Camponiens - Peuplade de la province de Gaule aquitaine qui ne nous est connue que par une unique mention dans l'Histoire naturelle de Pline sous la forme Camponi (var. Camboi et Eampoi) (Histoire naturelle, IV, 108). La description fournie par l'Histoire naturelle de Pline ne permet pas de localiser leur territoire avec précision. Plusieurs travaux ont tenté de remédier à ce problème en remarquant qu'il existe une certaine homophonie entre cet ethnonyme et au moins deux localités de la région :
- Dans sa traduction de l'Histoire naturelle de Pline, Jean Hardouin (1685) a proposé de localiser les Camponi dans la haute-vallée de l'Adour à Campan (actuel département des Hautes-Pyrénées). Cette hypothèse a été reprise dans de très nombreux ouvrages consacrés à la géographie ancienne de la région. Certains, tels que R. Lizop (1931), ont d'ailleurs proposé de corriger le nom des Camponi en Campani afin de dépasser certains obstacles d'ordre toponymique. Cette hypothèse n'a pas été retenue par les ouvrages faisant référence en toponymie (notamment E. Nègre, 1990). Les attestations les plus anciennes de Campan évoquent cette localité par le nom Campaa (1285) et de Campano (1300, 1313, 1342 et 1379), invitant à y voir un dérivé du bas-latin campanum (latin campania "plaine / terrain découvert"). Ce rapprochement incite à y voir un ancien fundus campanus ou uicus campanus, c'est à dire "le domaine de la plaine", ou "le domaine de Campanus". P.-M. Duval (1989) oppose aussi à cette localisation le fait qu'elle semble contraire à la logique suivie par Pline dans son énumération (Ils seraient très à l'est des Sybillates, alors que dans ce passage, l'énumération de Pline suit un ordonnancement est-ouest).
- A. Holder (1913) a proposé de corriger le nom des Camponi en Camboni (il existe effectivement une variante Camboi), ce qui permettrait d'expliquer cet ethnonyme par la racine celtique cambo- ("méandre / courbe"). Se basant sur cette correction, J.-L. Tobie (1982) a proposé de situer cette peuplade autour de Cambo-les-Bains (Cambo en 1235 et Camboa ou Camboo en 1350), dans la vallée de la Nives (Pyrénées-Atlantiques). Cette hypothèse paraît contenter P.-M. Duval (1989), bien qu'elle suppose que les Bercorates, Bipédimuens, Sassuminiens, Vellates et Torvates étaient eux-mêmes installés à l'ouest des Camponiens, donc concentrés sur un territoire très étroit (ce qui pose donc d'autres difficultés).
Le fait que les Camponiens ne furent plus mentionnés après Pline (Histoire naturelle, IV, 108), au Ier s. ap. J.-C., invite à penser qu'ils constituaient l'une de ces éphémères cités de la province de Gaule aquitaine et qu'ils furent rapidement réunis à une cité plus importante. Si l'on retient l'hypothèse selon laquelle les Camponiens vivaient dans la région de Campan, il faudrait en déduire qu'ils furent amalgamés aux Bigerrions. Dans le cas d'une localisation dans la région de Cambo-les-Bains, il faudrait envisager une fusion avec les Tarbelles.
Pline, Histoire naturelle, IV, 108 :"A l'Aquitaine appartiennent les Ambilatres, les Anagnutes, les Pictons, les Santons, libres ; les Bituriges, libres, surnommés Ubisques ; les Aquitains qui ont donné leur nom a la province ; les Sediboniates ; puis les Convènes rassemblés dans une ville ; les Bégères, les Tarbelliens, surnommés Quatuor Signani (à cause d'une garnison de quatre enseignes) ; les Cocosates, surnommés Sex Signani ; les Vénames, les Onobrisates, les Bélendes, la chaîne des Pyrénées ; au-dessous, les Monèses, les Osquidates des montagnes, les Sibyllates, les Campones, les Bercorcates, les Bipedimuens, les Sassuminiens, les Vellates, les Tornates, les Consoranniens, les Ausques, les Élusates, les Sottiates, les Osquidates de la plaine, les Succasses, les Tarusates, les Basabocates, les Vasséens, les Sénnates, les Cambolectres, les Agésinates (ou Cambolectres Agésinates) ;"
Sources
• P.-M. Duval, (1989) - "Les peuples de l'Aquitaine d'après la liste de Pline", in P.-M. Duval (Ed.) Travaux sur la Gaule (1946-1986), Publications de l'École Française de Rome, Rome, n°116, pp.721-737
• A. Holder, (1913) - Altkeltischer Sprachschatz, Teubner, Leipzig, vol. 3, 1280p.
• R. Lizop, (1931) - Histoire de deux cités gallo-romaines. Les Convenae et les Consoranni (Comminges et Couserans), Thèse présentée à la Faculté des lettres de l'Université de Paris pour le doctorat ès lettres, éditions Marcel Didier, Paris / Édouard Privât, Toulouse, 552p.
• E. Nègre, (1990) - Toponymie générale de la France, Librairie Droz, Genève, tome 1, 708p.
• J.-L. Tobie, (1982) - "Le Pays basque nord et la romanisation (Ier siècle av. J.-C. - IIIe siècle ap. J.-C.)", Bulletin du monde basque, n°95, pp.1-36
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique