Campagne de Quintus Minucius Thermus pour délivrer Pisa des Ligures (193-192 av. J.-C.)
Immédiatement après l'irruption de 20000 Ligures sur les territoires de Pisa et Luna, Quintus Minucius Thermus ordonna la levée de troupes qui, le jour convenu, devaient se rendre à sa rencontre à Arretium (Arezzo), pour ensuite se porter au secours de l'Étrurie. Depuis cette position, il suivit la vallée de l'Arno pour rejoindre Pisa (Pisa), alors assiégée par 40000 Ligures (Tite-Live, Histoire romaine, XXXV, 3).
A l'arrivée des troupes du consul Quintus Minucius Thermus, les Ligures se retirèrent à un mille (1,6 km) de la ville, sur la rive gauche de l'Arno. Dés le lendemain, les troupes romaines franchirent à leur tour le fleuve pour y établir leur camp, mais refusèrent par la suite tout affrontement contre les Ligures, tant les troupes de Quintus Minucius Thermus étaient peu aguerries. Dans ce cadre, ils ne purent empêcher les Ligures de poursuivre leur pillage, ni de ramener leur butin en Ligurie (Tite-Live, Histoire romaine, XXXV, 3).
Alors que son collègue venait de vaincre les Boïens à Mutina, l'impréparation des troupes de Quintus Minucius Thermus constituait un obstacle à la progression de sa campagne. Il fut donc contraint, dans un premier temps, de défendre Pisa et les autres cités alliées de la région, contre les incursions répétées des Apuans(1). Très rapidement, le consul comprit que sa campagne serait longue et dépasserait assurément le temps que son mandat lui accordait. Ainsi, pour ne pas faire courir de risque supplémentaires aux cités alliées du nord de l'Étrurie, Quintus Minucius Thermus fit parvenir un courrier à Rome annonçant qu'il refusait de quitter la région qu'il défendait pour présider les comices centuriates pour l'année 192 av. J.-C. Cette charge revint donc à son collègue victorieux, Lucius Cornelius Merula (Tite-Live, Histoire romaine, XXXV, 6).
(1) Dans un passage relatif à la pacification de populations ligures par Caius Flaminius en 187 av. J.-C., il indique que les Apuans, étaient responsables d'attaques perpétrées contre Pisa et sa région (Histoire romaine, XXXIX, 2).
Tite-Live, Histoire romaine, XXXV, 3 :"En Italie aussi, la guerre de Ligurie devenait de plus en plus menaçante. Déjà quarante mille hommes avaient investi Pise, et leur nombre se grossissait chaque jour d'une foule de gens attirés par la nouvelle d'un siège et l'espoir du butin. Le consul Minucius se porta sur Arrétium le jour qu'il avait fixé pour la réunion de ses troupes ; de là, il marcha sur Pise en bataillon carré. Son arrivée sauva la ville ; les ennemis allèrent camper au-delà du fleuve à un mille des murs et le consul y fit son entrée. Le lendemain il passa lui-même le fleuve, établit son camp à cinq cents pas environ de l'ennemi, et, par de nombreuses escarmouches, il parvint à préserver les terres des alliés de toute dévastation. Il n'osait pas risquer une bataille générale avec ses recrues, composées d'un ramassis d'hommes de toute espèce, qui ne se connaissaient pas assez entre eux pour se fier les uns aux autres. Les Ligures, au contraire, enhardis par leur nombre, se présentaient souvent en bataille, prêts à livrer une action décisive ; en même temps ils pouvaient envoyer sans cesse de tous côtés de nombreux détachements piller les territoires limitrophes ; et lorsqu'ils avaient réuni une quantité considérable de bétail et autre butin, ils la dirigeaient sous bonne escorte vers leurs places fortes et leurs bourgades."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXV, 6 :"On reçut presque en même temps la lettre du consul L. Cornélius qui faisait part de la bataille de Modène, et celle que son collègue Q. Minucius écrivait de Pise. Ce dernier rappelait qu'il avait été désigné par le sort pour présider les comices, mais que la situation des affaires en Ligurie était trop critique pour qu'il pût quitter cette province sans causer la perte des alliés et de grands dommages à la république. Il priait donc les sénateurs d'envoyer à son collègue, qui avait terminé son expédition, l'ordre de revenir à Rome pour les comices. Si Cornélius, disait-il, refusait de se charger d'un soin que le sort n'avait pas rejeté sur lui, il se conformerait à la décision du sénat ; mais il fallait examiner mûrement si l'intérêt de la république n'exigeait pas qu'on eût recours à l'interrègne plutôt que de lui faire abandonner sa province dans de telles circonstances. Le sénat chargea C. Scribonius d'envoyer deux ambassadeurs de l'ordre sénatorial porter au consul L. Cornélius la lettre de son collègue et lui notifier que, sur son refus de revenir à Rome présider l'élection des nouveaux magistrats, on aurait recours à l'interrègne plutôt que de rappeler Q. Minucius dont les opérations étaient à peine commencées. Les ambassadeurs revinrent annoncer que L. Cornélius se rendrait à Rome pour présider les comices."