Augustomagus - Nom antique de Senlis (Oise), qui fut le chef lieu des Sulbanectes. Cette ville ne fut mentionnée que tardivement sous les formes Aug. Magus sur la Table de Peutinger (I, 4) et Augustomago (var. Augustamago) sur l'Itinéraire d'Antonin (380, 5). Il s'agît d'un toponyme hybride associant le praenomen et titre d'Augustus du premier empereur romain, au gaulois -magos qui signifie "plaine / champ / marché". Augusto-magus était littéralement, le "marché d'Auguste". De manière fort étonnante, Ptolémée attribue aux Σουβάνεκτοι (var. Οὐβάνεκτοι et Σουμανεκτοι), les Sulbanectes. pour seule ville Ῥατóμαγος / Ratomagos (Géographie, II, 9, 6), sans qu'il ne soit possible de déterminer s'il s'agît du nom originel d'Augustomagus, d'un autre site, non-localisé, d'une erreur de copiste, ou d'une confusion avec Ratumagus (Rouen), capitale de la cité des Véliocasses (Popineau, 2020).
Longtemps, il a été considéré que l'Augustomagus gallo-romaine avait succédé à un oppidum gaulois, ayant reçu un nouveau nom à l'époque d'Auguste. Cette thèse, très populaire à partir du XIXe s. a été battue en brêche, puisqu'aucun vestige pré-romain n'y a été exhumé. De toute évidence, la ville fut fondée ex nihilo au milieu du Ier s. ap. J.-C. (Piganiol, 1959 ; Durand, 1999 ; 2006 ; Popineau, 2020). Antérieurement, la capitale des Sulbanectes fut très certainement l'oppidum de Montépilloy (Oise), situé une quinzaine de kilomètres plus à l'est (Popineau, 2020). Le transfert de la capitale de cette peuplade et son édification selon un plan romain pourraient marquer le statut nouveau octroyé aux Sulbanectes. Cette même hypothèse a été formulée antérieurement par A. Piganiol (1959) qui estimait que l'inscription relevée sur un socle en bronze datant de 48 ap. J.-C., mentionnant la CIVITAS SVLBANECTIVM (AE 1960, 149 ; 1963, 123), n'était autre que l'acte de fondation de la cité. Augustomagus fut édifiée à peu de distance au sud d'un noeud routier où convergeaient des voies stratégiques sur un plan économique. En effet une voie venant de Lugdunum (Lyon), par Cabilonnum (Châlon-sur-Saône) et Agedincum (Sens) arrivait non-loin de Augustomagus, avant de se diviser en deux diverticules, l'un rejoignant Caesaromagus (Beauvais) et l'autre Samarobriva (Amiens), puis les ports de la Manche. La seconde voie venait de Rotomagus (Rouen) et se dirigeait vers Durocortorum (Reims), par Augusta Suessonium (Soissons). Une dernière oie venait quant à elle de Lutetia (Paris). Cette position singulière octroya à Augustomagus une certaine prospérité. Au regard des nombreux éléments sculptés découverts, M. Durand (1999 ; 2006) n'hésite pas d'ailleurs à évoquer une "agglomération riche et opulente", qui connut son apogée au cours du Haut-Empire, lorsqu'elle couvrait alors une superficie comparable à celle de la ville médiévale. Rapidement, elle se dota d'une parure monumentale. En témoignent les éléments sculptés mentionnés juste avant, mais également l'édification d'un amphithéâtre, au Ier s. ap. J.-C.
Au Bas-Empire, au cours de l'époque troublée par les invasions germaniques, à la transition entre le IIIe et le IVe s. ap. J.-C., qu'Augustomagus fut dotée d'une imposante enceinte urbaine. La parure monumentale de la ville fut alors démentelée pour pourvoir aux matériaux nécessaires à l'édification du rempart et la surface couverte par la ville se réduisit considérablement (Durand, 1999). Comme beaucoup de villes de Gaule, celle-ci changea de nom et prit celui de sa cité. Ainsi, elle apparaît sous la forme ciuitas Siluanectum (var. ciuitas Seluanectum) dans la Notice des Gaules, Siluanectas (var. Syluanectas) sur le Registre des Dignitaires (Occ. 42, 42), ou encore Siluanectis en l'an 511, lors du Concile d'Orléans.
Sources
• M. Durand, (1999) - "Senlis", Revue archéologique de Picardie, NS 16, pp.179-185
• M. Durand, (2006) - "Topographie et vestiges du Haut-Empire à Augustomagus (Senlis, Oise). Un nouvel état des questions", Revue archéologique de Picardie, vol.3, n°3-4, pp.21-30
• A. Piganiol, (1959) - "Une inscription romaine inédite de Senlis sur un socle de bronze", Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, n°2, pp.450-456
• J.-M. Popineau, (2020) - "Les Sulbanectes, une approche archéogéographique (Ve s. avant notre ère - Ier s. après)", Compte-rendus et Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Senlis 2016-2017, pp.11-41
• M. Roblin, (1963) - "Les limites de la civitas des Silvanectes", Journal des Savants, n°2, pp.65-85
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique