Batavorum (Betuwe)

Batavorum (Betuwe)

Batauorum [insula -] - Île fluviale développée entre deux importants defluents du Rhenus (le Rhin) ; le "bras germanique" au nord, qui conservait le nom de Rhenus, et qui correspond aux actuels Neder-Rijn et Lek, et le "bras gaulois" au sud, appelé Vacalus / Vahalis, qui correspond à l’actuel Waal. Elle fut mentionnée à différentes reprises par les auteurs latins sous le nom d’insula Batauorum (César, Guerre des Gaules, IV, 10 ; Pline, Histoire naturelle, IV, 101 ; Tacite, Annales, II, 6 ; Histoires, V, 23 ; etc.), qui signifie tout simplement "l’île des Bataves". Ce territoire correspond à l’actuelle Betuwe aux Pays-Bas, dont le nom provient de celui de l’insula Batauorum. Au début début du I^er s. ap. J.-C., sans doute suite à la victoire remportée par Tibère en 4 ap. J.-C. sur différents peuples de Germanie, les Cananéfates furent installés près des bouches du Rhin et notamment dans la portion la plus occidentale de l’insula Batauorum. C'est la raison pour laquelle Pline dénomme cette île nobilissima Batauorum insula et Cannenefatium "l'île très célèbre des Bataves et des Cannenefates" (Histoire naturelle, IV, 101).

Cette île correspondait assez largement au territoire qui fut celui des Bataves, lesquels entrèrent dans l’orbite de Rome dans la seconde moitié du I^er s. av. J.-C. Entre 13 et 9 av. J.-C., les Romains édifièrent une série de forts sur cette île et y firent stationner de nombreuses unités auxiliaires afin d’appuyer leurs deux objectifs du moment ; protéger la Gaule des incursions germaniques et servir de base-arrière pour se projeter en Germanie. Dans ce cadre, Nero Claudius Drusus fit creuser un canal face à cette île, qui avait pour but de faciliter le déploiement de son armée en Germanie. En 9 av. J.-C., il fit édifier un môle et une digue pour détourner une partie des eaux du Waal, vers le Neder-Rijn, afin d’augmenter le débit de ce dernier et ainsi alimenter le canal en eau. Le môle se situait à proximité de Carvium (Herwen, Zevenaar, province de Gueldre, Pays-Bas), tandis que la digue semble avoir bordé la partie orientale et septentrionale de l’île jusqu’au niveau du fort de Fectio (Vechten, Bunnik, province d'Utrecht, Pays-Bas), face à auquel se trouvait fort vraisemblablement l’entrée du canal (Verhagen et al., 2017 ; Verhagen, 2022). Les travaux de construction de la digue furent réalisés de manière discontinue jusqu’en 55 ap. J.-C., date à laquelle, les soldats de l’armée de Germanie inférieure la terminèrent.

Sources littéraires anciennes

César, Guerre des Gaules, IV, 10 : "La Mosa sort de la montagne Vosegus, sur les frontières des Lingons. Après avoir reçu un bras du Rhenus que l'on nomme le Vacalus ; elle forme l'île des Bataves et, à quatre-vingt milles environ, va se jeter dans le Rhenus. Quant au Rhenus, il prend sa source chez les Lépontes, habitants des Alpes, et traverse rapidement dans un long espace les terres des Nantuates, des Helvètes, des Séquanes, des Médiomatrices, des Triboques, des Trévires : lorsqu'il approche de l'Océan, il se divise en plusieurs branches, formant beaucoup de grandes îles, dont la plupart sont habitées par des nations féroces et barbares, parmi lesquelles il en est qui passent pour vivre de poissons et d'oeufs d'oiseaux ; enfin, il se jette dans l'Océan par beaucoup d'embouchures."

Pline, Histoire naturelle, IV, 101 : "Dans le Rhenus lui-même, sur une longueur de presque 100.000 pas, est l'île très célèbre des Bataves et des Cannenefates : d'autres, qui appartiennent aux Frisons, aux Chauques, aux Frisiavons, aux Sturiens, aux Marsaques, sont étendues entre l'Helinius et le Flevus : c'est ainsi qu'on appelle les bras par lesquels le Rhenus s'épanche au nord dans des lacs, au couchant dans la Mosa ; le bras intermédiaire, et qui garde son nom, n'est qu'un canal médiocre."

Tacite, Annales, II, 6 : "L'île des Bataves fut assignée pour rendez-vous, à cause de ses abords faciles et de la commodité qu'elle offre pour embarquer des troupes et envoyer la guerre sur un autre rivage. Car le Rhenus, jusque-là contenu dans un seul lit, ou n'embrassant que des îles de médiocre étendue, se partage, à l'entrée du territoire batave, comme en deux fleuves différents. Le bras qui coule le long de la Germanie conserve son nom et la violence de son cours jusqu'à ce qu'il se mêle à l'Océan. Plus large et plus tranquille, celui qui arrose la frontière gauloise reçoit des habitants le nom de Vahalis, et le perd bientôt en se réunissant à la Mosa, avec laquelle il se décharge dans ce même océan par une vaste embouchure."

Tacite, Germanie, XXIX : "La plus intrépide de toutes ces nations, les Bataves, sans tenir beaucoup de place sur la rive du fleuve, en occupent une île. Ce fut jadis une tribu de Chattes, qui, chassée par une sédition domestique, se réfugia dans ce pays, où elle devait un jour faire partie de notre empire."

Tacite, Histoires, V, 23 : "Civilis, sans rien oser désormais, se retira de l'autre côté du Rhenus. Cerialis porta le ravage dans l'île des Bataves, épargnant, par une politique connue à la guerre, les terres et les maisons de ce chef. Sur ces entrefaites arriva le déclin de l'automne ; et le fleuve, gonflé par des pluies abondantes, se répandit sur la surface basse et marécageuse de l'île, qui bientôt ne fut plus qu'un lac. La flotte était loin et les provisions manquaient. Les camps, situés sur un terrain plat, étaient bouleversés par la violence des eaux."

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