardus, pag. 177, quae data est Logis, anno 1029, Rodulfi regis XXXV. Ibi dicitur « monasterium in honore Dei et Salvatoris nostri Jesu Christi, ejusdemque genitricis Mariae, sanctique Petri apostoli, necnon et beati Nicolai almi confessoris constructum, situm in episcopatu Bisoncionensi juxta Polliniacum, in loco qui recte Vallis vocatur, constructum. » Porro monasterium istud ab Ottone-Willelmo a fundamentis aedificatum fuisse discimus ex charta Hugonis archiepiscopi Vesontionensis, ubi confirmat donationem decimarum, oblationum, sepulturarum, cappellarum, etc., in villa quae dicitur Mediolanum, et cappellae sancti Victoris apud Madriacum, a Walterio praedecessore suo factam ecclesiae loci Vallis, quam, inquit, Otto-Willelmus construxerat, et ipse Walterius in honorem beatae Mariae consecraverat. In alio apographo haec omnia intercedente Odilone abbate concessisse dicitur ipse Hugo. Data est anno 1033, die sancti Joannis, et subscripserunt R. praepositus, Robertus abbas, tum archidiaconi duo, Radaldus abbas, et alii complures canonici et saeculares."
"En l’an 1029, Rodolphe, roi de Bourgogne transjurane, à la demande du comte Renaud, fils d’Othon dit Guillaume, concéda aux moines de Cluny le monastère de la Vallée, situé dans le diocèse de Besançon, et confirma à ce monastère tout ce qui lui avait été donné tant par Othon-Guillaume que par Renaud, son fils. Pérard rapporte intégralement cette charte, page 177, laquelle fut donnée à Loges, en l’an 1029, la trente-cinquième année du règne du roi Rodolphe. On y lit : "Le monastère, construit en l’honneur de Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, de sa mère Marie, du saint apôtre Pierre, ainsi que du bienheureux confesseur saint Nicolas, est situé dans l’évêché de Besançon, près de Poligny, en un lieu appelé à juste titre la Vallée.". Or, nous apprenons, par la charte de Hugues, archevêque de Besançon, que ce monastère fut bâti dès ses fondations par Othon-Guillaume. Dans cette charte, Hugues confirme la donation des dîmes, offrandes, droits de sépulture, chapelles, etc., dans le village appelé Mediolanum, ainsi que de la chapelle Saint-Victor près de Madriac, donation faite par son prédécesseur Gautier à l’église du lieu de la Vallée, que, dit-il, Othon-Guillaume avait construite, et que Gautier lui-même avait consacrée en l’honneur de la bienheureuse Marie. Dans une autre copie, il est dit que le même Hugues fit toutes ces concessions par l’intermédiaire d’Odilon, abbé (de Cluny). La charte fut donnée en l’an 1033, le jour de la fête de saint Jean, et furent soussignés : R. le prévôt, Robert l’abbé, ensuite deux archidiacres, Radaldus l’abbé, et plusieurs autres chanoines et clercs séculiers."