Frère / le fils du centenaire / le centième fils / né de Cantus
Attestée:
Sur deux inscriptions provenant de Lafrimbolle et Saverne
Cantognatus - Nom masculin attesté par deux inscriptions découvertes respectivement à Lafrimbolle (Moselle) et Saverne (Bas-Rhin), sur les territoires des Médiomatriques et des Triboques. Ce nom est typiquement gaulois, mais son étymologie peut faire débat. Si le sens du suffixe -gnato "fils / né de" ne pose aucun souci, X. Delamarre (2003 ; 2007) et P.-Y. Lambert (2013) observent que le préfixe *canto-, très largement attesté dans l'onomastique gauloise, connaît quant à lui plusieurs sens. Ainsi, canti- / canto- est traduit par "avec / ensemble", ce qui amènerait à interpréter le composé *canto-gnatos comme un équivalent du grec ancien (de Chypre) κασί-γητος (kasi-gnētos), qui signifie "frère / parent". Suivant cette hypothèse, cet anthroponyme pourrait donc être traduit par "néavec", donc possiblement "frère" (J.-P. Savignac, 2014, souscrit également à cette hypothèse). La seconde hypothèse fait intervenir le terme conto- / canto-, qui signifie "cent". Dans ce cas de figure, ce nom pourrait être traduit par "le fils du centenaire", "le centièmefils" ou "cent fois né". P.-Y. Lambert (2013) a également émis l'hypothèse que le sens de -gnato pourrait ne pas se limiter à l'idée de "naître", mais qu'elle pourrait s'étendre à l'idée de "connaître". Partageant visiblement ce point de vue, S. Zimmer (cité par Lambert, 2013) invite à traduire ce nom par "connu par les centaines". Une troisième hypothèse pourrait faire intervenir cantos, signifiant "cercle (de la roue) / jante", mais cette construction aboutirait à un anthroponyme au sens bien ambigu. X. Delamarre (2019) donne pour interprétation intégrant cette possibilité, puisqu'il envisage que ce nom pourrait se traduire par "né dans le cercle", ou alternativement (sans l'expliquer) "qui connaît cent histoires". Enfin, en revenant au sens premier de -gnato, on pourrait aussi envisager "fils / né de Cantus". Cantus et Cantius sont des anthroponymes bien attestés, cependant cette hypothèse se heurte à ce qui apparaît dans l'inscription de Saverne (AE 2000, 1069), puisque le Cantognatus mentionné, n'a pas pour père un dénommé Cantus. Un ancêtre mythique peut toutefois être envisagé. Les variantes Cantocnatus et Cantognatos sont également attestées, et une équivalence est peut-être possible avec Contoniatos.
Une inscription funéraire du Ier-IIe s. ap. J.-C., découverte à Lafrimbolle (Moselle) mentionne un Cantognatus, qui fut le père de Saccomainus et le grand-père de Saccetius (CIL 13, 4547).
À Saverne (Bas-Rhin), un autre Cantognatus est mentionné sur une inscription funéraire du IIe-IIIe s. ap. J.-C., trouvée en réemploi dans le mur d'enceinte gallo-romain. Il y figure comme étant le père de Caratus et le grand-père de Cassius (AE 2000, 1069).