Du temps de la domination romaine, les principales voies de circulation étaient jalonnées de bornes routières (généralement de forme cylindrique), sur lesquelles étaient inscrites les distances à parcourir pour rejoindre telle ou telle localité. Ces inscriptions sont d'autant plus intéressantes qu'elles livrent des toponymes anciens, parfois inédits. Aussi, elles possédaient également une inscription qui reprenait le nom du constructeur ou rénovateur, le plus communément un empereur, accompagné de sa titulature du moment. Ces derniers éléments autorisent des datations relativement précises.
On distingue classiquement deux grands types de bornes routières, selon l'unité de distance utilisée : la borne milliaire et la borne leugaire.
- La borne milliaire utilise pour unité de distance le mille, ou plus précisément le mille passuum (milia passum au pluriel, souvent abrégé en MP), qui signifie "mille pas". Cette traduction littérale est trompeuse puisque les Romains n'utilisaient pas le "pas simple" (gradus), qui équivalait à 0,741 mètres, mais le "pas double" (passus), soit 1,482 mètres. Un mille passuum équivalait donc à 1,482 kilomètres, soit mille pas doubles.
- La borne leugaire utilise pour unité de distance la leuca / leuga (leucae / leugae au pluriel, la "lieue"). On ne retrouve cette unité de mesure que sur des bornes découvertes en Gaule, ce qui invite à croire qu'il puisse s'agir d'une unité de distance gauloise, dont l'usage aurait été maintenu en Gaule romaine. C'est la raison pour laquelle cette unité de distance est parfois dénommée la "lieue gauloise" ou la "grande lieue gauloise". D'après Jacques Dassié (1999), une lieue gauloise équivalait à 2,45 kilomètres (± 50 mètres).
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique
• Dassié J., (1999) - " La grande lieue gauloise ; Approche méthodologique de la métrique des voies ", Gallia, vol.56, n°1, pp.285-311