Bigerrions - Peuple de la Gaule aquitaine, qui fut mentionné par César sous la forrme Bigerriones (Guerre des Gaules, III, 27), puis Pline par le nom Begerri (var. Begerbi, Bebergi et Bergebi) (Histoire naturelle, IV, 108). On retrouve également indirectement cet ethnonyme dans le toponyme Bigorrum (Saint-Lézer) figurant sur la Notice des Gaules. Le territoire des Bigerrions correpondait à celui de l'ancien diocèse de Tarbes (avant 1790), soit l'actuel pays de la Bigorre.
Nous ne savons rien de l'histoire des Bigerrions avant l'époque romaine, sinon ce qu'en a écrit César dans sa Guerre des Gaules. L'unique mention de ce peuple est faite dans le cadre du récit de la campagne de Publius Licinius Crassus contre les Aquitains (56 av. J.-C.). Au terme de celle-ci, suite à la victoire de Publius Licinius Crassus sur les Aquitains, plusieurs peuples envoyèrent spontanément des otages aux Romains, dont les Bigerrions.
Après la conquête romaine, la cité des Bigerrions a été intégrée à la province de Gaule aquitaine, comme en témoigne leur mention dans l'énuméraion des peuples aquitains faite par Pline (Histoire naturelle, IV, 108). Ce peuple ne fut plus mentionné par la suite, ce qui invite à croire qu'ils ne constituèrent que ponctuellement une cité au sein de la province de Gaule aquitaine, avant d'être absorbés par une cité voisine (très certainement les Tarbelles ou les Convènes). Leur absence dans l'énumération faite dans la Géographie de Ptolémée indique que la perte de leur autonomie fut nécessairement antérieure au milieu du IIe s. ap. J.-C. (Géographie, II, 7).
C'est très certainement à la fin du IIIe s. ap. J.-C. que cette cité retrouva son autonomie, avec Bigorrum (Saint-Lézer) pour métropole. Selon la date de cette autonomie, il est fort probable que des magistrats de cette cité firent partie de ceux qui partirent en délégation à Rome, afin d'obtenir la création d'une nouvelle province (entre 271 et 285 ap. J.-C.). Au sein de cette nouvelle province, la Novempopulanie, Bigorrum a progressivement été relégué au second rang, avant d'être remplacé en tant que capitale de la cité par Turba (Tarbes). C'est ainsi qu'entre la fin du IVe s. et le début du Ve s. ap. J.-C., cette cité fut dénommée ciuitas Turba, c'est à dire la "cité de Turba (Tarbes)" sur la Notice des Gaules. Sans remettre en cause l'idée d'un déplacement de la métropole, F. Lot (1953) a proposé une correction au passage ciuitas Turba ubi castrum Bigorra de la Notice des Gaules. Selon lui, bien que Tarbes soit bel et bien devenu le siège d'un évêché au IVe s., ce n'est qu'après 1175 que le diocèse de Bigorre prit le nom de diocèse de Tarbes (Lot, 1950 ; 1953). Ainsi, il propose la lecture alternative suivante : ciuitas Bigorra ubi castrum Tarba "cité de Bigorra où se trouve le castrum Tarba (Tarbes)". P.-M. Duval (1989) partage en tous points le raisonnement de F. Lot.
César, Guerre des Gaules, III, 27 :"Au bruit de cette victoire la plus grande partie de l'Aquitanie se rendit à Crassus, et envoya d'elle-même des otages. De ce nombre furent les Tarbelles, les Bigerrions, les Ptianii, les Vocates, les Tarusates, les Elusates, les Gates, les Ausques, les Garunni, les Sibuzates, et les Cocosates. Quelques états éloignés se fiant sur la saison avancée, négligèrent d'en faire autant."
Pline, Histoire naturelle, IV, 108 :"A l'Aquitaine appartiennent les Ambilatres, les Anagnutes, les Pictons, les Santons, libres ; les Bituriges, libres, surnommés Ubisques ; les Aquitains qui ont donné leur nom a la province ; les Sediboniates ; puis les Convènes rassemblés dans une ville ; les Bégères, les Tarbelliens, surnommés Quatuor Signani (à cause d'une garnison de quatre enseignes) ; les Cocosates, surnommés Sex Signani ; les Vénames, les Onobrisates, les Bélendes, la chaîne des Pyrénées ; au-dessous, les Monèses, les Osquidates des montagnes, les Sibyllates, les Campones, les Bercorcates, les Bipedimuens, les Sassuminiens, les Vellates, les Tornates, les Consoranniens, les Ausques, les Élusates, les Sottiates, les Osquidates de la plaine, les Succasses, les Tarusates, les Basabocates, les Vasséens, les Sénnates, les Cambolectres, les Agésinates (ou Cambolectres Agésinates) ;"
Sources
• P.-M. Duval, (1989) - "Les peuples de l'Aquitaine d'après la liste de Pline", in P.-M. Duval (Ed.) Travaux sur la Gaule (1946-1986), Publications de l'École Française de Rome, Rome, n°116, pp.721-737
• F. Lot, (1950) - "L'énigme de " Cieutat "", Revue des Études Anciennes, vol. 52, n°3-4, pp.300-305
• F. Lot, (1953) - Recherches sur la population et la superficie des cités remontant à la période gallo-romaine, IIIe partie : la Novempopulanie (en collaboration avec É. Houth), Librairie H. Champion, Paris, 368p.
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique