Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 30 : "Ils (les gaulois) ont des trompettes barbares, d'une construction particulière, qui rendent un son rauque et approprié au tumulte guerrier."
Le carnyx est un instrument de musique, plus précisément une trompette employée à l'occasion des conflits pour effrayer l'ennemi selon Diodore de Sicile (V, 30). Il se compose d'une tubulure tronconique, et d'un pavillon ayant la forme de la tête d'un animal ayant la gueule ouverte. Nous connaissons le nom que portait cet instrument grâce à Eusthate de Thessalonique.
De nombreuses représentations de carnyx existent sur des monnaies romaines d'époque républicaine, des monnaies gauloises, sur les arcs de triomphe d'Orange et de Saint-Rémy-de-Provence (Ier s. ap. J.-C.), à Pergame (IIe s. av. J.-C.) et sur le célèbre chaudron de Gundestrup (Danemark). Ces objets sont néanmoins extrêmement rares en contexte archéologique.
On notera néanmoins la découverte de quelques fragments de carnyx en Ecosse, en 1768 à Tattershall dans le Lincolnshire, puis en 1816 à Deskford dans le Banffshire (Piggott, 1960). Un fragment de pavillon daté du IIe s. av. J.-C. a été découvert à Mandeure. Enfin, un instrument comparable aurait été mis à jour à l'occasion du dragage de la rivière Nogat, près de Malbork (Pologne) selon T. Malinowski (1981), reprenant une expertise effectuée par le Docteur W. Kaminski du Muséum des Instruments de Musique de Poznan (Pologne).
Les fouilles réalisées à Tintignac, sur la commune de Naves (Corrèze) ont permit de faire une fulgurante avancée dans notre connaissance de cet instrument de musique. Au milieu de divers objets d'apparat fracassés, mis au jour au sein de dépôts du IIe ou Ie s. av. J.-C. (Maniquet, 2005), les fragments d'au moins sept carnyx ont été découverts, six ayant pour pavillon la tête d'un sanglier, le septième une tête serpentiforme (Maniquet, 2007). Ces instruments de musique sont bien conservés, l'un d'eux est même complet, ce qui a permit de déterminer que la tubulure tronconique du carnyx est munie d'une embouchure droite à la base (Maniquet, 2007). Jusqu'à cette découverte, d'après les seules représentations connues de cet instrument on avait considéré que l'embouchure était coudée à la base. Autre curiosité, les carnyx de Tintignac étaient dotées d'oreilles (40 centimètres pour les plus grandes), communiquant avec le tube, laissant supposer que ces appendices aient pu avoir un rôle acoustique (Maniquet, 2007). A la vue de cette découverte, il apparaît que certains objets découverts ailleurs dans le monde celtique - à Abentheuer Hütte (Allemagne), Kappel (Allemagne) et La Tène (Suisse) - aient pu être des oreilles, jadis fixées au pavillon de carnyx. Aucun exemplaire entier n'avait jusqu'alors été mis au jour, nous savons aujourd'hui que cet instrument de musique mesurait 1,80 mètres de longueur.
Sources
• Malinowski T., (1981) - "Archaeology and musical instruments in Poland", World Archaeology, Vol. 12, n°3, pp. 266-272
• Maniquet C., (2005) - "Découverte d'un formidable dépôt gaulois ; les carnyx de Tintignac", Archéologia, n°419, pp. 16-23
• Maniquet C., (2007) - "Tintignac : un témoignage exceptionnel sur la religion gauloise", Communication Orale, Colloque International de l'INRAP " Comment les Gaules devinrent romaines ", le 14 septembre 2007, Paris
• Piggott S., (1960) - "The Carnyx in Early Iron Age Britain", The Galpin Society Journal Vol. 13, pp.108-111
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique