Aegritomarus - Nom d'un homme mentionné par Cicéron, dans ses Verrines et dans son discours Contre Caecilius. Dans ce passage, l'auteur mentionne l'un des procès intentés en 104 ou 103 av. J.-C. par le tribun de la plèbe Cnaeus Domitius Ahenobarbus, à l'encontre de l'ancien consul Marcus Iunius Silanus (1), pour les injustices qu'il fit subir à un Gaulois dénommé Aegritomarus. Qui était ce Gaulois ? Cicéron indique qu'il s'agissait d'un Transalpin et précise qu'il était l'hôte de Cnaeus Domitius Ahenobarbus (2) (Verrines, II, 47) ou celui de son père (Contre Caecilius, 20). Son père n'était autre que Cnaeus Domitius Ahenobarbus (3), qui, lors de son consulat et de son proconsulat, s'illustra comme l'un des conquérants du sud de la Gaule et l'un de ses premiers administrateurs romains. À ce titre, il est fort probable qu'il assura par la suite le patronage d'une ou plusieurs cités conquises, et qu'à ce titre, lui et ses déscendants en étaient les protecteurs, tout comme ceux de ses habitants (4). Peut-être Aegritomarus était-il de ceux-là ? Nous savons par ailleurs qu'au cours de son consulat (109 av. J.-C.), Marcus Iunius Silanus tenta d'intercepter les Cimbres en Gaule transalpine, en vain. Au cours d'une bataille, ses troupes furent vaincues par les barbares. Ce fut probablement dans ce contexte fort singulier que des Gaulois, tels qu'Aegritomarus, furent exposés aux éventuelles injustices du consul.
Ce nom est gaulois. Selon X. Delamarre (2003 ; 2007 ; 2019), on y identifie le terme *ecritu- > ecreto-, qui signifie "terreur", associé à *-mãros, "grand". Ainsi, le composé *Ecritu-māro- doit être traduit par "la grande terreur". La variante Ecretumarus est également attestée.
Notes
(1) L'un des consuls de l'année 109 av. J.-C.
(2) L'un des consuls de l'année 96 av. J.-C.
(3) L'un des consuls de l'année 122 av. J.-C.
(4) Ainsi, lors de la conjuration de Catilina (63 av. J.-C.), les Allobroges avaient pour patron et protecteur Quintus Fabius Sanga, qui était le petit-fils de Quintus Fabius Maximus Allobrogicus, qui fut également l'un des conquérants du sud de la Gaule, aux côtés de Cnaeus Domitius Ahenobarbus.
Sources littéraires anciennes
Cicéron, Contre Caecilius, 20 :"On sait que M. Caton, cet homme qu'on nommait le sage, ce citoyen si célèbre et si plein de prudence, s'attira de nombreuses et puissantes inimitiés pour avoir pris en main la réparation des injures des Espagnols, chez lesquels il avait été consul. On sait encore que dernièrement Cn. Domitius assigna D. Silanus, pour des injustices particulières commises envers Egritomare, l'ami et l'hôte de son père."
Cicéron, Verrines, II, 47 :"Ainsi en ont agi beaucoup d'autres du temps de nos ancêtres ; ainsi, dernièrement encore, un citoyen des plus illustres, Cn. Domitius, s'est porté accusateur de M. Silanus, personnage consulaire, pour venger les injures d'un habitant de la Gaule Transalpine, Égritomare, son hôte."