Deux bornes milliaires ont été découvertes à Autun, les deux se caractérisant par leur grande originalité. Pendant un certain temps, il a été considéré que les deux bornes auraient pu être les fragments d'un même monument, cependant cette hypothèse est aujourd'hui rejetée.
La première de ces bornes (CIL 17-02, 490a ; CIL 13, 2681a) a été découverte au tout début du XVIIIe s. (Lempereur, 1706). Après enquête, l'abbé Jean Lebeuf apprit en 1752 que les vestiges de ce monument furent ensevelis peu après, possiblement à l'endroit même où ils furent découverts, au niveau des fondations de l'aile gauche de l'abbaye Saint-Jean-le-Grand d'Autun (Rosny, 1802 ; Thomas, 1846). La grande originalité de ce monument réside dans le fait que les fragments découverts mentionnent une liste de villes italiennes, énumérées dans l'ordre correspondant au trajet suivi par la voie Aemilia, en direction de la Gaule. Ainsi, y étaient mentionnées Bononia (Bologne), Forum Gallorum (Castelfranco Emilia), Mutina (Modène), Forum Lepidi (Reggio nell'Emilia), Parma (Parme) et Fines Gallorum (non-localisée). La mention de Forum Lepidi permet de dater cette inscription, puisqu'à la fin du Ier s. av. J.-C., cette ville prit le nom de Regium Lepidi. Ceci permet donc d'envisager que cette borne ait été posée dés la fondation d'Augustodunum (Thévenot, 1969). D'après A. Hostein (2012), cette borne, énumérant les stations d'un itinéraire démarrant probablement de Rome.
La seconde de ces bornes (CIL 17-02, 490b et c ; CIL 13, 2681b) a été découverte dans l'ancienne cure de l'abbaye Saint-Jean-le-Grand d'Autun en 1840 (Thomas, 1846). Sur les fragments conservés de cette borne du Ier-IIe s. ap. J.-C., les vestiges de quatre itinéraires peuvent être identifiés. Trois de ces itinéraires correspondent à des voies allant d'Autessiodurum (Auxerre) à Augustodunum (Autun), en évitant le Morvan : un premier itinéraire le contourne par l'est, par Siduo (Saulieu), et les deux autres par l'ouest, par Intaranum (Entrains-sur-Nohain) et Odouna (Ouanne). Enfin, un quatrième itinéraire semble avoir eu pour destination Augusta Treverorum (Trèves), ou Colonia Agrippina (Cologne), par Andemantunnum (Langres), Tullum (Toul), et Solimariaca (Soulosse-sous-Saint-Élophe), dépassant très largement le domaine des Éduens et traversant quelques cités de l'est de la Gaule.
D'après A. Hostein (2012), ces monuments dépassaient la seule fonction de bornes milliaires. En effet, ils témoigneraient de la volonté des Éduens d'afficher leur ouverture sur des influences extérieures et d'affirmer la caractère central et prééminent de leur chef-lieu. En ce sens, A. Hostein défend l'idée que ces monuments visaient à remplacer l'omphalos pré-romain de Bibracte, selon un rite également attesté dans les colonies latines italiennes fondées à l'époque républicaine.
• A. Hostein, (2012) - La cité et l'empereur. Les Éduens dans l'Empire romain d'après les Panégyriques latins, Publications de la Sorbonne, Paris, 543p.
• L. Lempereur, (1706) - "Article CLXXII. Lettre du P. L. de la Compagnie de Jésus au P. B. de la même compagnie à Autun", Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux arts, vol. 1706, n°4, Imprimerie de S. A. S., Trévoux, pp.2097-2103
• J. de Rosny, (1802) - Histoire de la ville d'Autun : connue autrefois sous le nom de Bibracte, capitale de la République des Éduens, divisée en IV livres et ornée de gravures, Imprimerie P. Ph. Dejussieu, Autun, 352p.
• E. Thévenot, (1969) - Les voies romaines de la cité des Éduens, Latomus, vol.98, Bruxelles, 338p.
• E. Thomas, (1846) - Histoire de l'antique cité d'Autun, Chez F. Dejussieu, Autun, 428p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique